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Liturgie - Page 245

  • Saint Bernard

    Voici la lecture du troisième nocturne des matines dans l’office de saint Bernard qu’on dit « ailleurs » (alibi) selon mon bréviaire. Il s’agit du début du sermon 36 sur le Cantique des cantiques. Traduction de l’abbé Charpentier, 1866. J’ai mis entre crochets ce qui a été coupé dans le bréviaire.

    Vous savez, je pense, que nous avons à parler aujourd'hui de l'ignorance, ou plutôt des ignorances ; car si vous vous en souvenez, nous en avons cité deux, l'une de nous-mêmes, et l'autre de Dieu. Et nous avons dit qu'il faut les éviter toutes les deux, parce que toutes les deux sont damnables. Il reste maintenant à expliquer cela plus clairement et plus au long. Mais je crois qu'il faut examiner premièrement, si toute ignorance est damnable. Et il me semble que non, car toute ignorance ne nous rend pas coupables, puisqu'il y a plusieurs choses qu'il est permis de ne pas savoir, sans faire tort à notre salut. [Par exemple, pensez-vous que ignorer le métier de charpentier, de charron et de maçon, et tous les autres métiers qu'on exerce pour la commodité de la vie présente, soit un obstacle pour le salut ?] Combien même y a-t-il de personnes qui se sont sauvées par leurs bonnes œuvres, et la régularité de leur vie, sans être instruites des arts même qu'on appelle libéraux, quoiqu'ils soient plus honnêtes et plus utiles que les autres ? Combien l'Apôtre en compte-t-il dans son épître aux Hébreux, qui ont été chéris de Dieu, non à cause de la connaissance des belles-lettres, mais à cause de « la pureté de leur conscience, et de la sincérité de leur foi » (Heb. XI, 4) ? [Toutes ces personnes là ont été agréables à Dieu, non par le mérite de leur science, mais de leur vie. Saint Pierre, saint André, les enfants de Zébédée, et tous les autres disciples n'ont pas été tirés de l'école des rhéteurs ou des philosophes, et cela n'a pas empêché que le Seigneur ne se servît d'eux pour opérer le salut par toute la terre. Ce n'est pas parce qu'ils étaient plus sages que tous les autres hommes, ainsi qu'un saint l'avoue de lui-même (Eccle. I, 16), mais à cause de leur foi et de leur douceur, qu'il les a sauvés, il les a faits saint et les a établis maîtres des autres. Ils ont fait connaître au monde les voies de la vie, non par la sublimité de leurs discours, ou par l'éloquence de la sagesse humaine (I Cor. II, 1), mais par des prédications qui paraissaient folles aux sages du siècle, Dieu ayant voulu se servir de ce moyen pour sauver ceux qui croiraient en lui, parce que le monde avec toute sa sagesse ne l'a point connu.]

    On dira peut-être que je parle mal de la science, et qu'il semble que je blême les savants, et veuille détourner de l'étude des lettres humaines. Dieu m'en garde, je sais trop bien combien les personnes lettrées ont servi et servent tous les jours l'Église, soit en combattant ses ennemis, soit en instruisant les simples. Après tout, n'ai-je pas lu ces paroles dans un Prophète : « Parce que vous avez rejeté la science, je vous rejetterai aussi de devant moi, et vous ne me servirez point à l'autel dans les fonctions sacerdotales” (Osée. IV, 6) ? Et encore : « Ceux qui sont savants brilleront comme des flambeaux du firmament ; et ceux qui enseignent la justice à plusieurs seront comme des étoiles dont la lumière ne s'éteindra jamais » (Dan. XII, 3). Mais je sais bien aussi que j'ai lu : « La science enfle » (I Cor. VIII, 9). Et encore : « Celui qui acquiert de nouvelles connaissances se procure de nouvelles peines » (Eccles. I, 18). Vous voyez qu'il y a de la différence entre les sciences, puisqu'il y en a qui enflent, et d'autres qui attristent. Je voudrais bien savoir laquelle est plus utile pour le salut, de celle qui enfle, ou de celle qui cause de la douleur. Mais je ne doute point que vous ne préfériez la dernière, parce que la douleur demande la santé dont l'enflure n'est qu'un semblant. Or, celui qui demande est plus près du salut, attendu que celui qui demande reçoit (Luc. XI, 10). D'ailleurs, celui qui guérit ceux qui ont le cœur brisé a en exécration ceux qui sont enflés d'orgueil, selon ces paroles de la sagesse : « Dieu résiste aux superbes, mais il donne sa grâce aux humbles. » [Et celles de l'Apôtre qui dit : « J'avertis tous ceux qui sont parmi vous, en vertu de la grâce qui m'a été donnée, de n'être pas plus sage qu'il ne faut, mais de l'être sobrement » (Rom. XII, 3). Il ne défend pas d'être sage, mais d'être plus sage qu'il ne faut. Or, qu'est-ce qu'être sage avec sobriété ? C'est observer avec vigilance ce qu'il faut savoir plus que toute autre chose et avant toute autre chose. Car le temps est court ; or, toute science est bonne en soi, lorsqu'elle est fondée sur la vérité. Mais vous qui, à cause de la brièveté du temps, avez hâte d'opérer votre salut avec crainte et tremblement, ayez soin de savoir avant tout, et mieux que tout, ce qui peut contribuer davantage à ce dessein. Les médecins du corps ne disent-ils pas qu'une partie de la médecine consiste à choisir dans les viandes et à discerner celles qu'on doit manger avant, de celles qu'on doit manger après, quelle nourriture on doit prendre, et comment on la doit prendre ? Car, bien qu'il soit certain que les choses que Dieu a créées pour être mangées sont bonnes, vous ne laissez pas de vous les rendre mauvaises, si vous n'observez quelque manière et quelque ordre pour les prendre. Appliquez aux sciences ce que je viens de dire de la nourriture du corps.]

    Mais il vaut mieux vous renvoyer au Maître. Car cette parole n'est pas de moi, mais de lui, ou plutôt elle est à nous, puisqu'elle est la parole de la Vérité : « Celui, dit-il, qui pense savoir quelque chose ne sait pas encore comme il doit savoir » (I Cor. VIII, 2). Vous voyez qu'il ne loue pas celui qui sait beaucoup, s'il ne sait aussi la manière de savoir, et que c'est en cela qu'il place tout le fruit et l'utilité de la science. Qu'entend-il donc par la manière de savoir ? Que peut-il entendre, sinon de savoir dans quel ordre, avec quelle ardeur, et à quelle fin on doit connaître toutes choses ? Dans quel ordre, c'est-à-dire qu'il faut apprendre en premier lieu ce qui est plus propre pour le salut. Avec quel goût, attendu qu'il faut apprendre avec plus d'ardeur, ce qui peut nous exciter plus vivement à l'amour de Dieu. A quelle fin? pour ne point apprendre dans le but de satisfaire la vaine gloire, ou la curiosité, ou pour quelque autre chose semblable, mais seulement pour notre propre édification, ou pour celle du prochain. Car il y en a qui veulent savoir, sans se proposer d'autre but que de savoir, c'est là une curiosité honteuse. [Il y en a qui veulent savoir, afin qu'on sache qu'ils sont savants, et c'est une vanité honteuse, et ceux-là n'éviteront pas la censure d'un poète satirique qui les raille agréablement lorsqu'il dit : « Vous croyez ne rien savoir, si un autre ne sait que vous savez quelque chose » (Perse, Sat. I).] Il y en a qui veulent savoir pour vendre leur science, c'est-à-dire pour amasser du bien, ou obtenir des honneurs, et c'est un trafic honteux. Mais il y en a aussi qui veulent savoir pour édifier les autres, c'est la charité ; et il y en a qui veulent savoir pour s'édifier eux-mêmes, et c'est prudence.

    De ces différents savants, ces deux derniers sont les seuls qui n'abusent point de la science, attendu qu'ils ne veulent savoir que pour bien faire. Or, comme dit le Prophète, « les connaissances sont bonnes à ceux qui les mettent en pratique » (Psaume CX). Mais c'est pour les autres que cette parole est dite : « Celui qui sait le bien et ne le fait pas, on lui imputera sa science a péché » (Jacques IV, 17). Comme s'il disait par cette comparaison : De même qu'il est nuisible à la santé de prendre de la nourriture, et de ne la pas digérer, attendu que les viandes mal cuites et mal digérées par l'estomac engendrent de mauvaises humeurs, et corrompent le corps au lieu de le nourrir : ainsi lorsqu'on bourre de science l'estomac de l'âme, qui est la mémoire, si cette science n'est digérée par la chaleur de la charité, si elle ne se répand ensuite dans les membres de l'âme, si je puis parler ainsi, en passant dans les mœurs et dans les actions, si elle ne devient bonne par le bien qu’elle connaît, et qui sert à former une bonne vie, ne se change-t-elle pas en péché, comme la nourriture en de mauvaises humeurs ? [Le péché n'est-il pas, en effet, une mauvaise humeur, et les mœurs dépravées ne sont-elles pas aussi de mauvaises humeurs ? Celui qui tonnait le bien et ne le fait pas ne souffre-t-il pas dans la conscience des enflures et des tiraillements ? Il entend au dedans de lui-même une réponse de mort et de damnation, toutes les fois qu'il pense à cette parole du Seigneur : « Le serviteur qui sait la volonté de son maître et ne la fait pas, sera beaucoup battu » (Luc. XII, 47). Peut-être est-ce au nom de cette âme que le Prophète se plaignait, quand il disait : « J'ai mal au ventre, j'ai mal au ventre » (Jer. IV, 19). Si ce n'est que cette répétition semble marquer un double sens, et nous oblige à en chercher encore un autre que celui que nous avons donné. Car je crois que le Prophète a pu dire cela en parlant de lui-même, parce qu'étant plein de science, brûlant de charité, et désirant extrêmement épancher sa science, il ne trouvait personne qui se souciât de l'écouter; sa science lui devenait ainsi comme à charge, parce qu'il ne la pouvait communiquer.] Voilà comment ce pieux docteur de l'Église plaint le malheur de ceux qui méprisent d'apprendre comment il faut vivre, et de ceux qui, le sachant, ne laissent pas de mal vivre.

  • 13e dimanche après la Pentecôte

    In te sperávi, Dómine ; dixi : Tu es Deus meus, in mánibus tuis témpora mea.

    J’ai espéré en vous, Seigneur, j’ai dit : Vous êtes mon Dieu, mes jours sont entre vos mains.

    L’antienne d’offertoire de ce dimanche est assez proche de celle du premier dimanche de l’Avent. Mais la confiance exprimée par la mélodie va plus loin dans la paix et l’abandon aux mains de Dieu.

    Une fois de plus il est regrettable, et ici très regrettable, comme en quelques autres occasions, que saint Pie V ait supprimé les deux versets qu’on trouve dans les manuscrits. (C'est dans le psaume 30 selon le Psautier romain) :

    Illumina faciem tuam super servum tuum, et salvum me fac propter misericordiam tuam : Domine, non confundar, quoniam invocavi te.

    Faites briller votre face sur votre serviteur, et sauvez-moi à cause de votre miséricorde, Seigneur, je ne serai pas confondu, parce que je vous ai invoqué.

    Quam magna multitudo dulcedinis tuae, Domine,
    quam abscondisti timentibus te.

    Qu’elle est grande, Seigneur, l’abondance de votre douceur, que vous tenez en réserve pour ceux qui vous craignent.

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    Codex de Saint-Gall XIe siècle

    Musicalement, le premier verset est un beau développement homogène de l’antienne, et le deuxième fait exploser le mode en atteignant plusieurs fois le… contre-ut… et se termine par une très longue broderie autour de la dominante (bien nommée) sur la deuxième syllabe de « conspectu ». Et après chaque verset on reprend le refrain : in mánibus tuis témpora mea, ma vie est tout entière entre vos mains.

    Voici l’offertoire complet dans la restitution d’Anton Stingl jun. (Gregor & Taube).

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  • Saint Armel

    Sa fête était le 16 août, jour de sa mort. Mais saint Pie X ayant fixé en ce jour la fête de saint Joachim, et comme le 17 c’était saint Hyacinthe, saint Armel fut transféré au 18 août (là où on le célèbre, comme dans le diocèse de Vannes où trois paroisses portent son nom : Ploërmel, Plouharnel, Saint-Armel).

    Abrégé de la vie et des miracles de saint Armel, prestre confesseur, natif de Bretagne, honoré et réclamé pour la guérison des gouttes, douleurs et paralysies, en la chapelle dédiée en son honneur en la paroisse de Beaumont-la-Ronce, en Touraine.

    STANCES

    Armel, du feu divin sentant brûler son cœur,
    A s'acquérir le ciel mit toute son étude ;
    Des assauts du démon Il fut toujours vainqueur,
    Grand ami du silence et de la solitude.
    Par une humilité qu'aime Jésus, qu'Il sert,
    Il quitte les grandeurs pour cacher au désert
    Le don qu'Il a de Dieu de faire des miracles.
    Mais comme le soleil nous donne un plus beau jour
    Quand il a dissipé ce qui lui fait obstacle,
    Le saint est appelé pour luire à la cour.

    Childebert, informé de l'excellente vie
    Que mène ce grand saint au désert des Bretons,
    Pour corriger sa cour, où le luxe et l'envie
    De la plupart des siens faisaient de vrais démons,
    Fit venir saint Armel, afin que son exemple,
    Purifiant sa cour, en fit un sacré temple
    Où les vices du temps fussent mis au tombeau.
    Mais ces hommes de sang, de chair et de carnage,
    Concertèrent entr'eux, pour contenter leur rage,
    Des moyens pour éteindre un si sacré flambeau.
    Mais Dieu, qui le réserve à sa plus grande gloire,
    Lui révèle la rage où sont ses ennemis,
    Pour ôter au démon cette grande victoire
    Que par la mort du saint il s'était bien promis.
    Il quitte avec plaisir les joies imaginaires
    Que la cour des grands rois donne aux âmes vulgaires,
    Et revient au désert pour y servir son Dieu.
    En Touraine Il choisit un bois inhabitable ;
    La retraite que prit cet homme inimitable,
    De Beaumont-la-Ronce est justement le lieu.

    Là son humilité lui fait celer au monde
    Les miracles dont Dieu lui donne le pouvoir :
    Mais ce trésor, caché dans sa grotte profonde,
    Ne peut l'être si bien qu'il ne le fasse voir.
    L'impotent, le goutteux et le paralytique
    Trouvent la guérison aussitôt qu'il applique
    Avec le nom de Dieu la main dessus leurs maux.
    Et c'est assez pour eux que son bras favorable
    S'étende sur un mal qui paroist incurable,
    Pour trouver au moment la fin de leurs travaux.

    Recevant trop d'honneur, il retourne en Bretagne;
    Mais plus il fuit la gloire, et plus Dieu la fait voir.
    Le peuple de la ville et celui de campagne
    Vient admirer en luy le céleste pouvoir.
    Des fleurs et des rameaux sont semez quand il passe ,
    Ce qu'il touche des pieds aussitôt se ramasse :
    Pour appliquer aux maux rien n'en est négligé :
    Qui peut toucher sa robe a gagné la victoire :
    Tout concourt à l'envi pour célébrer sa gloire ;
    Dont l'humble thaumaturge a le cœur affligé.

    Un horrible dragon détruisant la campagne,
    Pour secourir le peuple il expose ses jours :
    L'ardente charité qui partout l'accompagne,
    En ce pressant besoin leur offre son secours.
    Plus que n'avaient osé mil et mil gendarmes,
    Seul, son étole en main qu'il prend pour toutes armes,
    Rempli du sacré nom du monarque des cieux,
    Le lie par le col, le précipite en l'onde,
    Et par son zèle ardent il délivre le monde
    Des funestes efforts du monstre furieux.

    Le bon Dieu l'enrichit de grâces non pareilles,
    La Bretagne en dépost a son corps glorieux;
    Sa vie ne fut rien qu'un amas de merveilles ,
    Qui l'a fait héritier du royaume des cieux.
    Beaumont, cent fois heureux qu'il t'ait, par sa présence,
    Enrichi de ses dons, comme il fait sa naissance,
    Et que dans le saint lieu qu'Il voulut habiter
    Tout chrétien trouve en luy le secours favorable
    A la goutte, ce mal qui le rend misérable,
    Pourveu que d'un cœur net il le puisse invoquer.

    Armel qui fut orné de vertus singulières,
    Saint Confesseur du nom de Jésus tout-puissant,
    Présentez devant lui nos très humbles prières,
    Afin que votre nom nous allions bénissant.
    Faites que dans ces lieux au péché je renonce ;
    Que tout chrétien qui vient à Beaumont de la Ronce
    Visiter la chapelle où vous êtes honoré,
    S'en retourne dispos en chantant vos louanges ;
    Tandis que glorieux, parmi le chœur des anges,
    Vous voyiez ce Grand Dieu des chrétiens adoré.

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    Statue de l'église de Ploërmel

  • Saint Hyacinthe (Jacek)

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    Le grand dictionnaire historique de Louis Moreri, 1725.

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    La chapelle Saint Hyacinthe (Jacek), avec le tombeau du saint, à l'église des dominicains de Cracovie.

  • Saint Joachim

    La fête de saint Joachim fut curieusement inscrite au calendrier (au 20 mars, lendemain de la fête de saint Joseph) par Jules II vers 1510, sans doute pour faire plaisir à un allié politico-militaire du moment qui portait ce nom, car Jules II (surnommé « Jules César II ») se préoccupait assez peu de religion et moins encore de liturgie. Elle fut supprimée en 1568 par saint Pie V, comme toutes les fêtes liées à des textes apocryphes (pour lutter contre le protestantisme il faisait la même chose…), puis rétablie en 1584 par Grégoire XIII. Grégoire XV la dota d’un office propre en 1623. En 1738 Clément XII la fixa au dimanche dans l’octave de l’Assomption. Saint Pie X l’assigna au 16 août.

    L’introït et le graduel de la messe ont été pris à la messe de la vigile de saint Laurent, qui insistent sur le fait que le saint a tout distribué aux pauvres (ce qui n’est pas le cas de saint Joachim, même s’il est connu pour ses aumônes). Les antiennes d’offertoire et de communion ont été prises de divers communs. Seul l’alléluia est propre, du moins quant à son texte. La mélodie a été reprise d’un ancien alléluia d’une messe de dédicace des église, avec le texte : « O quam metuendus est locus iste… »

    Le texte de l’alléluia est « O Joachim, sanctae conjux Annae… », ce qui ne colle pas avec la mélodie. On a donc modifié le texte dans le graduel, qui est devenu : « O Joachim sancte, conjux Annae ». Ainsi la mélodie insiste (11 notes) sur la sainteté de Joachim, et non sur celle d’Anne, ce qui en fait est logique en ce jour.

    Malheureusement je n’ai pas trouvé d’interprétation de ce bel alléluia sur internet. Il semble qu’il n’ait été enregistré que par les moines de Kergonan, dans un double CD de 2003 que je n’ai pas.

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    Alléluia, alléluia. O saint Joachim, époux d’Anne, père de la glorieuse Vierge, aidez ici-bas au salut de vos serviteurs ! Alléluia.

    (Le sens propre d’alma est "nourricière", mais dans le cas de Marie c’est devenu "sainte", "éminente", "glorieuse".)

  • Assomption

    Doxastikon des vêpres de la Dormition de la Mère de Dieu, par Thomas Vlachos, chantre de la cathédrale des saints Constantin et Hélène, Karditsa (diocèse de Thessaliotide et des Phanariophersale), en Thessalie.

    Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

    Les Apôtres divins, sur un signe de Dieu, des quatre coins de l'univers portés sur les célestes nuées,

    Recueillirent ton corps très-pur qui avait mis au monde notre Vie, et pieusement l'entouraient de respect.

    Les plus hautes puissances des cieux, présentes ainsi que leur Seigneur,

    Saisies de crainte accompagnaient le corps qui fut de Dieu même le temple très-saint; elles s'avançaient dans les cieux et criaient, sans être vues, aux chefs des armées célestes : C'est la Souveraine de l'univers, la Vierge divine qui s'avance.

    Elevez les frontons pour accueillir de merveilleuse façon la Mère de l'intarissable Clarté.

    Par elle aux hommes est advenu le salut, sur elle nous ne pouvons porter nos regards, et nous ne pouvons lui offrir l'hommage qui convient à son rang ;

    Car sa précellence dépasse l'entendement.

    Vierge sainte et très pure Mère de Dieu, toujours vivante avec ton Fils, le Roi de la Vie, Sans cesse prie le Christ pour qu'il sauve de tout danger, de toute atteinte de l'ennemi, ce nouveau peuple qui est tien, nous tous, nous sommes sous ta protection

    Et te magnifions dans les siècles.

  • Vigile de l’Assomption

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    Par antmoose — https://www.flickr.com/photos/antmoose/42275707/sizes/o/, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8323950

    Selon le XIe Ordo Romanus, le 14 août au matin le pape et les cardinaux, à jeun et les pieds nus, se rendaient à l’oratoire de Saint-Laurent, dans le Patriarchium, où ils faisaient sept génuflexions devant l’icône byzantine du Sauveur qu’on y garde aujourd’hui encore. Alors le Pontife en ouvrait les battants, et, au chant du Te Deum, la descendait pour que, dans la soirée, elle pût être portée en procession par les diacres cardinaux.

    Les vêpres et l’office vigilial de neuf leçons étaient chantés à la tombée du jour, à Sainte-Marie-Majeure ; puis le Pontife et tout le clergé retournaient au Latran, pour commencer la procession nocturne.

    Cette nuit, l’introït de la messe vigiliale est le même que le 25 mars : Vultum tuum deprecabuntur. Toute l’humanité se tourne avec confiance vers le beau visage de Marie pour le contempler, ce visage sur lequel le divin Enfant imprima tant de baisers ; visage tout rayonnant de majesté, de pureté et de grâce ; visage qui est la plus parfaite image de celui du Christ.

    Bienheureux cardinal Schuster

     

    Vultum tuum deprecabúntur omnes dívites plebis : adducéntur Regi vírgines post eam : próximæ eius adducéntur tibi in lætítia et exsultatióne.
    Eructávit cor meum verbum bonum : dico ego ópera mea Regi.
    Gloria Patri…

    Tous les riches d’entre le peuple vous offriront leurs humbles prières : des vierges seront amenées au roi après vous : vos compagnes seront présentées au milieu de la joie et de l’allégresse.
    De mon cœur a jailli une excellente parole : c’est que j’adresse mes œuvres à un roi.

     
    podcast

    Chœur du Grand Scolasticat de Chevilly, 1958.

  • Saint Cassien

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    Le martyre de saint Cassien par Innocent Francucci d'Imola, vers 1500.

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    Bibliothèque sacrée, des Rds Pères Richard et Giraud, dominicains, 1822.

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    Saint Cassien d'Imola par Adam Baldauf, 1616, pour l'autel de saint Cassien de la cathédrale de Bressanone (Brixen), aujourd'hui au musée diocésain.

  • 12e dimanche après la Pentecôte

    De fructu óperum tuórum, Dómine, satiábitur terra : ut edúcas panem de terra, et vinum lætíficet cor hóminis : ut exhílaret fáciem in oleo, et panis cor hóminis confírmet.

    La terre, Seigneur, sera rassasiée du fruit de vos ouvrages ; vous tirez le pain de la terre, et le vin réjouit le cœur de l’homme ; l’huile répand sur son front l’allégresse, et le pain affermit son cœur.

    L’antienne de communion de ce dimanche est comme celle de dimanche dernier une action de grâce pour les moissons et les autres récoltes, et elle est également en 6e mode. Elle est pourtant très différente. Celle de dimanche dernier était exubérante, celle-ci est beaucoup plus intime.

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    La première phrase est une variation quasi syllabique autour de la tonique (fa) suivant l’accent des mots, et procédant strictement par degrés conjoints. Un murmure de prière.

    Après un neume qui souligne l’importance de la « terre », la deuxième phrase continue de la même façon, jusqu’à la mention du vin. Le vin fait grimper la mélodie, qui s’épanouit sur « laetificet cor hominis ». C’est comme si tout ce qui précède était une attente, un suspense. Le fruit de la terre, le fruit des œuvres du Seigneur, c’est d’abord le vin qui réjouit le cœur de l’homme. C’est ensuite l’huile qui rend souriant le visage de l’homme, dans une grand sourire musical qui monte de nouveau au do en brodant avec le la et le si bémol. C’est enfin le pain « qui fortifie le cœur de l’homme », avec un insolite mi-fa final qui paraît affirmer que nous sommes en un moderne et anachronique fa majeur et non en 6e mode de plain chant, comme paraît aussi le souligner l’insistant si bémol.

    Bien sûr dans une antienne de communion le pain et le vin font référence à l’eucharistie, qui apporte la vraie joie et fortifie vraiment le cœur de l’homme. On voit aussi une allusion à l’évangile du jour, le bon Samaritain, avec la juxtaposition du vin et de l’huile (pour soigner les blessures) qui sont aussi des symboles des sacrements.

  • De la Sainte Vierge le samedi

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    Rien ne me charme, mais aussi rien ne m’effraie plus, que de parler des gloires de la Vierge Marie. Si je loue sa virginité, beaucoup de vierges se présentent à mon souvenir. Si je célèbre son humilité, il s’en trouve au moins quelques-uns qui, à l’école de son Fils, sont devenus doux et humbles de cœur. Si je veux exalter sa grande miséricorde, il y a eu des hommes et aussi des femmes qui ont exercé la miséricorde. Mais il est un point où Marie n’a eu, ni devancière ni imitatrice, c’est qu’elle a tout ensemble, et les joies de la maternité et l’honneur de la virginité. C’est là le privilège de Marie, il ne sera pas donné à une autre ; il est unique et par cela même il est ineffable.

    Leçon des matines, bréviaire monastique de 1963