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Eglise - Page 282

  • Une précision

    Je me félicite du débat qui a eu lieu sur ce blog, suite à mon texte « Objection » sur la réception du document épiscopal sur l’immigration par le Salon Beige. Et je remercie Lahire et Michel Janva d’y avoir largement participé, avec toute leur pugnacité et leur force de conviction.

    Mais je voudrais préciser, une fois pour toutes, que je n’admets pas l’argument d’autorité par lequel on laisse entendre que ceux qui n’adhèrent pas à toutes les virgules d’un document émanant du Saint-Siège sont de mauvais catholiques, ou ne sont pas catholiques du tout.

    Fort heureusement, l’Eglise permet de discuter de très nombreuses questions, y compris théologiques (même quand elle y a répondu par un document), et il ne s’agit pas ici de théologie.

    Pour prendre un exemple simple et d’actualité, le Concile Vatican II, dans sa Constitution sur la liturgie, a défini les modalités d’une réforme liturgique. Ceux qui ont critiqué cette réforme, et n’ont pas obéi à Paul VI qui avait rendu obligatoires les nouveaux livres liturgiques, ne sont pas de mauvais catholiques, et ne sont pas excommuniés : la preuve en est qu’ils ont aujourd’hui le droit de célébrer selon la liturgie d’avant la réforme.

    Rappelons aussi que lorsque le pape Sixte Quint promulgua sa version de la Vulgate parce que l’édition traînait, il y eut de nombreuses critiques, et cette édition fut mise au pilon.

    Il serait fastidieux de faire la liste de décisions des autorités de l'Eglise qui ont ensuite été rapportées. Par exemple, pour nous rapprocher de la Doctrine sociale de l’Eglise, la condamnation de l’Action française.

    En ce qui concerne le regroupement familial, qui figure en effet dans le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, on peut constater que des références qui sont données, une seule l’évoque à proprement parler : c’est la Charte des droits de la famille, « présentée par le Saint-Siège » en 1983. En son article 12 et dernier. Or la seule référence qui est donnée pour cet article 12 est la Charte sociale européenne. Laquelle n’est pas un document du magistère. Si l’on cherche le degré d’autorité de cet article, le moins qu’on puisse dire est qu’il ne se situe pas très haut.

    (On remarquera en passant que l’article 12 parle des « travailleurs émigrés », non de tous les migrants.)

    L’Eglise ne demande pas une soumission servile à tout ce qui émane du Saint-Siège. Encore moins, naturellement, à tout ce qui émane des évêques.

    La seule règle est la liberté des enfants de Dieu, dans la lumière de la foi et le respect des personnes.

    In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas.

    Un « enseignement » qui ne concerne pas la foi et qui apparaît pour la première fois en 1983 ne peut pas être « nécessaire ».

    NB 1 Au paragraphe 8 du Compendium est souligné ceci : « En étudiant ce Compendium, il sera bon d'avoir présent à l'esprit que les citations des textes du Magistère sont extraites de documents ayant des niveaux d'autorité différents. À côté des documents conciliaires et des encycliques figurent aussi des discours des Papes ou des documents élaborés par les Dicastères du Saint-Siège. Comme chacun le sait, mais il est bon de le souligner, le lecteur doit être conscient qu'il s'agit de différents niveaux d'enseignement. »

    NB 2 Les textes officiels de l’Eglise catholique qui engagent l’Eglise en tant que telle sont en latin. Il n’existe pas de texte latin du Compendium de la doctrine sociale, ni de la Charte des droits de la famille.

  • L’Eglise obligée de rembourser les contraceptifs...

    La Cour suprême des Etats-Unis a rejeté le recours des organisations religieuses (notamment catholiques) qui dénonçaient une loi de l’Etat de New York les obligeant à inclure les contraceptifs dans l’assurance maladie qu’elles fournissent à leurs salariés. Selon cette loi de 2002, tous les employeurs qui choisissent de fournir une assurance maladie à leurs salariés doivent s’assurer que cette assurance comprend le remboursement des pilules et autres contraceptifs. La Cour suprême de l’Etat de New York avait déjà donné tort aux organisations religieuses, en s’appuyant sur une décision de 1990 de la Cour suprême fédérale, mettant en avant, si l’on comprend bien, l’égalité de tous devant la loi... Les organisations religieuses ont le choix entre se plier à la loi de la culture de mort (comme elles le faisaient en attendant la décision) et ne plus fournir d’assurance maladie...

  • Les évêques et l’immigration

    L’épiscopat publie une « Déclaration à propos du projet de loi sur l’immigration », signée de Mgr Olivier de Berranger, président de la commission épiscopale pour la mission universelle de l’Eglise, et Mgr Claude Schockert, membre de la même commission épiscopale, « en responsabilité pour la pastorale des migrants ».

    Mais ce texte n’évoque pas le moins du monde la pastorale des migrants et la mission de l’Eglise envers les migrants. Il est tout entier une critique du projet de loi sur l’immigration.

    « Il ne s’agit pas de contester la responsabilité propre des pouvoirs publics dans la régulation des flux migratoires, pourvu qu’elle s’exerce en conformité avec le droit européen et international », affirme le texte. C’est pourtant ce qu’il fait, à partir d’un « principe » qui est un nouvel exemple de confusion entre le religieux et le politique : « Les chrétiens refusent par principe de choisir entre bons et mauvais migrants, entre clandestins et réguliers, entre citoyens pourvus de papiers et d’autres sans papier. Quels qu’ils soient, ils sont nos frères et sœurs en humanité. »

    En effet le chrétien, dans sa vie personnelle, ne choisit pas. Mais la nation a le devoir de faire la distinction entre clandestins et réguliers. Ou alors il faut supprimer toute règle de nationalité, et la nation elle-même. Et aussi le « droit européen et international » qui ne conteste nullement aux Etats de réguler l’immigration.

    La Déclaration ajoute à propos du partenariat euro-méditerranéen annoncé par Sarkozy : « Tant que cette vision solidaire ne sera pas clairement perçue et mise en œuvre, les mesures toujours plus restrictives prises à l’encontre des migrants apparaîtront comme des concessions à une opinion dominée par la peur plutôt que par les chances de la mondialisation. » Sic. Constater que la nation est en danger de submersion et de disparition en tant que telle, ce n’est qu’une coupable phobie. La vertu est de chanter les chances de la mondialisation...

    Les évêques signataires se prononcent enfin pour un droit sans limite au regroupement familial, et pour « un délai de recours suffisant pour le droit d’asile, composante inaliénable de l’héritage républicain ». Ainsi est-on passé de la parabole du bon samaritain, interprétée de façon erronée, à l’héritage républicain censé gouverner la pensée de l’Eglise.

    On constatera que ces évêques chargés de la mission de l’Eglise ne font aucune allusion à l’islam. Car il ne faut pas faire non plus de distinction entre immigrés chrétiens et immigrés de l’oumma. Il n’existe que « l’humanité », qui doit s’abandonner aux chances de la mondialisation...

  • Ils ne connaissent pas le latin…

    Le motu proprio sur la messe m’a fait découvrir une réalité hallucinante, incroyable. Je me demandais pourquoi on faisait tant de cas de la « formation » nécessaire des prêtres pour célébrer la messe de saint Pie V. Je ne voyais pas en quoi il y avait besoin d’une « formation » apparemment longue et complexe. Or c’est, paraît-il (je n’arrive pas à le croire), parce que les prêtres ne connaissent pas le latin.

    On m’avait déjà dit quelque chose comme cela. Je pensais que c’était une exagération, que cela voulait dire : « Il y a aujourd’hui des prêtres qui ne connaissent pas le latin. » Ce qui ne me surprenait pas, évidemment. Dans toute société il y a des infirmes et des déviants. Il y a toujours eu des prêtres indignes, il est logique qu’il y ait aujourd’hui des prêtres qui ne connaissent pas le latin.

    Mais ce que l’on me dit, et cela vient de personnes dignes de foi, c’est que LES prêtres, en France, ne connaissent pas le latin.

    C’est ahurissant. C’est autrement plus grave que le protocole de Londres. C’est comme si les Français ne connaissaient pas la langue française.

    Car enfin, le latin est la langue officielle de l’Eglise latine. Le texte officiel de la Sainte Ecriture est en latin. Le texte officiel de la messe est en latin. Le texte officiel de l’office divin est en latin, et le Concile Vatican II stipule que « les clercs doivent garder la langue latine » dans l’office divin. Et si le Concile a permis de donner « la place qui convient à la langue du pays dans les messes célébrées avec le concours de peuple », il souligne que « l’usage de la langue latine sera conservé dans les rites latins », que les fidèles, et non seulement les prêtres, doivent pouvoir dire ou chanter en latin certaines parties de la messe, et que le chant grégorien, qui est en latin, est « le chant propre de la liturgie romaine » et doit « occuper la première place »…

    A force de renier ce que le Concile a édicté (le concile dont ils prétendent se réclamer), ils en sont donc venus à ne plus connaître du tout le latin. Ils sont devenus étrangers à la langue de leur Eglise. Et ils ne peuvent donc pas non plus lire saint Augustin ou saint Thomas d’Aquin dans le texte. Ils sont prêtres, et ils n’ont pas la curiosité de savoir ce que disent dans la langue de leur Eglise les pères de leur Eglise. Sans parler des trésors de la poésie latine catholique, etc.

    Les prêtres melkites que je connais, qui sont arabophones (et qui parlent aussi le français, l’anglais…) connaissent parfaitement le grec ancien, et ont de solides notions de latin.

    Vraiment, je n’arrive pas à comprendre comment on peut être prêtre de l’Eglise latine et renier la tradition de cette Eglise au point de ne pas en connaître la langue.

    Mais puisqu’il en est ainsi, je suis bien obligé d’en prendre acte… et de prier pour qu’une telle incongruité, une telle impiété, prenne fin aussi tôt que possible.

  • Ils ont attendu deux ans

    Les derniers instants de Jean-Paul II furent son dernier enseignement, en acte, sur la culture de vie et la culture de mort. Il voulut montrer ce qu’était la juste position sur la « fin de vie ». Il avait refusé de retourner à l’hôpital où on aurait pu « prolonger » sa vie, et il a voulu mourir, face au monde entier, au Vatican, de façon naturelle.

    Sur le moment, je me suis dit que le pape allait encourir les critiques, d’une part des militants fanatiques de la vie qui sont en réalité favorables à l’acharnement thérapeutique même s’ils n’osent pas le dire, d’autre part des partisans de l’euthanasie qui montreraient que le pape a contredit tout ce qu’il enseignait aux autres en pratiquant finalement pour lui-même une forme d’euthanasie.

    L’émotion médiatique planétaire qui a suivi ne permettait pas de faire entendre la moindre critique.

    Ensuite, il aurait été contreproductif pour les partisans occultes de l’acharnement thérapeutique de critiquer le pape dont ils mettent en avant l’enseignement.

    Quant aux partisans de l’euthanasie, les voici enfin. Plus de deux ans après. Et pour que leur discours soit entendu, ils forcent le trait, ils inventent des diagnostics absurdes (il aurait pu vivre plusieurs années…) et des décisions aberrantes des médecins ou du pape lui-même (qui n’était plus alimenté, ce qui est évidemment faux).

    La polémique qu’ils lancent est abjecte, et il s’agit bien sûr d’une attaque contre l’Eglise et le christianisme.

    Néanmoins, si elle permet à certains de réfléchir en profondeur sur l’attitude concrète de Jean-Paul II face à l’acharnement thérapeutique, elle ne sera pas vaine.

  • Une grande et belle première

    Le quotidien Présent, dans son numéro d’hier, a eu raison de donner une large place à l’ordination d’un séminariste à Toulon, dans le rite traditionnel, par l’évêque de Toulon Mgr Rey, samedi dernier.

    C’est en effet un événement, car c’est la première fois depuis la révolution liturgique qu’un évêque diocésain, en France, ordonne un prêtre dans le rite traditionnel.

    J’avoue que je ne savais même pas que cela allait avoir lieu. On parlait surtout des ordinations de cinq séminaristes de l’Institut du Bon Pasteur par le cardinal Castrillon Hoyos à Bordeaux.

    On notera précisément la différence d’attitude entre Mgr Rey, qui procède lui-même à une ordination, avec toute la solennité requise, et le cardinal Ricard, qui assistait aux ordinations de Bordeaux en faisant savoir à la presse que c’était « par politesse ». Non pas par souci de communion, ni de façon fraternelle, mais « par politesse » mondaine.

    On n’est pas rendu...

    En attendant, et dans ces conditions, on ne peut que saluer le courage de Mgr Rey.

  • La Catho va former les imams...

    L’Institut catholique de Paris va former... les imams. Pour ce faire, sa faculté des sciences sociales et économique (Fasse) va lancer en janvier 2008 un diplôme universitaire de niveau licence intitulé « Religions, laïcité, interculturalité ». En plein accord avec l’archevêque de Paris, chancelier de la « Catho »...

    « Il s’agit d’une formation “sécularisante” : nous n’aborderons pas de problématiques théologiques », précise Olivier Bobineau, maître d’œuvre du contenu pédagogique de la formation. Ouverte prioritairement aux étudiants de niveau bac+2, elle vise notamment à compléter la formation religieuse des candidats à l’imamat, ou d’imams déjà en activité.

    Parmi les étudiants de ce DU, plusieurs devraient être issus de l’Institut de théologie de la Mosquée de Paris, partie prenante du projet avec l’Institut catholique. «On pourrait avoir dès janvier 25 étudiants de notre institut au sein de cette formation, prévoit Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée et président du Conseil français du culte musulman. «C’est une formation non religieuse, et nous avons souhaité bénéficier des bienfaits de l’expérience de la Catho de Paris dans le cadre d’un enseignement laïque », souligne Boubakeur.

    « Cette formation est une bonne chose », se réjouit Didier Leschi, chef du bureau des cultes au ministère de l’Intérieur. « Mon étonnement premier n’est pas que la Fasse , à la Catho de Paris, propose ce genre de formation, mais que l’université classique ait refusé d’assumer des formations sécularisées pour des responsables religieux en France. L’idéal aurait été qu’une université classique réponde à cette demande. Mais je précise que l’Institut catholique de Paris s’inscrit dans un système laïque. Et on avance avec ceux qui acceptent d’avancer. »

    En effet, Paris IV (Sorbonne), puis Paris VIII (Saint-Denis) ont refusé de former les imams. C’est donc l’Institut catholique qui le fera.

    Un institut catholique qui assure la formation « sécularisante » d’imams dans un cadre laïque... Il est difficile d’aller plus loin dans la confusion.

    Mais en clair, cela veut dire que l’Institut catholique, avec la bénédiction de l’Etat laïque, fait la promotion de l’islam. Un islam qui ignore ce que veut dire « laïque » et « sécularisant »...

  • L’obligation de l’alimentation des personnes en état végétatif

    A la suite de l’affaire Terri Schiavo, la Conférence épiscopale américaine avait demandé au Vatican la position officielle de l'Eglise catholique sur l'alimentation des personnes dans un état végétatif permanent. « Peut-on interrompre la nourriture et l'hydratation par voies artificielles à un patient en état végétatif permanent lorsque des médecins compétents jugent avec la certitude morale que le patient ne reprendra jamais conscience ? »

    La réponse de la congrégation pour la doctrine de la foi est « non » : « L'administration de nourriture et d'eau, même par des voies artificielles, est en règle générale un moyen ordinaire et proportionné au maintien de la vie. Elle est donc obligatoire dans la mesure et jusqu'au moment où elle montre qu'elle atteint sa finalité propre, qui consiste à hydrater et nourrir le patient. »

    La Congrégation rappelle que le patient en était végétatif permanent « est une personne avec sa dignité humaine fondamentale, à laquelle on doit donc procurer les soins ordinaires et proportionnés, qui comprennent, en règle générale, l'administration d'eau et de nourriture, même par voies artificielles ». Car  « si on ne leur administre pas artificiellement de nourriture ni des liquides, ils meurent »; or « la cause de leur mort n'est pas une maladie mais uniquement le fait de l'inanition et de la déshydratation ».

    Evoquant les cas exceptionnels où ce n’est pas possible (dans certaines régions isolées et pauvres), elle ajoute que ces cas « n'enlèvent rien au critère général selon lequel l'administration d'eau et de nourriture représente toujours un moyen naturel de conservation de la vie ».

    Soulignons que la loi française sur la fin de vie (loi Leonetti) est contraire à cet enseignement : dans ses motifs, elle assimile hydratation et nourriture non à un soin naturel mais à un « traitement » médical qu’on peut arrêter. C’est en cela qu’elle est, par la bande, une loi d’euthanasie. Nous étions peu nombreux à l’avoir remarqué, et les autorités catholiques étaient restées muettes ; les députés catholiques avaient voté la loi comme un seul homme. Deux ans après, Mgr Vingt-Trois a fini par s’en rendre compte (dans une remarquable déclaration commune avec le grand rabbin de Paris).

  • Béatification du P. Moreau

    Le Père Basile Antoine Moreau, fondateur de la congrégation de la Sainte-Croix , sera béatifié samedi au Mans, en présence du légat du pape le cardinal Marins, et de plus de 4.000 personnes, venues notamment d’Amérique du Nord.

    Le P. Moreau avait créé sa congrégation en 1837. Cinq ans plus tard, l’un de des premiers membres, le P. Edouard Sorin, fondait en Amérique, dans l’Indiana, l’université Notre-Dame du Lac.

    Cette université, qui a aujourd’hui 6.000 étudiants, vient de décider qu’une messe de saint Pie V serait célébrée sur le campus chaque dimanche à partir de cet automne.

  • Chrétienté-Solidarité au Liban

    (Communiqué de Chrétienté-Solidarité)

    Bernard Antony a conduit au Liban, du 3 au 10 septembre, un groupe d’une quinzaine d’amis dont deux prêtres, afin de manifester une fois encore l’amitié française et catholique pour ce pays meurtri.

    Ils ont rencontré de nombreux dignitaires religieux, évêques et supérieurs de couvents, maronites ou melchites (rite grec-catholique) et notamment l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Matar.

    426d17b8383a58ef90494e852a0226b4.jpgA Zahlé, ville importante de la Bekaa , de population entièrement melchite, ils ont été reçus par les dignitaires religieux, les élus locaux et les députés. Ils ont apporté les livres pour la bibliothèque française que l’on met en place dans le plus grand collège de la ville.

    Cela a donné lieu à une très émouvante réunion au cours de laquelle Bernard Antony a pris la parole, devant une grande assistance, rappelant combien l’humanité devait aux Phéniciens d’avoir donné l’alphabet d’où dérivent notamment l’alphabet hébreu, arabe, grec et latin ; de nous avoir donné le livre comme le rappelle le nom de la ville de Byblos.

    En cette occasion, leurs amis de Zahlé, Névine et Carlos Chahine Hajj, grands érudits de la culture orientale, ont évoqué admirablement les liens de leur ville avec le Père Emmanuel du Mesnil-Saint-Loup, inspirateur des frères Henri et André Charlier.

    Dans la région de Beyrouth, ils ont été reçus pour d’émouvants entretiens par les dirigeants des forces politiques nationales et chrétiennes qui refusent la mainmise irano-syrienne sur le Liban et ne plient pas malgré les assassinats du terrorisme.

    ed5261df5f8d5ce8993fdb97d52a9953.jpgIls ont écouté Samir Geagea, l’indomptable chef du Mouvement des Forces libanaises, ami de Bernard Antony depuis 1984, évoquant sans amertume et sans haine ses onze années de détention solitaire, privé de la lumière du soleil, dans une cellule ou plutôt une cage d’un deuxième sous-sol, mais vivant comme un ermite dans la luminosité de Dieu.

    La même émotion les a étreints lors des réceptions dans les demeures des deux branches de la famille Gemayel.

    a185db88aa4c3af3e6fe713fbd89c087.jpgSolange Gemayel, députée au Parlement, les a reçus comme de coutume avec une infinie gentillesse n’ayant d’égale que la détermination et le courage dont elle continue à faire preuve. Elle a, rappelons-le, perdu d’abord dans un attentat le 23 février 1980 sa petite fille âgée de trois ans, Maya, puis, deux ans plus tard son mari, Bechir Gemayel, qui venait d’être élu président de la république. Avec ses deux autres enfants Youmna et Nadim, elle a vigoureusement et longuement exprimé au groupe de Chrétienté-Solidarité leur volonté de continuer la lutte pour leur patrie et pour leur foi, alors que de graves menaces pèsent sur eux.

    Tout près de là, ils ont rencontré ensuite Amine Gemayel qui succéda à son frère Bechir à la présidence de la république et qui, l’an passé, a perdu son fils Pierre, député à la pointe du combat pour l’indépendance du Liban face à la Syrie, lui aussi assassiné. Amine Gemayel, à l’évidence miné par le chagrin, continue cependant à agir. Mais son fils Sami a repris le flambeau de Pierre et a subjugué le groupe par un exposé d’une grande clarté sur la politique qu’il entend impulser dans le parti Kataëb où il œuvre désormais, à son tour, au premier rang. Il a notamment développé sa vision très réaliste d’un Liban uni mais décentralisé en cantons chrétiens, druzes, musulmans bénéficiant d’une large autonomie.

    Dans une conversation particulière qui a suivi, Bernard Antony et Sami Gemayel ont défini les lignes d’une coopération militante.   

    L’audience accordée par Mgr Matar, ayant perdu jadis son frère et des proches dans les terribles massacres de Damour perpétrés par les Palestiniens qui entendaient s’emparer du Liban, a également été un moment de grande écoute. Rayonnant de foi, mais aussi à l’évidence un homme de très grande culture littéraire, historique et politique, l’archevêque de Beyrouth leur a exposé les difficultés de la mission des évêques pour que survive le Liban chrétien.

    f5cbc70b2cbe2ef48be0e7617e153f7b.jpgGrâce à d’influents amis dans l’armée libanaise, le groupe admirablement escorté a pu visiter le sud du pays, longeant longuement la frontière israélienne, autorisé même à accéder au légendaire château de Beaufort, ancienne forteresse des croisés mais toujours haut lieu stratégique majeur et enjeu de maints combats aux confins des frontières du Liban, de la Syrie et d’Israël, dominant la Galilée israélienne et aujourd’hui enfin tenu par l’armée nationale libanaise.

    En cette région dominée par le Hezbollah, Bernard Antony a eu la surprise de découvrir que presque rien ne subsistait des destructions causées par la guerre de 2006 avec Israël. Tout semble avoir été reconstruit.

    Enfin, à la vue des milliers de villas, souvent de véritables palais, que l’on continue à construire au fil des années, éclate la réalité de l’immense richesse financière de la bourgeoisie chiite.

    Ceux qui en cette occasion découvraient pour la première fois le Liban ont pu ainsi à leur tour mesurer l’étendue de la désinformation dans certains médias où l’on continue à perpétrer le mensonge, opposant la richesse chrétienne à la pauvreté musulmane. La vérité est que l’argent du pétrole coule à flots dans l’islam libanais, qu’il soit sunnite ou chiite, et que la misère, certes réelle, de certains quartiers musulmans de Beyrouth  ne s’explique que par l’égoïsme et des carences sociales.

    Le groupe de Bernard Antony a pu au contraire vérifier l’effort social immense en faveur des plus démunis, pour la scolarité des enfants, pour la santé, pour l’emploi, soutenu par les Eglises chrétiennes du Liban et notamment par les Maronites et les Melchites.

    Il a pu encore observer, comme en octobre dernier, la manière admirable dont les soldats français, sous l’égide de la FINUL , n’en œuvrent pas moins dans le cadre d’une mission floue et même quasi impossible, pour l’honneur de la France.

    Au final, Chrétienté-Solidarité, dont une grande partie du voyage a été rendu possible par le R.P. Naoum Atallah, ancien supérieur général des Pères lazaristes au Moyen-Orient, ami depuis très longtemps de Bernard Antony , prêtre débordant d’une extraordinaire vitalité au service de la charité, a conclu avec ce dernier un nouvel accord d’assistance pour des enfants en difficulté.

    Chrétienté-Solidarité entend ainsi, comme par le passé, œuvrer modestement mais concrètement pour le dernier pays d’Orient où les chrétiens n’ont pas été anéantis comme en Turquie, ou réduits en dhimmitude comme en Egypte ou en Syrie.

    Chrétienté-Solidarité obéit ainsi avec ferveur aux appels de Benoît XVI pour que survive en Orient un espace de liberté chrétienne et pour que l’on continue à requérir de l’islam le principe de réciprocité.

    Mgr Matar demande ainsi, comme Chrétienté-Solidarité, des églises en Arabie saoudite pour les centaines de milliers d’immigrés chrétiens qui risquent leur vie pour le port d’une croix ou pour la simple organisation d’une réunion de prière.