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Liturgie - Page 238

  • Christ Roi

    Póstula a me, et dabo tibi gentes hereditátem tuam, et possessiónem tuam términos terræ.

    Demande-moi, et je te donnerai les nations pour ton héritage, et pour ton domaine les extrémités de la terre.

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    La mélodie de cet offertoire reprend celles des offertoires des deux grand-messes de Noël.

    La première phrase musicale (de Postula à tuam) est la première phrase de l’offertoire de la messe du jour, dont le texte a le même sens : « Tui sunt caeli et tua est terra », le ciel et la terre t’appartiennent. Alors que la mélodie de Noël commence par un fa, qui est la note prédominante du début, celle du Christ Roi commence par un do : à Noël c’est la contemplation qui prévaut, ici il y a l’élan de la demande : postula.

    La suite de la mélodie est celle de l’offertoire de la messe de minuit après les deux premiers mots et jusqu’à la fin. Le texte de Noël est : « (Laetentur caeli) et exsultet terra ante faciem Domini quoniam venit » : (que les cieux se réjouissent) et que la terre exulte devant la face du Seigneur, car il vient. Il vient régner, il vient prendre possession de son domaine : là encore les deux textes sont liés. Et là encore la seule différence notable entre les mélodies est la première note : un fa à Noël, un mi pour le Christ Roi, une différence qui n’a pas d’autre raison que le (très bon) « raccord » entre les deux morceaux de mélodies.

    (1957)

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Quid dicebas, o Adam ? Mulier quam dedisti mihi, dedit mihi de ligno, et comedi. Verba malitiae sunt haec, quibus magis augeas quam deleas culpam. Verumtamen Sapientia vicit malitiam, cum occasionem veniae, quam a te Deus interrogando elicere tentavit, sed non potuit, in thesauro indeficientis suae pietatis invenit. Redditur nempe femina pro femina, prudens pro fatua, humilis pro superba; quae pro ligno mortis gustum tibi porrigat vitae, et pro venenoso cibo illo amaritudinis dulcedinem pariat fructus aeterni. Muta ergo iniquae excusationis verbum in vocem gratiarum actionis, et dic: Domine, mulier, quam dedisti mihi, dedit mihi de ligno vitae, et comedi; et dulce factum est super mel ori meo, quia in ipso vivificasti me. Ecce enim ad hoc missus est angelus ad Virginem, O admirandam et omni honore dignissimam Virginem! o feminam singulariter venerandam, super omnes feminas admirabilem, parentum reparatricem, posterorum vivificatricem!

    Qu'avais-tu donc à dire ô Adam : « La femme que vous m'avez donnée m'a présenté du fruit de l'arbre et j'en ai mangé? » Ce sont là de méchantes paroles; elles ajoutent à ta faute, loin de la diminuer. Mais la sagesse a vaincu la malice, quand elle a trouvé, dans les inépuisables trésors de sa bonté, cette occasion de pardon que Dieu voulait par sa question, te donner le moyen de lui fournir, et qu'il te donna en vain. Voilà une femme qui prend la place d'une autre femme; mais l'une est sage et l'autre était insensée, l'une est humble et l'autre était orgueilleuse; aussi au lieu de t'offrir, ô Adam, du fruit de l'arbre de mort, elle te donne à goûter du fruit de l'arbre de vie, et à la place de l'amertume d'une nourriture empoisonnée, elle produit pour toi un fruit éternel d'une grande douceur. Change donc tes injustes accusations en paroles d'action de grâces, et écrie-toi : Seigneur, la femme, que vous m'avez donnée, m'a présenté du fruit de l'arbre de vie et j'en ai mangé, je l'ai trouvé plus doux que le miel à mon palais, parce que dans ce fruit vous m'avez donné la vie. Voilà en effet, pourquoi l'Ange a été envoyé à la Vierge. O Vierge admirable et vraiment digne de tout honneur ! O femme singulièrement respectable, admirable par-dessus toutes les autres femmes, vous réparez le mal qu'ont fait nos aïeux et vous rendez la vie à tous leurs descendants.

    (saint Bernard, 2e sermon sur Missus est, lecture des matines)

  • Tua est potentia

    ℟. Tua est poténtia, tuum regnum, Dómine: tu es super omnes gentes:
    * Da pacem, Dómine, in diébus nostris.
    . Creátor ómnium, Deus, terríbilis et fortis, justus et miséricors.
    ℟. Da pacem, Dómine, in diébus nostris.

    A toi la puissance, à toi le règne, Seigneur : tu es au-dessus de tous les peuples. Donne la paix, Seigneur, en nos jours. Créateur de tout, Dieu, terrible et fort, juste et miséricordieux, donne la paix, Seigneur, en nos jours.

    Le début de ce répons des matines est plus ou moins inspiré du début de la prière de David à la fin du premier livre des Chroniques, et le verset reprend des expressions qui se trouvent dans la prière de Néhémie au début du second livre des Maccabées. « Da pacem, Dómine, in diébus nostris », qui est pourtant aussi le début d’une célèbre antienne, ne se trouve nulle part tel quel dans la Bible...

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  • Adaperiat Dominus

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    ℟. Adapériat Dóminus cor vestrum in lege sua et in præcéptis suis et fáciat pacem in diébus vestris:
    * Concédat vobis salútem, et rédimat vos a malis.
    . Exáudiat Dóminus oratiónes vestras et reconciliétur vobis nec vos déserat in témpore malo.
    ℟. Concédat vobis salútem, et rédimat vos a malis.

    Que le Seigneur ouvre votre cœur à sa loi et à ses préceptes, et qu’il fasse la paix en vos jours : qu’il vous accorde le salut, et qu’il vous rachète du mal. Que le Seigneur exauce vos prières, et qu’il se réconcilie avec vous, et qu’il ne vous abandonne pas au temps mauvais.

    Répons des matines, composé à partir de Maccabées II 1, 4-5.

    Illustration: antiphonaire des cordeliers de Fribourg, autour de 1400.

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  • Saint Raphaël

    Dans le calendrier byzantin, il y a le 8 novembre la « synaxe des archistratèges Michel et Gabriel et des autres puissances incorporelles » ou « angéliques ». Saint Raphaël n’est pas nommé dans les textes liturgiques de ce jour. La raison en est qu’il n’est nommé que dans le livre de Tobie et que ce livre a eu quelque mal à entrer dans le canon biblique. Saint Jérôme n’y voyait qu’une histoire édifiante utile à lire, ce qui fut repris par nombre de théologiens et encore en Russie au XIXe siècle où l’on s’en tenait au canon de saint Athanase et de saint Cyrille qui excluait les livres deutérocanoniques.

    De ce fait il n’existe pas d’icône canonique de saint Raphaël, alors qu’il y en a une de saint Michel, une de saint Gabriel, et une des deux « archistratèges ».

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    Toutefois saint Raphaël se trouve sur une mosaïque de la Pammakaristos (église de la Theotokos pammakaristos, la Mère de Dieu toute bénie, à Constantinople, transformée en mosquée, puis en musée). Le personnage serait un ange anonyme si son nom n’était clairement inscrit.

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    Sous l’influence occidentale, saint Raphaël a pu aussi apparaître avec les deux autres, comme ici sur cette peinture de Georgios Kortezas, qui vivait à Corfou dans la première moitié du XVIIe siècle. Raphaël est sur le poisson dont le foie grillé fait fuir le démon et le fiel guérit de la cécité. (Gabriel se reconnaît parce qu’il porte l’icône de la Mère de Dieu, et Michel est représenté en psychopompe : debout sur un homme qui vient de mourir, il tend son âme vers le ciel.)

  • Saint Antoine-Marie Claret

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    Extrait de son autobiographie

    Prière que je récitais au début de chaque mission :

    Ô Vierge et Mère de Dieu, mère et avocate des malheureux pécheurs, vous savez bien que je suis votre enfant et le ministre que vous avez formé dans la forge de votre miséricorde et de votre amour. Je suis comme une flèche dans votre main puissante. Ô ma mère, lancez-moi avec toute la force de votre bras contre Satan, le prince du monde, semblable au cruel Achab, époux de Jézabel, qui a fait alliance avec la chair.

    A vous, ma mère, la victoire ! Vous remporterez une éclatante victoire, vous, à qui a été donné le pouvoir de dissiper les hérésies et les vices. Et moi, animé de la plus entière confiance en votre protection, j’engage la bataille non seulement contre la chair et le sang, mais aussi contre les puissances des ténèbres, comme dit l'apôtre ; j’aurai à mon bras le bouclier du saint rosaire et je brandirai l'épée à deux tranchants de la parole de Dieu.

    Ô Reine des anges, envoyez à mon secours les esprits célestes, vous qui connaissez ma faiblesse et la force de mes ennemis.

    Ô vous, la reine de tous les saints, commandez-leur de prier pour moi et dites-leur que notre triomphe sera pour la plus grande gloire de Dieu et pour le salut de leurs frères.

    Par votre humilité, réprimez l'audace de Lucifer et de ses acolytes, qui veulent entraîner en enfer les âmes rachetées par le sang de Jésus, le fruit de votre sein virginal.

    Je disais aussi cet exorcisme :

    Satan, moi, ministre de Jésus-Christ et de la sainte Vierge, quoique indigne, je t'ordonne, à toi et à tes acolytes, les esprits infernaux, de quitter ces lieux et de t'en aller loin d'ici. Je te le commande au nom du Père qui nous a créés, au nom du Fils qui nous a délivrés de ta tyrannie, et au nom de l’Esprit Saint qui nous a apporté la consolation et la sanctification. Amen.

    Je te le commande aussi au nom de la très sainte Vierge Marie, Mère du Dieu vivant, qui t'a écrasé la tête.

    Va-t-en, Satan, va-t-en, orgueilleux et jaloux, n’empêche jamais la conversion et le salut des âmes.

  • Ornaverunt

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    Antiphonaire cistercien du XIIIe siècle, Bibliothèque nationale d'Autriche

    ℟. Ornavérunt fáciem templi corónis áureis, et dedicavérunt altáre Dómino:
    * Et facta est lætítia magna in pópulo.
    . In hymnis et confessiónibus benedicébant Dóminum.
    ℟. Et facta est lætítia magna in pópulo.

    Ils ornèrent le devant du Temple de couronnes d’or, et ils dédicacèrent l’autel au Seigneur. Et ce fut une grande joie dans le peuple : par des hymnes et des louanges ils bénissaient le Seigneur.

    (Répons des matines, résumé de Macchabées I, 4, 56-58)

  • 22e dimanche après la Pentecôte

    Allelúia, allelúia. Qui timent Dóminum sperent in eo : adjútor et protéctor eórum est. Allelúia.

    Alléluia, alleluia. Que ceux qui craignent le Seigneur mettent en lui leur espérance, il est leur soutien et leur protecteur. Alléluia.

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    Le mot amour/aimer n’est pas absent des psaumes, tant pour désigner l’amour de Dieu pour ceux qui l’aiment que pour désigner cet amour que lui portent ceux qui l’invoquent. Toutefois il y a deux mots beaucoup plus fréquents qui caractérisent ces deux amours, ou plutôt cet amour unique et réciproque selon sa modalité divine et sa modalité humaine : de la part de Dieu c’est la miséricorde, de la part de l’homme c’est la crainte de Dieu. Ces deux mots indiquent que l’homme et Dieu ne sont pas au même niveau, sur le même plan. La créature et le Créateur sont distincts et un abîme sépare le Créateur qui est par lui-même et la créature qui n’est que par le Créateur. D’autant que la créature s’est coupée du Créateur par le péché originel et il a fallu toute la miséricorde de Dieu pour réparer les dégâts. La réponse de l’homme racheté par le sang de Dieu fait homme est la crainte. A savoir un amour qui sait ce qu’il en est des positions respectives, qui se prosterne devant l’Etre aimé et qui attend tout de lui, à savoir la vie éternelle. Cette crainte est celle dont l’Ecclésiastique nous dit qu’elle est « gloire et glorification, et joie, et couronne d’exultation », etc.

    C’est ce que chante l’Alléluia de ce dimanche. Une joie profonde, intense, mais dans la plus grande paix. Cette joie dont Jésus dit par la bouche du maître au bon et fidèle serviteur qui a fait fructifier les talents : « Entre dans la joie de ton maître. » Je ne te donne pas la joie : je te fais entrer dans ma joie éternelle, ma joie divine, la joie de l’amour trinitaire.

    On peut constater qu’il n’y a rien de « craintif » dans le long mélisme sur « timent », mais une paix aimante et joyeusement sereine. Le plus long mélisme, après cela, sera sur « protector », et il décrit la protection de Dieu sur le fidèle, qui est l’amour de miséricorde qui descend sur le fidèle pour l’entourer avec tendresse, le garder, le conduire vers l’éternel alléluia.

  • Saint Jean de Kenty

    Lorsque Clément XIII canonisa Jean de Kenty, en 1767, il voulut que le saint polonais ait une messe propre, et même qu’il y ait dans l’office des hymnes propres. Ce n’est pas une coïncidence si la première apparition de ces hymnes eut lieu en 1772. C’est l’année de la première partition de la Pologne, qui allait aboutir quelques années plus tard à la disparition du pays sur la carte d’Europe. Le pape confiait la Pologne à un nouveau saint patron, avec des hymnes qui allaient témoigner que les Polonais continuent d’exister et que leur pays renaîtrait. Voici l’hymne des vêpres.

    Gentis Poloniae gloria
    Clerique splendor nobilis,
    Decus Lycei, et patriae
    Pater, Ioannes inclyte.

    Gloire du peuple polonais, noble splendeur du clergé, parure de l’université et père de la patrie, illustre Jean.

    Legem superni Numinis
    Doces Magister, et facis.
    Nil scire prodest : sedulo
    Legem nitamur exequi.

    Maître,tu enseignes la loi divine et tu la mets en pratique. Savoir ne sert à rien : efforçons-nous de suivre la loi avec zèle.

    Apostolorum limina
    Pedes viator visitas ;
    Ad patriam quam tendimus
    Gressus viamque dirige.

    Voyageur, à pieds tu visites Rome ; dirige nos pas et notre route vers la patrie à laquelle nous voulons aller.

    Urbem petis Ierusalem ;
    Signata sacro sanguine
    Christi colis vestigia,
    Rigasque fusis fletibus.

    Tu te rends à Jérusalem ; tu vénères les traces du Christ signée du sang sacré, et tu les inondes de tes pleurs.

    Acerba Christi vulnera
    Haerete nostris cordibus,
    Ut cogitemus consequi
    Redemptionis pretium.

    Cruelles blessures du Christ, restez fixées dans nos cœurs, afin que nous pensions à comprendre le prix de la Rédemption.

    Te prona mundi machina
    Clemens adoret Trinitas,
    Et nos novi per gratiam
    Novum canamus canticum. Amen.

    Trinité clémente, que tout l’appareil du monde t’adore et se prosterne, et nous, renouvelés par la grâce, chantons un cantique nouveau. Amen.

  • Saint Pierre d’Alcantara

    Traité de l’oraison, deuxième série de méditations pour chaque jour de la semaine, fin de la méditation du vendredi :

    Enfin, vous pourrez méditer les sept paroles que Notre Seigneur fit entendre sur la croix. La première : Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. La seconde, qui fut dite au larron : Aujourd'hui vous serez avec moi dans le paradis. La troisième, à sa très sainte Mère : Femme, voilà votre fils. La quatrième : J'ai soif. La cinquième : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné. La sixième : Tout est consommé. La septième : Mon Père, je remets mon âme entre vos mains.

    Regarde, ô mon âme, avec quel excès de charité il recommanda dans ces paroles ses ennemis à son Père ; avec quelle miséricorde il reçut le larron qui confessait sa divinité ; avec quelle tendresse filiale il recommanda sa très aimante Mère au disciple bien-aimé ; vois quelle soif et quel ardent désir il montra du salut des hommes ; avec quelle voix douloureuse il répandit sa prière, et exprima sa tribulation en présence de la très-sainte majesté de son Père ; comment il persévéra, jusqu'à la dernière heure, dans l'obéissance qu'il lui avait vouée ; et comment, enfin, il lui recommanda son âme, et se remit tout entier entre ses divines mains.

    Il est facile de voir que chacune de ces paroles renferme une admirable leçon de vertu. Dans la première, le divin Maître nous recommande la charité envers les ennemis ; dans la seconde, la miséricorde envers les pécheurs ; dans la troisième, l'amour envers les parents ; dans la quatrième, le désir du salut du prochain ; dans la cinquième, la prière dans les tribulations et dans les délaissements de Dieu ; dans la sixième la vertu de l'obéissance et la persévérance ; enfin dans la septième, la parfaite résignation entre les mains de Dieu, qui est l'abrégé et le comble de toute notre perfection.