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Liturgie - Page 247

  • Saint Ignace de Loyola

    Extrait du sermon de Bourdaloue pour sa fête.

    Ce que j'admire davantage dans la vocation de saint Ignace, c'est la conduite que la Providence y a fait paraître pour retrancher la source des maux dont son Eglise était affligée. Car, prenez garde, Chrétiens : de plusieurs désordres d'où l'hérésie avait pris naissance, le principal était celui-ci : l'ignorance des choses de la foi, qui régnait parmi les peuples, jointe à la mauvaise éducation de la jeunesse. Consultez les écrivains qui en ont parlé : voilà la porte par où entra le démon de l'erreur, pour porter ses coups à l'Eglise et pour ruiner l'ancienne religion. Mais que fait Dieu en suscitant Ignace? Il donne à l'Eglise un préservatif contre ce mal si dangereux et si pernicieux ; car à quoi Ignace est-il spécialement appelé, et pour quelle fin ? pour enseigner, pour instruire, pour apprendre aux peuples à connaître ce qu'ils sont, pour déraciner de leurs esprits l'ignorance de nos mystères, pour y jeter les premières semences de la doctrine de la foi ; en un mot, pour former de vrais chrétiens, de même que le prophète avait été envoyé pour servir de maître aux nations : Ecce dedi eum prœceptorem gentibus. C'est pour cela que parmi les grandes affaires dont il était chargé, et sur lesquelles on le consultait de toutes parts comme un oracle, il faisait une de ses plus importantes occupations d'aller dans les rues de Rome catéchiser la populace, d'expliquer aux simples les points de la foi, d'assembler les femmes et les enfants dans les places publiques, pour leur donner les principes du salut : spectacle qui seul attirait toute la ville, jusques aux prélats même et aux cardinaux, à qui il prêchait par l'exemple de son humilité, tandis qu'il instruisait les autres et qu'il les touchait par la vertu de sa parole. C'est pour cela que lorsqu'Ignace envoyait ses frères au secours de quelque Eglise, il leur recommandait avant toutes choses le soin du catéchisme ; les avertissant que c'était là ce qui avait converti le monde ; que la science du catéchisme avait été celle des apôtres ; que l'Evangile n'avait été d'abord annoncé que par le catéchisme ; que, s'ils voulaient donc se rendre utiles à l'Eglise de Dieu, ils devaient négliger toute autre fonction plutôt que celle du catéchisme, et se souvenir que, selon la parole du Fils de Dieu même, une des preuves de la mission de Jésus-Christ fut d'évangéliser les pauvres : Pauperes evangelizantur. C'est pour cela qu'il a voulu que toute sa compagnie se fit un devoir particulier de l'instruction de la jeunesse. L'hérésie avait pris pour maxime de commencer par là, et de s'emparer des jeunes âmes, afin de les corrompre plus aisément; Ignace lui en ôte le moyen, et lui enlève cet avantage. En effet, il y avait déjà dans l'Eglise chrétienne de grands et de florissants ordres institués pour prêcher la parole de Dieu. Saint François et saint Dominique en avaient établi deux dont les succès remplissaient toute la terre; mais il n'y en avait point encore qui, par profession, fût engagé à ce divin emploi de former la jeunesse et de la sanctifier. Or, c'est le secours que Dieu, par un effet de sa fidélité, préparait à son Eglise dans la personne d'Ignace ; tellement que ce saint fondateur pouvait dire, après le Sauveur du monde : Sinite parvulos venire ad me ; Laissez venir à moi ces âmes innocentes, puisque Dieu m'a fait l'honneur de me choisir pour les cultiver. Enfin, c'est pour cela que Dieu donna ordre à Ignace de fonder des collèges et des écoles publiques, non point précisément pour y enseigner les sciences profanes, il était trop rempli de celle des saints ; non point pour des intérêts temporels, il y avait renoncé en quittant le monde; mais pour nourrir dans la vertu de jeunes enfants plus susceptibles, à cet âge tendre, des saintes impressions qu'ils reçoivent, et pour leur faire sucer de bonne heure le lait de la piété. Ah ! Chrétiens, quels fruits de grâce cette divine institution n'a-t-elle pas produits ? combien d'âmes ont été garanties de l'enfer ? combien de villes et de provinces ont été maintenues dans l'intégrité de la foi ? combien d'Etats ont été préservés de la contagion de l'hérésie ? Car il est remarquable que dans tous les lieux du monde où cette institution a été reçue, jamais l'hérésie n'a dominé, et qu'elle y est bientôt tombée en décadence : d'où je conclus que Dieu, en appelant saint Ignace, s'est montré fidèle, non seulement à toute l'Eglise en général, mais à toutes les parties qui la composent : fidèle à tous les royaumes de la chrétienté, fidèle à toutes les nations de la terre, fidèle à tous les ordres de la république , fidèle à tous les âges et à toutes les conditions des hommes, puisqu'il n'y a pas une condition ni un âge, pas une nation ni un empire, à qui ce grand saint, en conséquence de sa vocation, n'ait consacré son travail et ses services : Fidelis Deus, per quem vocati estis in societatem Filii ejus Jesu Christi Domini nostri.

  • Saints Abdon et Sennen

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    Chaque 30 juillet au lever du soleil, depuis 1465, en l’église Saint-André de Montbollo, retentit le goigs des saints Abdon et Sennen. La Rodella, un disque de cire formé par un long cordon, fixé sur une croix, est porté le long d’un étroit sentier forestier jusqu’à Arles-sur-Tech. C’est une heure et demie de marche. A Arles, la procession de la Rodella va se joindre à la procession des bustes des martyrs, pour rejoindre l’abbaye Sainte-Marie, où est célébrée la grand-messe.

    J’emprunte quelques images à un très ample reportage photographique donnant d’autres précisions, ici.

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  • 10e dimanche après la Pentecôte

    Allelúia, alléluia. ℣. Te decet hymnus, Deus, in Sion : et tibi reddétur votum in Jerúsalem. Allelúia.

    Alléluia, alléluia. L’hymne de louange vous est due, ô Dieu, dans Sion, et on vous rendra des vœux dans Jérusalem. Alléluia.

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    L’alléluia de ce dimanche ne ressemble à aucun autre chant du propre. Car s’il y en a quelques autres qui montent au sommet du 7e mode au point de faire descendre la clef sur la deuxième ligne, il n’y en a aucun qui s’installe ainsi sur le fa, tout en haut de la gamme, et qui dans le verset ne se sert de la tonique que comme note d’appui, au tout début, avant que revienne le jubilus et la note finale. De ce fait la mélodie a une saveur toute particulière, et, déconnectée de sa tonique, elle paraît être du deuxième mode entre Sion et votum, mais un deuxième mode à l’octave supérieure.

    C’est tout en haut, parce qu’il s’agit de Sion et de Jérusalem. La Jérusalem céleste. La montagne de Dieu. Commentant ce verset du psaume 64, saint Augustin écrit : « Sicut Jerusalem interpretatur Visio pacis, ita Sion Speculatio, id est visio et contemplatio. » De même que Jérusalem veut dire “Vision de paix”, de même Sion veut dire “Observation”, c’est-à-dire vision et contemplation.

    Le mot speculatio voulait d’abord dire espionnage. Puis observation, et dans la langue chrétienne contemplation. Vision et contemplation, comme le précise saint Augustin.

    C’est cette contemplation que chante cet alléluia, et qui s’épanouit sur le mot Jerusalem, en une très longue mélodie qui rebondit du ré au fa et paraît ne plus vouloir quitter les hauteurs…

    Ce qui illustre de façon toute spéciale ce que disait Sicard de Crémone dans son Mitrale (cité par dom Johner) : « Presque toujours quand le mot Jerusalem se trouve dans un chant, de longs neumes lui sont attachés, afin de donner une image de l’exultation dans la Jérusalem céleste. »

     

  • Saint Nazaire

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    Histoire de saint Ambroise, par Mgr Baunard, recteur de l’université catholique de Lille, 1899. Les passages entre guillemets proviennent de la Vie de saint Ambroise écrite à la demande de saint Augustin par le diacre Paulin, qui avait été le secrétaire de l’évêque de Milan et qui était un témoin oculaire des faits. « Vidimus, vidimus », répète-t-il : nous avons vu, nous avons vu.

  • Saint Pantaléon

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    La première église Saint-Pantaléon en Occident est la basilique du monastère de Cologne, consacrée en 980 par saint Brunon, du temps que l’impératrice d’Occident était une princesse byzantine… qui avait une grande dévotion pour ce « mégalomartyr » de Nicomédie. Il faudra attendre le XIIe siècle pour que des églises de Rome lui soient dédiées, et que son culte se répande un peu partout, notamment en France où six communes portent son nom, sans parler de quelques autres églises et chapelles. Ce même jour on célèbre sa fête dans le monde byzantin, sous son vrai nom, Pantaléimon, qui lui avait été donné par le Christ qui lui était apparu pour lui dire qu’il serait « tout miséricordieux » : pant-éléimon. Il sera médecin « anargyre », comme saints Côme et Damien, c’est-à-dire qu’il soignera sans se faire payer, et mourra martyr sous Maximien. Quand il sera inscrit dans les martyrologes romains ce sera comme « Pantaléon », et on lui inventera l’étymologie « panta-leo » : tout-lion.

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    Dans une chapelle de la basilique se trouve le tombeau de l’impératrice Theophanu. C’est un sarcophage réalisé en 1962. On y lit :

    Domina Theophanu, Imperatrix, uxor et mater Imperatoris, quae basilicam sancti Pantaleonis summo honore coluit et rebus propriis munificenter cumulavit, hic sepulcrum sibi constitui iussit.

    Sa seigneurie Theophanu, Impératrice, épouse et mère d’Empereur [Otton II et Otton III], qui entoura la basilique de saint Pantaléon des plus grands honneurs et la combla généreusement de ses biens propres, ordonna que son tombeau soit établi ici.

    Ce texte s’inspire de la chronique de l’époque, disant : « Qua diva augusta Sancti Pantaleonis monasterium summo honore coluit et regali munificentia sublimavit sanctorumque reliquiis permunivit. » On remarque que la mention des reliques de saints dont l’impératrice dota la basilique a disparu. Peut-être ces reliques elles-mêmes ont-elles disparu. En 1794 les armées de la République française firent du monastère une écurie… Et il fallut attendre 1962 pour que reprenne la messe annuelle à la mémoire de l’impératrice, le 15 juin.

  • Sainte Anne

    O Anna,
    Bonorum radix omnium,
    O manna
    Dans mundo verum gaudium,
    Cæli admiratorium,
    Dei reclinatorium,
    Tu es electa civitas
    In qua Dei palatium,
    Horti clausi tugurium
    Sola ut intret deitas.
    Quanta sit tibi dignitas,
    Nemo posset exprimere,
    Nam te possum asserere
    Matrem esse matris Dei.
    Ergo fac nos gratos ei
    Tua prece assidua
    Et trahe nos ad ardua.

    O Anne,
    Racine de tous les biens,
    O manne
    Qui donne au monde la vraie joie,
    Admiratoire du Ciel,
    Réclinatoire de Dieu,
    Tu es la cité élue
    Dans laquelle est le palais de Dieu,
    La hutte du jardin clos
    Afin que seule y entre la divinité.
    Quelle est ta dignité,
    Personne ne peut l’exprimer,
    Car je peux affirmer que tu es
    La mère de la Mère de Dieu.
    Fais donc que nous lui soyons agréables
    Par ta prière continuelle
    Et entraîne-nous dans les hauteurs.

    Ceci était l’antienne de Magnificat des deuxièmes vêpres de sainte Anne dans un bréviaire du XVe siècle. On remarque le mot « admiratorium », qui n’existe pas. Il est calqué sur le mot « reclinatorium », qu’on trouve dans le Cantique des cantiques (de même que viennent du Cantique des cantiques « hortus clausus » et « trahe nos ». Dans le Cantique, le « reclinatorium aureum », le réclinatoire d’or, est la partie de la luxueuse litière de Salomon où il se couche : c’est l’âme purifiée où Dieu peut prendre son repos. L’âme de sainte Anne est un tel « réclinatoire », et de même un « admiratoire », le lieu où le Ciel admire son chef-d’œuvre…

    *

    Et un cantique breton...


  • Saint Jacques

    Santo Adalid, Patrón de las Españas,
    Amigo del Señor:
    Defiende a tus discípulos queridos,
    Protege a tu nación.

    Saint commandeur, patron des Espagne,
    Ami du Seigneur :
    Défends tes chers disciples,
    Protège ta nation.

    Las armas victoriosas del cristiano
    Venimos a templar
    En el sagrado y encendido fuego
    De tu devoto altar.

    Les armes victorieuses du chrétien
    Nous venons tremper
    Dans le feu sacré
    De ton autel vénéré.

    Firme y segura
    Como aquella Columna
    Que te entregó la Madre de Jesús,
    Será en España
    La Santa Fe cristiana,
    Bien celestial que nos legaste Tú. (bis)

    Ferme et solide,
    Comme la colonne
    Que la mère de Jésus te confia,
    Sera dans l’Espagne
    La sainte foi chrétienne
    Que tu nous as léguée.

    ¡Gloria a Santiago,
    patrón insigne
    Gratos, tus hijos,
    Hoy te bendicen.

    Gloire à Saint Jacques,
    Patron renommé !
    Tes enfants reconnaissants
    Aujourd’hui te bénissent.

    A tus plantas postrados te ofrecemos
    La prenda más cordial de nuestro amor.
    ¡Defiende a tus discípulos queridos!
    ¡Protege a tu nación!
    ¡Protege a tu nación!.

    Prosternés à tes pieds nous t’offrons
    Le présent chaleureux de notre amour.
    Défends tes chers disciples !
    Protège ta nation !
    Protège ta nation !

  • Sainte Christine

    L’un des deux tropaires de sainte Christine mégalomartyre, par le P. Nicodème Kavarnos. A l’intention particulière d’une amie dans l'épreuve.

    Τοῦ πατρός σου τὴν πλάνην λιποῦσα ένδοξε, τῆς εὐσεβείας ἐδέξω τὴν θείαν ἔλλαμψιν, καὶ νενύμφευσαι Χριστῷ ὡς καλλιπάρθενος. ὅθεν ἠγώνισαι στερρῶς, καὶ καθεῖλες τὸν ἐχθρόν, Χριστίνα Μεγαλομάρτυς. Καὶ νῦν ἀπαύστως δυσώπει, ἐλεηθήναι τᾶς ψυχᾶς ἠμῶν.

    Tu as abandonné l’erreur de ton père et tu as reçu l’illumination divine comme vierge glorieuse fiancée au Christ. Tu as combattu courageusement et tu as détruit l’ennemi, ô grande martyre Christine. Et maintenant importune sans cesse pour qu’à nos âmes soit fait miséricorde.

  • Saint Apollinaire

    Le nom de saint Apollinaire fait penser spontanément aux mosaïques de Ravenne dans les deux basiliques qui portent son nom. Particulièrement celles de Saint-Apollinaire in Classe, édifiée sur son tombeau.

    Mais il y a aussi un vitrail de Chartres consacré au premier évêque de Ravenne. Un vitrail qui raconte pas moins de 15 épisodes de la vie de saint Apollinaire, sans compter les trois qui ont été remplacés par une grisaille au siècle suivant.

    Ce vitrail suit la vie de saint Apollinaire selon la Légende dorée. Sauf qu’il a été réalisé… cinquante ans avant la Légende dorée. Il s’inspire donc des actes du martyre de saint Apollinaire, texte sans doute du VIIe siècle, mais dans une version qui ne correspond pas exactement à ce texte.

    Les trois premiers tableaux ayant été remplacés au XIVe siècle, il manque malheureusement le début de l’histoire, à savoir le sacre d’Apollinaire par saint Pierre et son envoi à Ravenne.

    Le premier qui reste est la guérison d’un enfant aveugle :

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  • 9e dimanche après la Pentecôte

    Dómine, Dóminus noster, quam admirábile est nomen tuum in universa terra ! ℣. Quóniam eleváta est magnificéntia tua super cælos.

    Seigneur, notre maître, que votre nom est admirable dans toute la terre. Car votre magnificence s’élève au dessus des cieux.

    On reconnaît tout de suite dans le graduel de ce dimanche des formules bien connues des graduels du 5e mode, parmi les plus belles, et surtout, comme le souligne dom Johner, avec une adéquation parfaite entre les mots et la mélodie, comme si celle-ci avait été composée pour ceux-là. On remarque notamment quam admirabile, « où à la joie est ajoutée l’émerveillement », la révérence (contemplative, ajouterai-je) sur nomen tuum, et la « coloration plus légère » de universa terra, avec « une interaction de révérence et de joie ».

    Et ce centon est particulièrement unifié par la formule la-sol-sol-do-do que l’on trouve trois fois : admira(bile), universa, (e)levata, et une quatrième fois un peu raccourcie sur magnificen(tia).