L’une des deux hymnes composées par Urbain VIII pour la fête de sainte Thérèse. Je donne après le texte latin la traduction qu’on trouve sur internet, suivie de la savoureuse traduction en alexandrins qu’on trouve dans le Breviarum benedictinum de 1725, venue de Port Royal et sans doute de Lemaistre de Sacy.
Regis superni nuntia
domum paternam deseris,
terris, Teresa, barbaris
Christum datura aut sanguinem.
Messagère du roi des cieux,
tu quittes la maison paternelle,
Thérèse, pour apporter aux contrées païennes
le Christ ou ton sang.
Aux plus rudes travaux Thérèse se prépare,
Sa maison à ses yeux étale un vain éclat ;
Elle part, elle veut dans un pays barbare
Ou vaincre pour Jésus, ou mourir au combat.
Sed te manet suavior mors,
pœna poscit dulcior:
divini amoris cuspide
in vulnus icta concides.
Mais une mort plus suave t'est réservée,
un tourment plus doux te réclame :
frappée de l'aiguillon du divin amour,
tu succomberas à cette blessure.
Mais son Epoux divin, par un amour extrême,
Veut qu’un tourment plus doux la conduise au trépas,
Et d’un trait qu’en son cœur il a tiré lui-même,
Il la voit languissante expirer dans ses bras.
O caritátis victima,
tu corda nostra concrema,
tibique gentes créditas
inferni ab igne libera.
Victime d'amour,
embrase nos cœurs
et délivre du feu de l’enfer
tous les peuples qui te sont confiés.
O toi du Roi des Rois l’Amante et la victime,
Allume en nous le feu qui t’embrasa le sein,
Et que du feu vengeur allumé pour le crime,
Nous délivre en mourant ton secours souverain.
Te, sponse, Jesu, virginum,
beati adorent ordines,
et nuptiali cantico
laudent per omne sæculum.
Jésus, époux des vierges,
que les ordres bienheureux t’adorent
et t’adressent pour tous les siècles
la louange d’un cantique nuptial.
Le breviarium benedictinum de 1725, ainsi que les autres bréviaires romain et bénédictin traditionnels, ont une autre doxologie :
Sit laus Patri cum Filio,
Et Spiritu Paraclito,
Tibique Sancta Trinitas,
Nunc et per omne sæculum. Amen.
Gloire au Père immortel qui fait nos destinées,
Que le Fils, l’Esprit Saint soient l’objet de nos chants,
Que par la fin des temps ne soient point terminées
Les louanges d’un Etre unique auteur des temps. Ainsi soit-il.
Voici cette hymne chantée pendant la messe célébrée en la chapelle des carmélites de Tolède pour le troisième centenaire de sainte Thérèse, fondatrice de ce couvent. On nous dit que cette chapelle est dédiée à la forme extraordinaire du rite romain. Dieu sait, et mes lecteurs savent, combien je suis attaché à la « forme extraordinaire du rite romain ». Mais à Tolède c’est le rite mozarabe qui devrait être de rigueur. (Comme à Lyon le rite lyonnais, d’ailleurs.)
Au début puis entre les strophes est chanté: "Ora, ora pro nobis, Teresia beatissima."
Commentaires
"Allume en nous le feu qui t'embrasa le sein" n'est pas mal en effet pour CONCREMA NOSTRA CORDA (brûle nos coeurs).
Le Bernin donc n'est pas le seul en ce temps à développer ce thème de la transverbération...
YD écrit : " Dieu sait, et mes lecteurs savent, combien je suis attaché à la « forme extraordinaire du rite romain ». Mais à Tolède c’est le rite mozarabe qui devrait être de rigueur. (Comme à Lyon le rite lyonnais, d’ailleurs.)"
Et pourquoi faudrait-il que s'il y eut jadis un rite local même séculaire, il faudrait nécessairement qu'il se maintînt ? Il y eut jadis un rite parisien, il a disparu, c'est pas la fin du monde...
C'est un abus de langage de parler de "rite parisien" si on le met sur le même plan que le rite lyonnais ou le rite mozarabe. Le "rite parisien" n'était qu'une variante du rite romain, alors que les autres sont des rites à part entière. Quand on connaît les richesses du rite mozarabe on ne peut pas se moquer de sa disparition.