Une longue réunion sur les lois sanctionnant le « blasphème » a eu lieu au Conseil de l’idéologie islamique (sic), organisme pakistanais officiel dont le rôle est de vérifier la compatibilité des lois présentées au Parlement avec la charia. A l’issue de la réunion, Allama Tahir Ashrafi, membre du dit Conseil et président du Conseil des oulémas du Pakistan, a annoncé que tous les membres du Conseil étaient tombés d’accord pour que soit voté au Parlement un amendement à la loi anti-blasphème, stipulant que… les fausses accusations de blasphème constituent un blasphème en soi et doivent donc être punies de la même façon que les blasphèmes contre le Prophète et le Coran, c’est-à-dire par la peine de mort…
« Cet amendement permettra de s’assurer que personne n’utilisera la religion à des fins personnelles », a souligné Allama Ashrafi, ajoutant ces nouvelles dispositions « réduiraient au silence par la même occasion les détracteurs de la loi anti-blasphème »…
« Je dédie cet amendement à tous ceux, y compris Salman Taseer et Shahbaz Bhatti, qui se sont battus pour la Vérité », a osé ajouter le président des oulémas. On rappellera que Salman Taseer et Shahbaz Bhatti ont été assassinés parce qu’ils se battaient contre la loi anti-blasphème…
Le pauvre Paul Bhatti trouve que cet amendement est « une bonne chose ». Certes, s’il était vraiment appliqué, il conduirait en fait à la quasi suppression des procès pour blasphème, puisque la plupart des accusations sont fausses, lancées par vengeance ou pour s’accaparer le bien du voisin chrétien. Et plusieurs affaires retentissantes de ce genre ont eu lieu récemment. Mais dans l’une d’elles, on a vu que l’imam qui avait porté la fausse accusation et s’en était publiquement vanté a été relaxé : lui-même et tous les témoins se sont finalement rétractés…
Bref, l’amendement ne servira à rien devant une justice gangrenée par l’islamisme. Et surtout on n’arrange pas les choses en ajoutant la peine de mort à une peine de mort illégitime.
Et pendant ce temps-là Asia Bibi est toujours en prison, condamnée à mort, dans l’attente d’un procès en appel qui ne vient pas.
Pour avoir une idée de ce qu’est le très officiel Conseil de l’idéologie islamique, on ajoutera qu’il est au centre d’une polémique pour avoir affirmé qu’en cas de viol un test ADN ne peut pas en soi désigner le violeur, puisque selon la charia il faut quatre témoins pour prouver un viol.
Le Conseil explique qu’on l’a mal compris. En fait, le test ADN peut être une preuve « supplémentaire », mais la première preuve nécessaire est celle des quatre témoins…