Préface de l'évangile selon saint Luc dans l'édition et traduction de Lemaistre de Sacy, édition de 1705 "chez Guillaume Desprez imprimeur et libraire ordinaire du Roi".
Liturgie - Page 239
-
Saint Luc
-
Sainte Marguerite-Marie Alacoque
Parmi les frères de sainte Marguerite-Marie il y avait le curé et le maire de Bois Sainte-Marie, Jacques et Chrysostome Alacoque. A la fin de l’année 1686, Jacques tomba si gravement malade que « trois médecins qui le voyaient l’avaient abandonné ». Une nuit, voyant son frère mourant, Chrysostome fit parvenir un billet à leur sœur pour le recommander à ses prières. Marguerite-Marie fit répondre qu’elle ne croyait pas que son frère fût à l’agonie, puis elle alla prier devant le Saint Sacrement. Elle fit une série de promesses « au Sacré Cœur de Jésus-Christ », engageant le curé, et le Sacré Cœur les accepta et Jacques guérit. Il restait à Marguerite-Marie de faire connaître à son frère ce à quoi elle s’était engagée en son nom :
Plus tard elle lui écrivit une autre lettre pour le remercier d'avoir rempli les promesses qu'elle avait faites en son nom...
-
Sainte Hedwige de Silésie
Illustrations de la Vie de sainte Hedwige, commandée en 1353 par le duc Louis Ier de Legnica et Brzeg et sa femme Agnès. A sa mort, le duc laissa le manuscrit au sanctuaire de sainte Hedwige, où il fut considéré comme une relique de la sainte. Photos du musée Paul Getty (sur le site on peut voir les images en haute résolution, ce qui permet d'apprécier les détails).
Sainte Hedwige, avec le duc Louis et Agnès. Dans sa main droite elle tient une statuette de la Vierge à l’Enfant. Sur son avant-bras on voit ses bottes : elle marchait pieds nus par mortification, et son mari Henri, duc de Silésie, trouvait cela inconvenant. Il persuada donc le confesseur d’Hedwige de lui ordonner de porter des chaussures. Au nom de l’obéissance, elle accepta donc de « porter » des chaussures. Un chapelet est fixé à sa robe. Dans sa main gauche elle tient un livre dont elle marque une page avec les doigts, indiquant qu’elle retourne à sa prière.
En haut : la famille de Berthold IV, comte d’Andechs et duc de Méranie, comte de Tyrol et prince de Carinthie et d’Istrie, père de sainte Hedwige. En bas : le mariage de sainte Hedwige avec Henri Ier le Barbu, duc de Silésie.
En haut : le duc Henri dort, Hedwige prie. En bas : le couple et ses enfants : Gertrude, abbesse de Trebnica, Agnès, Henri II le Pieux mort à la bataille de Legnica, Boleslas ; Sophie et Conrad assis. (Il manque Ladislas, mort enfant ; en dehors de Gertrude et d’Henri, les autres sont morts jeunes.)
La bataille de Legnica. En haut on distingue Henri grâce à son écu frappé de l’aigle. En bas on le voit tomber, décapité, mais en haut du dessin on le voit porté au ciel par les anges. La bataille de Legnica est une défaite pour les armées chrétiennes, mais les Mongols n’iront pas plus loin et repartiront bientôt.
En haut : les Mongols brandissent la tête d’Henri devant les remparts de Legnica. En bas : sainte Hedwige voit en songe l’âme de son fils portée au ciel (à gauche), et elle dit à sa belle-fille Anne et à Gertrude : « Puisque telle est la volonté de Dieu, nous devons souscrire à ce qu'il a résolu. » Puis elle va prier ainsi : « Seigneur, je vous rends grâces de ce que vous m'avez donné un fils qui, aussi longtemps qu'il a vécu, m'a toujours aimée et respectée, et qui ne m'a jamais fait la moindre peine. Assurément j'aurais voulu le conserver, et cependant je suis fière de penser qu'il a répandu son sang pour vous, ô mon Dieu, et que vous l'avez appelé à jouir de votre gloire. Mon Dieu, je le recommande à votre miséricorde. »
En haut : Henri et Hedwige font vœu d’abstinence devant l’évêque Laurent. En bas : Hedwige secourt les pauvres.
En haut : Hedwige loge de pauvres religieux. En bas, elle présente sa fille Gertrude au monastère cistercien de Trebnica (avec prise d’habit bénie par l’évêque).
Sainte Hedwige baisant les stalles, les escaliers et les serviettes du monastère de Trebnica (ou plutôt les voiles des religieuses).
En haut : le Christ détache son bras de la croix pour bénir Hedwige. En bas, elle lave son petit-fils avec l’eau dans laquelle les moniales se sont lavé les pieds (il lui arrivait de se laver elle-même avec l'eau qui avait déjà servi).
En haut, sainte Hedwige lave et baise les pieds des lépreux. A droite : « Dans toutes ses relations elle évitait la colère et les reproches sévères, elle était bonne pour tout le monde et adressait à chacun des paroles de consolation ; mais c'était surtout à l'égard de ses domestiques qu’elle portait loin la condescendance. Un jour, un de ses chambellans, un nommé Chwalislas qui devint ensuite dominicain, avait été cause de la perte de trois vases d'argent d'un grand prix ; il fut extrêmement affligé de ce malheur parce que la princesse, au lieu de lui parler durement, de lui adresser des paroles sévères, s'était bornée à lui dire : « Peut-être que, en cherchant bien, vous pourriez les retrouver ; avec un peu plus de soin, cela ne serait pas arrivé. » Cette bonté de la princesse fit sur lui plus d'impression que les reproches les plus sévères, ainsi qu'il l'avoua lui-même. »
En bas : les funérailles du duc Henri. C’est elle qui console les religieuses : « Pourquoi vous laisser aller à cet excès de douleur ? Prétendez-vous vous opposer à la sainte volonté de Dieu ? Cela n’est pas raisonnable, mes sœurs bien-aimées ; le Créateur a le droit de disposer de ses créatures, ainsi qu'il lui plaît. Nous devons nous incliner devant ses arrêts, parce que nous sommes sous sa dépendance. »
-
Drôle d’époque…
Quoi qu’on pense par ailleurs de Mgr Romero, il est certain qu’il n’est pas mort martyr de la foi, puisqu’il a été assassiné par des catholiques pour des raisons politiques. Et pourtant le voilà saint martyr…
Quoi qu’on pense par ailleurs de Paul VI, il est certain qu’il a fait preuve d’impiété, d’injustice et de cruauté envers de nombreux prêtres et fidèles en imposant son ersatz liturgique à la place de la liturgie romaine. Et pourtant le voilà saint pape…
Mieux vaut en rire, sans doute. Mais je ne voudrais pas être à la place de ceux qui ont charge d’âmes et sont censés devoir expliquer l’inexplicable…
-
Sainte Thérèse de Jésus
L’une des deux hymnes composées par Urbain VIII pour la fête de sainte Thérèse. Je donne après le texte latin la traduction qu’on trouve sur internet, suivie de la savoureuse traduction en alexandrins qu’on trouve dans le Breviarum benedictinum de 1725, venue de Port Royal et sans doute de Lemaistre de Sacy.
Regis superni nuntia
domum paternam deseris,
terris, Teresa, barbaris
Christum datura aut sanguinem.Messagère du roi des cieux,
tu quittes la maison paternelle,
Thérèse, pour apporter aux contrées païennes
le Christ ou ton sang.Aux plus rudes travaux Thérèse se prépare,
Sa maison à ses yeux étale un vain éclat ;
Elle part, elle veut dans un pays barbare
Ou vaincre pour Jésus, ou mourir au combat.Sed te manet suavior mors,
pœna poscit dulcior:
divini amoris cuspide
in vulnus icta concides.Mais une mort plus suave t'est réservée,
un tourment plus doux te réclame :
frappée de l'aiguillon du divin amour,
tu succomberas à cette blessure.Mais son Epoux divin, par un amour extrême,
Veut qu’un tourment plus doux la conduise au trépas,
Et d’un trait qu’en son cœur il a tiré lui-même,
Il la voit languissante expirer dans ses bras.O caritátis victima,
tu corda nostra concrema,
tibique gentes créditas
inferni ab igne libera.Victime d'amour,
embrase nos cœurs
et délivre du feu de l’enfer
tous les peuples qui te sont confiés.O toi du Roi des Rois l’Amante et la victime,
Allume en nous le feu qui t’embrasa le sein,
Et que du feu vengeur allumé pour le crime,
Nous délivre en mourant ton secours souverain.Te, sponse, Jesu, virginum,
beati adorent ordines,
et nuptiali cantico
laudent per omne sæculum.Jésus, époux des vierges,
que les ordres bienheureux t’adorent
et t’adressent pour tous les siècles
la louange d’un cantique nuptial.Le breviarium benedictinum de 1725, ainsi que les autres bréviaires romain et bénédictin traditionnels, ont une autre doxologie :
Sit laus Patri cum Filio,
Et Spiritu Paraclito,
Tibique Sancta Trinitas,
Nunc et per omne sæculum. Amen.Gloire au Père immortel qui fait nos destinées,
Que le Fils, l’Esprit Saint soient l’objet de nos chants,
Que par la fin des temps ne soient point terminées
Les louanges d’un Etre unique auteur des temps. Ainsi soit-il.Voici cette hymne chantée pendant la messe célébrée en la chapelle des carmélites de Tolède pour le troisième centenaire de sainte Thérèse, fondatrice de ce couvent. On nous dit que cette chapelle est dédiée à la forme extraordinaire du rite romain. Dieu sait, et mes lecteurs savent, combien je suis attaché à la « forme extraordinaire du rite romain ». Mais à Tolède c’est le rite mozarabe qui devrait être de rigueur. (Comme à Lyon le rite lyonnais, d’ailleurs.)
Au début puis entre les strophes est chanté: "Ora, ora pro nobis, Teresia beatissima."
-
21e dimanche après la Pentecôte
Allelúia, allelúia. In éxitu Israël de Ægýpto, domus Jacob de pópulo bárbaro. Allelúia.
Allélluia, alléluia. Lorsque Israël sortit d’Egypte, et la maison de Jacob du milieu d’un peuple barbare. Alléluia.
L’Alléluia de ce dimanche vient des anciennes grandes vêpres romaines de l’octave de Pâques. Il était chanté par les nouveaux baptisés en procession vers les fonts baptismaux pour rendre grâce de leur nouvelle naissance. Le psaume 113 célèbre le passage de la mer Rouge, la libération des Hébreux de l’esclavage du Pharaon. Dans la nuit de Pâques, les nouveaux baptisés ont eux aussi, mais dans l'ordre surnaturel, traversé la mer Rouge, passant du royaume du péché au royaume de la grâce.
On remarque que le sommet de la mélodie est sur « ex » - qui s’étale sur 8 notes : c’est le mot important, celui qui exprime le fait de sortir, et de sortir d’Egypte (le mot est lui aussi orné). On peut être surpris que les Egyptiens soient appelés « peuple barbare » par une troupe d’esclaves en fuite, alors que la civilisation égyptienne était la plus accomplie de l’époque. Mais d’une part c’est le symbolisme qui prime. D’autre part, explique le bienheureux cardinal Schuster, « le progrès matériel et artistique n’est pas le seul critère de la vraie culture, mais plutôt la vie spirituelle et le développement spirituel. De ce point de vue les Israélites surpassaient de loin la plus fameuse nation de l’Antiquité et prouvaient ainsi que leur foi était surnaturelle ».
Ce psaume 113 faisait partie de ceux que les juifs chantaient en mangeant l’agneau pascal. Par conséquent Jésus l’a chanté lui-même en instituant l’eucharistie, la veille de son « exitus » de ce monde vers le Père.
Or cet alléluia a également fait partie de la liturgie des défunts, pour chanter la sortie du défunt de ce monde et son entrée dans la Jérusalem céleste. (L’alléluia a ensuite été banni de la liturgie latine des défunts, alors que l’office byzantin des défunts célébré après la Divine Liturgie commence par 12 alléluias.)
Voici cet alléluia par les moines de Ligugé.
-
Saint Edouard le Confesseur
Lu sur le site d’un spécialiste d’achat et vente de bijoux anciens :
Le saphir de Saint-Edouard…
…ou “Edouard le confesseur”
Saphir bleu d’un poids inconnu et de forme octogonale à 24 facettes, taillé “en rose”, sa brillance et son éclat sont renommés comme étant exceptionnels. La “taille en rose” n’apparaissant qu’au XIVe siècle, la pierre a donc été modifiée depuis qu’elle a fait son apparition sur une bague d’Edouard “Le Confesseur” lors de son couronnement en 1043. Ce saphir proviendrait, vraisemblablement, des anciennes mines de corindons de Ratna situées au Sri Lanka, connues et renommées depuis l’Antiquité.
C’est une pierre chargée d’histoire et de symbole. La légende veut que le roi Edouard (ca 1004/1066), homme de grande foi, croise un jour un mendiant, n’ayant pas de bourse sur lui, il lui fait cadeau de sa bague ornée d’un saphir. Or, il s’avère que ce mendiant n’est autre que Saint Jean, envoyé par Dieu pour tester la bonté du roi. Lors de son voyage en Palestine, la bague lui aurait alors été restituée par deux pèlerins (d’autres disent un ange) ayant croisé Saint Jean l’Evangéliste. Ils lui dirent que le saint le remerciait et qu’ils se reverraient dans six mois au Paradis. Six mois plus tard le roi décédait en ayant légué sa couronne et son anneau avec le saphir au royaume.
Fondateur de l’Abbaye de Westminster, le roi Edouard souhaite y être inhumé. En 1102, son tombeau est ouvert pour une inspection et l’on constate que la dépouille du roi n’a subi aucune détérioration depuis trente-six ans, alors qu’une suave odeur emplit l’église. Ces évènements, plus la grande piété qu’il a démontrée au cours de sa vie conduiront à la canonisation de ce roi en 1161. Le corps du saint est alors transféré dans une sépulture plus imposante et c’est à cette occasion que l’anneau et sa couronne lui sont retirés pour être intégrés aux Joyaux de la Couronne ; ils en deviennent ainsi les premiers éléments. Tous les souverains successifs attacheront une grande vénération à la couronne d’Edouard et seront couronnés par elle jusqu’à la destruction des Joyaux par Cromwell.
Comme quelques autres pierres, “Le saphir de Saint-Edouard” échappe cependant à cette destruction. Après la restauration en 1660, il est retaillé sous sa forme actuelle pour Charles II. En 1838, la reine Victoria le fait sertir sur la Couronne Impériale d’apparat, au centre de la croix pattée située au sommet de cette couronne. Il occupe la même place sur la Couronne Impériale actuelle réalisée à l’identique en 1937, exposée à la Tour de Londres.
-
Le bienheureux Charles de Blois
Photos Jean-Claude Even
Le 18 juin 1347, Charles de Blois perdait la bataille de La Roche-Derrien et était fait prisonnier par les Anglais. En 1376, le seigneur local agrandissait la belle église paroissiale en ajoutant une grande chapelle au sud. Avec une verrière. En 1927, les Beaux Arts mettent en demeure la commune de remplacer le vitrail qui menace de tomber. Impossible de trouver ce que représentait l’ancien vitrail. En tout cas le nouveau représente Charles de Blois vaincu par les Anglais qui appuient Jean de Montefort. Ce vitrail a été dessiné par Henri Magne et réalisé par le maître verrier Léglise. Il est réellement beau, même sans le comparer aux autres vitraux de l’église, datant semble-t-il de quelques années plus tôt, et qui sont du sulpicien nullissime.
On voit donc ici Charles de Blois, adossé au moulin à vent (avec ses grandes ailes ocre) de la hauteur du Mézou (le chirurgien comptera 17 blessures), tendant son épée ensanglantée à Robert du Châtel (du camp Montfort). Il se tourne vers un franciscain qui lui tend la croix. Au loin, on voit La Roche-Derrien avec le clocher de l’église, et la tour du château en flammes comme une bonne partie de la ville, et l’église elle-même qui sera très endommagée.
En haut, dans les quatre-feuilles, on voit les armes de Blois, de Bretagne, de Monfort, et de La Roche-Derrien. En dessous, celles de Pie XI et de l’évêque.
Sur la canonisation de Charles de Blois, voir ici.
-
Maternité de la bienheureuse Vierge Marie
Sancta María, succúrre míseris, juva pusillánimes, réfove flébiles, ora pro pópulo, intervéni pro clero, intercéde pro devóto femíneo sexu: séntiant omnes tuum juvámen, quicúmque célebrant tuam admirábilem Maternitátem.
Sainte Marie, venez au secours des miséreux, soutenez les défaillants, soulagez les affligés, priez pour le peuple, plaidez pour le clergé, intercédez pour les femmes pieuses ; que tous ceux qui célèbrent votre admirable Maternité ressentent votre aide.
-
Saint François Borgia
En 1788, Doña Maria Josefa Pimentel, duchesse de Benavente, qui descendait par sa grand-mère paternelle de saint François Borgia 3e duc de Gandie (parmi ses innombrables titres elle avait celui de 14e duchesse de Gandie), commanda trois tableaux pour la chapelle rénovée de son saint ancêtre à la cathédrale de Valence. Deux furent commandés à Goya, dont « François de Borgia et le moribond impénitent », qui marque le début de la période « fantastique » et très noire du peintre.
L’œuvre montre un fameux miracle : alors que le saint tente de convaincre un moribond de confesser ses gros péchés, et que celui-ci refuse, il brandit son crucifix, et le bras droit du Christ se détache de la croix et asperge de son sang le moribond.
Les yeux fixés sur le crucifix, le saint est frappé de stupeur et d'émerveillement, ce qu'exprime le geste de sa main gauche. Mais cette figure si expressive, si convaincante dans sa stupéfaction, ne prend tout son sens, tout son poids, qu'au regard de la scène latérale qui, elle, sidère le spectateur. C'est qu'on n'avait jamais vu ainsi peintes, même dans les plus terribles représentations médiévales de la mort, les affres de l'agonie: ce lit dévasté, ce corps raidi dans l'ultime convulsion, thorax dilaté, main et pied crispés, ce visage, surtout, exténué et béant sur son dernier râle. On n'avait jamais vu non plus, de « si près », les forces infernales prêtes à s'emparer de l'âme d'un défunt. (Manuel Jover)
Ci-dessous la même scène, esquisse du tableau (sans les diables). Il mesure 38 x 29 cm. Le tableau fait 3,5 mètres sur 3 mètres.