Après le dimanche joyeux que nous venons de célébrer, les chants d’aujourd’hui nous frapperont par la mobilité des sentiments et des impressions. Alors que les premiers font entendre deux plaintes sorties de la bouche du Christ, nous chantons, à l’Offertoire, un joyeux cantique de Résurrection. Cette union de la Croix et de la Résurrection se retrouve aussi dans l’Évangile. Le Seigneur parle de la destruction et, en même temps, de la reconstruction du temple de son corps. La Croix et la Résurrection nous accompagnent constamment ; la sainte compassion et la sainte joie se complètent mutuellement.
Dans la semaine qui commence, nous verrons le thème de la Passion grandir sans cesse, sans que pour cela diminue la joie de la Résurrection. Cette disposition de l’Église doit être aussi celle de l’âme. Notre âme doit se lamenter avec le Sauveur souffrant et pleurer avec lui, mais, en même temps, elle doit tressaillir de joie à la pensée de son exaltation et de sa Résurrection. Bien plus, l’âme doit être à la fois crucifiée et glorifiée. « Avec le Christ, je suis attaché à la Croix. » C’est précisément par cette Passion terrestre que l’âme est glorifiée et participe à la Résurrection du Christ. Plus le temple terrestre de notre vie est détruit, plus s’élève le temple spirituel de l’âme. Le corps frémit et se plaint : « Ô Dieu, à cause de ton nom, donne-moi le salut, délivre-moi dans ta force, les ennemis se sont soulevés contre moi… » (Intr.). Mais l’âme glorifiée chante : « Tressaillez d’allégresse en Dieu, tressaille, terre entière, servez Dieu dans la joie » (Off.). Nous pensons à la Croix et à la Résurrection pendant chaque messe, pensons-y pendant toute notre vie.