Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 243

  • Saint Nicolas de Tolentino

    Tolentino.jpeg

    Bienheureux cardinal Schuster

  • 16e dimanche après la Pentecôte

    Dómine, memorábor justítiæ tuæ solíus : Deus, docuísti me a juventúte mea : et usque in senéctam et sénium, Deus, ne derelínquas me.

    Seigneur, je me souviendrai de votre justice à vous seul ; ô Dieu, vous m’avez instruit dès ma jeunesse, jusque dans ma vieillesse et jusqu’au déclin de mes forces, ô Dieu, ne m’abandonnez pas.

    Cette antienne de communion ressemble à une « vraie » pièce grégorienne, par rapport à beaucoup d’autres communions qui sont de simples antiennes d’introduction à un psaume et qui appellent ce psaume.

    Le texte vient du psaume 70, dans la version du psautier dit gallican (celui du bréviaire sauf à Rome). Mais on a enlevé un stique après « juventute mea » : « Et usque nunc pronuntiabo mirabilia tua » (et jusqu’à maintenant je prononcerai tes merveilles). Ainsi sont rapprochées les expressions « depuis ma jeunesse » et « jusqu’à ma vieillesse ». C’est le cœur de la pièce, qui commence par Deus, à la dominante sans préparation, cri de gratitude comme le souligne docuisti me dont la mélodie est un remerciement. « Depuis ma jeunesse » : cela se termine par une formule avec un si bémol, comme une petite ombre de nostalgie de la jeunesse qui est passée, tandis que la vieillesse va sombrer dans le fond du mode… mais pas tout en bas, parce que Dieu (Deus vient tout de suite après) ne me laissera pas tomber…

    La première phrase raconte que je me souviendrai toujours de la justice du Seigneur (de ce qu’il m’a fait justice de mes ennemis, comme l’indique le reste du psaume), et s’élève solennellement sur solius : c’est à la seule justice du Seigneur qu’on peut se fier, c’est la seule justice véritable.

    Ce texte est une sorte de résumé d’une grande partie de ce qui précède dans ce psaume qui est assez long :

    Mon Dieu, arrache-moi de la main du pécheur, et de la main de celui qui agit contre la loi et de l’inique.

    Car tu es ma patience, Seigneur ; Seigneur, mon espérance depuis ma jeunesse.

    En toi j’ai été affermi depuis l’utérus, depuis le ventre de ma mère tu es mon protecteur.

    C’est toi que je chanterai toujours ; je suis devenu comme une monstruosité pour beaucoup : et tu m’es une aide forte.

    Que ma bouche soit pleine de louange, afin que je chante ta gloire, tout le jour ta grandeur.

    Ne me rejette pas au temps de la vieillesse ; quand mes forces m’auront manqué, ne m’abandonne pas.

    Car mes ennemis ont dit de moi, et ceux qui gardaient mon âme ont tenu conseil ensemble,

    Disant : Dieu l’a abandonné, poursuivez-le, et prenez-le, car il n’y a personne pour le délivrer.

    O Dieu, ne t’éloigne pas de moi, mon Dieu, vois à venir à mon aide.

    Qu’ils soient confondus, et qu’ils défaillent, les détracteurs de mon âme, qu’ils soient couverts de confusion et de honte ceux qui me cherchent des maux.

    Quant à moi j’espérerai toujours, et j’ajouterai louange sur louange de toi.

    Ma bouche annoncera ta justice, tout le jour ton salut.

    Deus meus éripe me de manu peccatóris * et de manu contra legem agéntis et iníqui

    Quóniam tu es patiéntia mea Dómine * Dómine spes mea a juventúte mea

    In te confirmátus sum ex útero * de ventre matris meæ tu es protéctor meus

    In te cantátio mea semper † tamquam prodígium factus sum multis * et tu adjútor fortis

    Repleátur os meum laude ut cantem glóriam tuam * tota die magnitúdinem tuam

    Ne projícias me in témpore senectútis * cum defécerit virtus mea ne derelínquas me

    Quia dixérunt inimíci mei mihi * et qui custodiébant ánimam meam consílium fecérunt in unum

    Dicéntes Deus derelíquit eum † persequímini et comprehéndite eum * quia non est qui erípiat

    Deus ne elongéris a me * Deus meus in auxílium meum réspice

    Confundántur et defíciant detrahéntes ánimæ meæ * operiántur confusióne et pudóre qui quærunt mala mihi

    Ego autem semper sperábo * et adjíciam super omnem laudem tuam

    Os meum annuntiábit justítiam tuam * tota die salutáre tuum

  • Nativité de la Sainte Vierge

    Dans le calendrier byzantin (qui commence le 1er septembre) c’est la première grande fête de l’année, et la première des 12 fêtes principales, parce que c’est l’aurore du salut. L’antienne du Magnificat, dans la liturgie latine, est une exacte traduction du texte du tropaire byzantin.

    Voici deux versions d’un autre chant byzantin de la fête, le doxastikon des grandes vêpres (le même chant qui peut durer 4 ou 8 minutes…)

    D’abord par le Chœur byzantin d’Agrinio (Grèce) dirigé par Andreas Lanaras. (Les toutes dernières notes ont été très malencontreusement coupées.)

    Puis par Evangelos Gkikas (disciple de Théodore Vassilikos), enregistré dans l’église de la Toute-Sainte Manifestée de Larnaca (Chypre). La deuxième partie de la doxologie a été bêtement coupée, sous prétexte que ce n’était plus Gkikas qui chantait. On remarquera les envolées sur thronis (les trônes), ouranous (les cieux) et le dernier Théos (Dieu) où le chantre de l’ison finit par abandonner la partie…

    Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι. (Καὶ νῦν καὶ ἀεὶ καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.)

    Σήμερον, ὁ τοῖς νοεροῖς θρόνοις ἐπαναπαυόμενος Θεός, θρόνον ἅγιον ἐπὶ γῆς ἑαυτῷ προητοίμασεν, ὁ στερεώσας ἐν σοφίᾳ τοὺς οὐρανούς, οὐρανὸν ἔμψυχον, ἐν φιλανθρωπίᾳ κατεσκεύασεν· ἐξ ἀκάρπου γὰρ ῥίζης φυτὸν ζωηφόρον, ἐβλάστησεν ἡμῖν τὴν Μητέρα αὐτοῦ, ὁ τῶν θαυμασίων Θεός, καὶ τῶν ἀνελπίστων ἐλπίς, Κύριε δόξα σοι.

    Translittération approximative:

    Dhóxa Patrí kaí Yió kaí Ayío Pnévmati, (Kaí nýn kaí aeí kaí eis toús aiónas tón aiónon. Amín.)
    Símeron, o tís noerís thrónis epanapavómenos Theós, thrónon áyion epí yís eavtó proïtímasen, o stereósas en sophía toús ouranoús, ouranón émpsykhon, en philanthropía kateskévasen: ex akárpou gár rízis phytón zoïphóron, evlástisen imín tín Mitéra avtoú, o tón thavmasíon Theós, kaí tón anelpíston elpís, Kýrie dhóxa si.

    Gloire au Père… (Maintenant et toujours…)
    En ce jour le Dieu qui repose * sur les trônes spirituels * s'est préparé sur terre un trône saint; * et celui qui établit avec sagesse les cieux * en son amour du genre humain * se ménage un ciel doué de vie; * car d'une racine sans fruit * pour nous les hommes il fait surgir * sa propre Mère comme plante porteuse de la Vie. * Ô Dieu des merveilles, * toi l'espérance des sans-espoir, * Seigneur, gloire à toi.

  • Jam lucis orto sidere

    J’ai déjà donné l’hymne de prime avec la traduction de Pierre Corneille, et avec la traduction du P. Gladu et chantée par les moines d’En-Calcat. Voici la traduction de Lemaistre de Sacy, dans les Heures de Port Royal. Ces hymnes furent mises à l’index sur dénonciation des jésuites et eurent donc un grand succès. C’est du beau français du grand siècle, même si on s’éloigne parfois beaucoup du texte latin (surtout dans la première strophe).

    Pour le chant on ira en Finlande, entendre la Schola Sancti Henrici (saint Henri d’Uppsala). Je l’avais déjà citée pour le graduel Beatus vir. C’était un extrait du disque de la messe de saint Henri. Ce Jam lucis orto sidere se trouve dans le disque qui donne des extraits de l’office du même saint Henri.

    Jam lucis orto sidere,
    Deum precemur supplices,
    Ut in diurnis actibus
    Nos servet a nocentibus.

    Le grand astre se lève, ô soleil de justice
    Montre-nous tes splendeurs;
    Et, pour fuir en ce jour la noire ombre du vice,
    Lève-toi dans nos cœurs ;

    Linguam refrænans temperet,
    Ne litis horror insonet :
    Visum fovendo contegat,
    Ne vanitates hauriat.

    Arrêtant de ton frein la langue audacieuse,
    Calme ses vains combats;
    Rends l'œil insupportable à la beauté trompeuse
    Des faux biens d'ici-bas.

    Sint pura cordis intima,
    Absistat et vecordia :
    Carnis terat superbiam
    Potus cibique parcitas :

    Ôte du fond du cœur ce qui peut te déplaire
    Échauffe ses froideurs.
    Qu'un vivre tempéré, de notre chair tempère
    Les rebelles ardeurs,

    Ut cum dies abscesserit,
    Noctemque sors reduxerit,
    Mundi per abstinentiam
    Ipsi canamus gloriam.

    Afin que quand la nuit couvrira la nature
    D'un voile ténébreux,
    L'âme dans un corps chaste, et plus libre et plus pure
    T'offre ses humbles vœux.

    Deo Patri sit gloria,
    Ejusque soli Filio,
    Cum Spiritu Paraclito,
    Nunc, et in perpetuum. Amen.

    Gloire au Père éternel, gloire au Fils, son image,
    Gloire à l'Esprit de paix ;
    Qu'aux trois, en terre, au ciel, on rende un même hommage
    Maintenant à jamais.

  • Antequam comedam, suspiro

    Arch Cap S Pietro B 79 DigiVatLib.png

    ℟. Antequam cómedam, suspiro, et tamquam inundántes aquæ sic rugitus meus; quia timor, quem timebam, evenit mihi, et quod verébar accidit. Nonne dissimulávi ? nonne sílui ? nonne quiévi ?
    * Et venit super me indignátio.
    . Ecce non est auxílium mihi in me, et necessarii quoque mei recessérunt a me.
    ℟. Et venit super me indignatio.

    Avant de manger je soupire, et mes cris sont comme des eaux qui débordent. Car ce qui faisait le sujet de ma crainte m'est arrivé, et ce que je redoutais est tombé sur moi. Ne me suis-je pas tenu dans la réserve ? N'ai-je pas gardé le silence, le repos ? Et la colère divine est tombée sur moi.
    Voici que je ne trouve en moi aucun secours, et mes amis intimes m'ont abandonné. (Traduction Fillion, ou du moins ce qu’il est convenu d’appeler ainsi, car c’est aussi la traduction Vigouroux… ou Glaire dans la Bible dont Vigouroux a rédigé les notes, mais alors pourquoi le même texte chez Fillion ? Je crois que je ne saurai jamais…)

    Ce répons des matines reprend exactement les trois derniers versets du chapitre 3 du livre de Job selon la Vulgate clémentine (la plupart des manuscrits ont quasi au lieu de tamquam, ce qui ne change rien au sens). Le verset est le verset 13 du chapitre 6.

    Il fait donc partie des « répons de Job » qui ornent les matines des deux premières semaines de septembre. Normalement le premier est le célèbre : « Si nous avons reçu les biens de la main du Seigneur, pourquoi n'en recevrons-nous pas les maux ? » Curieusement, dans l’antiphonaire de la basilique Saint-Pierre du XIIe siècle conservé au Vatican, le premier est Antequam comedam… D’où la lettrine qui fait suite à l’indication qu’en septembre on chante « l’hystoria » de Job, avec cette manie médiévale de mettre un « i grec » sous prétexte que le mot vient du grec…

  • Saint Laurent Justinien

    Screenshot_2018-09-04 L'arbre de vie les douze fruits de la foi - Google Play.png

    Screenshot_2018-09-04 L'arbre de vie les douze fruits de la foi - Google Play(1).png

    Screenshot_2018-09-04 L'arbre de vie les douze fruits de la foi - Google Play(2).png

    Conclusion de L'arbre de vie ou les douze fruits de la foi, traduction Louis Caillet, 1858.

  • Saint Pie X

    C’est dans un temps bien ingrat et difficile que les secrets desseins de Dieu ont appelé Notre petitesse à exercer la charge de suprême Pasteur sur tout le troupeau du Christ. L’homme ennemi rôde depuis longtemps autour de la bergerie et l’assiège d’embûches si perfidement calculées qu’on croit voir réalisée, maintenant plus que jamais, la prédiction de l’Apôtre aux Anciens de l’Eglise d’Ephèse : Je sais que parmi vous pénétreront des loups ravisseurs, qui n’épargneront pas le troupeau. (Act. XX, 29)

    De cet amoindrissement des choses religieuses, tous ceux qui ont encore le zèle de la gloire divine recherchent les causes et les raisons ; les uns en donnent une, les autres une autre, et chacun selon son opinion propose des moyens différents pour défendre ou rétablir le règne de Dieu sur terre. Quant à Nous, Vénérables Frères, sans désapprouver le reste, Nous croyons qu’il faut adhérer au jugement de ceux qui attribuent le relâchement actuel des âmes et leur faiblesse, avec les maux si graves qui en résultent, principalement à l’ignorance des choses divines. C’est exactement ce que Dieu disait par la bouche du Prophète Osée : Il n’y a plus de science de Dieu sur la terre. La calomnie, le mensonge, l’homicide, le vol et l’adultère débordent, et le sang suit le sang. Voilà pourquoi la terre gémira et tous ceux qui l’habitent seront affaiblis. (Osée, IV, 1)

    Et en effet, qu’il y ait actuellement dans le peuple chrétien bon nombre d’hommes absolument ignorants des choses qu’on doit connaître pour son salut éternel, c’est une plainte générale et malheureusement trop fondée. Et quand Nous parlons du peuple chrétien, Nous n’entendons pas seulement le petit peuple ou les gens de la classe inférieure, qui souvent trouvent encore une sorte d’excuse à leur ignorance, parce qu’ils dépendent de maîtres durs et ne sont guère libres de songer à eux-mêmes et à leurs intérêts. Il s’agit aussi et surtout de ceux qui, ne manquant ni de talent ni de culture, possèdent abondamment la science profane, mais qui, pour ce qui regarde la Religion, vivent absolument à l’aventure et sans réflexion. On peut à peine dire de quelles épaisses ténèbres ils sont enveloppés, et, chose plus affligeante, ils y demeurent tranquillement plongés ! Dieu, le souverain Auteur et Maître de toutes choses, la Sagesse de la Foi chrétienne, ils n’y pensent presque jamais. L’Incarnation du Verbe de Dieu, la Rédemption du genre humain accomplie par Lui, ils n’en savent rien ; rien non plus de la Grâce, qui est le grand moyen d’acquérir les biens éternels; rien de l’auguste Sacrifice ni des Sacrements, par lesquels nous obtenons et gardons en nous cette Grâce. Quant au péché, on ne tient nul compte de ce qu’il renferme de malice ou de honte; par suite, nul souci de l’éviter ou de s’en débarrasser; et ainsi l’on arrive au dernier jour. Alors, quand il ne reste à l’agonisant que quelques instants qui devraient être consacrés à des Actes d’amour pour Dieu, le Prêtre, afin de ne pas laisser perdre tout espoir de salut, est contraint de les employer à un enseignement sommaire de la Religion: trop heureux encore si le moribond n’est pas tellement dominé par une coupable ignorance, comme il arrive trop souvent, qu’il juge inutile toute intervention du prêtre et croie pouvoir, le cœur léger, sans avoir rien fait pour apaiser Dieu, entrer dans le redoutable chemin de l’Eternité. Aussi Notre prédécesseur Benoît XIV a eu raison d’écrire: Nous affirmons qu’une grande partie de ceux qui sont condamnés aux supplices éternels doivent cet irréparable malheur à l’ignorance des Mystères de la Foi, qu’on doit nécessairement savoir et croire pour être admis au nombre des élus. (Instit., XXVI, 18)

    Les choses étant ainsi, comment s’étonner, Vénérables Frères, si l’on voit régner en ce moment et se développer de jour en jour, non point chez les nations barbares, mais parmi les peuples qui portent le nom de Chrétiens, une telle corruption de mœurs et une telle dépravation des habitudes ? L’Apôtre Paul, écrivant aux Ephésiens, disait: Que la fornication et tout genre d’impureté, ainsi que l’avarice, ne soient même pas nommés parmi vous, comme il convient à des Saints, et qu’il n’y ait aussi ni turpitude ni sots discours (Ephes., V, 3). Mais à cette sainteté et à cette pudeur qui refrènent les passions, il donne pour fondement l’intelligence des choses divines: Prenez donc garde, Frères, de marcher avec précaution, non comme des insensés, mais comme des sages. Ne devenez pas des imprévoyants, mais des hommes qui comprennent la Volonté de Dieu (Ephes., V, 15).

    Et c’est avec grande raison. Car la volonté de l’homme garde à peine un reste de cet amour de l’honnête et du juste, que Dieu son Créateur avait mis en lui et qui l’entraînait en quelque sorte vers le bien, non pas apparent, mais réel. Dépravée par la corruption du péché originel et ne connaissant plus, pour ainsi dire, Dieu son Créateur, elle dirige toutes ses intentions vers l’amour de la vanité et la recherche du mensonge. Cette volonté égarée et aveuglée par les mauvaises passions a donc besoin d’un guide qui lui montre le chemin, pour la faire rentrer dans les sentiers de la justice qu’elle a eu le tort d’abandonner. Ce guide, nous n’avons pas à le chercher au dehors, il nous est donné par la nature: c’est notre intelligence. S’il lui manque la vraie Lumière, c’est à dire la connaissance des choses divines, ce sera l’histoire de l’aveugle conduisant un aveugle: tous deux tombent dans le fossé. Le saint roi David, louant Dieu d’avoir mis la lumière de la Vérité dans l’intelligence humaine, disait : La lumière de Votre face, ô Seigneur, est empreinte sur nous (Ps. IV, 7). Et l’effet de cette communication de la Lumière, il l’indique en ajoutant: Vous m’avez mis la joie dans mon cœur, - cette joie qui, dilatant notre cœur, nous fait courir dans la voie des divins Préceptes.

    Début de l’encyclique Acerbo nimis, 15 avril 1905.

  • 15e dimanche après la Pentecôte

    Screenshot_2018-09-01 Κυριακή Γ΄ Λουκά (Η ανάστασις του υιού της χήρας της Ναΐν) - Άγιος Πατροκοσμάς.jpg

    Plusieurs pères voient dans la veuve de Naïm, dont Jésus ressuscite le fils, une image de l’Eglise. Parce que « toute âme qui se souvient d’avoir été rachetée par la mort du Seigneur sait que l’Eglise est veuve », comme dit saint Bède. Et le jeune mort était fils unique parce que « l’Eglise, bien que composée d’un grand nombre de personnes, ne fait cependant qu’une seule mère ». La mère Eglise pleure donc la mort de ses fils par le péché et le Christ vient les relever de la mort spirituelle. Saint Laurent Justinien a composé sur ce thème un sermon que L’Année Liturgique cite copieusement, et qui est quelque peu d’actualité :

    « Resplendissante alors de tout l’éclat des joyaux spirituels dont l’Époux l’avait ornée au jour de ses noces, elle tressaillait de l’accroissement de ses fils en vertu comme en nombre, les appelant à monter plus haut toujours, les offrant à son Dieu, les portant dans ses bras jusqu’aux cieux. Obéie d’eux, elle était bien la mère du bel amour et de la crainte [20], belle comme la lune, éclatante comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille [21]. Comme le térébinthe elle étendait ses rameaux [22], et, sous leur ombre, protégeait ceux qu’elle avait engendrés contre la chaleur du jour, la tempête et la pluie. Tant qu’elle put donc elle travailla, nourrissant dans son sein tous ceux qu’elle parvenait à rassembler. Mais son zèle, tout incessant qu’il fût, a redoublé depuis qu’elle en a vu plusieurs, et des multitudes, abandonner la ferveur première. Depuis nombre d’années, elle gémit en voyant s’étendre chaque jour l’offense de son Créateur, ses propres pertes et la mort de ses fils. Celle qui se revêtait de pourpre a pris la robe de deuil, et ses parfums n’exhalent plus leur odeur ; une corde a remplacé sa ceinture d’or, on ne voit plus sa brillante chevelure, et le cilice tient lieu d’ornement sur son sein [23]. Aussi ne peut-elle arrêter maintenant ses lamentations et ses pleurs. Sans cesse elle prie, cherchant si par quelque manière elle n’arrivera point à retrouver dans le présent sa beauté passée, quoiqu’elle défaille presque en sa supplication, regardant comme impossible de redevenir ce qu’elle était. La parole prophétique s’est accomplie pour elle : Tous ils se sont détournés de la voie, ensemble ils sont devenus inutiles ; il n’y en a point qui fassent le bien, il n’y en a pas même un seul [24] !... Les œuvres multipliées par les enfants de l’Église contre les préceptes divins montrent bien, dans ceux qui les font, des membres pourris et étrangers au corps du Christ. L’Église, cependant, se souvient de les avoir engendrés dans le bain du salut ; elle se souvient des promesses par lesquelles ils s’étaient engagés à renoncer au démon, aux pompes du siècle et à tous les crimes. Elle pleure donc leur chute, comme étant leur vraie mère, et elle espère toujours obtenir leur résurrection par ses larmes. O quelle pluie de larmes est répandue ainsi tous les jours en présence du Seigneur ! que de prières ferventes cette vierge très pure envoie, parle ministère des saints anges, au Christ salut des pécheurs ! Elle crie dans le secret des cœurs, dans les retraites isolées, comme dans ses temples au grand jour, afin que la divine miséricorde rappelle à la vie ceux qui sont ensevelis dans le bourbier des vices. Qui dira son intime allégresse, quand elle reçoit vivants ceux qu’elle pleurait comme morts ? Si la conversion des pécheurs réjouit tellement le ciel [25], combien aussi la Mère ! Selon la mesure de la douleur qu’elle avait conçue de leur perte [26], la consolation déborde alors en son cœur. »

    [20] Eccli. XXIV, 24.

    [21] Cant. VI, 9.

    [22] Eccli. XXIV, 22.

    [23] Isai. III, 24.

    [24] Psalm. XIII, 3.

    [25] Luc. XV, 7.

    [26] Psalm. XCIII, 19.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    L’hymne des laudes est attribué à saint Venance Fortunat, ami de sainte Radegonde, évêque de Poitiers, auteur du Vexilla Regis et du Pange lingua.

    Le voici dans le Breviarium benedictinum de 1725, avec la « traduction » de Lemaistre de Sacy, sans doute un jour où le cannabis était en vente libre à Port Royal (encore que ses extrapolations soient incontestablement fondées dans le texte) :

    Screenshot_2018-08-31 Breviarium Benedictinum.png

    Voici une traduction moins flamboyante mais plus proche du texte :

    O glorieuse Dame,
    plus élevée que les étoiles,
    celui qui t'a crée et prédestinée,
    tu l'as nourri de ton sein sacré.

    Ce que la funeste Eve nous a ravi,
    tu nous le rends par ton fruit bienfaisant;
    pour introduire jusqu'aux astres ceux qui pleurent,
    tu as été faite fenêtre du ciel.

    Tu es la porte du roi très haut,
    le seuil étincelant de la lumière;
    peuples rachetés,
    acclamez la vie donnée par la Vierge.

    Gloire à Toi Seigneur
    qui es né de la Vierge,
    avec le Père et le Saint-Esprit
    dans les siècles éternels. Amen.

    Et voici cet hymne chanté par les moines de Fontgombault :


    podcast

    O+gloriosa+Domina.jpg

  • Saint Raymond Nonnat

    Screenshot_2018-08-30 FV-L-18-056 pdf.png

    En 1855, un « ancien marin pêcheur » d’Audierne, Jean-Michel Le Bars, se mit à composer un cantique en l’honneur de saint Raymond Nonnat, une « vie nouvelle de saint Raymond Nonnat, patron de l’église d’Audierne ». En 42 couplets.

    Comment le catalan de l’ordre de la merci en est-il venu à être honoré dans ce port de pêche cornouaillais au point de devenir le saint patron de la paroisse ? En fait il a pris la relève de saint Rumon, un saint local qui était aussi le patron de Saint-Jean-Trolimon (tref-Rumon) avant que les Hospitaliers (au XVe siècle) lui donnent le patronage de saint Jean Baptiste.

    C’est au XVIIe siècle que saint Rumon a été remplacé par saint Raymond, comme on a vu saint Louran remplacé par saint Laurent dans le Trégor. Il semble qu’il y ait eu à ce moment-là un mouvement (une consigne ?) pour remplacer les saints bretons par de « vrais » saints du calendrier romain. C’est ainsi que dans le cap Sizun l’ermite saint Clet est subitement devenu le troisième pape, faisant de ce lieu le seul endroit au monde où l’on rende un culte au deuxième successeur de saint Pierre au point d’appeler les garçons Clet... (Il y a aussi un Saint-Clet dans le Trégor.)

    En Catalogne saint Raymond Nonnat, (« non-né » parce que sa mère était morte quand on le mit au monde) est toujours le saint patron des femmes qui vont accoucher :

    Mais ce goigs de Favara ne paraît pas correspondre aux plus courants :

    47195223.jpg

    Ramon+Nonat+31viii+goigs+Matar%C3%B3.jpg

    57476443.jpg