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Liturgie - Page 329

  • Fête Dieu

    Préface de la messe « en certains diocèses » :

    Vere dignum et iustum est, æquum et salutáre,
    nos tibi semper et ubíque grátias ágere :
    Dómine, sancte Pater, omnípotens ætérne Deus :
    per Christum Dóminum nostrum.

    Il est vraiment juste et nécessaire,
    c’est notre devoir et c’est notre salut,
    de vous rendre grâces toujours et partout,
    Seigneur, Père saint, Dieu éternel et tout-puissant :
    par le Christ notre Seigneur.

    Qui, remótis carnálium victimárum (inánibus) umbris,
    corpus et sánguinem suum nobis in sacrifícium commendávit,
    ut in omni loco offerátur nómini tuo,
    quæ tibi sola complácuit, oblátio munda.

    Qui, écartant les (vains) symboles des bêtes immolées,
    nous a confié le sacrifice de sa chair et de son sang
    pour qu’en tout lieu soit faite à votre gloire
    l’offrande pure qui seule vous agrée.

    In hoc ígitur inscrutábilis sapiéntiæ et imménsæ caritátis mysterio,
    idípsum quod semel in Cruce perfécit, non cessat mirabíliter operári,
    ipse ófferens, ipse et oblátio.
    Et nos, unam secum hóstiam efféctos,
    ad sacrum invítat convívium,
    in quo ipse cibus noster súmitur,
    recólitur memória Passiónis eius,
    mens implétur grátia,
    et futúræ glóriæ nobis pignus datur.

    C’est ainsi qu’en ce mystère d’insondable sagesse et d’immense charité,
    ce qu’une fois il accomplit sur la croix, il ne cesse pas de l’opérer d’un manière admirable,
    étant lui-même celui qui offre et celui qui est offert.
    Et nous, qui lui sommes associés dans l’unité d’une même offrande,
    il nous convie à ce festin sacré où il se fait lui-même notre aliment,
    où se renouvelle le mémorial de sa passion,
    où l’âme se remplit de grâce
    et où nous est donné le gage de la gloire future.

    Et ídeo cum Angelis et Archángelis,
    cum Thronis et Dominatiónibus,
    cumque omni milítia cæléstis exércitus,
    hymnum glóriæ tuæ cánimus,
    sine fine dicéntes : Sanctus, Sanctus, Sanctus…

    C’est pourquoi, avec les Anges et les Archanges,
    avec les Trônes et les Dominations,
    avec la troupe entière de l’armée céleste,
    nous chantons une hymne à votre gloire,
    redisant sans fin…

  • Saint Grégoire VII

    Voici trois répons d’un office propre, cité par dom Guéranger. (On reconnaît notamment dans le deuxième les psaumes 79 et 44, et dans le troisième un autre verset du psaume 44.)

    ℟. Cernens juvenis sæculum peccatis inveteratum, nec inveniens ubi cor suum requiesceret, patrium solum reliquit: * Et ad partes Gallorum transiens, soli Deo sub Cluniacensi disciplina militare decrevit. ℣. Fide egressus est de terra sua, quærens civitatem cujus artifex et conditor Deus. * Et ad partes Gallorum transiens, soli Deo sub Cluniacensi disciplina militare decrevit.

    Dès sa jeunesse il vit que le monde était envieilli ans le péché ; ne trouvant pas où reposer son cœur, quitta le sol de sa patrie : Et ayant passé en France, il résolut d’embrasser le service de Dieu seul sous discipline de Cluny. Sous la conduite de la foi, il sortit de son pays, se mettant à la recherche de la cité dont Dieu est l’auteur et l’architecte. Et ayant passé en France, il résolut d’embrasser le service de Dieu seul sous discipline de Cluny.

    ℟. Vineam Domini exercituum, quam plantavit dextera ejus, exterminavit aper de silva, et singularis ferus depastus est eam: * Accingere gladio tuo super femur tuum, fidelissime. ℣. Si Angelos judicaturus ea, quanto magis sæcularia? * Accingere gladio tuo super femur tuum, fidelissime.

    Le sanglier de la forêt s’est rué sur la vigne qu’avait plantée la main du Seigneur des armées ; cette bête féroce l’a ravagée tout entière : Ceins ton glaive sur ta cuisse, ô gardien fidèle ! S’il t’appartient de juger jusqu’aux Anges même, combien plus les puissances du siècle ? Ceins ton glaive sur ta cuisse, ô gardien fidèle !

    ℟. Cum ultimi doloris luctam inchoasset beatus Gregorius, astantibus dixit: Nullos labores meos alicujus momenti facio: * In hoc solummodo confidens, quod semper dilexi justitiam et odivi iniquitatem. ℣. Et elevatis in cœlum oculis, ait: Illuc ascendam, et obnixis precibus Deo propitio vos committam. * In hoc solummodo confidens, quod semper dilexi justitiam, et odivi iniquitatem.

    Le bienheureux Grégoire étant arrivé à ses derniers moments, luttait avec la souffrance ; alors il dit aux assistants : Je ne fais aucun compte des labeurs que j’ai soufferts : Mon unique motif de confiance est d’avoir toujours aimé la justice et haï l’iniquité. Il éleva ensuite les yeux au ciel, et dit : C’est là que je veux monter, et par mes instantes prières je vous recommanderai au Dieu de bonté. Mon unique motif de confiance est d’avoir toujours aimé la justice et haï l’iniquité.

  • La miséricorde de Dieu

    On peut célébrer aujourd’hui encore la messe du 1er dimanche après la Pentecôte. Dans le missel du Barroux, il y a ce très beau commentaire de saint Maxime le Confesseur sur l’évangile (et l’épître) :

    Aimons-nous les uns les autres et nous serons aimés de Dieu ; soyons patients les uns avec les autres et il se montrera patient avec nos péchés. Ne rendons pas le mal pour le mal et nous ne recevrons pas ce que nous méritons pour nos péchés. Car nous obtenons le pardon de nos péchés en pardonnant à nos frères, et la miséricorde de Dieu est cachée dans la miséricorde envers le prochain.

  • Mendiants de Dieu

    Aujourd’hui on célèbre normalement la messe du 1er dimanche après la Pentecôte, empêché par la fête de la Saint Trinité. Ci après le commentaire de deux phrases de l’évangile de ce jour, par saint Augustin. C’était la lecture des matines d’hier commémorant le 1er dimanche, avant que ces commémorations soient supprimées (en 1960).

    Il y a deux œuvres de miséricorde qui délivrent les âmes et que le Seigneur nous propose brièvement dans l’Évangile : « Remettez et il vous sera remis, donnez et il vous sera donné. » Cette parole, « remettez et il vous sera remis » regarde le pardon des offenses ; cette autre, « donnez et il vous sera donné » regarde l’obligation de faire du bien au prochain.

    Pour ce qui concerne le pardon, d’une part, tu désires que ton péché te soit pardonné, et d’une autre part, tu as à pardonner à ton prochain. Et pour ce qui regarde le devoir de la bienfaisance, un mendiant te demande l’aumône, et tu es toi-même le mendiant de Dieu. Tous en effet, nous sommes, lorsque nous prions, les mendiants de Dieu ; nous nous tenons à la porte de ce père de famille grand et puissant, nous nous y prosternons, nous gémissons dans nos supplications, nous voulons recevoir un don : et ce don, c’est Dieu lui-même. Que te demande le mendiant ? Du pain. Et toi, que demandes-tu à Dieu, sinon le Christ qui a dit : « Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel » ?

    Voulez-vous qu’il vous soit pardonné ? Pardonnez : « Remettez et il vous sera remis ». Voulez-vous recevoir ? « Donnez et l’on vous donnera. »

  • Fête de la Très Sainte Trinité

    L’idée d’une solennité spéciale en l’honneur de ce mystère, fondement de notre foi chrétienne, est belle, et le moment de sa célébration, à l’expiration du temps pascal, est heureusement choisi. On sentait comme le besoin de manifester toute notre reconnaissance à l’Auguste Triade, qui a daigné accomplir avec tant de miséricorde et tant d’honneur pour nous, l’œuvre de notre Rédemption. Pour l’amour de nous, le Père éternel a daigné nous donner comme hostie et victime d’expiation son Fils unique lui-même ; Jésus nous a aimés in finem, c’est-à-dire jusqu’à s’immoler lui-même pour nous ; l’Esprit Saint s’est donné à nous si intimement qu’il est appelé donum, le don, précisément parce qu’il nous atteste l’amour du Père et du Fils à notre égard.

    De plus, la révélation du dogme de la Très Sainte Trinité est un de ces secrets que les Hébreux avaient seulement entrevus mystérieusement, mais qui ne fut expressément révélé que dans la Nouvelle Loi. Il regarde la vie intime de Dieu ; or, les choses intimes ne se disent pas à tous, mais seulement aux amis. La connaissance de Dieu trine dans les Personnes et un dans son essence, marque le plus haut sommet de la science théologique et confère au peuple chrétien une perfection et une dignité si grandes qu’on peut bien dire qu’en ce dogme réside l’honneur, la gloire et le salut de l’Église. C’est donc fort à propos, après que l’Esprit Saint est venu instruire le troupeau des fidèles, les initiant à la possession intégrale de la vérité divine, que la famille chrétienne s’élève à la contemplation et à l’adoration in Spiritu et veritate de l’auguste Triade, qui constitue la fin première et essentielle de l’Incarnation du Sauveur et de la rédemption du monde.

    De même que, très opportunément, la fête de la sainte Trinité termine le cycle de la liturgie sotériologique, ainsi sommes-nous baptisés nous-mêmes avec l’invocation trinitaire, et dans la même invocation, répétée par le prêtre à notre lit de mort et près de notre cercueil, nous clôturons le cours de notre vie mortelle : « Proficiscere... de hoc mundo in nomine Dei Patris etc. » ; « insignitus est signaculo Sanctæ Trinitatis ».

    L’Église s’est inspirée de ces nobles motifs quand elle a institué la présente fête. Il est vrai que la liturgie catholique n’est qu’une hymne ininterrompue à la louange de l’auguste Trinité ; en sorte qu’une fête établie pour célébrer exclusivement et spécialement ce mystère semblerait presque l’abaisser au niveau d’une simple dévotion. Mais tel n’est pas le concept de la solennité de ce jour, laquelle n’est pas tant la fête de la Très Sainte Trinité que la confession annuelle et solennelle, humble et reconnaissante, du plus grand de tous les dogmes, du mystère principal de la foi catholique.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Une nouvelle paroisse en Nouvelle-Angleterre

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    La première paroisse dédiée à la messe traditionnelle en Nouvelle-Angleterre (les six Etats du nord-est des Etats-Unis) est fondée à Nashua, dans le sud du New Hampshire. C’est une paroisse personnelle confiée à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre par l’évêque de Manchester, Mgr Peter A. Libasci. La première messe devrait être célébrée début août.

    « Depuis mon arrivée en 2011, dit Mgr Libaci, j’ai entendu parler de nombreux catholiques qui ont une profonde affection pour les formes liturgiques traditionnelles de l’ère d’avant Vatican II. Conformément à ce désir, je suis heureux d’annoncer l’ouverture de cette paroisse, dédiée à la forme extraordinaire de la messe, comme suggéré par le pape Benoît XVI dans sa lettre apostolique Summorum Pontificum, publiée Motu Proprio en 2007. La paroisse Saint-Stanislas, établie en 1908 pour la communauté polonaise de Nashua, a fusionné en 2002 avec la paroisse Saint-Louis de Gonzague. L’église est restée en service depuis lors comme chapelle de l’adoration eucharistique. Depuis 1999 elle est également le siège de la Banque alimentaire Corpus Christi. La Banque alimentaire, avec ses nombreux bénévoles, continuera d’offrir ses précieux services à ceux qui sont dans le besoin dans la région de Nashua. »

  • Samedi des quatre temps de Pentecôte

    Cáritas Dei diffúsa est in córdibus nostris, allelúia : per inhabitántem Spíritum ejus in nobis, allelúia, allelúia.

    Cette célèbre phrase de saint Paul, qui constitue l’introït de la messe de ce jour, est aussi la fin de l’épître, et aux laudes l’antienne du Benedictus, ici par les moines de Ligugé :


    podcast

    Dom Pius Parsch :

    « L’amour de Dieu a été versé dans nos cœurs, Alléluia, par le Saint-Esprit qui demeure en nous, Alléluia, Alléluia ». Cette belle parole de saint Paul est, pour ainsi dire, l’ite missa est de l’octave de la Pentecôte (Introït, Épître, Ant. Bened.). La liturgie résume ainsi tout ce qu’elle a à dire sur le Saint-Esprit. L’amour de Dieu est la filiation divine, la grâce sanctifiante, la gloire ; c’est la participation à la vie glorifiée du Christ. C’est l’essence de notre religion. Croître de plus en plus dans cet « amour de Dieu » est la tâche de notre vie, et le but de la sainte liturgie est de produire cet accroissement. « Répandu » est un mot de prédilection de la liturgie quand elle parle du Saint-Esprit (dans notre messe : diffusa, infunde, effundam). C’est donc le Saint-Esprit qui nous confère la grâce de la filiation divine ; mais, en même temps que la grâce, il vient lui-même et demeure en nous. Et c’est aussi, pour le temps qui vient, notre grande consolation et notre force : nous sommes les temples de l’Esprit du Christ. Ce sera la tâche et ce sera notre tâche, pendant le temps qui suit la Pentecôte, de parer ce temple.

  • Vendredi des quatre temps de Pentecôte

    La lecture de Joël (II, 23-27) est en relation avec le caractère de fête champêtre qu’avaient primitivement, selon la tradition romaine, les jeûnes des Quatre-Temps. Ceux d’été étaient comme une solennité d’action de grâces après la moisson, et c’est pourquoi, aujourd’hui et demain, sont assignés comme lectures les plus réconfortants passages bibliques, où le Seigneur, en récompense de la fidélité à observer la loi, promet la fertilité de la terre et l’abondance des moissons.

    Le saint Évangile nous montre aujourd’hui Jésus tout occupé à guérir les infirmités corporelles et spirituelles des Hébreux. Même dans ces miracles l’opération spéciale du Saint-Esprit est requise, puisque ce fut son feu divin qui enflamma d’amour pour nous le Cœur très saint de Jésus. En outre, les péchés du paralytique ne furent remis qu’au moyen de l’infusion de la grâce, ce qui exige l’œuvre de l’Esprit Saint.

    Le paralytique symbolise notre pauvre nature corrompue par le péché et par les passions. Elle a volontairement abdiqué sa liberté, liant ses facultés spirituelles par les attaches des vices et les rendant rigides, faute de s’en servir pour faire le bien. Les cœurs compatissants, c’est-à-dire les ministres de la divine miséricorde, sont représentés par ceux qui, d’une manière ou d’une autre, vont jusqu’à descendre du toit le malheureux paralytique avec tout son grabat d’habitudes mauvaises, et le présentent au bon Jésus puisqu’il est impuissant à se mouvoir de lui-même. Le Seigneur voit leur foi, et par égard pour eux, convertit et guérit le paralytique.

    Nous tous, donc, qui avons reçu du Saint-Esprit le ministère pastoral, nous ne devons jamais perdre courage, quelque désespérée que puisse sembler la position. Même si le paralytique n’a pas la foi, il suffit que le pasteur l’ait ; ayant épuisé tout autre moyen, il présente dans sa prière l’infirme à Jésus.

    Bienheureux cardinal Schuster (où l’on voit qu’il n’imaginait pas que des laïcs puissent lire son Année liturgique, plusieurs décennies pourtant après celle de dom Guéranger écrite explicitement pour les laïcs…)

  • Jeudi de Pentecôte

    La messe de ce jour est la même que celle du jour de la Pentecôte, en dehors des lectures. L’épître souligne que le diacre Philippe, en Samarie, guérit beaucoup d’infirmes, et délivre beaucoup de possédés d’esprits impurs qui sortent en poussant de grands cris.

    Déjà hier on lisait le passage des Actes des apôtres où l’on voit que de partout on amène des malades et des possédés aux endroits où saint Pierre doit passer à Jérusalem, « et ils étaient tous guéris » par l’ombre de saint Pierre.

    L’évangile de ce jour est également centré sur ce phénomène : « Jésus ayant assemblé les douze apôtres, leur donna puissance et autorité sur tous les démons, et le pouvoir de guérir les maladies. Puis il les envoya prêcher le royaume de Dieu et guérir les malades. (…) Étant donc partis, ils parcouraient les villages, annonçant l’Évangile et guérissant partout. »

    L’insistance est sur la guérison des possédés. Jésus donne pouvoir aux apôtres sur les démons, sur les mauvais esprits. Le choix de ces textes est évident : nous sommes dans la semaine de la Pentecôte, célébration du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est donné aux apôtres pour combattre les mauvais esprits. Il est d’une souveraine efficacité puisqu’il n’est pas seulement un esprit, il est Dieu. « Le Saint-Esprit est directement opposé à ces mauvais Esprits et peut les chasser par l’intermédiaire de ses instruments, les diacres et les prêtres consacrés que leur ordination a faits des “porteurs d’Esprit” » (Dom Pius Parsch).

    Ne pensons pas qu’il s’agit d’histoire ancienne qui ne nous concerne plus, ou qui ne nous concerne pas parce que nous ne sommes pas possédés. Nous sommes tous en vérité sous la pression constante des mauvais esprits, et nous leur cédons tous les jours plus ou moins, et nous avons besoin du prêtre pour les chasser et avoir la force du Saint-Esprit pour continuer le combat contre eux : dans le sacrement de pénitence. Rapport direct avec les quatre temps d’une part, avec le fait, d’autre part, que ces quatre temps sont une préparation aux ordinations sacerdotales.

  • Mercredi des quatre temps de Pentecôte

    Commentaire de cette phrase de l’évangile du jour : « Personne ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m’a envoyé ne le tire », par saint Augustin, traité 26 sur saint Jean (dans le bréviaire).

    Ne t’imagine pas que tu sois tiré malgré toi ; l’âme est tirée par l’amour aussi. Et nous ne devons pas craindre d’être repris peut-être, au sujet de cette parole évangélique des saintes Écritures, par des hommes qui pèsent à l’excès les paroles et qui sont loin de comprendre les choses, surtout celles de Dieu ; nous ne devons pas craindre que l’on nous dise : Comment puis-je croire par ma libre volonté si je suis tiré ? Moi je réponds : C’est peu dire : par la volonté, vous êtes même tiré par le plaisir. Qu’est-ce qu’être tiré par le plaisir ? « Mets tes délices dans le Seigneur, et il t’accordera ce que ton cœur demande » (Delectare in Domino, et dabit tibi petitiones cordis tui, psaume 36). Il existe une certaine volupté pour le cœur auquel est doux ce pain céleste. Or si un poète a pu dire : « Chacun est tiré par son plaisir » (Trahit sua quemque voluptas, Virgile, Bucoliques, 2, 65) ; remarquez, non par la nécessité, mais par la volupté ; non par le devoir, mais par la jouissance : à combien plus forte raison, devons-nous dire que celui-là est tiré vers le Christ, qui fait ses délices de la vérité, de la béatitude, de la justice, de la vie éternelle ; car le Christ est tout cela. Quoi ! Les sens du corps auraient leurs voluptés, et l’âme n’aurait point les siennes ? Si l’âme n’a point ses jouissances, comment expliquer ces paroles : « Les enfants des hommes espéreront à l’abri de vos ailes, ils seront enivrés de l’abondance de votre maison, et vous les abreuverez du torrent de ta volupté ; parce qu’en vous est une source de vie, et que dans votre lumière nous verrons la lumière ? » (Filii autem hominum in tegmine alarum tuarum sperabunt. Inebriabuntur ab ubertate domus tuæ, et torrente voluptatis tuæ potabis eos, quoniam apud te est fons vitæ, et in lumine tuo videbimus lumen, psaume 35).

    Donne-moi un cœur qui aime, il sent ce que je dis ; donne-moi un cœur qui désire, donne-moi un cœur qui ait faim, donne-moi un cœur qui se regarde comme exilé et voyageur dans ce désert, un cœur qui ait soif du ciel et qui soupire après la source de l’éternelle patrie ; donne-moi un tel cœur, il sait ce que je dis. Mais si je parle à un cœur froid, il ne comprend pas mon langage. Tels étaient les juifs qui murmuraient entre eux. « Celui, dit le Sauveur, que mon Père tire, vient à moi. » Mais que signifient ces paroles : « Celui que mon Père tire, » puisque le Christ lui-même tire ? Dans quelle intention le Sauveur s’est-il exprimé ainsi : « Celui que mon Père tire ? » Si nous devons être tirés, soyons-le par celui à qui une âme aimante disait : « Après toi nous courrons à l’odeur de tes parfums » (Trahe me, post te curremus in odorem unguentorum tuorum, Cantique des cantiques 1, 3). Considérons attentivement, mes frères, ce que le Sauveur veut nous faire entendre, et comprenons le dans la mesure de nos forces. Le Père tire vers le Fils ceux qui croient au Fils, par ce qu’ils sont persuadés qu’il a Dieu pour Père. Dieu le Père, en effet, a engendré un Fils égal à lui ; et l’homme qui reconnaît dans sa pensée que celui en qui il croit est égal au Père, qui possède dans sa foi le sentiment de cette vérité et qui la médite, le Père le tire vers son Fils.