Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 235

  • Désinformation épiscopale

    Lu sur le site du diocèse de Tours, à l’occasion de la dédicace de l’église Saint-Pie X de Saint-Cyr sur Loire, qui aura lieu demain :

    L’église St-Pie-X est édifiée alors que se tient à Rome le Concile de Vatican II. Le premier document publié (Constitutions sur la liturgie, le 4 décembre 1963) demande de multiplier les autels provisoires plus proches de l’assemblée et tournés vers elle (tout en maintenant durant la durée de l'expérience, l'ancien autel au fond de l’église).

    Il n’y a strictement rien de tel, ni dans la lettre ni dans l’esprit, dans la constitution conciliaire sur la liturgie. Il est pénible de lire sans arrêt que la messe face au peuple a été demandée par Vatican II, mais sur le site du diocèse de saint Martin, c’est une scandaleuse désinformation.

    De toute façon, pauvre saint Pie X :

    capture-decran-2018-11-23-a-11-57-15.pngeglise-st-pie-x-2019-slider.jpg

  • Saint Jean de la Croix

    Lettre à un religieux. Traduction de l’abbé Jean Maillart s.j., 1695.

    La paix de Jésus-Christ, mon fils, soit toujours en votre âme. J'ai reçu la lettre de V[otre] R[évérence], où vous me marquez que Notre Seigneur vous a donné de grands désirs de l'aimer seul sur toutes choses, et où vous me demandez quelques avis pour arriver à cette fin. J'ai beaucoup de joie de ces saints désirs, et j'en aurai davantage si vous les mettez à exécution. Pour cet effet, vous ferez réflexion que les goûts et les douceurs que l'âme sent, viennent ordinairement de l'affection des choses qui lui paraissent bonnes, convenables, agréables et précieuses. De sorte que sa passion se réveille, et sa volonté les espère; elle se plaît en elles lorsqu'elle les possède, elle craint de les perdre, et elle s'afflige lorsqu'elle en est privée. Ainsi la diversité de ses mouvements et de ses passions lui cause diverses inquiétudes. Afin que vous puissiez mortifier et éteindre ces différentes passions, vous devez vous persuader que rien de tout ce qui peut contenter le cœur n'est Dieu. Car, comme l'imagination ne peut se représenter Dieu, ni l'entendement le comprendre, de même la volonté ne peut le goûter; et comme l’âme ne peut le posséder en cette vie tel qu'il est en son essence, de même toute la douceur et tout le plaisir, quoique sublimes, qu'elle goûte, ne peuvent être Dieu. En effet, elle ne peut rien désirer qui ne soit un objet particulier et distingué des autres objets, comme elle ne peut rien connaître qu'en particulier et qu'en détail. C'est pourquoi, ne sachant pas ce que c'est que Dieu en lui-même, elle n'en peut avoir le goût; et toutes les puissances de l’âme ne sauraient l'atteindre, parce qu'il surpasse infiniment leur capacité.

    Il est donc nécessaire que l'âme qui veut s'unir à Dieu, étouffe les sentiments de joie que les choses supérieures ou inférieures, temporelles ou spirituelles, lui peuvent imprimer, afin que, purifiée de la sorte, elle s'occupe uniquement à aimer son Créateur. Car, si la volonté peut en quelque façon embrasser Dieu et parvenir à son union, elle ne peut le faire par le moyen de ses passions, mais par le seul amour divin. Et parce qu'il n'y a aucune douceur dont la volonté est capable, qui soit véritablement cet amour, il n'y a aussi aucun sentiment propre à faire l'union de l’âme avec Dieu, hors l'opération de la volonté. Car l'opération de la volonté est fort différente de son sentiment, puisque l'amour est cette opération par laquelle elle s'unit à Dieu, et elle ne s'unit point par le sentiment qui ne réside en l'âme que comme la fin et le terme de son opération.

    J'avoue bien que les sentiments peuvent exciter l'âme à aimer Dieu, lorsque la volonté ne s'y arrête pas et passe plus outre; mais si elle demeure attachée à ces sentiments, ils ne conduiront pas l'âme à Dieu, et ils la retarderont en son chemin. L'opération de la volonté fait un effet contraire, elle engage tellement l'âme à aimer Dieu sur toutes

    choses, qu'elle met en lui seul toute son affection, toute sa joie, tout son goût, tout son plaisir, et qu'elle méprise tout le reste. C'est pourquoi celui que la douceur attire à l'amour de Dieu renonce incessamment à cette douceur pour aimer Dieu purement et sans goût; parce que s'il comptait sur les tendresses sensibles, il les regarderait comme la fin de son amour; et ainsi son amour se terminerait à la créature et non pas au Créateur. La volonté doit donc se borner à l'amour de Dieu qui lui est incompréhensible, et non aux choses créées qui peuvent la toucher sensiblement. Elle aime selon les règles de la foi un objet certain, véritable, infiniment parfait, mais elle l'aime dans l'obscurité de ses connaissances et dans la privation de tout sentiment corporel.

    Ainsi celui-là tomberait dans un grand égarement, qui prendrait la privation des consolations spirituelles pour l'éloignement de Dieu, et l'abondance des délices intérieures pourra présence et pour ses faveurs particulières. Celui-là s'égarerait encore davantage, qui chercherait cette douceur en l'amour de Dieu, et qui s'y plairait. En obéissant à sa passion, il s'attacherait non pas à Dieu, mais au goût sensible ; il n'agirait plus selon la simplicité de la foi, ni selon la pureté de la charité divine. Son amour ne s'élèverait pas au-dessus de tout le créé, et sa volonté ne monterait pas jusques à Dieu, qui est inaccessible à tout ce qui est matériel. L'âme ne peut recevoir les aimables embrassements du Seigneur que dans le dépouillement de tout le sensuel. Le roi-prophète semble nous insinuer cette vérité, lorsqu'il fait dire à Dieu : Ouvrez votre bouche, et je la remplirai. Les sentiments délicieux ferment et serrent la bouche du cœur; l'amour pur l'ouvre et l'élargit, et alors Dieu la remplit, nourrit la volonté et apaise sa faim, Isaïe nous enseigne aussi que le cœur doit avoir soif de Dieu, pour boire ces eaux divines. Vous tous, dit-il, qui brûlez de soif, venez aux eaux, etc. Il invite en cet endroit à l'union divine tous ceux qui n'ont soif que de Dieu, parce qu'ils y trouveront de quoi l'étancher. Il est donc nécessaire que V. R., si elle désire arriver à la perfection, et jouir d'une profonde paix d'esprit, consacre entièrement sa volonté à Dieu pour s'unir à lui, et qu'elle ne l'occupe nullement des choses créées. Je prie la divine Majesté de vous faire un aussi grand saint que je le souhaite.

  • Saint Clément Ier

    Lettre de saint Clément aux Corinthiens, 45-50 :

    Vous rivalisez d'ardeur, frères, dans les choses du salut. Vous vous êtes longuement penchés sur les Écritures saintes, qui sont véridiques, qui nous viennent du Saint-Esprit Vous savez quelles ne contiennent ni injustice, ni fausseté. Vous n'y trouverez pas que des justes aient été chassés par des hommes pieux. Les justes ont été persécutés, mais par des pécheurs ; emprisonnés, mais par des impies ; lapidés, mais par des méchants ; mis à mort, mais par des hommes remplis d'une honteuse et criminelle jalousie. Ces souffrances, ils les ont endurées glorieusement.

    Que dire en effet, frères ? Est-ce par des hommes craignant Dieu que Daniel a été jeté dans la fosse aux lions ? Ananias, Azarias et Misaël, est-ce par des serviteurs doués au service inestimable et glorieux du Très-Haut, qu'ils ont été jetés dans la fournaise ardente ? En aucune façon. Qui donc les traitait de la sorte ? Des individus odieux, remplis de toute espèce de malice, et qui excitèrent leur rage jusqu'à livrer aux tortures des serviteurs de Dieu, saints et irréprochables, ignorant que le Très-Haut protège et défend ceux qui servent son saint nom en toute pureté de conscience. A Lui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

    Quant à ceux qui ont souffert avec confiance, la gloire et l'honneur ont été leur héritage, Dieu les a exaltés et les a inscrits dans le livre, pour y conserver leur mémoire aux siècles des siècles. Amen.

    C'est à ces exemples que nous devons, nous aussi, adhérer, frères. "Attachez-vous aux saints, car en s'attachant à eux on se trouve sanctifié " Et dans un autre endroit : " Tu seras pur avec le pur, élu avec l'élu, mais rusant avec le fourbe" (Ps 17, 26-27). Attachons-nous donc aux hommes purs et justes, car ce sont eux qui sont les élus de Dieu. Que signifient parmi vous les querelles, les éclats, les dissensions, les schismes et la guerre ? N'avons-nous pas un seul Dieu, un seul Christ, un seul esprit de charité répandu sur nous, une seule vocation dans le Christ ? Pourquoi déchirer et écarteler les membres du Christ ? Pourquoi vous révolter contre votre propre corps ? en venir à ce point de démence d'oublier que nous sommes membres les uns des autres ? Souvenez-vous des paroles de Jésus, Notre Seigneur : "Malheur à cet homme! Mieux vaudrait pour lui n'être pas né que de scandaliser un seul de mes élus ! Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une pierre à moudre et être précipité dans la mer que de pervertir un seul de mes élus" (Mt 26, 24 ; Lc 17, 2).

    Or, votre schisme en a perverti beaucoup, il en a jeté beaucoup dans le découragement, beaucoup dans le doute, nous tous dans la tristesse !
    Et votre querelle se prolonge !

    Reprenons la lettre du bienheureux Apôtre Paul. Que vous a-t-il écrit dans les commencements de l'Évangile ? En vérité, il était inspiré par l'Esprit lorsqu'il vous a écrit au sujet de Céphas et d'Apollos, car à cette époque déjà vous formiez des partis ; mais cela vous rendait alors moins coupables, car vos partis se formaient autour d'Apôtres autorisés ou d'hommes éprouvés par eux. Mais aujourd'hui voyez quels hommes vous ont troublés et comment se sont affaiblis votre charité fraternelle et le renom de sainteté qu'elle vous donnait.

    C'est une honte, bien-aimés, une honte par trop grande ; c'est indigne d'une conduite soumise au Christ qu'on raconte que l'Église de Corinthe s'est révoltée contre ses presbytres à cause d'un ou deux individus. Et le bruit n'en est pas venu seulement jusqu'à nous, mais aussi jusqu'à ceux qui ne partagent pas notre foi, de sorte que le nom du Seigneur est blasphémé à cause de votre folie, et que vous vous exposez vous-mêmes à des dangers.

    Faisons donc disparaître ce mal au plus vite, et jetons-nous aux pieds du Maître et supplions-le avec larmes de se montrer favorable, de nous réconcilier, de rétablir chez nous la pratique pieuse et sainte de la charité fraternelle. Car la charité est une porte de justice qui s'ouvre sur la vie, selon qu'il est écrit : "Ouvrez-moi les portes de justice, j'entrerai et je rendrai grâce au Seigneur. C'est ici la porte du Seigneur, c'est par elle que les justes entreront" (Ps 117,19-20).

    Beaucoup de portes nous sont ouvertes : celle de la justice est celle du Christ. Bienheureux ceux qui entrent et dirigent leur marche "dans la sainteté et la justice" (Lc 1, 75), et qui accomplissent sans désordre tous leurs devoirs !

    Quelqu'un est-il fidèle, capable d'exposer une connaissance, quelqu'un est-il sage dans le discernement des discours, ou chaste dans sa conduite ? Il doit être d'autant plus humble qu'il paraît plus grand, et chercher l'utilité commune de tous et non la sienne.

    Les sommets où nous porte la charité sont ineffables. La charité nous unit à Dieu, "la charité couvre une multitude de péchés" (1 P 4, 8). La charité supporte tout, la charité est longanime ; rien de mesquin dans la charité, rien d'orgueilleux. La charité ne fait pas de schisme, ne fomente pas de révolte ; elle accomplit toutes choses dans la concorde ; c'est la charité qui fait la perfection de tous les élus de Dieu ; sans la charité, rien n'est agréable à Dieu. C'est dans la charité que le Maître nous a tirés à lui ; c'est à cause de la charité qu'il a eue pour nous, que Notre Seigneur Jésus-Christ a donné son sang pour nous, selon le dessein de Dieu, sa chair pour notre chair, son âme pour nos âmes.

    Vous voyez, bien-aimés, combien la charité est chose grande et admirable, et il n'est pas possible d'en expliquer la perfection. Qui peut être trouvé capable d'y atteindre, sinon celui à qui Dieu en a fait la grâce ?

    Prions-le donc, et demandons à sa miséricorde d'être trouvés dans la charité, loin de toute acception de personnes, exempts de reproches. Toutes les générations, depuis Adam jusqu'à ce jour, ont passé, mais ceux qui ont été trouvés dans la charité par la grâce de Dieu demeurent dans le séjour des saints, qui se manifesteront lorsque apparaîtra le royaume du Christ. Il est écrit en effet : "Entrez dans vos chambres un instant, jusqu'à ce que soient passées ma colère et ma fureur ; et je me souviendrai d'un jour favorable, et je vous ferai remonter du tombeau" (Is 26, 20 ; Ez 37, 12).

    Heureux sommes-nous, bien-aimés, si nous accomplissons les commandements de Dieu dans la concorde de la charité, afin que nos péchés nous soient remis à cause de la charité. Il est écrit en effet : "Heureux qui est acquitté de son péché, absous de sa faute. Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute aucun tort et dont la bouche est sans fraude " (Ps 31,1-2).

    Cette béatitude s'adresse à ceux qui ont été élus de Dieu par Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

  • Sainte Cécile

    Le mercredi 20 octobre 1599, le cardinal [Sfondrate] commanda d'enlever le pavé aux abords de l'autel. On déblaya ensuite la terre qui se trouvait sous les dalles, et on dégarnit les fondations du mur qui fermait l'enceinte souterraine. Ce mur ayant été attaqué lui-même, et une ouverture pratiquée avec beaucoup d'efforts dans son épaisseur, les regards pénétrèrent enfin dans l'espace vide qui s'étendait sous l'autel. Deux sarcophages de marbre blanc, placés côte à côte, à 3 pieds au-dessous du sol, apparurent aux yeux de Sfondrate.

    Transporté d'une sainte joie, le cardinal songe à s'entourer de témoins respectables avant de procéder à l'ouverture des tombeaux. Il mande aussitôt l'évêque d'Isernia, vice-gérant du cardinal-vicaire; Jacques Buzzi, chanoine de la congrégation de Latran, et les Pères Pierre Alagona et Pierre Morra, de la Compagnie de Jésus. Ils arrivèrent bientôt accompagnés de plusieurs personnes de la maison du cardinal.

    Après une nouvelle reconnaissance des lieux, on s'empressa d'ouvrir le premier tombeau, celui qui se trouvait le plus près de l'entrée du souterrain. Les ouvriers ayant enlevé la table de marbre qui le recouvrait, on aperçut dans l'intérieur un coffre en bois de cyprès. Ce cercueil ne présentait aucune trace de serrure, et la planche du dessus n'était point fixée avec des clous. Elle était fort mince et retenue au moyen d'une coulisse, en dedans de laquelle on pouvait la faire aller et venir. Sfondrate et les assistants furent quelque temps incertains sur les moyens qu'il leur fallait prendre pour ouvrir cette arche sacrée, que déjà tant d'indices leur désignaient comme celle-là même où reposait Cécile. Enfin le cardinal découvrit lui-même le moyen à employer, et de ses mains, tremblantes d'émotion, il enleva respectueusement le frêle obstacle qui dérobait la vue du corps de la vierge.

    Le moment fut solennel. Après huit siècles d'obscurité et de silence, Cécile apparaissait encore une fois aux yeux des fidèles du Christ, dans l'ineffable majesté de son martyre. C'était bien encore dans l'intérieur du cercueil l'étoffe précieuse, quoique un peu fanée par le temps, dont Paschal avait fait garnir les parois. Les siècles avaient respecté jusqu'à la gaze de soie que le pontife avait étendue sur les restes glorieux de Cécile, et à travers ce voile transparent, l'or dont étaient ornés les vêtements de la vierge scintillait aux yeux des spectateurs. (…)

    Mais qui n'eût aspiré à contempler de plus près la dépouille mortelle de l'épouse du Christ? Sfondrate leva enfin avec un profond respect le voile qui recouvrait le trésor que les mains d'Urbain et de Paschal avaient successivement confié à la terre, et les assistants eurent sous les yeux Cécile elle-même, dans toute la vérité de son sacrifice.

    Elle était revêtue de sa robe brochée d'or, sur laquelle on distinguait encore les taches glorieuses de son sang virginal; à ses pieds reposaient les linges teints de la pourpre de son martyre. Etendue sur le côté droit, les bras affaissés en avant du corps, elle semblait dormir profondément. Le cou portait encore les cicatrices des plaies dont le glaive du licteur l'avait sillonné; la tête, par une inflexion mystérieuse et touchante, était retournée vers le fond du cercueil. Le corps se trouvait dans une complète intégrité, et la pose générale, conservée par un prodige unique, après tant de siècles, dans toute sa grâce et sa modestie, retraçait avec la plus saisissante vérité Cécile rendant le dernier soupir, étendue sur le pavé de la salle du bain. On se croyait reporté au jour où le saint évêque Urbain avait renfermé dans l'arche de cyprès le corps de Cécile, sans altérer en rien l'attitude que l'épouse du Christ avait choisie pour exhaler son âme dans le sein de son Epoux. On admirait aussi la discrétion de Paschal qui n'avait point troublé le repos de la vierge, et avait su conserver à la postérité un si grand spectacle.

    (Dom Guéranger, Sainte Cécile et la société romaine, ch. 22)

    St-Cecilia.jpg

    On demanda au sculpteur Stefano Maderno d’immortaliser dans le marbre le corps de sainte Cécile tel qu’il était apparu. Ce fut le chef-d’œuvre de Maderno qui ensuite, éclipsé par le Bernin, se fit douanier… En réalité, si Maderno était très habile à reproduire ce qu’il voyait, le chef-d’œuvre est la sainteté de Cécile…

    sainte-cecile-trastevere.jpg

    sainte-cecile-trastevere-6.jpg

    sainte-cecile-trastevere-3.jpg

    C’est dans l’église Sainte-Cécile du Trastevere, construite sur la maison de la martyre au Ve siècle. Elle avait été rénovée au IXe siècle par le pape Pascal qui découvrit le tombeau après une vision. L’église a été refaite à l’âge baroque, mais on a gardé la mosaïque qui représente le Christ avec sainte Cécile, d’autres saints, et le pape saint Pascal représenté (à gauche) avec une auréole carrée, ce qui montre que la mosaïque a été réalisée de son vivant.

    sainte-cecile-trastevere-2.jpg

  • Présentation de la bienheureuse Vierge Marie

    L’intitulé grec de cette fête est « Entrée au Temple de Notre Dame la Très sainte Mère de Dieu ». Elle a été introduite dans l’Eglise latine via Chypre et Avignon, avant d’être supprimée par saint Pie V puis rétablie par Sixte Quint qui ne garda quasiment rien de l’office et de la messe promulgués par Grégoire XI.

    Voici le doxastikon byzantin (la fin du lucernaire des vêpres), par Dimitrios Papagiannopoulos, qui a été protopsalte à Jérusalem et l’a donc chanté sur les lieux mêmes, puis par le chœur byzantin d’Agrinio, enfin par le célèbre Théodoros Vassilikos (un peu trop recherchée et tarabiscotée à mon goût, mais quand même vocalement superbe). On peut trouver d’autres interprétations en tapant Μετὰ τὸ τεχθῆναί sur Youtube.

    Δόξα Πατρὶ καὶ Υἱῷ καὶ Ἁγίῳ Πνεύματι. Καὶ νῦν καὶ ἀεὶ καὶ εἰς τοὺς αἰῶνας τῶν αἰώνων. Ἀμήν.
    Μετὰ τὸ τεχθῆναί σε, Θεόνυμφε Δέσποινα, παρεγένου ἐν Ναῷ Κυρίου, τοῦ ἀνατραφῆναι εἰς τὰ Ἅγια τῶν Ἁγίων, ὡς ἡγιασμένη. Τότε καὶ Γαβριὴλ ἀπεστάλη πρὸς σὲ τὴν πανάμωμον, τροφὴν κομίζων σοι. Τὰ οὐράνια πάντα ἐξέστησαν, ὁρῶντα τὸ Πνεῦμα τὸ Ἅγιον ἐν σοὶ σκηνῶσαν. Διὸ ἄσπιλε ἀμόλυντε, ἡ ἐν οὐρανῷ καὶ ἐπὶ γῆς δοξαζομένη, Μήτηρ Θεοῦ, σῷζε τὸ γένος ἡμῶν.

    Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.
    Après ta naissance, divine Fiancée, tu fus présentée au Temple du Seigneur pour être élevée dans le Saint des saints, comme vierge sanctifiée; alors Gabriel fut envoyé auprès de toi, la tout-immaculée, pour te porter la nourriture d'en haut; toutes les puissances des cieux s'étonnèrent de voir l'Esprit Saint élire en toi son logis. Vierge sans souillure ni péché, glorifiée sur terre comme au ciel, sauve-nous tous, ô Mère de Dieu.

  • Saint Félix de Valois

    saint-felix-de-valois.jpg

    Vitrail de Notre-Dame de Paris

    Deus, qui beátum Felicem Confessórem tuum ex eremo ad munus rediméndi captívos cǽlitus vocáre dignátus es : præsta, quǽsumus ; ut per grátiam tuam ex peccatórum nostrórum captivitáte, eius intercessióne, liberáti, ad cæléstem pátriam perducámur. Per Dóminum.

    O Dieu, qui, par une inspiration céleste, avez daigné appeler votre bienheureux Confesseur Félix, de la solitude du désert à l’œuvre du rachat des captifs ; faites, s’il vous plaît, que son intercession nous obtienne de vous la grâce d’être délivrés de l’esclavage de nos péchés, et de parvenir à la patrie céleste.

    L’Oraison propre met en relief deux actes de sa vie : son séjour dans la solitude et le rachat des captifs, et nous en fait l’application pratique : Puissions-nous être délivrés de la captivité de nos péchés et conduits dans la céleste patrie. Ainsi la liturgie insiste sur une pensée qui lui est chère à la fin de l’année ecclésiastique (voir les deux fêtes de Dédicace et aussi l’oraison de demain).

    Dom Pius Parsch

  • Saint Pontien

    Le pape Pontien fut condamné aux mines de Sardaigne (mines de plomb, ou d’argent) en 235 par l’empereur Sévère Alexandre. Il y mourut au bout de trois mois, d’où son titre de martyr. En même temps que lui avait été condamné à la même peine l’anti-pape Hippolyte. Ce dernier, prestigieux théologien originaire d’Alexandrie et disciple d’Irénée, s’était opposé au pape Callixte au point de fonder sa propre Eglise (et d’écrire contre Callixte un pamphlet qu’on a retrouvé en 1842 et qui a permis de comprendre à quel point c’était Callixte qui avait raison). C’est dans les mines que Hippolyte s’est réconcilié avec Rome, c’est-à-dire avec le pape qui avait démissionné. D’où une double première : celle d’un pape qui démissionne, et celle d’un anti-pape canonisé (cas resté unique). Les dépouilles des deux martyrs, morts à peu près en même temps des mêmes épreuves, furent rapidement rapatriées à Rome, sous le pape Fabien, et tous deux furent d’abord honorés conjointement le 13 août, avant que leurs fêtes soient séparées.

    L’esprit humain est naturellement porté à désirer, pour accomplir le bien, des circonstances solennelles, glorieuses, où l’on peut prendre des poses tragiques et faire des gestes grandioses. L’Esprit de Dieu veut au contraire que nous accomplissions toujours, même les plus héroïques sacrifices, avec simplicité, naturel et humilité. Considérons ce saint Pape qui, exilé de Rome, démissionnaire de ses sublimes fonctions, condamné aux travaux forcés dans les mines de Sardaigne. Épuisé finalement par les mauvais traitements subis, y meurt après trois mois seulement de séjour, ayant bu jusqu’à la dernière goutte l’amer calice du martyre. En succombant, il a certainement touché, comme Celui dont il avait été vicaire, le fond de l’humiliation ; mais grâce à ces souffrances, Pontien est devenu un glorieux martyr et la fin du schisme lui est due.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Primo dierum omnium

    Screenshot_2018-11-17 Suchergebnis.jpg

    Ici « commencent les hymnes qu’appelle le cycle de l’année », nous dit le Breviarum franconicum du XIIe siècle (bibliothèque de la cathédrale de Cologne). Car c’est l’hymne des matines du dimanche : « Au premier de tous les jours, où paraît le monde créé… » Mais nous avons du mal aujourd’hui à lire un texte plein d’abréviations et qui ne va jamais à la ligne (il y a toutefois un point à la fin de chaque strophe, et une majuscule rouge pour commencer la suivante.)

    Voici cette hymne, qu’on dit le plus souvent de saint Grégoire le Grand, avec sa « traduction » par Lemaistre de Sacy pour les Heures de Port-Royal.

    En dessous, bréviaire de Paris du XIIIe siècle (BNF).

    Primo diérum ómnium,
    Quo mundus exstat cónditus
    Vel quo resúrgens Cónditor
    Nos morte victa líberat,

    En ce premier des jours où l'air, la terre et l'onde
    De rien furent tirés,
    Où Jésus triomphant du fier prince du monde
    Des chaînes de la mort a les liens délivrés,

    Pulsis procul torpóribus,
    Surgámus omnes ócius,
    Et nocte quærámus Pium
    Sicut prophétam nóvimus;

    Bannissons le sommeil dont le charme agréable
    Nous flatte et nous séduit,
    Et suivons d'un grand roi l'ardeur infatigable,
    Qui cherche et trouve Dieu dans l'horreur de la nuit.

    Nostras preces ut áudiat,
    Suamque dextram pórrigat,
    Et expiátos sórdibus
    Reddat polórum sédibus ;

    Implorons de sa grâce et de sa main puissante
    L'inébranlable appui,
    Afin que l'âme faible en ses maux languissante
    Par lui pure ici-bas règne au ciel avec lui.

    Ut quique sacratíssimo
    Hujus diéi témpore
    Horis quiétis psálJimus,
    Donis beátis múneret.

    Attirons dans nos cœurs une riche influence
    De son divin amour
    En chantant nos saints airs dans ce profond silence
    Au temps le plus sacré de tous les temps du jour.

    Jam nunc, patérna cláritas,
    Te postulámus áffatim,
    Absit libído sórdidans,
    Et omnis actus nóxius.

    Ô Jésus du Très-Haut la splendeur et la force
    Nous recourons à toi.
    Bannis du vice impur l'enchanteresse amorce,
    Et règle tous nos sens au compas de ta loi.

    Ne fœda sit vel lúbrica
    Compágo nostri córporis,
    Per quam Avérni ígnibus
    Ipsi cremémur ácrius.

    Éteins ce feu brutal qui nos corps déshonore,
    Et nous rend criminel.
    Feu qui dans d'autres feux traînant ceux qu'il dévore,
    Change un plaisir d'une heure en des maux éternels,

    Ob hoc, Redémptor, quǽsumus
    Ut probra nostra díluas,
    Vitæ perénnis cómmoda
    Nobis benígne cónferas;

    Garde, divin Sauveur, d'un piège si funeste
    Les membres de ton corps,
    Verse en nous ces grands dons par qui ton bras céleste
    Soutenant tes guerriers de faibles les rend forts,

    Quo carnis actu éxsules,
    EfFécti ipsi cǽlibes,
    Ut præstolámur cérnui,
    Melos canámus glóriæ.

    Afin que l'âme pure, étouffant par ta crainte
    Les attraits de ses sens,
    Rende son humble hommage à ta majesté sainte,
    Et relève ta gloire en l'ardeur de ses chants.

    Præsta, Pater piíssime,
    Patríque compar únice,
    Cum Spíritu Paráclito
    Regnans per omne sǽculum. Amen.

    Accomplis nos désirs, grand Dieu, Père adorable,
    Fils, Verbe égal à lui,
    Esprit, amour des deux, dont l'empire ineffable
    Aux siècles éternels sera tel qu'aujourd'hui.

    Screenshot_2018-11-17 Bréviaire de Paris, noté Calendriers Première partie.png

  • Saint Grégoire le Thaumaturge

    saint-grc3a9goire-le-thaumaturge.jpg

    Saint Grégoire le Thaumaturge dans le Ménologe de Basile II.

    Pendant la persécution de Dèce, vers 250, saint Grégoire se cacha pour aider ses ouailles de Néocésarée qui étaient presque toutes de nouveaux convertis. Puis il y eut la peste. Puis il y eut l’invasion des Borades (?) et des Goths, vers 254. Après cette invasion il écrivit une lettre pour indiquer aux prêtres comment ils devaient procéder avec ceux qui étaient tombés dans divers péchés. On remarquera les diverses catégories de pénitents, selon la gravité de leurs péchés, et saint Grégoire précise in fine leur place dans l’église : les pleurants restent dehors, les prosternés sont à l’intérieur, les auditeurs sont également à l’intérieur mais debout, et ces deux catégories sortent avec les catéchumènes après les lectures. Puis il y a les assistants, qui assistent à toute la messe, et enfin les fidèles qui peuvent communier. C’est le 11e et dernier canon, qui paraît-il n’est pas authentique, mais qui est bien pratique pour s’y retrouver…

    I

    De ceux qui pendant l'incursion ont mangé des aliments impurs et du sort des captives violées par les barbares.

    Les mets sacrificiels ne nous sont pas un poids sur l'âme, vénéré père, si des prisonniers ont mangé ce que leurs maîtres leur ont servi; d'autant plus, que tout le monde est d'accord, que les barbares, qui ont fait l'incursion dans nos contrées, n'offrent pas de sacrifice aux idoles; l'apôtre d'autre part dit : "les aliments sont faits pour le ventre et le ventre pour les aliments; or, Dieu détruira ceux-ci comme celui-là"; et le Sauveur aussi, qui a purifié tous les aliments "ce n'est pas ce qui entre dans la bouche, dit-Il, qui souille l'homme, mais ce qui en sort".

    Quant au fait du viol des femmes captives, du corps desquels les barbares ont abusé, si la conduite de l'une ou l'autre avait auparavant été déjà critiquée, "parce qu'elle se laissait entraîner par les regards pleins de désirs impurs" comme dit l'Écriture, elle sera évidemment suspectée d'avoir aussi commis la fornication au temps de sa captivité et il ne faut pas admettre facilement de telles personnes à la communion. Tandis que si quelqu'une, après avoir vécu dans l'extrême chasteté et témoigné d'une vie antérieure pure et exempte de tout soupçon, venait à subir une insulte à sa vertu sous la violence et la contrainte, nous avons pour son cas l'exemple donné par le Deutéronome, à propos de la jeune fille qu'un homme a rencontré dans la campagne et lui faisant violence, coucha avec elle : "vous ne ferez rien à la jeune fille, dit-il, elle n'a point commis de faute digne de mort, car son cas est comme celui d'un homme, qu'un autre a attaqué à l'improviste et lui ôta la vie; la jeune fille a crié, mais il n'y avait personne pour la secourir".

    II

    Contre la cupidité.

    Lire la suite

  • Sainte Gertrude la Grande

    A l'élévation de l'hostie, comme elle offrait à Dieu son cœur si près maintenant de mourir au monde, elle demanda au Seigneur, par sa très sainte Humanité, de rendre son âme pure et libre de tout péché, et par sa très haute Divinité de l'orner de toutes les vertus; enfin elle le pria, par l'amour qui avait uni la Divinité suprême à la très sainte Humanité, de daigner la disposer à recevoir ses faveurs. Aussitôt le Seigneur parut ouvrir de ses deux mains son divin Cœur, l'appliquer et l'unir avec un amour inexprimable au cœur de celle-ci, ouvert de la même manière devant lui; la flamme de l'amour divin, s'échappant de la fournaise ardente du Cœur sacré, embrasa tellement cette âme bienheureuse qu'elle sembla se liquéfier et s'écouler dans le Cœur de Dieu. Alors, du milieu de ces deux cœurs, si heureusement appliqués l'un à l'autre, sortit comme un arbre d'une merveilleuse beauté : son tronc était formé de deux tiges, l'une d'or, l'autre d'argent, qui s'enroulaient admirablement comme les ceps d'une vigne, et s'élançaient à une grande hauteur. Ses feuilles brillaient et semblaient illuminées par les rayons du soleil : leur splendeur glorifiait l'éclatante et toujours tranquille Trinité, et procurait à tous les habitants du ciel un bonheur ineffable. Le Seigneur disait : « Cet arbre a germé par l'union de ta volonté à la mienne. » La tige d'or figurait la Divinité, et la tige d'argent l'âme unie au Seigneur.

    Comme elle priait pour les personnes qui lui étaient recommandées, cet arbre parut produire des fruits auxquels les flammes de l'amour divin donnaient une couleur vermeille. Ces fruits s'inclinaient comme d'eux-mêmes, vers chacun de ceux pour qui elle priait, de sorte qu'ils pouvaient les cueillir par le désir et la dévotion, et en retirer un grand profit pour leur salut éternel.

    Le Héraut de l’Amour divin, V, 27.