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Antequam comedam, suspiro

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℟. Antequam cómedam, suspiro, et tamquam inundántes aquæ sic rugitus meus; quia timor, quem timebam, evenit mihi, et quod verébar accidit. Nonne dissimulávi ? nonne sílui ? nonne quiévi ?
* Et venit super me indignátio.
. Ecce non est auxílium mihi in me, et necessarii quoque mei recessérunt a me.
℟. Et venit super me indignatio.

Avant de manger je soupire, et mes cris sont comme des eaux qui débordent. Car ce qui faisait le sujet de ma crainte m'est arrivé, et ce que je redoutais est tombé sur moi. Ne me suis-je pas tenu dans la réserve ? N'ai-je pas gardé le silence, le repos ? Et la colère divine est tombée sur moi.
Voici que je ne trouve en moi aucun secours, et mes amis intimes m'ont abandonné. (Traduction Fillion, ou du moins ce qu’il est convenu d’appeler ainsi, car c’est aussi la traduction Vigouroux… ou Glaire dans la Bible dont Vigouroux a rédigé les notes, mais alors pourquoi le même texte chez Fillion ? Je crois que je ne saurai jamais…)

Ce répons des matines reprend exactement les trois derniers versets du chapitre 3 du livre de Job selon la Vulgate clémentine (la plupart des manuscrits ont quasi au lieu de tamquam, ce qui ne change rien au sens). Le verset est le verset 13 du chapitre 6.

Il fait donc partie des « répons de Job » qui ornent les matines des deux premières semaines de septembre. Normalement le premier est le célèbre : « Si nous avons reçu les biens de la main du Seigneur, pourquoi n'en recevrons-nous pas les maux ? » Curieusement, dans l’antiphonaire de la basilique Saint-Pierre du XIIe siècle conservé au Vatican, le premier est Antequam comedam… D’où la lettrine qui fait suite à l’indication qu’en septembre on chante « l’hystoria » de Job, avec cette manie médiévale de mettre un « i grec » sous prétexte que le mot vient du grec…

Commentaires

  • Fillion a fait cette bible à l'instigation de Vigouroux, et ce qui leur importait était surtout les notes, comme on le voit dans la Préface: Vigouroux l'avait chargé de commenter les Evangiles, et comme il en fut content, il lui a demandé de faire toute la bible.
    Dans l'Avant-propos, Fillion dit qu'il se contente de reproduire la traduction de Sacy, en la corrigeant çà et là: il devait considérer que la correction de Vigouroux étant déjà bonne. En tout cas, on voit bien que la traduction n'était pas sa première préoccupation et d'ailleurs ce n'est pas lui qui a fait la traduction des Evangiles. De plus, les notes sont saturées de citations sans références, qui sont en fait tirées des ouvrages de Vigouroux. Entre amis...

  • Merci mais je ne suis pas plus avancé. Le texte de Fillion que je cite est exactement celui de Vigouroux, ou plutôt me semble-t-il de Glaire si Vigouroux est seulement l'auteur des notes de la Bible Glaire, et pour le coup ce n'est certainement pas une simple correction de Sacy que voici:

    24 Je soupire avant de manger, et les cris que je fais sont comme le bruit d’un débordement de grandes eaux ;
    25 parce que ce qui faisait le sujet de ma crainte m’est arrivé et que ce que j’appréhendais est tombé sur moi.
    26 N’ai-je pas toujours conservé la retenue et la patience ? N’ai-je pas gardé le silence ? Ne me suis-je pas tenu dans le repos ? Et cependant la colère de Dieu est tombée sur moi.

  • Oui, j'avais regardé avant d'écrire la traduction de Sacy, et je suis d'accord que c'est plus qu'une correction. Honnêtement, cette affirmation préliminaire de Fillion m'a toujours étonné.
    Il y a des choses qu'on ne comprendra peut-être jamais bien. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant il y a 4 ans, dans l'appendice de la dernière édition de l'Esprit des cérémonies de la messe, que la traduction du Canon qui y figurait était à un ou deux mot près (et le vouvoiement en moins) celle utilisée dans la liturgie en français! et l'existence même de cette traduction est étonnante : la doctrine de l'arcane interdisait la traduction du canon. D'où les "paraphrases de Bossuet" dans les Imitations de nos aïeuls...

  • Oui, le Moyen Age mettait des Y un peu partout (le Roy, Icy, Ysengrin, etc. ...en plus des mots venant du grec (un "ysopet" pour un fablier, le mot dérivant d' Esope, Aïsôpos en grec).

    Il avait oublié que le Y c'est en fait le U des Grecs (u psilon = u maigre), dont le iota se distingue seulement de notre i par l'absence de point (d'où la difficulté parfois à le voir)

  • Cher Yves, j'ai failli oublier Sanctus Yvo, qui logiquement devrait s'écrire comme l'if (l'arbre) auquel ce nom est apparenté...
    Manuscrit (XV° siècle) de la fameuse Ballade de Villon:
    "Ou est la tressaige Esloys/ Pour qui chastre et puis moyne/Piere Esbaillart à Saint Denys/ (...) La Royne blanche comme liz/ (...) Et Jehanne, la bonne Lorraine/ Qu'Engloys brulerent a Rouen"
    (On note que Villon prononce déjà Jeanne pour Jehanne, sinon son octo-syllabe en aurait neuf)

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