Les derniers instants de Jean-Paul II furent son dernier enseignement, en acte, sur la culture de vie et la culture de mort. Il voulut montrer ce qu’était la juste position sur la « fin de vie ». Il avait refusé de retourner à l’hôpital où on aurait pu « prolonger » sa vie, et il a voulu mourir, face au monde entier, au Vatican, de façon naturelle.
Sur le moment, je me suis dit que le pape allait encourir les critiques, d’une part des militants fanatiques de la vie qui sont en réalité favorables à l’acharnement thérapeutique même s’ils n’osent pas le dire, d’autre part des partisans de l’euthanasie qui montreraient que le pape a contredit tout ce qu’il enseignait aux autres en pratiquant finalement pour lui-même une forme d’euthanasie.
L’émotion médiatique planétaire qui a suivi ne permettait pas de faire entendre la moindre critique.
Ensuite, il aurait été contreproductif pour les partisans occultes de l’acharnement thérapeutique de critiquer le pape dont ils mettent en avant l’enseignement.
Quant aux partisans de l’euthanasie, les voici enfin. Plus de deux ans après. Et pour que leur discours soit entendu, ils forcent le trait, ils inventent des diagnostics absurdes (il aurait pu vivre plusieurs années…) et des décisions aberrantes des médecins ou du pape lui-même (qui n’était plus alimenté, ce qui est évidemment faux).
La polémique qu’ils lancent est abjecte, et il s’agit bien sûr d’une attaque contre l’Eglise et le christianisme.
Néanmoins, si elle permet à certains de réfléchir en profondeur sur l’attitude concrète de Jean-Paul II face à l’acharnement thérapeutique, elle ne sera pas vaine.