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Liturgie - Page 240

  • Saint Denis et ses compagnons Rustique et Eleuthère

    Cette hymne du propre de France du bréviaire monastique (et romain ?) est de saint Venance Fortunat. Elle pose un problème aux historiens modernes, car elle affirme que saint Denis fut envoyé en Gaule par le pape Clément de Rome. Donc l’un des tout premiers successeurs de saint Pierre, alors qu’on fait aujourd’hui de saint Denis de Paris un évêque du IIIe siècle. La légende de saint Denis envoyé par saint Clément aurait été inventée (comme son identification avec l’Aréopagite) par Hilduin, l’abbé de Saint-Denis, au IXe siècle. Mais Venance Fortunat écrivait à la fin du VIe siècle. Certains ont contesté que l’hymne fût de Venance Fortunat. Mais cela a été réfuté de façon décisive et de plusieurs façons. Certains ont alors contesté que le mot « præsul » puisse désigner le « pape » : il peut s’agir d’un certain Clément (inconnu par ailleurs) qui aurait gouverné l’Eglise au moment de la longue vacance pontificale du milieu du IIIe siècle… Mais l’argument est très faible, et dans la Vie de saint Colomban de Jonas de Bobbio, écrite une vingtaine d’années après la mort de Venance Fortunat, le mot « præsul » désigne le pape…

    Fortem, fidelem militem
    Cæli secutum principem,
    Dionysium martyrem
    Plebs corde, voce personat.

    Que le peuple chante avec la voix et le cœur Denis le martyr, soldat courageux et fidèle, qui suivit le prince du ciel.

    Clemente Roma præsule,
    Ab urbe missus adfuit;
    Verbi superni seminis
    Ut fructus esset Galliæ.

    Par le pape Clément il fut envoyé de Rome pour que la Gaule eût part aux fruits de la semence du Verbe divin.

    Opus sacratum construit,
    Fidem docet baptismatis:
    Sed audientum cæcitas
    Munus repellit seminis.

    Il construit l’œuvre sacrée, il enseigne la foi du baptême ; mais l'aveuglement de ceux qui l'écoutent repousse le présent de la semence.

    Instante sacro antistite,
    Errore plebem solvere,
    Dum spem salutis ingerit,
    Tormenta mortjs incidit.

    De façon instante le saint évêque veut arracher le peuple à l'erreur ; pendant qu'il apporte l'espoir du salut, il trouve les tourments de la mort.

    Correptus a gentilibus
    Pro Christo colla tradidit
    Dilectionem pectoris
    Cervice cæsa, prodidit.

    Saisi par les païens, il livra sa tête pour le Christ, et la tête tranchée il montra l’amour de son cœur.

    Magnus sacerdos, qui dabat
    Templi sacrata munera,
    Fuso beato sanguine,
    Est factus ipse victima.

    Ce grand pontife, qui offrait les dons sacrés du temple, par l’effusion de son sang bienheureux, devint lui-même la victime.

    Felix pio de vulnere,
    Quæ pœna palmam præbuit !
    Qui morte mortem conteris,
    Cælum tenes cum sociis.

    Heureux par cette pieuse blessure, qui lui mérita une telle récompense ! Par la mort tu détruis la mort, et tu possèdes le ciel avec tes compagnons.

    Gloria sit Deo Patri,
    Gloria Unigenito ,
    Una cum Sancto Spiritu,
    In sempiterna sæcula !

    Gloire soit à Dieu le Père, Gloire à son Fils unique, et au Saint-Esprit, dans Ies siècles éternels !

  • Sainte Brigitte

    Extrait du chapitre 41 du premier livre des Révélations de sainte Brigitte de Suède, dédié aux papolâtres, mais aussi aux sédévacantistes. (Il s’agit ici de Clément VI “le Magnifique”, né Pierre Roger en Corrèze, 4e pape d’Avignon, qui fit construire le « Palais neuf » et le décora de fresques entièrement profanes.)

    Je suis le Créateur de toutes choses. Je suis engendré du Père avant les astres, et suis inséparablement en mon Père, et mon Père est en moi, et un Esprit en tous deux.

    (…)

    Donc, maintenant, je me plains de vous, ô chef de mon Église ! Qui êtes assis sur le siège que j’ai donné à Pierre et à ses successeurs, pour y être assis avec une triple dignité et une triple autorité :

    1° afin qu’ils aient le pouvoir de lier et de délier les âmes du péché ;

    2° afin qu’ils ouvrent le ciel aux pénitents ;

    3° afin qu’ils le ferment aux maudits et à ceux qui me méprisent.

    Mais vous, qui deviez délier les âmes et me les présenter, vous en êtes le meurtrier ; car j’ai établi Pierre pasteur et gardien de mes brebis, et vous en êtes le dispensateur et celui qui les blesse. Or, vous êtes pire que Lucifer, car lui m’enviait et ne désirait tuer autre que moi, afin qu’il régnât à ma place, mais vous êtes pire que lui, attendu que, non seulement vous me tuez, me repoussant de vous par plusieurs mauvaises œuvres, mais vous tuez les âmes par votre mauvais exemple.

    J’ai racheté de mon sang les âmes, et je vous les ai confiées comme à un fidèle ami : mais vous, vous les livrez à mon ennemi duquel je les avais rachetées. Vous êtes plus injuste que Pilate, qui ne condamnait à mort autre que moi : mais non seulement vous me jugez comme celui qui n’a aucun pouvoir et qui est indigne de tout bien, mais vous condamnez même les âmes innocentes et vous pardonnez aux coupables. Vous m’êtes plus ennemi que Judas, qui me vendit seul : et vous, vous ne me vendez pas seul, mais aussi les âmes de mes élus par un sale lucre et par une vanité de nom : Vous êtes plus abominable que les Juifs, car ils crucifièrent seulement mon corps, mais vous crucifiez et punissez les âmes de mes élus, auxquelles votre malice et votre transgression sont plus amères que le couteau tranchant. Et partant, parce que vous êtes semblables à Lucifer, que vous êtes plus injuste que Pilate, plus cruel que Judas et plus abominable que les Juifs, je me plains avec raison de vous.

  • Solennité de Notre Dame du Rosaire

    La contemplation de Marie est avant tout le fait de se souvenir. Il faut cependant entendre ces paroles dans le sens biblique de la mémoire (zakar), qui rend présentes les œuvres accomplies par Dieu dans l'histoire du salut. La Bible est le récit d'événements salvifiques, qui trouvent leur sommet dans le Christ lui-même. Ces événements ne sont pas seulement un “hier”; ils sont aussi l'aujourd'hui du salut. Cette actualisation se réalise en particulier dans la liturgie: ce que Dieu a accompli il y a des siècles ne concerne pas seulement les témoins directs des événements, mais rejoint par son don de grâce l'homme de tous les temps. Cela vaut aussi d'une certaine manière pour toute autre approche de dévotion concernant ces événements: « en faire mémoire » dans une attitude de foi et d'amour signifie s'ouvrir à la grâce que le Christ nous a obtenue par ses mystères de vie, de mort et de résurrection.

    C'est pourquoi, tandis qu'il faut rappeler avec le Concile Vatican II que la liturgie, qui constitue la réalisation de la charge sacerdotale du Christ et le culte public, est « le sommet vers lequel tend l'action de l'Église et en même temps la source d'où découle toute sa force », il convient aussi de rappeler que la vie spirituelle « n'est pas enfermée dans les limites de la participation à la seule sainte Liturgie. Le chrétien, appelé à prier en commun, doit néanmoins aussientrer dans sa chambre pour prier son Père dans le secret (cf. Mt 6, 6) et doit même, selon l'enseignement de l'Apôtre, prier sans relâche (cf. 1 Th 5, 17). Avec sa spécificité, le Rosaire se situe dans ce panorama multicolore de la prière “incessante” et, si la liturgie, action du Christ et de l'Église, est l'action salvifique par excellence, le Rosaire, en tant que méditation sur le Christ avec Marie, est une contemplation salutaire. Nous plonger en effet, de mystère en mystère, dans la vie du Rédempteur, fait en sorte que ce que le Christ a réalisé et ce que la liturgie actualise soient profondément assimilés et modèlent notre existence. 

    Jean-Paul II, Rosarium Virginis Mariae, §13.

  • Saint Bruno

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    Jean-Bernard Restout, 1763 (Louvre)

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    Bienheureux cardinal Schuster

  • Saint Placide et ses compagnons

    Dans mon bréviaire bénédictin, l’office du 5 octobre est tout à fait insolite. On célèbre théoriquement la fête de « saint Placide et ses compagnons martyrs de notre ordre ». C’est une grande fête. Or le nom même de saint Placide n’y apparaît nulle part, et l’office ne fait aucune allusion à de quelconques martyrs bénédictins.

    Si c’est une grande fête, c’est parce qu’il s’agit a priori du disciple de saint Benoît dont saint Grégoire parle dans ses Dialogues. Selon une histoire qui a commencé à circuler au XIIe siècle, Placide aurait été envoyé en Sicile où il aurait fondé un monastère, et tous les moines auraient été tués par une troupe de Sarrasins dirigée par Mamucha, amiral de la flotte du roi des Sarrasins Abdallah. Sauf l’un d’eux qui réussit à s’enfuir et raconta le drame.

    Cela se passait le 5 octobre 539 (ou 541). Le problème est qu’à l’époque il n’y avait pas de Sarrasins…

    En 1588 on découvrit sur le site du monastère des restes de corps martyrisés. Sixte Quint certifia qu’il s’agissait des corps de saint Placide disciple de saint Benoît et de ses compagnons, martyrs du cruel Mamucha (devenu Manucha), et inscrivit la fête au calendrier romain.

    Or selon les plus anciens martyrologes il y avait bien eu, le 5 octobre, une fête de saint Placide et de ses compagnons martyrs en Sicile. Mais au IVe siècle. Donc bien avant saint Benoît. Non pas martyrs des Sarrasins, ni des « pirates païens » comme on a essayé de le corriger, mais sans doute des grandes persécutions impériales.

    Et c’est ainsi que des martyrs de Sicile sont devenus des bénédictins compagnons du disciple de saint Benoît, et ont gardé leur fête dans le bréviaire même après qu’on eut dépouillé leur office de toute référence, jusqu’au nom même de saint Placide qui ne se trouve plus que dans l’intitulé.

  • Saint François d’Assise

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    Prédelle provenant de l’église Saint François d’Assise de Pise. Œuvre manifestement de Giotto. Elle se trouve au Louvre. Sous la scène des stigmates, trois autres célèbres scènes de la vie de saint François : le songe du pape Innocent III qui voit un moine soutenant la basilique du Latran en train de s’écrouler, le pape approuvant la règle de saint François, et le prêche aux oiseaux. (Photos Le Louvre).

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  • Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

    Les sacristines du carmel

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    Ici-bas notre doux office
    Est de préparer pour l'autel,
    Le pain, le vin du Sacrifice
    Qui donne à la terre : « Le Ciel ! »

    Le Ciel, ô mystère suprême !
    Se cache sous un humble pain
    Car le Ciel, c'est Jésus Lui-Même,
    Venant à nous chaque matin.

    Il n'est pas de reines sur terre
    Qui soient plus heureuses que nous.
    Notre office est une prière
    Qui nous unit à notre Epoux.

    Les plus grands honneurs de ce monde
    Ne peuvent pas se comparer
    A la paix céleste et profonde
    Que Jésus nous fait savourer.

    Nous portons une sainte envie
    A l'ouvrage de notre main,
    A la petite et blanche hostie
    Qui doit voiler l'Agneau divin.

    Mais son amour nous a choisies
    Il est notre Epoux, notre Ami.
    Nous sommes aussi des hosties
    Que Jésus veut changer en Lui.

    Mission sublime du Prêtre,
    Tu deviens la nôtre ici-bas
    Transformées par le Divin Maître
    C'est Lui qui dirige nos pas.

    Nous devons aider les apôtres
    Par nos prières, notre amour
    Leurs champs de combats sont les nôtres
    Pour eux nous luttons chaque jour.

    Le Dieu caché du tabernacle
    Qui se cache aussi dans nos cœurs
    A notre voix, ô quel miracle !
    Daigne pardonner aux pécheurs !

    Notre bonheur et notre gloire
    C'est de travailler pour Jésus.
    Son beau Ciel voilà le ciboire
    Que nous voulons combler d'élus !...

    Photo : mise en scène extérieur jour du travail des sacristines (depuis la confection des hosties). Sainte Thérèse (à droite), avec ses trois sœurs, et, devant, la cousine. Tant il est vrai que le carmel de Lisieux fut, aussi, une affaire de famille… (On voit ensuite le brouillon, et la mise au propre pour la sacristine Sœur Marie-Philomène de Jésus.)

    Dans les œuvres complètes de sainte Thérèse co-éditées par Le Cerf et DDB, la note sur ce poème contient une horreur. Elle indique que la deuxième partie « apporte une réponse à l'apparent défi du Manuscrit B: Thérèse y proclamait, entre autres aspirations brûlantes, son désir du sacerdoce », ce qui est vrai, mais ajoute : « irréalisable du fait des circonstances ». Or il ne s’agit pas de « circonstances », mais d’une raison ontologique irréformable qui subsistera jusqu’à la fin du temps quelles que soient les circonstances. Je ne sais pas qui est l’auteur de la note, mais il s’agit de quelqu’un qui a donc réussi à glisser dans son commentaire son souhait hérétique d’une ordination des femmes. Ce qui est grave est que le livre est publié sous le patronage de Mgr Guy Gaucher et du général des Carmes.

  • Les saints anges gardiens

    Aniele Boży, stróżu mój,
    Ty zawsze przy mnie stój.
    Rano, wieczór, we dnie, w nocy
    Bądź mi zawsze ku pomocy,
    Strzeż duszy i ciała mego,
    Zaprowadź mnie do żywota wiecznego.

    Ange de Dieu, mon gardien,
    Tu te tiens toujours à mes côtés.
    Le matin et le soir, le jour et la nuit,
    Sois toujours à mon aide.
    Veille sur mon âme et sur mon corps
    Et conduis moi à la vie éternelle.

    Cantique polonais, dans la version de Paweł Bębenek, lors de la 13e édition des Ateliers liturgiques et musicaux nationaux, à Gietrzwałd, « Chants sur les anges », en novembre 2011.

  • Saint Remi

    Fils de sainte Céline, Remi naquit à Laon vers 437. Devenu évêque en 459, il gouverna le diocèse de Reims jusqu’à sa mort, le 13 janvier 533. Sur le portail nord de la cathédrale actuelle sont retracés les miracles qu’on lui attribue. Plus merveilleux encore fut la conversion des Francs et de leur roi Clovis, que Dieu opéra par la sainteté et la prédication de Remi ; Clovis, en effet, après la victoire de Tolbiac (496), se fit baptiser à Reims. La Gaule devint chrétienne par ses envahisseurs ; « Tu ouvres une carrière immense à tes descendants en voulant régner dans le Christ, écrit saint Avit de Vienne à Clovis. Tu es né pour le Christ, comme le Christ pour le monde ; tu as consacré ton âme à Dieu, ta vie à tes contemporains, ta gloire à ta postérité. » Saint Remi évoqua lui-même, dans son testament, le souvenir du roi franc « d’illustre mémoire », « que j’ai tenu, dit-il, sur les fonts du baptême », et à ce titre Remi mérita le nom d’apôtre des Francs : « S’il n’est pas apôtre pour les autres, du moins l’est-il pour vous », proclamera le pape Léon IX en consacrant la basilique Saint-Remi de Reims, en 1049.

    Missel du Barroux

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  • 19e dimanche après la Pentecôte

    Dirigátur orátio mea, sicut incénsum in conspéctu tuo, Dómine.
    Elevatio mánuum meárum sacrifícium vespertínum.

    Que ma prière soit dirigée comme l’encens qui monte en votre présence, Seigneur.
    Que l’élévation de mes mains vous soit agréable comme le sacrifice du soir.

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    Le graduel de ce dimanche demande que ma prière s’élève devant Dieu comme l’encens du sacrifice du soir, et la mélodie montre l’encensoir qui se balance et surtout les volutes d’encens qui montent et se répandent, avec la première élévation sur oratio, puis une élévation plus haute sur incensum, avant la longue révérence sur Domine, avec l’encens qui retombe, mais qui remonte encore plus haut sur… elevatio

    C’est aussi l’occasion d’écouter cet enregistrement historique des moines de Solesmes sous la direction de dom Gajard en avril 1930. Une alliance unique de rusticité et de raffinement, qu’on ne retrouvera jamais.