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Liturgie - Page 331

  • Dimanche après l’Ascension

    Notre Sauveur, mes très chers frères, est monté au ciel, ne nous troublons donc pas sur la terre. Que nos pensées soient là où il est, et ici-bas ce sera le repos. Montons maintenant avec le Christ par le cœur ; lorsque son jour promis sera venu, nous le suivrons aussi de corps.

    Cependant, mes frères, nous devons savoir que ni l’orgueil, ni l’avarice, ni la luxure ne s’élèvent avec le Christ ; aucun de nos vices ne s’élève avec notre médecin. Et c’est pourquoi si nous voulons suivre le médecin dans son ascension, nous devons déposer le fardeau de nos vices et de nos péchés. Ils nous chargent, pour ainsi dire, tous de chaînes, ils s’efforcent de nous retenir captifs dans les filets de nos fautes : c’est pourquoi avec le secours de Dieu, et comme le dit le Psalmiste : « Rompons leurs liens », afin qu’en toute sécurité nous puissions dire au Seigneur : « Vous avez rompu mes liens, c’est à vous que je sacrifierai une hostie de louange. »

    La résurrection du Seigneur est notre espérance ; l’ascension du Seigneur, notre glorification. Si donc nous célébrons l’ascension du Seigneur avec droiture, avec fidélité, avec dévotion, avec sainteté et avec piété, montons avec lui et tenons en haut nos cœurs.

    Mais, en montant, gardons-nous de nous enorgueillir et de présumer de nos mérites, comme s’ils nous étaient propres. Nous devons tenir nos cœurs en haut attachés au Seigneur ; car le cœur en haut, mais non auprès du Seigneur, c’est l’orgueil ; le cœur en haut près du Seigneur, c’est le refuge. Voici, mes frères, un fait surprenant : Dieu est élevé, tu t’élèves et il fuit loin de toi ; tu t’humilies et il descend vers toi. Pourquoi cela ? C’est que « le Seigneur est élevé, et il regarde ce qui est bas, et ce qui est haut, c’est de loin qu’il le connaît ». Il regarde de près ce qui est humble, pour l’attirer à lui, et il regarde de loin ce qui s’élève, c’est-à-dire les superbes, pour les abaisser.

    Le Christ est ressuscité pour nous donner l’espérance, car tout homme qui meurt ressuscite ; et il nous a donné cette assurance, afin qu’en mourant nous ne désespérions pas et que nous ne pensions pas que notre vie finit dans la mort. Nous étions dans l’anxiété au sujet de notre âme elle-même, et le Sauveur, en ressuscitant, nous a donné la foi en la résurrection de la chair.

    Crois donc, afin d’être purifié. Il te faut d’abord croire, afin de mériter par ta foi de voir Dieu un jour. Veux-tu voir Dieu ? Écoute-le lui-même : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu ». Pense donc avant tout à purifier ton cœur ; enlève tout ce que tu y vois qui puisse déplaire à Dieu.

    Saint Augustin

  • Saint Stanislas

    Stanislas était polonais, il naquit à Cracovie de parents nobles et pieux qui l’obtinrent de Dieu par leurs prières après une stérilité de trente années. Il donna dès son enfance des indices de sa sainteté future. Dans son adolescence, il s’appliqua avec ardeur aux études libérales et fit de grands progrès dans la science des saints Canons et de la théologie. Ses parents étant morts, il distribua aux pauvres son patrimoine, qui était considérable ; il désirait embrasser la vie monastique, mais la providence de Dieu voulut que Lampert, Évêque de Cracovie, le fît chanoine et prédicateur de son Église ; et plus tard, il succéda, quoique malgré lui, à ce Prélat. Dans l’accomplissement des devoirs de sa charge, il se distingua par l’éclat de toutes les vertus pastorales, et particulièrement par sa grande charité envers les pauvres.

    Boleslas était alors roi de Pologne, Stanislas tomba dans la disgrâce de ce prince pour l’avoir repris publiquement de son libertinage, qui était connu de tous. C’est pourquoi le roi suscita des calomniateurs qui, dans une assemblée solennelle du royaume, appelèrent Stanislas en justice devant lui, comme possesseur illégitime d’une terre qu’il avait achetée au nom de son Église. Comme l’Évêque ne pouvait prouver son innocence par les pièces nécessaires, et que les témoins craignaient de dire la vérité, il s’engagea à faire comparaître, trois jours après, devant les juges, celui qui lui avait vendu la propriété : cet homme, appelé Pierre, était mort depuis trois ans. On accepte avec risée la proposition : l’homme de Dieu passe ces trois jours entiers dans le jeûne et la prière ; et au jour marqué, après avoir offert le sacrifice de la Messe, il ordonne à Pierre de sortir du tombeau. Le mort est aussitôt rendu à la vie, il suit l’Évêque au tribunal royal, et là, en présence du roi et de l’assemblée frappés de stupeur, il dépose avoir vendu la terre dont il s’agissait, et en avoir reçu le prix convenu des mains de l’Évêque. Après avoir rendu ce témoignage, il s’endormit de nouveau dans le Seigneur.

    Mais Boleslas ne profitant pas des fréquents avertissements de Stanislas, ce prélat le sépara enfin de la communion des fidèles. Dans la fureur de son ressentiment, le prince envoya dans l'église des soldats avec l'ordre d'égorger le saint évêque; trois fois ils tentèrent de consommer le crime, trois fois une force divine et invisible les repoussa. Le roi impie s'y rendit lui-même, et massacra de sa propre main le pontife de Dieu, au moment où il offrait à l'autel la victime sans tache. Son corps, haché en morceaux et jeté dans la campagne, fut défendu miraculeusement par des aigles contre les bêtes sauvages. Quand la nuit fut arrivée, les chanoines de Cracovie vinrent recueillir, à la faveur d'une lumière céleste, ces membres dispersés, et ils les rétablirent dans leur place naturelle. Chose admirable ! ces membres disjoints se réunirent tout à coup les uns aux autres, et il ne resta même aucune cicatrice de blessures. Dieu manifesta encore la sainteté de son serviteur après sa mort par beaucoup d'autres miracles, qui décidèrent le pape Innocent IV à le mettre au nombre des Saints.

    Bréviaire

  • Vendredi après l’Ascension

    On retrouve aux matines de ce jour les deux premiers répons des matines de l’Ascension. On peut remarquer qu’ils sont très différents. Le premier est constitué de trois versets de l’épître, un peu élagués mais reprenant très exactement les expressions du texte sacré – l’histoire même de l’Ascension, selon la Vulgate. Alors que le deuxième est une composition inspirée de Ecclésiastique 43,1 et psaume 67,35 et de Ecclésiastique 46,15 et psaume 9,8 – soigneusement mixés et à grand peine repérables (le verset venant quant à lui clairement du psaume 18). Celui-ci est donc vraisemblablement plus ancien que celui-là.

    En voici les textes, et notés tels qu’ils figurent dans le codex 388 de Saint-Gall (antiphonaire monastique du XIIe siècle), et dans l’antiphonaire de Saint-Lambrecht (autour de 1400), avec les lettrines indiquant le premier répons.

    ℟. Post passionem suam per dies quadraginta apparens eis, et loquens de regno Dei, alleluia: * Et videntibus illis elevatus est, alleluia: et nubes suscepit eum ab oculis eorum, alleluia.
    ℣. Et convescens praecepit eis, ab Ierosolymis ne discederent, sed exspectarent promissionem Patris.
    ℟. Et videntibus illis elevatus est, alleluia: et nubes suscepit eum ab oculis eorum, alleluia.

    Après sa passion il leur apparut pendant quarante jours, leur parlant du royaume de Dieu, alléluia : Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux, alléluia. Mangeant avec eux, il leur commanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père. Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux, alléluia.

    ℟. Omnis pulchritudo Domini exaltata est super sidera : species ejus in nubibus caeli, et nomen ejus in æternum permanet, alleluia.
    ℣. A summo caelo egressio ejus, et occursus ejus usque ad summum ejus.
    ℟. Species ejus in nubibus caeli, et nomen ejus in æternum permanet, alleluia.

    Toute la beauté du Seigneur a été exaltée au-dessus des astres: Son éclat est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement, alléluia. A l’extrémité du ciel est sa sortie, et le terme de sa course à son extrémité. Son éclat est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement, alléluia.

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  • Ascension du Seigneur

    La magnifique antienne d’offertoire de la messe, par les moines de Solesmes en 1955 (on peut entendre tous les chants propres de cette messe ici). Description parfaite de la jubilation intérieure, de la joie contemplative éternelle.

    Ascéndit Deus in jubilatióne, et Dóminus in voce tubæ, allelúia.

    Il monte, Dieu, au milieu des cris de joie, et le Seigneur au son de la trompette, alléluia.


    podcast

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  • Vigile de l’Ascension

    L’antique liturgie romaine considérait, à juste titre, qu’elle ne pouvait pas avoir d’aspect pénitentiel entre Pâques et la Pentecôte. C’est pourquoi il fallut plus de trois siècles pour que l’étrange innovation gauloise des Rogations soit acceptée dans la capitale de la chrétienté, et à la condition expresse qu’elle soit dépouillée de son jeûne (qui lui était pourtant consubstantiel et sur lequel insistait davantage encore la liturgie mozarabe).

    De même, l’antique liturgie romaine n’avait pas de vigile de l’Ascension, puisque la vigile est la préparation à une fête, et a donc fatalement un aspect pénitentiel. Toutefois une messe de la vigile de l’Ascension s’imposa à Rome avant les Rogations, et le troisième jour des Rogations ne put jamais primer la vigile de l’Ascension – dépourvue de tout caractère pénitentiel, célébrée en blanc.

    Cette messe de la vigile reprend les chants du dimanche précédent. Seules les lectures sont originales, et elles ont été remarquablement choisies, comme le souligne dom Pius Parsch :

    Elles ont été très heureusement choisies et nous offrent deux belles images de l’Ascension. La première image est une entrée triomphale au ciel ; le divin vainqueur de la mort et de l’enfer s’avance vers le ciel, chargé d’un riche butin, et là il partage son butin ; ce sont les dons spirituels qu’il communique à son Église. Ces dons sont les charismes, les grâces d’état pour la construction du corps mystique du Christ, c’est-à-dire l’Église (épitre).

    La seconde image est, si possible, plus belle encore : le Fils rentre dans la maison paternelle ; maintenant, il frappe à la porte et demande l’entrée (le rétablissement dans sa gloire) pour lui et pour l’humanité rachetée. C’est une pensée délicate de la liturgie de mettre dans la bouche du Sauveur, à la porte du ciel, la prière sacerdotale (évangile).

  • Mardi des Rogations

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    Nous voici rassemblés une fois encore pour célébrer les Rogations et je remercie les CPCR de nous offrir le cadre de cette célébration.

    Depuis le V° siècle, l’Eglise a pris l’habitude de consacrer tous les ans trois jours consécutifs au jeûne et à la prière pour les fruits de la terre. C’est une manière pour nous de reconnaître la Seigneurie de Dieu sur la Création et de dire qu’elle est dans cette création la juste place de l’homme. La liturgie est une catéchèse, la liturgie est une école de vie. Aujourd’hui, elle nous rappelle que Dieu est le Maître de la création parce qu’il en est l’auteur et parce que par sa Providence il en assure l’ordre et le maintien.

    Comme les lectures de cette messe viennent de nous le rappeler, l’homme n’est que le gérant de la création et il n’y trouve sa place de façon harmonieuse que dans le respect des lois de la nature. La liberté de l’homme trouve sa juste place dans l’espace aménagé par le respect de ces lois. L’homme n’est pas au-dessus de la nature, il ne peut en modifier les règles. Il est un des éléments d’un ordonnancement qui le dépasse et si Dieu lui a confié la gérance de la création c’est pour qu’il la gouverne dans le respect des règles établies par le Créateur. Son intelligence lui permet de découvrir ces règles. La raison éclairée par la foi lui permet de connaître ces règles pour en tirer le meilleur parti. Ainsi, le grain qui tombe dans la bonne terre donne du fruit à raison de cent ou soixante ou trente pour un, tandis que celui qui tombe dans les ronces est étouffé. C’est la loi de la nature dont on ne peut pas s’abstraire mais qu’il faut connaître et aimer. Le cantique de l’offertoire nous le rappellera. Ceux qui vivent au contact de la terre le savent. La terre nous enseigne…la terre ne ment pas.

    Ce qui est vrai pour la nature extérieure à l’homme est vrai aussi pour l’homme lui-même, pour la nature humaine. Lorsque les lois humaines prétendent s’affranchir de la loi naturelle, alors c’est le règne de l’arbitraire qui commence, avec tout ce que cela comporte d’injustice, d’iniquité, de chaos !

    L’homme est créé à l’image de Dieu et il trouve son bonheur quand il cultive la ressemblance avec son divin modèle. Quand il prétend se faire l’égal de Dieu et dicter ses propres lois, c’est une tragédie qui commence. La Bible nous rappelle quelques-unes de ces tragédies : le péché originel, Sodome et Gomorrhe, la Tour de Babel. Et le démon est toujours prêt à nous suggérer de nouvelles aventures qui nous conduiront vers de nouvelles tragédies.

    Pendant cette messe, nous demanderons au Seigneur de faire de nous de bons gérants de la création, de bons intendants de la nature humaine, toujours soucieux de bien connaître la loi naturelle pour qu’elle soit le véritable espace de liberté dans lequel nos vies pourront se développer dans l’harmonie.

    Mais l’homme n’est pas seulement le gérant de la création ; il en est aussi le Prêtre. C’est à lui qu’il appartient de présenter à Dieu les fruits de la terre et de son travail pour que Dieu les transforme en source de grâce. C’est à lui qu’il appartient d’assumer la louange silencieuse qui monte de la terre pour la présenter au Seigneur d’une manière rationnelle. C’est à lui qu’il appartient d’intercéder pour le monde animé et inanimé. C’est à lui qu’il appartient de rendre gloire à Dieu pour la beauté de l’ordre créé qui se découvre à son intelligence émerveillée pour l’heureuse alternance des saisons qui donne sa fécondité à la terre, pour le don de la vie qui ouvre un avenir. Et c’est tout le sens de la procession de ce jour.

    Ce rôle de prêtre, l’homme ne l’assume pas tout seul : Il l’assume dans la communion des saints. Et c’est la raison pour laquelle nous avons demandé leur intercession en chantant leurs litanies. Il l’assume en Eglise et c’est la raison pour laquelle nous sommes tous là aujourd’hui : évêque, prêtres, religieux, religieuses, Peuple fidèle. Il l’assume dans le Christ Jésus vrai Dieu et vrai homme et c’est la raison pour laquelle les prières des Rogations trouvent leur place dans les trois jours qui précèdent la fête de l’Ascension où Jésus introduit notre humanité auprès du Père. Alors que Jésus s’apprête à s’élever au-dessus de la terre pour retourner au Père dont il est venu, nous voulons le charger de toutes nos intentions de prière pour qu’il les lui présente.

    Nous voulons lui demander de ne pas oublier la terre sur laquelle il a vécu, l’humanité qu’il a voulu partager. Nous voulons lui dire avec le Bon Larron : « Seigneur, souviens-toi de nous quand tu viendras dans ton Royaume ! »

    Voilà, Frères et Sœurs, les quelques réflexions que nous inspire aujourd’hui la célébration des Rogations. Intériorisons-les dans le silence, faisons-les nôtres afin que notre existence soit conforme à notre prière et que notre façon de vivre soit en harmonie avec notre façon de célébrer. Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

    Mgr Raymond Centène, évêque de Vannes, Rogations 2013 (à Notre-Dame de Fatima, Bieuzy-Lanvaux).

  • La messe à la réserve indienne

    « Quand l’Eglise est venue dans notre réserve en 1884, dit un ancien, il était vraiment facile pour les Indiens d’être catholiques. Il y avait tellement de choses qui étaient naturelles pour nous. Comme le prêtre priant vers l’est : nous priions vers l’est bien avant l’arrivée des Robes Noires. Dans les années 60, l’Eglise a changé, et beaucoup de gens ont quitté l’Eglise parce qu’ils ressentaient que l’Eglise leur avait menti. On leur avait dit que c’était important, que cela faisait partie du divin, et tout à coup ça n’avait plus d’importance du tout. Notre peuple a ressenti qu’on lui avait menti, comme l’homme blanc l’avait fait si souvent auparavant. »

    En 2015, un couple de « coordinateurs de la vie paroissiale » s’est installé dans cette réserve où il n’y avait plus de prêtre à plein temps mais qui est toujours la Mission Saint-Paul. Le prêtre avec qui ces coordinateurs étaient en relation est un jeune prêtre ordonné il y a un an et demi, le P. Garrett Nelson. Avec quatre autres jeunes prêtres du diocèse, il a constitué une sorte de fraternité informelle dont le ciment est l’amour de la liturgie traditionnelle. C’est le P. Nelson qui a demandé aux coordinateurs s’il pourrait célébrer la messe de saint Pie V à la réserve. Ce fut une messe de Requiem. Qui fit forte impression sur les Indiens.

    L’objectif est désormais d’avoir la messe tous les dimanches dans la réserve. La messe de 1884, célébrée vers l’est.

    Mais le P. Nelson, outre sa « responsabilité pastorale spéciale » à la Mission Saint-Paul, est vicaire de trois paroisses et a d’autres responsabilités dans trois autres églises de ce très vaste diocèse du Montana…

    (Rorate Caeli)

  • Lundi des Rogations

    Il est commandé en un autre endroit de prier sans cesse, non seulement durant le jour, mais même la nuit. Vous voyez, en effet, que cet homme qui alla trouver son ami au milieu de la nuit, lui demandant trois pains, et persistant à les demander, ne fut pas privé de l’objet de sa prière. Que signifient ces trois pains, si ce n’est l’aliment des célestes mystères ? Si vous aimez le Seigneur votre Dieu, vous pourrez mériter ses dons non seulement pour vous, mais encore pour les autres. Qui est plus notre ami que celui qui a livré son corps pour nous ? C’est à cet ami que David, au milieu de la nuit, a demandé ces pains, et il les a reçus. Car il les demandait, quand il disait : « Au milieu de la nuit je me levais pour vous louer ; » c’est pourquoi il a mérité ces pains qu’il nous a présentés pour nous en nourrir. Il les demanda encore, lorsqu’il dit : « Je laverai chaque nuit mon lit de mes pleurs. » Il ne craignait pas d’interrompre le sommeil de celui qu’il sait veiller toujours. Aussi, nous souvenant de ces paroles des Écritures, implorons le pardon de nos péchés en persévérant jour et nuit dans la prière. Car si un homme aussi saint que David, occupé du gouvernement de tout un royaume, louait Dieu sept fois le jour, et était appliqué sans cesse à lui offrir les sacrifices du matin et du soir, que nous faut-il faire, nous qui devons prier d’autant plus que nous défaillons plus souvent, à cause de la fragilité de la chair et de l’esprit ; nous qui, las de la route et fatigués cruellement par notre course en ce monde et par les détours de cette vie, devons prier afin que le pain qui refait ne puisse nous manquer, lui qui fortifie le cœur de l’homme. Ce n’est pas seulement au milieu de la nuit que le Seigneur nous apprend qu’il faut veiller, mais à tous les instants pour ainsi dire. En effet il vient et le soir, et à la seconde et à la troisième veille, et il a coutume de frapper à la porte. « Heureux les serviteurs que le Seigneur, quand il viendra, trouvera veillant ! »

    Saint Ambroise, commentaire de l’évangile selon saint Luc, lecture des matines avant 1960.

  • Ad cenam Agni providi

    L’hymne des vêpres au temps pascal, chanté par des maîtres de chœur, à Fontevraud, le 23 juillet 1989, sous la direction de Dom Le Feuvre.
    podcast

     Ad cenam Agni próvidi,
    Et stolis albis cándidi,
    Post tránsitum maris Rubri
    Christo canámus Príncipi.

    Invités au repas de l’Agneau,
    revêtus de nos robes blanches,
    après avoir passé la mer rouge,
    chantons au Christ notre Chef.

    Cujus corpus sanctíssimum
    In ara crucis tórridum,
    Cruóre ejus róseo
    Gustándo vívimus Deo.

    En goûtant sa chair toute sainte
    brulée sur l’autel de la Croix,
    en goûtant le vin de son sang,
    nous vivons de la vie de Dieu.

    Protécti Paschæ véspere
    A devastánte Angelo,
    Erépti de duríssimo
    Pharaónis império.

    Protégés au soir de la Pâque
    contre l’Ange exterminateur,
    nous avons été arrachés
    au dur pouvoir de Pharaon.

    Jam pascha nostrum Christus est,
    Qui immolátus agnus est :
    Sinceritátis ázyma
    Caro eius obláta est.

    C’est le Christ qui est notre Pâque,
    qui est l’agneau immolé ;
    azyme de sincérité,
    c’est sa chair qui est livrée.

    O vere digna hóstia,
    Per quam fracta sunt tártara,
    Redémpta plebs captiváta,
    Réddita vitæ prǽmia.

    O victime vraiment digne
    brisant la porte des enfers :
    le peuple captif est racheté,
    les biens de la vie sont rendus.

    Consúrgit Christus túmulo,
    Victor redit de bárathro,
    Tyránnum trudens vínculo
    Et Paradísum réserans.

    Le Christ se lève de la tombe ;
    il revient de l’abîme en vainqueur,
    poussant le tyran enchaîné,
    rouvrant l’entrée du Paradis.

    Quǽsumus, Auctor ómnium,
    In hoc pascháli gáudio,
    Ab omni mortis ímpetu
    Tuum defénde pópulum.

    Nous vous prions, Auteur de toute chose,
    en cette joie pascale
    de tout assaut de la mort
    défendez votre peuple.

    Glória tibi Dómine,
    Qui surrexísti a mórtuis,
    Cum Patre et almo Spíritu,
    In sempitérna sǽcula. Amen.

    Gloire à Vous, Seigneur,
    ressuscité d’entre les morts ;
    avec le Père et l’Esprit bienfaisant,
    dans les siècles éternels.
    Ainsi soit-il.

  • In diademate

    ℟. In diademate capitis Aaron magnificentia Domini sculpta erat: * Dum perficeretur opus Dei, alleluia, alleluia, alleluia.
    ℣. In veste enim poderis quam habebat, totus erat orbis terrarum, et parentum magnalia in quatuor ordinibus lapidum sculpta erant.
    ℟. Dum perficeretur opus Dei, alleluia, alleluia, alleluia.
    Glória…
    ℟. Dum perficeretur opus Dei, alleluia, alleluia, alleluia.

    Sur le diadème de la tête d’Aaron étaient sculptées les magnificences du Seigneur, tandis que s’accomplissait l’œuvre de Dieu, alléluia, alléluia, alléluia. Car en la longue robe qu’il portait se trouvait toute l’orbe de la terre, et les grandeurs des ancêtres étaient sculptées sur quatre rangs de pierres, tandis que s’accomplissait l’œuvre de Dieu, alléluia, alléluia, alléluia.

    Ce répons des matines figure parmi les répons de ces jours-ci qui sont centrés sur l’Apocalypse. Or il s’inspire du livre de la Sagesse (18,24), évoquant le jour où Aaron le grand prêtre intercéda dans le désert pour le peuple rebelle et arrêta le massacre que Dieu avait décidé pour le punir. Il est manifeste que ce verset, qui se trouve enfoui dans le long exposé des antithèses entre le sort des Egyptiens et celui des Hébreux, a été extrait de son contexte parce qu’il montre en Aaron la figure du Christ vrai grand prêtre intercédant pour le peuple, et que la figure ici décrite est proche de celle de ce « Fils d’homme vêtu d’une longue robe » qui apparaît à saint Jean dès le début de l’Apocalypse. On trouve dans les deux textes le même mot « poderes », directement repris du grec, qui veut dire « descendant jusqu’aux pieds ». Il s’agit de la robe représentant tout le cosmos. Quant au diadème, il renvoie aux « nombreux diadèmes » que porte dans l’Apocalypse le « Verbe de Dieu » sur son cheval blanc, où est « écrit son nom que personne ne connaît si ce n’est lui-même ».