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Liturgie - Page 333

  • Deuxième dimanche après Pâques

    Répons des matines :

    ℟. Surréxit pastor bonus, qui ánimam suam pósuit pro óvibus suis, et pro grege suo mori dignátus est : * Allelúia, allelúia, allelúia. ℣. Etenim Pascha nostrum immolátus est Christus. * Allelúia, allelúia, allelúia. Glória Patri et Filio et Spiritui Sancto, * Allelúia, allelúia, allelúia.

    ℟. Il est ressuscité, le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, et qui a daigné mourir pour son troupeau : * Alléluia, alléluia, alléluia. ℣. Car notre Pâque, le Christ, a été immolé. Alléluia. * Alléluia, alléluia, alléluia. Gloire au Père au Fils et au Saint-Esprit, * Alléluia, alléluia, alléluia.

    Sur le bon Pasteur, voir ici, et .

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    (Monastère de Kykkos, Chypre)

  • Samedi de la deuxième semaine après Pâques

    Ce jour est le premier samedi où l’on célèbre la Sainte Vierge depuis le… 9 janvier (et encore, uniquement parce que Pie XII a malencontreusement supprimé l’octave de l’Epiphanie). Pour samedi dernier, samedi de Pâques, dom Guéranger donnait dans son Année liturgique « cette Prose touchante tirée des anciens Missels des Eglises d'Allemagne ». (Plutôt que de donner la traduction fleurie de dom Guéranger je propose une traduction littérale, en pensant toujours à ceux qui souhaitent apprendre un peu le latin liturgique.)

    Resurgenti tuo nato,
    Mater, plaude, qui prostrato
    Regnat mortis principe;
    Tuum virgo pone luctum,
    Jesum ventris tui fructum
    Redivivum suscipe.

    A ton fils qui ressuscite applaudis, ô mère, lui qui règne, ayant renversé le prince de la mort. Ô Vierge dépose ta douleur, reçois Jésus, le fruit de tes entrailles, qui revit.

    Morte prolis cruciata,
    Corde dure sauciata
    Passionis gladio:
    Voce jubilationis,
    Jam de resurrectionis
    Jocundare gaudio.

    Toi qui eus par la mort de ton fils sur la croix le cœur rudement blessé par le glaive de la Passion, réjouis-toi maintenant en faisant entendre ta jubilation au sujet de la résurrection.

    Crucifixum, qui surrexit
    De sepulchro teque vexit
    Sua in palatia,
    Nobis placa, supplicamus
    A peccatis ut surgamus
    Ad æterna gaudia. Amen.

    Le crucifié qui est ressuscité du sépulcre et t’a transportée dans son palais, apaise-le à notre sujet, nous t’en supplions, afin que nous ressuscitions du péché pour aller aux joies éternelles. Amen.

  • Vendredi de la deuxième semaine après Pâques

    Dans la liturgie byzantine c’est le vendredi après le « dimanche de Thomas », et voici le premier cathisme des matines, qui nous rappelle qu’il y a deux semaines c’était le vendredi saint.

    Ami des hommes, nous nous prosternons devant l’arbre de ta Croix:
    sur lui tu fus cloué, toi la Vie de l’univers;
    au bon Larron qui, dans la foi, se tourna vers toi,
    Sauveur, tu as ouvert le Paradis;
    et il obtint la béatitude éternelle en te criant:
    Souviens-toi de moi, Seigneur;
    tout comme lui, reçois-nous qui te crions:
    nous avons tous péché,
    ne nous méprise pas, dans ta bonté.

    Les soldats gardant ton sépulcre, Sauveur,
    furent terrassés par la splendeur
    de l’Ange qui se manifesta
    pour annoncer aux femmes ta sainte Résurrection;
    et toi qui nous délivres de la mort,
    nous te glorifions et nous prosternons devant toi,
    Ressuscité du tombeau et notre unique Dieu.

    Seigneur, gloire des combats et couronne des vainqueurs,
    tu es la parure des Martyrs glorieux:
    par leur constance dans les épreuves ils ont mis en fuite les impies
    et du ciel ils ont reçu la victoire par la puissance de Dieu;
    Seigneur, accorde-nous,
    par leurs prières la grâce du salut.

  • Rex sempiterne Domine

    L’hymne des matines au temps pascal date d’au moins le VIIe siècle puisque saint Bède (672-735) le cite comme exemple de poésie liturgique où le rythme se fonde sur les accents et non plus sur les mètres classiques. C’est d’ailleurs ce fait qui a valu à cet hymne d’être proprement massacré par Urbain VIII qui voulut le « corriger » et n’arriva qu’à la défigurer, plus encore que les autres. Il est devenu « Rex sempiterne cælitus », mais il semble que ces hymnes d’Urbain VIII ne se soient guère imposés en France avant l’adoption des livres romains au cours du XIXe siècle, et les livres monastiques ont toujours gardé la version originelle.

    Voici Rex sempiterne Domine, chanté par les moniales de l’abbaye d’Ozon (1960).
    podcast

    J’en donne une traduction aussi littérale que possible. Le sommet de l’œuvre est la merveilleuse expression « Et nos Deo conjungeres Per carnis contubernium ». Jésus est venu pour nous unir à Dieu en venant vivre sous notre tente humaine. Contubernium, c’est le fait pour des soldats de vivre sous la même tente… Le mot a fini par signifier cohabitation, et union conjugale (mot qui est déjà dans le verbe précédent : conjungere).

    Rex sempiterne, Domine,
    Rerum Creator omnium,
    Qui eras ante sæcula
    Semper cum Patre Filius :

    Roi éternel, Seigneur, Créateur de toutes choses, qui étais avant les siècles, Fils toujours avec le Père.

    Qui mundi in primordio
    Adam plasmasti hominem :
    Cui tuæ imagini
    Vultum dedisti similem :

    Toi qui au commencement du monde as façonné l’homme Adam, à qui tu as donné un visage semblable à ton image.

    Quem diabolus deceperat,
    Hostis humani generis :
    Cujus tu formam corporis
    Assumere dignatus es :

    Lui que trompa le diable, l’ennemi du genre humain, lui dont tu as daigné assumer la forme de son corps.

    Ut hominem redimeres
    Quem ante jam plasmaveras :
    Et nos Deo conjungeres
    Per carnis contubernium.

    Afin de racheter l’homme que tu avais façonné auparavant, et nous unir à Dieu par la cohabitation dans la chair.

    Quem editum ex Virgine
    Pavescit omnis anima :
    Per quem et nos resurgere
    Devota mente credimus :

    Toi qui enfanté de la Vierge nourrit toute âme, par qui nous croyons en esprit de piété que nous aussi nous ressusciterons.

    Qui nobis in baptismate
    Donasti indulgentiam,
    qui tenebamur vinculis
    Ligati conscientiæ :

    Toi qui nous a donné l’indulgence dans le baptême, à nous qui étions tenus ligotés par les liens de la conscience.

    Qui crucem propter hominem
    Suscipere dignatus es :
    Dedisti tuum Sanguinem,
    Nostræ salutis pretium.

    Toi qui a daigné porté la croix pour l’homme, tu as donné ton sang comme prix de notre salut.

    Quæsumus, Auctor omnium,
    In hoc Paschali gaudio,
    Ab omni mortis impetu
    Tuum defende populum.

    Nous te demandons, Auteur de tout, dans cette joie pascale, défends ton peuple de tout assaut de mort.

    Gloria tibi, Domine,
    Qui surrexisti a mortuis,
    Cum Patre et Sancto Spiritu,
    In sempiterna sæcula. Amen.

    Gloire à toi, Seigneur, qui es ressuscité des morts, avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles éternels. Amen.

  • Ecce dies celebris

    Pour ce mercredi de la deuxième semaine après Pâques, dom Guéranger donne la première séquence de Pâques composée par Adam de Saint Victor. Une bonne occasion d’apprendre le latin, avec ces vers faciles (faciles à lire, mais écrits par un orfèvre).

    Ecce dies celebris!
    Lux succedit tenebris,
    Morti resurrectio.
    Laetis cedant tristia,
    Cum sit major gloria
    Quam prima confusio;
    Umbram fugat veritas,
    Vetustatem novitas,
    Luctum consolatio.

    Voici le jour glorieux : la lumière succède aux ténèbres, la résurrection à la mort. Que la joie fasse place à la tristesse ; car la gloire est plus grande que ne fut l'ignominie. L'ombre fuit devant la vérité, l'antique loi devant la nouvelle; la consolation a remplacé le deuil.

    Pascha novum colite;
    Quod praeit in capite,
    Membra sperent singula.
    Pascha novum Christus est,
    Quid pro nobis passus est,
    Agnus sine macula.

    Venez fêter la Pâque nouvelle; que les membres espèrent pour eux-mêmes la gloire qui déjà brille en leur chef. Notre nouvelle Pâque, c'est le Christ, lui qui souffrit pour nous, Agneau sans tache.

    Hosti qui nos circuit
    Praedam Christus eruit:
    Quod Samson praecinuit,
    Dum leonem lacerat.
    David, fortis viribus,
    A leonis unguibus
    Et ab ursi faucibus
    Gregem patris liberat.

    L'ennemi qui rôde autour de nous avait saisi sa proie; le Christ la lui arrache. C'est la victoire que figurait Samson, lorsqu'il déchira le lion furieux; et David, jeune et robuste, lorsqu'il sauva le troupeau de son père des griffes du lion et de la dent de l'ours.

    Qui in morte plures stravit,
    Samson, Christum figuravit,
    Cujus mors victoria.
    Samson dictus Sol eorum:
    Christus lux est electorum,
    Quos illustrat gratia.

    Samson immolant par sa mort ses nombreux ennemis, présageait encore le Christ, dont la mort a été la victoire; Samson, dont le nom exprime le Soleil, rappelle le Christ, lumière des élus que sa grâce illumine.

    Jam de Crucis sacro vecte
    Botrus fluit in dilectae
    Penetral ecclesiae.
    Jam, calcato torculari,
    Musto gaudent ebriari
    Gentium primitiae.

    Sous le pressoir sacré de la croix, la grappe s'épanche dans le sein de l'Eglise bien-aimée; exprimé par la violence, le vin coule, et sa liqueur plonge dans une joyeuse ivresse les prémices de la gentilité.

    Saccus scissus et pertusus
    In regales transit usus:
    Saccus fit soccus gratiae,
    Caro victrix miseriae.

    Le sac lacéré par tant de blessures devient un ornement royal : cette chair qui a vaincu la souffrance est transformée en une parure de gloire.

    Quia regem peremerunt,
    Dei regnum perdiderunt:
    Sed non deletur penitus
    Cain, in signum positus.

    Pour avoir immolé le roi, le juif a perdu le royaume ; nouveau Caïn, il est exposé en exemple, et le signe dont il est marqué ne s’effacera pas.

    Reprobatus et abjectus
    Lapis iste, nunc electus,
    In tropaeum stat erectus,
    Et in caput anguli.
    Culpam delens, non naturam,
    Novam creat creaturam,
    Tenens in se ligaturam
    Utriusque populi.

    La pierre qu'il a rejetée et réprouvée est maintenant la pierre élue ; posée à la tête de l'angle, elle y brille comme un trophée. Par elle le péché est ôté, mais non la nature ; elle donne à l'homme un nouvel être, et réunis par elle, les deux peuples n'en forment plus qu'un seul.

    Capiti sit gloria,
    Membrisque concordia! Amen.

    Donc soit gloire au Chef, et concorde entre les membres ! Amen.

  • Saint Vincent Ferrier

    Voici les répons des matines, dans le propre dominicain, cités par dom Guéranger.

    ℟. Summus Parens, ac rector gentium, in vespere labentis saeculi, novum vatem misit Vincentium, christiani magistrum populi : refert instare Dei judicium, * Quod spectabunt cunctorum oculi. ℣. Timete Deum, clamat sœpius : venit hora judicii ejus. * Quod spectabunt cunctorum oculi.

    Le Père souverain, celui qui gouverne les peuples, sur le soir du monde qui s'affaisse, a envoyé Vincent comme un nouveau prophète chargé d'instruire le peuple chrétien; Vincent annonce que le jugement de Dieu est proche, * Ce jugement que tous les hommes doivent voir de leurs yeux. - Il s'écrie souvent : Craignez Dieu ; l'heure de son jugement est arrivée. * Ce jugement que tous les hommes doivent voir de leurs yeux.

    ℟. Christi viam secutus arduam, a terrenis procul illecebris, veritatem reddit conspicuam, profligatis errorum tenebris: * Oram illuminat occiduam, toto factus in orbe celebris. ℣. Cujus doctrina sole gratior, sermo erat flammis ardentior. * Oram illuminat occiduam, toto factus in orbe celebris.

    Marchant à la suite du Christ par la voie difficile, il s'éloigna des plaisirs terrestres ; il fit briller l'éclat de la vérité ; il dissipa les ténèbres de l'erreur ; * Il resplendit dans les régions de l'Occident, et tout l'univers retentit de sa renommée. - Sa doctrine éclatait comme un soleil ; sa parole était ardente comme la flamme. * Il resplendit dans les régions de l'Occident, et tout l'univers retentit de sa renommée.

    ℟. Nocte sacris incumbens litteris, contemplatur vigil in studio : mane pulchri ad instar sideris, miro lucet doctrinæ radio : * Morbos omnis vespere generis salutari pellens remedio. ℣. Nulla præterit hora temporis, qua non recti quia agat operis. * Morbos omnis vespere generis salutari pellens remedio.

    La nuit, il s'appliquait aux lettres, veillant dans la contemplation ; au matin, comme un bel astre, il lançait les rayons de la doctrine; * Le soir, il appliquait à tous les maux un remède salutaire. - Pas une heure de sa vie ne s'écoulait, sans qu'il l'eût remplie par quelque action sainte. * Le soir, il appliquait à tous les maux un remède salutaire.

    ℟. Verba perennis vitæ proferens, animos inflammat adstantium : pectoribus humanis inserens amorem donorum cœlestium, de virtutibus alta disserens ; * Fraenare docet omne vitium. ℣. Illum avida turba sequitur, dum hoc ore divino loquitur. * Fraenare docet omne vitium.

    Proférant les paroles de l'éternelle vie, il enflammait l'âme de ses auditeurs ; il faisait pénétrer dans le cœur des hommes l'amour des dons célestes ; traitant des vertus avec une science profonde, * Il enseignait à dompter tous les vices. - Une foule avide de l'entendre le suivait, lorsqu'il énonçait de sa bouche divine. * Il enseignait à dompter tous les vices.

    Dom Guéranger cite également cette antienne :

    Qui prophetico fretus lumine, mira de mundi fine docuit, in occiduo terra; cardine, ut sol Vincentius occubuit : et septus Angelorum agmine, lucidas cœli sedes tenuit.

    Rempli d'un esprit prophétique, Vincent parla merveilleusement sur la fin du monde ; comme un soleil, il se coucha à l'Occident de la terre, et escorté d'une troupe d'Anges, il monta aux lumineuses demeures du ciel.

    L’Occident de la terre, c’est Vannes. Mais le diocèse de Vannes fête saint Vincent Ferrier le 5 mai, parce que le 5 avril tombe trop souvent pendant la Semaine Sainte ou la Semaine de Pâques.

    D’autre part, pour les bénédictins, c’est la fête de saint Benoît, transférée du 21 mars. C’est presque un record (le record doit être le 6 avril)…

  • Annonciation

    Cette année, l’Annonciation tombait le jour du Vendredi Saint. Illustration étonnante de la kénose dans son double aspect : la descente du Verbe qui se fait chair dans le sein de la Vierge, et la mort sur la Croix. Les deux événements n’en font qu’un sur le plan spirituel. On pourrait rêver d’une liturgie spéciale pour ce jour-là. Mais c’est exclu, car le Sacrifice de la Croix l’emporte de loin sur la discrète et même secrète conception du Fils. Dans la liturgie byzantine on reporte généralement l’Annonciation au… jour de Pâques. Et l’on associe la liturgie pascale avec celle de l’Annonciation. L’ange Gabriel annonce bien que l’enfant qui va naître aura le royaume de David pour toujours. La Résurrection est le moment où Jésus entre dans son Royaume, celui qu’il a préparé pour le peuple qu’il a sauvé par son Sacrifice.

    La liturgie latine quant à elle met tellement l’événement pascal au sommet de l’année liturgique qu’aucune fête ne peut être célébrée pendant la semaine Sainte ni pendant la semaine de Pâques (qui est comme un seul jour).

    Voici donc l’Annonciation le 4 avril. Mais l’introït (qui n'est pas propre à l'Annonciation mais lui convient particulièrement), tiré du psaume 44 qui est le chant nuptial du Christ Roi, se marie très bien avec le temps pascal…

    Vultum tuum deprecabúntur omnes dívites plebis : adducéntur Regi Vírgines post eam : próximæ eius adducéntur tibi in lætítia et exsultatióne. ℣. Eructávit cor meum verbum bonum : dico ego ópera mea Regi. Gloria…

    Tous les riches d’entre le peuple vous offriront leurs humbles prières. Des Vierges seront amenées au roi après vous, vos compagnes seront présentées au milieu de la joie et de l’allégresse. ℣. De mon cœur a jailli une excellente parole ; c’est que j’adresse mes œuvres à un roi.

  • Dimanche in albis

    Dimanche « in albis depositis », celui des vêtements blancs qui ont été déposés la veille. Dimanche de saint Thomas (l'incrédule). Dimanche de « Quasi modo », premiers mots de l’introït, que voici par les moines de Solesmes.
    podcast

    Quasi modo géniti infántes, allelúia : rationabiles, sine dolo lac concupíscite, allelúia, allelúia allelúia.

    Exsultáte Deo, adiutóri nostro : iubiláte Deo Jacob.

    Comme des enfants nouveau-nés, alléluia ; désirez ardemment le lait spirituel, alléluia, alléluia, alléluia.

    Tressaillez d’allégresse en Dieu notre protecteur ; chantez avec transport en l’honneur du Dieu de Jacob.

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    C’est aussi, depuis la canonisation de sainte Faustine, le dimanche de la Divine Miséricorde. Voici ce que lui dit Jésus un jour de juin 1937 :

    « Que les plus grands pécheurs mettent leur espoir en Ma Miséricorde. Ils ont droit avant tous les autres, à la confiance en l’abîme de ma miséricorde. Ma fille, écris sur ma miséricorde pour les âmes tourmentées. Les âmes qui s’adressent à ma miséricorde me réjouissent. A de telles âmes, J’accorde des grâces bien au-dessus de leurs désirs. Je ne peux punir même le plus grand pécheur s’il invoque ma pitié, mais je l’excuse en mon insondable et inconcevable miséricorde. Avant de venir comme Juge équitable, j’ouvre d’abord toutes grandes les portes de ma miséricorde. Qui ne veut passer par la porte de ma miséricorde, doit passer par la porte de ma justice. »

  • Samedi in albis

    C’est le samedi in albis deponendis : le jour où les nouveaux baptisés de la nuit pascale doivent « déposer » le vêtement blanc qu’ils avaient alors revêtu. Ce vêtement symbolisait le Christ, conformément à la parole de saint Paul aux Galates : « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ », parole ornée d’un alléluia pour donner l’antienne de communion de ce jour. Le symbole de ce que l’on dépose n’est donc plus le Christ, que l’on a revêtu pour toujours, mais au contraire ce qui n’est pas digne du Christ, de l’alter Christus qu’est le chrétien. Et c’est ce symbolisme inversé que la liturgie souligne, par le même saint Paul, dans l’épître qui commence par « Deponentes » : déposant… toute malice, toute ruse, toute dissimulation…

    L’évangile est celui qui nous montre Jésus lui-même qui a « déposé » son vêtement blanc, lors de sa résurrection, en nous y laissant l’empreinte du Crucifié.

    Les traductions de ce texte sont toutes mauvaises, y compris, ici, par exception, la Vulgate, parce que les traducteurs latins ne « voyaient » pas la scène que saint Jean a vue et que nous connaissons désormais par le Linceul de Turin.

    Il faut coller de très près au texte grec, sans s’inquiéter de ce qui paraît incongru si l’on fait abstraction du Linceul. Mais en gardant à l’esprit cette précision capitale de l’évangile : Jean entra, « et il vit, et il crut ». Il croit, immédiatement, à la résurrection, parce que ce qu’il voit lui prouve la résurrection.

    Or que voit-il ? Il voit des « othonia » qui « gisent », et le « soudarion » « qui était sur la tête de Jésus », « mais à part enveloppé dans, en un lieu » : telle est la traduction littérale. « entetyligmenos » ne veut dire ni « plié » ni « enroulé », mais uniquement « enveloppé dans ».

    Le sens le plus courant de « khoris » est « à part », « séparément ». Mais un sens très attesté est aussi : « différemment ».

    Le mot « othonia », quant à lui, désigne des pièces de lin. Qui peuvent être des « bandelettes », notamment funéraires, et c’est ainsi qu’on le traduit le plus souvent, ou des pièces bien plus grandes, au point que ce mot, bien qu’au pluriel, désignait aussi un linceul. On a une confirmation de cela dans l’évangile de saint Luc, qui nous dit d’abord que Joseph d’Arimathie prend le corps de Jésus et « l’enveloppe dans » - c’est le même verbe que nous venons de voir - dans un « sindon », un linceul, sans avoir le temps de s’occuper davantage du corps. Or, quelques versets plus loin, saint Luc parle de saint Pierre qui va au tombeau le matin et voit des « othonia ». Ces « othonia » sont donc le linceul.

    Qu’est-ce que le « soudarion », l’autre linge dont seul parle saint Jean ? Il s’agit du bonnet qui « était sur sa tête », qui enserrait la tête du mort notamment pour qu’il garde la bouche fermée. C’est ce que l’on voit sur le Linceul de Turin de chaque côté du visage, et sous le visage. Ce bonnet pourrait bien être la « sainte coiffe de Cahors ».

    Donc saint Jean voit ce tissu qui enserrait la tête. Il le voit « enveloppé dans ». Dans quoi ? Dans le linceul. Dans la partie repliée du grand linceul qui fait deux fois la taille d’un corps. La tête était au milieu du linceul, qui couvre les deux faces du corps. Le linceul, restant exactement comme il était lors de la mise au tombeau, s’est affaissé sur lui-même par l’absence du corps, et le « soudarion » s’est trouvé coincé dans le linceul, enveloppé par le linceul qui s’est affaissé tout autour. Il gît aussi, mais « différemment », parce qu’il est resté « dans » le linceul.

    « En un lieu », c’est-à-dire non pas ailleurs, mais « eis hena », « en un seul » et même lieu, en ce même lieu, en ce lieu unique.

    Voilà pourquoi Jean vit, et crut : il vit la scène exactement comme il l’avait vue la veille au soir, à la différence près qu’il n’y avait plus de corps, et que ce corps avait disparu sans toucher en quoi que ce soit à la disposition de la mise au tombeau. S’il avait vu des bandelettes éparpillées et un autre tissu roulé ou plié dans un coin, il n’aurait pas été saisi par la foi en la résurrection, mais il aurait demandé, comme Marie Madeleine, où on l’avait mis…

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    Peinture sur toile attribuée à Jean-Baptiste della Rovere, vers 1560-1627. (Giovanni Battista et son frère Giovanni Mauro étaient connus comme « I Fiamminghini », les Flamands, parce que leur père était d’Anvers. Rien à voir donc avec la famille du pape Jules II et des ducs d’Urbino.)

  • Vendredi de Pâques

    Toujours dans la lumière de la nuit pascale, la liturgie de ce vendredi de Pâques célèbre encore le baptême, et avec insistance.

    L’introït est le verset 53 du psaume 77. Ce psaume est celui qui évoque une première fois l’Exode (c’est là que la manne est qualifiée de « pain du ciel » et de « pain des anges »), et qui, devant l’infidélité du peuple élu, recommence toute l’histoire à partir des plaies d’Egypte. C’est alors que vient le verset 53, auquel la liturgie ajoute l’alléluia pascal :

    Edúxit eos Dóminus in spe, allelúia : et inimícos eórum opéruit mare, allelúia, allelúia, allelúia.

    Le Seigneur les conduisit dans l’espérance, et leurs ennemis il les recouvrit de la mer.

    La première partie du verset annonce le verset suivant : « Et il les introduisit dans la montagne de sa sanctification, la montagne que sa droite avait acquise » (oui, je sais, personne ne traduit ainsi, mais c’est le texte). La seconde partie renvoie textuellement au texte de l’Exode (14,28) où « les eaux reviennent et recouvrent les chars et les chevaux de toute l’armée du pharaon ». Verset qui se termine par : « Et il n’en resta pas un seul. » Car tel est l’effet du baptême, qui noie tous les ennemis, en plongeant le néophyte dans la mort du Christ. De même que tous les méchants disparurent lors du Déluge, et que seules huit personnes furent sauvées dans l’arche, figure également du baptême comme le souligne saint Pierre dans l’épître.

    Et dans l’évangile, tout à la fin de l’évangile de saint Matthieu, Jésus envoie les apôtres baptiser toutes les nations au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ce qui est chanté aussi dans l’antienne de communion.

    Le chant de l’antienne d’introït est très simple et discret. Il met d’abord en valeur le mot « espérance » (que de nombreuses traductions escamotent !), puis il s’anime sur les « ennemis ». A la fin, les deux premiers alléluia chantent la victoire, et le dernier se fond dans la contemplation du quatrième mode.

    Je n’ai pas trouvé sur internet d’interprétation correcte de cet introït. Le voici dans le beau codex Bodmer 74, le graduel de Sainte Cécile du Trastevere, de 1071 (avec même l’indication que la station est à Sainte-Marie des Martyrs).

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