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Liturgie - Page 330

  • Mardi de Pentecôte

    Accípite jucunditátem glóriæ vestræ, allelúia : grátias agéntes Deo, allelúia : qui vos ad cæléstia regna vocávit, allelúia, allelúia, allelúia.

    Recevez la joie de votre gloire, alléluia, rendant gloire à Dieu, alléluia, qui vous a appelés au royaume céleste, alléluia, alléluia.

    Cet introït a la particularité d’être le seul de l’année liturgique a provenir d’un texte apocryphe (mais qui a toujours été imprimé en appendice de la Vulgate) : le quatrième livre d’Esdras. Plus précisément du chapitre 2, verset 37 qui dit : « Commendatum donum accipite et jucundabimini gratias agentes ei qui vos ad cælestia regna vocavit. » On sait que l’antienne d’introït de la messe de Requiem vient aussi de IV Esdras (juste avant : 2,35) mais seulement pour l’expression « lux perpetua luceat eis » (le texte dit « lucebit vobis » : brillera pour vous), et que celle du premier dimanche après l’Epiphanie est inspirée en partie de IV Esdras, mais celle du mardi de la Pentecôte est la seule à être une citation quasi littérale d'un verset de ce livre (ou plus exactement des deux premiers chapitres, qui n’existent que dans la version latine).

    En voici une jolie paraphrase, par le Père Jean Croiset, dans ses "Exercices de piété pour tous les dimanches et les fêtes mobiles de l’année, contenant ce qu’il y a de plus instructif, et de plus intéressant dans ces jours-là", livre en plusieurs volumes publié "à Lyon, chez la veuve d’Antoine Boudet, rue Mercière, à la Croix d’or", en 1721. (Le Père Croiset eut une importante correspondance avec sainte Marguerite-Marie – le « manuscrit d’Avignon » - et fut un ardent propagateur de la dévotion au Sacré Cœur, et il fut durement persécuté pour cela par ses supérieurs.) On notera que le P. Croiset appelle "les trois fêtes de la Pentecôte" les trois premiers jours de l'octave, qui étaient tous trois des fêtes de première classe.

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    Cet introït dans le Graduel prémontré de Bellelay (XIIe siècle):

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  • Lundi de Pentecôte

    ℟. Spíritus Sanctus, procédens a throno, Apostolórum péctora invisibíliter penetrávit novo sanctificatiónis signo : * Ut in ore eórum ómnium génera nasceréntur linguárum, allelúia.
    ℣. Advénit ignis divínus, non combúrens, sed illúminans, et tríbuit eis charísmatum dona. * Ut in ore eórum ómnium génera nasceréntur linguárum, allelúia.

    L’Esprit Saint procédant du Trône est entré invisiblement dans le cœur des apôtres en un signe de nouvelle sanctification, afin que naissent en leur bouche tous les genres de langues, alléluia. Est venu le feu divin, qui ne consume pas mais illumine, et il leur a conféré les dons des charismes, afin que naissent en leur bouche tous les genres de langues, alléluia.

    Ce répons des matines se trouve dans le bréviaire monastique dès le dimanche de Pentecôte, comme dernier répons du premier nocturne. On le retrouve ce lundi, et demain mardi (du moins avant 1955 - ou 1960 ? - si l’on suit les variations contemporaines), et encore jeudi. Ce répons est ancré dans la Sainte Ecriture, mais sa composition est entièrement originale. On ne trouve ses expressions nulle part ailleurs, à ma connaissance, sinon comme citations implicites dans des sermons postérieurs.

    On en retrouve les expressions dans un autre répons, qui est affecté au jeudi de Pentecôte dans le bréviaire romain, mais qui dans le bréviaire monastique est le premier répons du troisième nocturne le jour de la Pentecôte et les deux jours suivants.

    ℟. Advenit ignis divinus, non comburens, sed illuminans; non consumens, sed lucens: et invenit corda discipulorum receptacula munda: * Et tribuit eis charismatum dona, alleluia, alleluia.
    ℣.Invenit eos concordes caritate, et collustravit eos inundans gratia Deitatis. * Et tribuit eis charismatum dona, alleluia, alleluia.

    Est venu le feu divin, qui ne consume pas mais illumine, et il a trouvé dans les cœurs des disciples des réceptacles purs. Et il leur a conféré les dons des charismes, alléluia, alléluia. Il les a trouvés unis dans la charité, et il les a éclairés en les inondant de la grâce de la Divinité. Et il leur a conféré les dons des charismes, alléluia, alléluia.

  • Pentecôte

    Le verset du magnifique second alléluia de la messe, appel au Saint-Esprit, se chante à genoux, comme la première strophe de l'hymne Veni Creator (et comme les prières de la liturgie byzantine qu’on appelle précisément les « vêpres de la génuflexion » ou l’« office de l’agenouillement », le soir de ce dimanche – ou après la messe).

    Cet alléluia est suivi d’une séquence qui est une véritable séquence et en est donc indissociable : elle commence par les mêmes mots et le même motif mélodique.

    Les voici par les moines de Solesmes, sous la direction de dom Gajard, en 1958.


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    Allelúia. (Hic genuflectitur) ℣. Veni, Sancte Spíritus, reple tuórum corda fidélium : et tui amóris in eis ignem accénde.

    Allelúia. (On se met à genoux) ℣. Venez, Esprit-Saint, remplissez les cœurs de vos fidèles ; et allumez en eux le feu de votre amour.

    Veni, Sancte Spíritus,
    et emítte cǽlitus
    lucis tuæ rádium.

    Venez, ô Saint-Esprit,
    Et envoyez du ciel
    Un rayon de votre lumière.

    Veni, pater páuperum ;
    veni, dator múnerum ;
    veni, lumen córdium.

    Venez, père des pauvres,
    Venez, distributeur de tous dons,
    Venez, lumière des cœurs.

    Consolátor óptime,
    dulcis hospes ánimæ,
    dulce refrigérium.

    Consolateur suprême,
    Doux hôte de l’âme,
    Douceur rafraîchissante.

    In labóre réquies,
    in æstu tempéries,
    in fletu solácium.

    Repos dans le labeur,
    Calme, dans l’ardeur,
    Soulagement, dans les larmes.

    O lux beatíssima,
    reple cordis íntima
    tuórum fidélium.

    O lumière bienheureuse,
    Inondez jusqu’au plus intime,
    Le cœur de vos fidèles.

    Sine tuo númine
    nihil est in hómine,
    nihil est innóxium.

    Sans votre secours,
    Il n’est en l’homme, rien,
    Rien qui soit innocent.

    Lava quod est sórdidum,
    riga quod est áridum,
    sana quod est sáucium.

    Lavez ce qui est souillé,
    Arrosez ce qui est aride,
    Guérissez ce qui est blessé.

    Flecte quod est rígidum,
    fove quod est frígidum,
    rege quod est dévium.

    Pliez ce qui est raide,
    Échauffez ce qui est froid.
    Redressez ce qui dévie.

    Da tuis fidélibus,
    in te confidéntibus,
    sacrum septenárium.

    Donnez à vos fidèles,
    qui en vous se confient
    Les sept dons sacrés.

    Da virtútis méritum,
    da salútis éxitum,
    da perénne gáudium. Amen. Allelúia.

    Donnez-leur le mérite de la vertu,
    Donnez une fin heureuse,
    Donnez l’éternelle joie. Ainsi soit-il. Alléluia.

  • Le chant mozarabe

    Le blog New Liturgical Movement avait annoncé la célébration d'une messe dans le rite mozarabe à Rome le 6 mai (en la basilique Sainte-Croix de Jérusalem), puis en a rendu compte en images, puis vient d’en donner quatre chants.

    La liturgie mozarabe, ou visigothique, qui était celle des chrétiens qui survivaient dans l’Espagne musulmane, a failli disparaître complètement dans l’Espagne libérée en raison de l’hégémonie de la liturgie romaine de saint Pie V, puis de la dictature universelle montinienne. Elle a réussi néanmoins à subsister à la cathédrale de Tolède, où une chapelle lui est dédiée.

    C’est une liturgie latine, mais très spécifique, comme le savent bien les lecteurs de l’Année liturgique de dom Guéranger [petit exemple], avec un chant lui aussi très spécifique.

    L’écoute des chants publiés par New Liturgical Movement m’a donné l’idée de voir s’il y avait des enregistrements disponibles dans le commerce, et ce qu’il y avait sur Youtube. A ma grande surprise, alors qu’on trouve « tout » sur internet, il n’y a quasiment rien, en dehors des enregistrements des habituels (ou occasionnels) faussaires.

  • Vigile de la Pentecôte

    Le Sauveur déclare que le monde ne peut recevoir l’Esprit Saint, dans le même sens où il a été dit : « La prudence de la chair est ennemie de Dieu ; car elle n’est pas soumise à la loi et ne peut l’être » (Rom. 8,7). C’est comme si nous disions : L’injustice ne peut être la justice. Par ces mots « le monde », il désigne ici ceux qui sont pleins de l’amour du monde, amour qui ne vient pas du Père. C’est pourquoi, à l’amour de ce monde, que nous avons tant de peine à diminuer et à détruire en nous, est opposé « l’amour de Dieu, que répand dans nos cœurs l’Esprit Saint, qui nous a été donné » (Rom. 5,5). « Le monde ne peut donc recevoir cet Esprit, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît point » (Jn 14,17). L’amour mondain est dépourvu de ces yeux invisibles au moyen desquels on peut voir l’Esprit Saint, qui ne peut être vu que d’une manière invisible. « Mais vous, dit notre Seigneur, vous le connaîtrez, parce qu’il demeurera au milieu de vous et qu’il sera en vous » (Jn 14,17). Il sera en eux pour y demeurer ; il ne demeurera pas au milieu d’eux pour y être ; car le fait d’être en un lieu est antérieur à celui d’y demeurer. Mais afin que les disciples n’entendissent pas ces paroles : « Il demeurera au milieu de vous », d’un séjour visible, comme celui que fait d’ordinaire un hôte chez celui qui lui donne l’hospitalité, il a expliqué ces paroles : « Il demeurera au milieu de vous », en ajoutant : « Il sera en vous ».

    L’Esprit Saint se voit donc d’une manière invisible ; et s’il n’est pas en nous, nous ne pouvons en avoir la connaissance. C’est ainsi que nous voyons aussi en nous-mêmes notre propre conscience. Nous voyons bien le visage d’un autre, et nous ne pouvons voir le nôtre ; au contraire, nous voyons notre propre conscience, et nous ne voyons pas celle d’autrui. Mais notre conscience ne peut jamais exister qu’en nous-mêmes, tandis que l’Esprit Saint peut être sans nous. Il nous est donné afin qu’il soit aussi en nous ; et, s’il n’est point en nous, il nous est impossible de le voir, de le connaître, comme il doit être vu et connu.

    Saint Augustin, traité 74 sur saint Jean

  • Saint Robert Bellarmin

    La sainte Écriture nous avertit fréquemment de chercher Dieu avec soin. Car quoique Dieu ne soit pas loin de nous, puisque c'est en lui que nous avons l'être, le mouvement et la vie (Act. 17), nous sommes cependant nous-mêmes loin de Dieu : et à moins de préparer dans notre cœur des degrés pour former en quelque sorte une échelle qui nous élève au ciel; à moins de chercher Dieu avec une grande sollicitude, nous ne pouvons; comme l'enfant prodigue, que paître les pourceaux dans une région lointaine, loin de notre patrie et de notre Père céleste.

    Mais pour expliquer en peu de mots comment il se fait que Dieu ne soit pas loin de nous, tandis que nous sommes très loin de lui, nous disons que Dieu n'est pas loin de nous, parce qu'il nous voit sans cesse, que tout est présent à ses yeux; parce qu'il pense continuellement à nous, et qu'il en prend soin (I. Petr. 5); parce qu'il nous touche continuellement, étant celui qui soutient tout par la puissance de sa parole (Hebr. 1. 3). Mais nous sommes très éloignés de Dieu, parce que nous ne le voyons pas et qu'il nous est impossible de le voir, puisqu'il habite une lumière inaccessible ( I. Tim. 6) ; parce que nous ne sommes pas capables de former de nous-mêmes aucune bonne pensée de Dieu (II Cor. 3). Encore moins pouvons-nous l'approcher par de pieuses affections, et nous attacher à lui, s'il ne nous admet, et si sa droite ne nous attire. Ainsi David, après avoir dit à Dieu : Mon âme s'est attachée à vous, ajoute aussitôt: Votre droite m'a soutenu (Ps. 62. 8). Nous sommes très éloignés de Dieu, non seulement en ce que nous ne pouvons ni le voir, ni penser facilement à !lui, ni nous y attacher par affection, mais encore parce qu'occupés des biens temporels, qui nous environnent et nous obsèdent de toutes parts, nous oublions facilement Dieu; et à peine notre langue prononce-t-elle son saint nom dans les Psaumes et les autres prières, tandis que le cœur ne ressent rien. C'est pour éviter ce malheur que l'Esprit Saint dans l'Écriture, comme nous l'avons dit, nous exhorte si souvent à chercher Dieu : Quaerite Deum, et vivet anima vestra (Ps. 68). Cherchez la face sans cesse, ajoute le Prophète royal. Le Seigneur est bon à ceux qui espèrent en lui, il est bon à l’âme qui le cherche dit Jérémie (Lam.3.25). Cherchez le Seigneur pendant qu'on peut le trouver, ajoute un autre prophète (Is. 55. 6); mais cherchez-le dans la simplicité de votre cœur, vous dit le Sage (Sap. 1). Lorsque vous chercherez le Seigneur votre Dieu, vous le trouverez , disait Moise , pourvu toutefois que vous le cherchiez de tout votre cœur (Deut. 4. 29).

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  • Saints Nérée, Achille, Domitille et Pancrace

    Nérée et Achillée sont deux martyrs du cimetière de Domitille, sur la voie Ardéatine ; à l’occasion de leur natale saint Grégoire le Grand prononça, près de leur tombeau, une de ses belles homélies sur l’Évangile, qu’on récite aujourd’hui encore dans le Bréviaire. Quant à Domitille, elle serait la fondatrice du cimetière des Flavii, bien que De Rossi ait démontré qu’on doit distinguer deux personnes du nom de Flavia Domitilla. L’une est la femme du consul Flavius Clemens, cousin de Domitien, reléguée pour la foi dans l’île Pandataria, en face des Marais-Pontins ; l’autre est la petite-fille de la première Domitille ; elle fut exilée dans l’île de Ponza, et, au IVe siècle, sainte Paule alla vénérer le lieu où, au dire de saint Jérôme, longum duxit martyrium. (…) Voici l’inscription damasienne [du pape saint Damase] qui existait jadis sur le tombeau des saints Nérée et Achillée :

    NEREVS ET ACHILLEVS MARTYRES
    MILITIAE • NOMEN • DEDERANT • SAEVVMQVE • GEREBANT
    OFFICIVM • PARITER • SPECTANTES • IVSSA • TYRAMNI
    PRAECEPTIS • PVLSANTE • METV • SERVIRE • PARATI
    MIRA • FIDES • RERVM • SVBITO • POSVERE • FVROREM
    CONVERSI • FVGIVNT • DVCIS • IMPIA • CASTRA • RELINQVVNT
    PROIICIVNT • CLYPEOS • PHALERAS • TELAQVE • CRVENTA
    CONFESSI • GAVDENT • CHRISTI • PORTARE • TRIVMPHOS
    CREDITE • PER • DAMASVM • POSSIT • QVID • GLORIA • CHRISTI

    Achille.jpgNérée et Achillée martyrs s’étaient inscrits à la milice, et exerçaient cette fonction cruelle d’exécuter les ordres du tyran, parce que la terreur les y contraignait. Miracle de la foi ! Ils déposent à l’instant leur fureur, se convertissent, abandonnent le camp de leur chef criminel, jettent dehors les boucliers, les colliers, les flèches ensanglantées et, confessant la foi du Christ, ils se réjouissent de rendre témoignage à son triomphe. Apprenez maintenant de Damase ce que peut faire la gloire du Christ.

    Dans leur basilique sépulcrale sur l’Ardéatine, se trouvent encore les fragments des petites colonnes de marbre qui soutenaient jadis le tegurium ou baldaquin érigé sur l’autel. Sur l’une d’elles est sculpté le martyre d’Achillée : ACILLEVS, et l’on voit un personnage, les mains liées derrière les épaules, qui reçoit du bourreau le coup fatal.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Saint Philippe et saint Jacques

    Dom Pius Parsch :

    Cette messe a été composée pour la dédicace de l’Église des Apôtres. Elle tient compte en partie des circonstances extérieures du moment. La ville de Rome avait été arrachée par Narsès au pouvoir du roi des Goths, Totila. Les malheurs de l’invasion et la joie qui suivit la délivrance trouvent leur écho dans l’Introït.

    Cet introït par le chœur de la cathédrale Saint-Rombaut de Malines, sous la direction de Flor Peeters (1958).


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    Et la touchante antienne de communion:


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  • Saint Antonin

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    Ces lignes sont du P. Amable Bonnefons, de la Compagnie de Jésus, dans « Les fleurs des vies des saints en abrégé, et leur doctrine en maximes : avec des réflexions Spirituelles et Morales sur leurs plus belles Actions », 1721. Tout à ses considérations morales, le bon père oublie de signaler que saint Antonin est un personnage clef du couvent San Marco de Florence. Quand le couvent fut confié aux dominicains, c’est lui qui en fut le prieur et qui, sous l’impulsion de Cosme de Médicis, le reconstruisit, et dirigea la décoration des cellules confiée à son ami et disciple Fra Angelico.

    Le cardinal Schuster expose quant à lui sobrement :

    Le plus bel éloge de cet évêque de Florence (+ 1453) gloire éclatante de l’Ordre des Prêcheurs, fut prononcé par les ambassadeurs de sa ville le jour où, reçus en audience par Eugène IV, ils lui demandèrent diverses faveurs pour quelques personnes auxquelles ils s’intéressaient. Le Pontife ajouta alors : « Et n’avez-vous pas quelque recommandation à faire pour votre archevêque ? » — « Très Saint-Père, répondirent les messagers, l’archevêque se recommande de lui-même. » Tant s’imposait la sainteté de cet homme qui, dans la ville joyeuse et insouciante de Florence, à l’époque où la fausse renaissance ouvrait déjà la voie au paganisme classique, offrait l’exemple d’un zèle pastoral ardent, joint à l’amour de l’étude et des vertus claustrales les plus austères.

  • Saint Grégoire de Nazianze

    Monarque immuable des cieux, inspire-moi pour célébrer ta gloire.

    Dieu puissant, maître souverain, à toi seul les hymnes et les cantiques ;
    à toi qu'environnent les chœurs des anges, à toi qui vis dans l'éternité.

    Ta main puissante a semé dans l'espace et ce soleil qui nous éclaire,
    et le pâle flambeau des nuits, et ces astres scintillants qui parent la voûte céleste.

    Si l'homme, auguste créature, a pu reconnaître son Dieu,
    s'il a la raison en partage, c'est à ta bonté qu'il le doit.

    Créateur de tous les êtres,
    tu assignas à chacun d'eux la place qu'il occupe,
    ta providence veille encore sur eux.
    Tu dis une parole et le monde fut.

    Ton Verbe est digne des mêmes hommages.
    C'est lui qui disposa tout cet univers, il en est le maître suprême.

    Mais cependant, embrassant tout de sa puissance,
    l'Esprit Saint conserve et gouverne l'œuvre de la pensée divine.

    O Trinité vivante, c'est toi que je chanterai,
    seul monarque de tous les êtres,
    nature immuable, éternelle, nature dont la substance
    ne saurait être exprimée par le langage des mortels.

    Ta sagesse échappe à tout entendement humain,
    ta force incessante règne dans les cieux,
    tu n'a pas eu de commencement, et tu n'auras jamais de fin.

    Quel œil fixerait ta splendeur ineffable,
    toi dont les yeux sont ouverts sur tout,
    toi dont on ne saurait éviter les regards tant sur la terre
    qu'au sein des abîmes de la mer ?

    O mon père, ô mon Dieu ! Sois-moi propice.
    Fais que toujours, je t'en conjure, j’adore la Trinité Sainte.
    Délivre-moi de mes péchés,
    purifie mon âme,
    éclaire mon intelligence,
    préserve-moi des pensées mauvaises,
    afin que ta divinité soit le seul objet de mes louanges,
    et que j'élève vers toi mes mains pures
    afin qu'à deux genoux je glorifie le Christ,
    le suppliant de recevoir son serviteur
    lorsqu'il viendra brillant de gloire juger en maître les humains.

    O mon père ! Sois-moi propice ! Miséricorde !
    Qu'un malheureux obtienne grâce devant toi,
    parce qu'à toi seul bénédiction et gloire dans l'immuable éternité.

    Hymne à Dieu, extrait de Choix de poésies religieuses de saint Grégoire de Nazianze, Synesius, saint Clément, etc., publié par G.-B. Darolles, 1839