In voluntáte tua, Dómine, univérsa sunt pósita, et non est, qui possit resístere voluntáti tuæ : tu enim fecísti ómnia, cælum et terram et univérsa, quæ cæli ámbitu continéntur : Dominus universórum tu es.
Tout est soumis à votre volonté, Seigneur, et nul ne peut lui résister, car vous avez tout créé, le ciel et la terre et toutes les choses qui sont comprises dans le cours des cieux ; vous êtes le Seigneur de l’univers.
(Par les moines de Kergonan)
Cette antienne d'introït est extraite de la prière de Mardochée, qui ne figure que dans le texte grec du livre d’Esther. C’est, dans cet Esther grec, le point central du livre, avec la prière d’Esther qui suit, car c’est l’annonce que la situation va se renverser, grâce à la prière que Dieu va exaucer (toutes choses étrangement absentes du texte hébreu).
Le texte de l’introït est une adaptation du début de la prière de Mardochée. Les premiers mots ont été retirés, ainsi que la proposition « si tu as décidé de sauver ton peuple Israël ». Il s’arrête à la fin de la première partie de la prière, qui est typique de la prière type d’intercession dans la Bible, avec la mention de la grandeur de Dieu et de sa toute-puissance, le rappel de ce qu’il a fait pour son peuple par le passé (ici ce n’est que par allusion), et une deuxième partie qui commence par « et maintenant », « maintenant aussi », en grec kai nyn. Une structure qu’on retrouvera dans la première prière chrétienne communautaire connue, celle des premiers disciples de Jérusalem, au chapitre 4 des Actes des apôtres, quand Pierre et Jean viennent d’être libérés bien qu’ils refusent de promettre de ne plus prêcher « en ce nom ». La prière commence de même par « Seigneur, tu es celui qui a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve ». Et après la citation d’un psaume et un bref rappel que ce psaume s’applique à Jésus, il y a le « kai nyn » : « Et maintenant, Seigneur, vois leurs menaces, et donne à tes serviteurs de dire ta parole en toute confiance »…
Voici la prière de Mardochée, dans la traduction de Fillion.
Seigneur, Seigneur, roi tout-puissant, toutes choses sont soumises à Votre pouvoir, et nul ne peut résister à Votre volonté, si Vous avez résolu de sauver Israël.
Vous avez fait le ciel et la terre, et tout ce qui est contenu dans l'enceinte du ciel.
Vous êtes le Seigneur de toutes choses, et nul ne peut résister à Votre majesté.
Vous connaissez tout, et Vous savez que si je n'ai point adoré le superbe Aman, ce n'a été ni par orgueil, ni par mépris, ni par quelque désir de gloire;
car volontiers, pour le salut d'Israël, j'aurais été disposé à baiser les traces mêmes de ses pieds.
Mais j'ai craint de transférer à un homme l'honneur de mon Dieu, et d'adorer quelqu'un en dehors de mon Dieu.
Maintenant donc, Seigneur roi, Dieu d'Abraham, ayez pitié de Votre peuple, parce que nos ennemis veulent nous perdre et détruire Votre héritage.
Ne méprisez pas ce peuple qui est Votre partage, que Vous avez racheté de l'Egypte pour Vous.
Exaucez ma prière, et soyez propice à une nation qui est Votre part et Votre héritage, et changez, Seigneur, notre deuil en joie, afin que pendant notre vie nous glorifiions Votre nom, et ne fermez pas la bouche de ceux qui Vous louent.