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Liturgie - Page 237

  • Nunc, Sancte, nobis, Spiritus

    Nunc, Sancte, nobis, Spiritus,
    Unum Patri cum Filio,
    Dignare promptus ingeri
    Nostro refusus pectori.

    Pur amour, Esprit Saint, qui n'êtes qu'une essence
    Avecque le Père et le Fils,
    Daignez par une prompte et bénigne influence
    Verser du haut du ciel vos dons dans nos esprits.

    Os, lingua, mens, sensus, vigor
    Confessionem personent.
    Flammescat igne caritas,
    Accéndat ardor proximos.

    Que nos bouches, nos cœurs, et nos sens, et nos forces,
    Rendent gloire à leur souverain ;
    Que de la charité les brillantes amorces
    Par un ardent exemple embrasent le prochain.

    Præsta, Pater piissime,
    Patríque compar Unice,
    Cum Spiritu Paraclito
    Regnans per omne sæculum. Amen.

    Que le Père et le Fils accordent cette grâce
    A l'humble ferveur de nos vœux,
    Eux qui règnent sans fin dans cet immense espace
    Que remplit l'Esprit Saint, qui n'est qu'un avec eux.

    (Hymne de Tierce, attribué à saint Ambroise, traduction de Pierre Corneille qui était manifestement en panne d’inspiration…)

  • Vidi Dominum sedentem

    Les lectures bibliques de novembre, indiquées dans les matines, sont les livres des prophètes à partir d’Ezéchiel. Les répons qui accompagnent les "leçons" des matines sont donc les « répons des prophètes ». Le premier d’entre eux, tiré… d’Isaïe (dans une version qui combine curieusement la Septante et la Vulgate), était l’occasion d’élaborer des lettrines dans les livres liturgiques. En voici quelques exemples.

    ℟. Vidi Dóminum sedéntem super sólium excélsum et elevátum, et plena erat omnis terra majestáte eius:
    * Et ea, quæ sub ipso erant, replébant templum.
    . Séraphim stábant super illud: sex alæ uni, et sex alæ álteri.
    ℟. Et ea, quæ sub ipso erant, replébant templum.

    J’ai vu le Seigneur qui siégeait sur un trône au plus haut et élevé, et la terre était pleine de sa majesté. Et ce qui était sous lui remplissait le temple. Des séraphins se tenaient au-dessus, six ailes l’un, et six ailes l’autre.

    Screenshot_2018-11-04 ALO docView - Antiphonarium Benedictinum Pars aestiva (1400).png

    Antiphonaire bénédictin de Saint-Lambrecht, 1400 (université de Graz).

    Screenshot_2018-11-04 JPEG Viewer.png

    Antiphonaire cistercien du XIIIe siècle (Bibliothèque nationale de Vienne)

    Screenshot_2018-11-04 e-codices – Virtual Manuscript Library of Switzerland.png

    Antiphonaire des cordeliers de Fribourg, après 1260 (université de Fribourg).

    Screenshot_2018-11-04 e-codices – Virtual Manuscript Library of Switzerland.jpg

    Antiphonaire de Hartker, fin du Xe siècle (Saint-Gall).

    Screenshot_2018-11-04 Handschriften Antiphonarium Benedictinum [491.png

    Antiphonaire bénédictin, abbaye de Reichenau, XIIe siècle (Karlsruhe).

    Screenshot_2018-11-04 Antiphonarium Massiliense .png

    Antiphonaire de Marseille, Arles, XIIIe siècle (BNF).

    Screenshot_2018-11-04 Bréviaire de Paris, noté Calendriers Seconde partie.png

    Bréviaire de Paris, XIIIe siècle (BNF).

    Screenshot_2018-11-04 Digitale Bibliothek - Münchener Digitalisierungszentrum.png

    Antiphonaire du XVIe siècle, Cologne (Bibliothèque d’Etat de Bavière).

  • 24e dimanche après la Pentecôte

    Il arrive parfois que trois des dimanches après l’Épiphanie, qui, en raison de la date précoce de Pâques, avaient été omis, sont intercalés ici entre le XXIIIe et le dernier dimanche après la Pentecôte. Cette translation nous fournit une remarque importante sur la structure des textes liturgiques. Le texte de la messe, avec les lectures et oraisons, est repris au complet ; seuls, les chants psalmodiques sont différents. De là il résulte que les chants psalmodiques expriment l’esprit d’un temps, tandis que les lectures de ce temps peuvent emprunter leurs pensées à d’autres temps. Examinons seulement ce dimanche. Que voulait dire l’Évangile de la tempête dans le temps qui suit l’Épiphanie ? C’était avant tout une puissante épiphanie, c’est-à-dire une manifestation du Fils de Dieu au monde ; mais c’était aussi une transition normale entre le cycle de Noël et la fête de Pâques : A Noël, le Christ a édifié Sion (l’Église) et il apparaît dans sa majesté ; toutefois, il n’est pas venu »apporter la paix, mais le glaive ». -La ville de Dieu est environnée par les ténèbres, comme la barque par les vagues et la tempête. — Tout autres sont les pensées que nous offre l’Évangile maintenant à la fin de l’année : la barque au milieu des vagues mugissantes, c’est l’Église au cours des temps, spécialement à la fin ; quant à l’apaisement de la tempête, c’est la parousie, le retour du Seigneur dans sa majesté. Oui, la tempête de l’enfer sera apaisée d’un seul coup ; le Seigneur, qui paraît maintenant dormir, se lèvera dans son Église et il se fera un grand calme.

    A la vérité, les deux dimanches, aussi bien le dimanche après l’Épiphanie que le dimanche après la Pentecôte, se rejoignent dans la pensée de Pâques, car chaque dimanche est une fête pascale. La scène de la tempête sur la mer est l’image du combat et de la victoire pascale du Christ. Chaque dimanche, nous célébrons la mort et la résurrection du Christ à Jérusalem, mais aussi la mort et la résurrection du Christ en nous-mêmes. Et, si, pendant toute la semaine, nous avons été agités par la tempête et par les vagues, à la messe du dimanche, le Seigneur monte dans la barque, il commande à la tempête et réalise la paix de la résurrection. Chaque dimanche nous procure une part de cette paix pascale de l’âme. Ainsi chaque dimanche est un anneau de la grande chaîne qui va du baptême au dernier combat et à la victoire.

    Dom Pius Parsch

  • Saint Gwenaël

    Alors que Fañch Morvannou faisait des recherches pour son livre sur saint Guénaël (publié en 1997), le chanoine Jean-Louis Le Floc’h, archiviste de l’évêché de Quimper, lui avait transmis le texte d’un cantique de la paroisse d’Ergué-Gabéric, lieu de naissance de saint Guénaël qui en est le saint patron sous la forme « Guinal ». Voici ce cantique, qui était oublié et a repris du service grâce au curé de « l'ensemble paroissial Quimper Rive Gauche » qui lui a donné une mélodie.

    Sant Guenaël, Sant galloudus,
    Klevit hor pedenn hirvoudus
    Hon diwallit hed hor buhez
    Diouzh pep darvoud, pep fallentez.

    Saint Guénaël, saint puissant,
    Entendez notre prière plaintive
    Protégez-nous le long de notre vie
    De tout dommage, toute méchanceté.

    Sant Gwenaël, pa vez pedet
    Kreiz an dañjer, kreiz ar c’hleñved
    A zo gouest d’ober burzhudoù
    Evit skañvaat pouezh hor c’hroazioù.

    Saint Guénaël, quand on le prie
    En plein danger, au creux de la maladie
    Est capable de faire des miracles
    Pour alléger le poids de nos croix.

    O ! Diwallit korf hag ene
    Enep pep drouk hor bugale
    Ha grit ma kreskint e furnez
    Evit gwellañ mad ar barrez.

    O! Protégez le corps et l'âme
    De nos enfants de tout mal
    Et faites qu'ils grandissent en sagesse
    Pour le plus grand bien de la paroisse.

    O ! Diwallit hon tud yaouank
    Diouzh an dañjer da ruilh er fank
    Ha grit ma vezint aketus
    Da vale war roudoù Jezus.

    O! Protégez nos jeunes gens
    Du danger de rouler dans la fange
    Et faites qu'ils soient assidus
    A marcher sur les traces de Jésus.

    Benniget poan al labourer
    Brevet e gorf en e vicher
    Diouzh pep gwalleur, mirit hon tud
    Hor parkeier, hol loened mut.

    Bénissez la peine du laboureur
    Dont le métier lui brise le corps
    De tout malheur, gardez nos personnes
    Nos champs, notre bétail.

    Grit ma chomimp atav fidel
    Da Jezus Krist, d’e vamm santel.
    Gant e sikour, Satan morse
    Ne c’hello trec’hiñ tud Erge.

    Faites que nous demeurions toujours fidèles
    A Jésus-Christ, à sa sainte mère.
    Avec son aide, Satan jamais
    Ne pourra vaincre les habitants d'Ergué.

    On remarque que ce cantique naïf ne dit rien de l’histoire de saint Guenaël. Le site où je l’ai trouvé signale une sorte de comptine, publiée en 1926 dans Feiz ha Breiz, qui fait allusion au chapitre II de l’histoire de saint Gwenaël, disciple et successeur de saint Guénolé premier abbé de Landévennec, par Albert le Grand :

    Roomp amzer Da Wennole,
    Da zont d'ar gêr, Eus an Erge
    Da zont d'ar ger eus an Erge,
    Gant Gwenêl e ziskib neve
     »

    Donnons du temps à saint Gwenolé,
    en revenant à la maison, depuis Ergué,
    en revenant à la maison, depuis Ergué,
    avec Gwenael son nouveau disciple.

  • La fête des morts ?

    Screenshot_2018-11-02 Vidéo pourquoi fêter les morts le 2 novembre .png

    Selon le site Aleteia, qui est devenu une sorte de référence pour l’internaute catholique moyen, le 2 novembre serait le jour de la fête des morts.

    Tel est le titre du premier article de ce jour, sous la rubrique « Spiritualité » :

    Vidéo : pourquoi fêter les morts le 2 novembre ?

    Texte (ponctuation respectée) :

    L'idée de se souvenir de tous les morts le même jour, remonte au 9ème siècle.

    La fête des morts tombe le 2 novembre le lendemain, de la fête de « tous les saints » Les deux célébrations parlent du mystère de la mort et de l’espoir dans la vie éternelle.

    Bref c’est une sorte de doublon. Les deux fêtes parlent de la même chose, et certes les saints eux aussi sont morts…

    Difficile d’aller plus loin dans la confusion. Une confusion qui était tout simplement impossible avec la liturgie traditionnelle, le 1er novembre déroulant les fastes, les ors et les lumières des plus grandes solennités, le 2 novembre jour de deuil en ornements noirs rappelant qu’il y aura un terrible jour du jugement et demandant humblement à Dieu de pardonner aux morts leurs péchés…

    On nous annonce une vidéo.

    Et la vidéo dit ceci :

    « L’Eglise invite le 2 novembre à prier pour les défunts, surtout pour les âmes du purgatoire et ceux dont personne ne se souvient. Ce jour-là il est possible d’obtenir l’indulgence plénière pour un défunt. »

    Manifestement ce n’est pas du même rédacteur…

    Mais pour qui ne regarde pas la vidéo, le 2 novembre est la fête des morts, et c’est Aleteia qui le dit donc c’est vrai…

     

    P.S. Il est possible que "l'idée" date du IXe siècle, mais ce qui est sûr est que la liturgie de ce jour a été institué dans les monastères de Cluny en 998. (On peut se demander si pour le rédacteur d'Aleteia 998 ce n'est pas le 9e siècle, puisque la date commence par un 9...).

  • Commémoraison de tous les fidèles défunts

    Troisième répons des matines, par le chœur du séminaire de la FSSP aux Etats-Unis (CD Requiem) :


    podcast

    Domine, quando veneris judicare terram, ubi me abscondam a vultu irae tuae ?
    Quia peccavi nimis in vita mea.

    Commissa mea pavesco, et ante te erubesco : dum veneris judicare, noli me condemnare.
    Quia peccavi nimis in vita mea.

    Requiem aeternam dona eis Domine, et lux perpetua luceat eis.
    Quia peccavi nimis in vita mea.

    Seigneur, quand vous serez venu pour juger la terre, où me cacherai-je pour fuir le regard de votre courroux ? Puisque j’ai tant péché dans ma vie. Les fautes que j’ai commises m’épouvantent, et je suis devant vous couvert de confusion : ne me condamnez pas quand vous serez venu pour le jugement. Donnez-leur le repos éternel, Seigneur, et que la lumière perpétuelle brille sur eux.

    Sans titre.jpeg

  • Toussaint

    C'est fête aujourd'hui pour nous, et la solennité de ce jour compte parmi les plus grandes solennités. Que dis-je ? De quel apôtre, de quel martyr, de quel saint est-ce la fête ? Ce n'est pas la fête d'un saint en particulier, mais la fête de tous les saints, car personne de nous n'ignore que cette fête est appelée, et est, en effet, la fête de tous les saints, oui, de tous, non seulement des saints du ciel, mais encore de ceux de la terre. En effet, il y a les saints du ciel et les saints de la terre, et même parmi ces derniers, les uns sont encore sur la terre, tandis que les autres se trouvent déjà dans le ciel. On fait donc en commun la fête de tous ces saints-là, mais ne la fait-on pas tout à fait de la même manière. Après tout, il ne faut pas s'en étonner, puisque la sainteté des uns n'est pas celle des autres, et qu'il y a une différence quelquefois même très grande entre un saint et un saint. Non seulement parce que l'un est plus saint que l'autre, — cette différence se rapporte plutôt à la quantité qu'à la qualité—, mais sans nous arrêter au plus et au moins, il est certain que les saints sont appelés saints et cela avec vérité, les uns dans un sens et les autres dans un autre. Ainsi, on pourrait peut-être assigner entre les anges et les hommes une différence de sainteté, à laquelle correspondrait une pareille différence de solennité dans la fête. En effet, il ne semble pas qu'on puisse honorer comme des athlètes triomphants ceux qui n'ont jamais combattu, et pourtant, pour mériter un culte différent, ils n'en sont pas moins dignes des plus grands hommages, puisqu'ils sont vos amis, ô mon Dieu, et qu'ils ont toujours été attachés à votre volonté avec autant de félicité que de facilité. Après tout, peut-être pourrait-on croire qu'ils ne sont point sans avoir soutenu des combats aussi, quand ils ont résisté à ceux d'entre eux qui ont péché, et que, au lieu de se ranger du parti des impies, chacun d'eux s'est écrié : « Pour moi, il m'est bon de rester attaché à Dieu » [psaume 72]. Ce qu'il faut célébrer en eux, c'est donc la grâce qui les a prévenus des douceurs de la bénédiction ; ce qu'il faut honorer, c'est la bonté de Dieu qui les a, je ne dis point, amenés à la pénitence, mais détournés de tout ce qui doit amener la pénitence, qui les a, non point arrachés à la tentation, mais préservés de la tentation.

    Dans les hommes, il y a un autre genre de sainteté qui mérite des honneurs à part ; c'est la sainteté de ceux qui sont venus en passant par de grandes afflictions et « qui ont lavé et blanchi leurs robes dans le sang de l'Agneau » (Ap 7,14) qui triomphent enfin après bien des luttes et reçoivent la couronne de la victoire dans les cieux, parce qu'ils ont combattu les légitimes combats.

    Y a-t-il encore une troisième sorte de saints ? Oui, mais ils sont cachés. Ce sont ceux qui militent encore, qui combattent toujours, qui courent dans la carrière et n'ont point encore obtenu le prix. Peut-être semblera-t-il que je m'avance beaucoup en leur donnant le nom de saints, mais j'ai pour moi le mot de l'un d'eux qui n'a pas craint de dire à Dieu : « Gardez mon âme, Seigneur, parce que je suis saint » (Ps 75,2). L'Apôtre, à qui Dieu avait révélé ses secrets, a dit aussi en termes non moins clairs : « Nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qu'il a appelés selon son décret pour être saints » (Rm 8,28).

    Voilà donc comment le mot saint se trouve différemment employé, et désigne tantôt ceux qui sont consommés dans la sainteté, tantôt ceux qui ne sont encore que prédestinés à la sainteté. Mais cette dernière sainteté est cachée en Dieu, elle est close pour nous, aussi est-ce d'une manière cachée que nous l'honorons. En effet, « l'homme ne sait pas s'il est digne d'amour ou de haine, mais tout est réservé pour l'avenir » (Ec 9,1). Que la fête de ces saints se passe donc dans le cœur de Dieu, puisque Dieu sait qui sont ceux qui lui appartiennent et qu'il a choisis dès le principe ; qu'elle se passe aussi parmi ces esprits qui tiennent lieu de serviteurs et ministres et qui sont envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui doivent être les héritiers du salut » (Hb 1,14). Quant à nous, il nous est défendu de louer un homme tant qu'il vit. Comment, en effet, pourrions-nous le louer sans crainte de nous tromper, quand il est manifeste que la vie même n'est pas sûre ? Le héraut céleste nous crie que « nul n'est couronné qu'il n'ait combattu selon la loi des combats » (2Tm 2,5). Or, entendez de la bouche même du législateur quelle est cette loi des combats. « Celui-là sera sauvé qui persévérera jusqu'à la fin » (Mt,22 et 24,13). On ne sait point quel est celui qui persévérera, on ne sait quel est celui qui combattra selon la loi des combats, on ne sait donc pas non plus quel est celui qui devra recevoir la couronne. On doit louer la vertu de ceux dont la victoire est maintenant assurée, voilà ceux qu'il faut exalter dans nos chants de fêtes, et dont on peut, en tonte sécurité, saluer les couronnes avec des transports de joie.

    Saint Bernard, début du cinquième sermon pour la fête de la Toussaint.

  • (Vigile de la Toussaint)

    Comme les moines du Barroux, je continue de célébrer la vigile de la Toussaint, incroyablement supprimée par Pie XII - et à la place on a Halloween, dont le nom est une corruption de « vigile de la Toussaint » : all hallows’ eve…

    L’introït de la messe :

    Júdicant Sancti gentes et dominántur pópulis : et regnábit Dóminus, Deus illórum, in perpétuum.
    Exsultáte, iusti, in Dómino : rectos decet collaudátio.

    Les Saints jugent les nations et dominent les peuples ; et le Seigneur leur Dieu régnera éternellement.
    Justes, exultez dans le Seigneur, c’est aux hommes droits que sied sa louange.

  • Aperi óculos tuos, Dómine

    ℟. Aperi óculos tuos, Dómine, et vide afflictiónem nostram: circumdedérunt nos gentes ad puniéndum nos:
    * Sed tu, Dómine, exténde brácchium tuum, et líbera ánimas nostras.
    . Afflige oppriméntes nos et contuméliam faciéntes in supérbiam; et custódi partem tuam.
    ℟. Sed tu, Dómine, exténde brácchium tuum, et líbera ánimas nostras.

    Ouvre les yeux Seigneur et vois notre affliction. : les païens nous encerclent pour nous punir. Mais toi, Seigneur, étends ton bras et libère nos âmes. Renverse ceux qui nous oppriment et nous outragent dans leur orgueil, et garde-nous qui sommes ta part.

    (Répons des matines)

  • Absolve

    Absólve, quǽsumus, Dómine, tuórum delícta populórum : ut a peccatórum néxibus, quæ pro nostra fragilitáte contráximus, tua benignitáte liberémur. Per Dóminum nostrum.

    Absolvez, nous vous en supplions, Seigneur, les offenses de vos peuples ; afin que, par votre bonté, nous soyons délivrés des liens des péchés que notre fragilité nous a fait commettre. Par notre Seigneur Jésus-Christ.

    La collecte de cette semaine, qui est celle du 23e dimanche après la Pentecôte, n’apparaît cette année que dans la liturgie de ce lundi, de demain mardi et de mercredi. Autrement dit des trois jours avant la Toussaint, si l’on suit le calendrier qui n’a plus hélas depuis 1955 la vigile de la Toussaint.

    Or cette collecte devient cette année une bonne préparation de trois jours à la fête de la Toussaint.

    L’Année liturgique nous dit :

    La demande du pardon revient sans cesse dans la bouche du peuple chrétien, parce que la fragilité de la nature entraîne sans cesse, ici-bas, le juste lui-même. Dieu sait notre misère ; il pardonne sans fin, à la condition de l’humble aveu des fautes et de la confiance dans sa bonté. Tels sont les sentiments qui inspirent à l’Église les termes de la Collecte du jour.

    Et le bienheureux cardinal Schuster :

    La collecte implore le pardon des fautes contractées par la communauté chrétienne en raison de la faiblesse humaine. La prière est collective, parce qu’elle décrit les conditions personnelles et générales de toute la race d’Adam. L’humilité convient donc à tous, et personne ne peut prendre, avec l’orgueilleux pharisien, une illusoire attitude de puritanisme. « Seigneur, si c’est le propre de l’homme de pécher et de demeurer contaminé par la fange de la terre, que ce soit aussi le propre de votre miséricorde ineffable, de laver dans votre Sang les taches de la conscience coupable. »

    Mais dans ces commentaires il manque un aspect majeur de la collecte : la rupture des liens qui nous enchaînent, rupture qui nous libère pour nous faire entrer dans le Royaume. On a trop tendance à traduire « Absolve » par « pardonnez ». Et ce n’est pas seulement « pré-conciliaire ». Car c’est la liturgie post-conciliaire en français qui fait dire au prêtre confesseur lors de l’absolution : « Je te pardonne », quand le latin a « Ego te absolvo ». Ab-solvere, c’est détacher, délier, défaire les liens. Et c’est le premier mot de la collecte. Or la collecte demande précisément à Dieu que par sa bonté il nous libère des liens de nos péchés : nexibus, nexus, le mot vient du verbe necto qui veut dire lier, attacher, et même nouer. Les saints sont ceux qui ont été libérés des liens du péché, des nœuds du péché. Les commandements de Dieu paraissent souvent être des contraintes, et notre nature blessée en vient à ressentir le péché comme une libération de ces contraintes. Pourtant c’est le contraire qui est vrai. Obéir aux commandements est une libération, être « libéré du péché » n’est pas être asservi à une contrainte mais jouir de la véritable liberté – comme le sait quiconque a été asservi à une addiction et a réussi à s’en libérer (alors qu’il croyait user de sa liberté en se livrant à son addiction).

    On remarquera aussi que le participe passé nexus pris comme substantif désignait le « débiteur insolvable ». Or nous sommes tous vis à vis de Dieu des débiteurs insolvables, et pourtant Dieu nous absout si nous le lui demandons, pour nous faire entrer dans la compagnie de tous les saints.