Séquence de Notker (840-912) de l’abbaye de Saint-Gall, pour le mardi de Pâques. Traduction de dom Guéranger. En raison de la vaste inversion poétique du début, destinée à commencer par l’expression « Agneau pascal », les deux premiers vers, qui forment la première « strophe », sont, pour nous autres, incompréhensibles tels quels. La construction selon l’ordre français des mots donnerait : Omnes christianae animae se prabeant dignas, moribus sinceris, esu potuque Agni paschalis. Que toutes les âmes chrétiennes se montrent dignes, par leurs mœurs pures, de manger et boire l’Agneau pascal.
Agni paschalis esu
potuque dignas,
Le jour est venu où le festin de l'Agneau pascal nous convie ;
Moribus sinceris praebeant
omnes se Christianae animae,
Pro quibus se Deo hostias
obtulit ipse summus Pontifex.
Quarum frons in postis est modum,
ejus illita
sacrosancto cruore
et tuta a clade canopica,
Que les âmes chrétiennes se montrent dignes, par une vie pure, d'un tel mets et d'un tel breuvage. C'est pour elles que l'Agneau, Pontife souverain, s'est offert à Dieu. Comme les portes des Israélites, leur front est marqué de son sang. Ce sang divin les met à couvert du désastre qui fond sur l'Egypte,
Qua[rum] crudeles hostes
in mari Rubro sunt obruti.
Renes constringant ad pudicitiam.
Pedes tutentur adversus viperas.
Lorsque ce cruel ennemi est submergé dans la mer Rouge. Que les fidèles aient la ceinture, symbole de pureté ; que leurs pieds soient chaussés contre la morsure des serpents ;
Baculosque
spiritales contra
canes jugiter
manu bajulent.
Ut pascha Jesu
mereantur sequi,
quo de barathro,
victor rediit.
Qu'ils tiennent sans cesse à la main le bâton spirituel, pour repousser les chiens infernaux : Ainsi ils mériteront d'avoir part à la Pâque de Jésus, cette Pâque qui l'a vu remonter victorieux du tombeau.
En redivivus
mundus ornatibus
Christo consurgens
fideles admonet,
La nature qui renaît plus brillante et plus belle au moment où ressuscite le Christ, apprend aux fidèles
Post mortem melius
cum eo victuros. Amen.
De quelle vie supérieure ils doivent vivre avec lui, après avoir passé par la mort. Amen.