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Samedi de la troisième semaine de carême

Les deux lectures de la messe de ce jour forment un curieux parallèle. La première est l’histoire d’une femme vertueuse, Suzanne, qui est calomniée, condamnée à mort, sauvée in extremis par le jeune Daniel qui prouve la calomnie. La seconde est l’histoire d’une femme adultère condamnée à mort et sauvée par la miséricorde du Fils de Dieu. Au départ, deux situations opposées, à l’arrivée, le salut pour les deux femmes. Daniel a fait triompher la vérité, Jésus la miséricorde. Ce sont les deux faces de l’action divine, comme le dit le psaume 24 : « Universæ viæ Domini, misericordia et veritas ». Toutes les voies du Seigneur sont miséricorde et vérité.

Un autre point commun entre les deux lectures est que l’une et l’autre ne font pas partie initialement du livre où elles se trouvent.

L’histoire de Suzanne est un ajout grec au livre de Daniel. Il n’est pas admis comme canonique par les juifs. Dans la Septante il est même un livre à part, avant celui de Daniel (ce qui est chronologiquement logique puisque le prophète y est très jeune), alors que saint Jérôme l’a ajouté à la fin en appendice. Toutefois l’Alexandrinus (l’un des plus prestigieux manuscrits grecs de la Bible) inscrit ce livre comme la « première vision » (de Daniel). Le livre de Daniel proprement dit est annoncé comme « deuxième vision », et le livre de Bel et le Dragon, mis après Daniel et clôturant la Bible, comme « douzième vision ».

Quant à l’histoire de la femme adultère, on ne la trouve ni dans les deux plus anciens papyrus qui donnent l’évangile de saint Jean (P66 et P75), ni dans le Sinaiticus, ni dans le Vaticanus, ni dans le manuscrit C, ni dans l’Alexandrinus (où il manque cependant presque tout le chapitre 8, bien au-delà de la femme adultère). Elle ne figure donc dans aucun des « quatre grands onciaux », ni dans sept autres. Ni dans plusieurs vieilles latines, ni dans la tradition syriaque. Certains manuscrits l’ont dans l’évangile de saint Luc (« l’évangile de la miséricorde »…). Mais elle se trouve en saint Jean dans le manuscrit D, le Codex Bezae, qui est assez souvent différent des « grands onciaux » et qui est ici suivi par la Vulgate, donc la tradition latine, mais aussi par toute la tradition grecque.

La femme adultère a su se rendre indispensable à l’Evangile, et les derniers mots de Jésus sont bien ceux du Dieu de vérité et de miséricorde : « Moi non plus je ne te condamnerai pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

Wassilij_Dimitriewitsch_Polenow_005.jpg

Vassili Dmitrievitch Polenov, 1888 (la toile fait plus de 6 mètres sur 3).
Les non-russsophobes peuvent cliquer pour agrandir.

2880px-Christ_and_the_adulteress_by_Vasily_Polenov_in_the_State_Russian_Museum_IMG_4823.jpg

Commentaires

  • Quel contraste entre ceux qui sont paisiblement assis à écouter Jésus et la horde d'accusateurs traînant la femme adultère. Cette horde d'accusateurs qui traînera le Christ devant Pilate.
    Excellent avis: "Les non-russsophobes peuvent cliquer pour agrandir", j'en ris encore.

  • Je sais que notre hôte n'aime pas Thierry Meyssan mais sa dernière vidéo (Le Nouvel Ordre Mondial créé à l’occasion de la guerre en Ukraine) est assez passionnante. On y apprend que c'est le gouvernement de Kiev qui a déclenché le conflit dès le 18 février et que le boycott de tout ce qui est russe (du bortsch à Moussorgski en passant par Dostoïevski) fait partie du NOM qu'on veut nous infliger. C'est d'ailleurs du "wokisme".
    Je ne donnerai pas le lien pour ne pas heurter Daoudal. Le son est exécrable, une constante avec Meyssan.

  • "Moi non plus je ne te condamnerai pas."
    La Vulgate donne en effet le futur. Curieux. On est tellement habitués au présent...

  • Le futur est d'abord dans le texte grec.

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