L’archevêque de Paris Mgr André Vingt-Trois et le grand rabbin de Paris David Messas signent une « déclaration commune juive-catholique » sur « le soin des malades en fin de vie ». Il s’agit des conclusions du groupe de réflexion constitué par le Consistoire de Paris et l’archevêché pour « faire une lecture commune » de la loi Leonetti du 22 avril 2005.
Ce document est sans doute l’un des plus clairs et des plus précis qui aient été publiés jusqu’ici sur l’euthanasie. C’est à lire et à conserver.
Tout en approuvant le principe général de la loi Leonetti (les actes médicaux « ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable »), et en expliquant ce que cela peut légitimement impliquer, les signataires pointent très précisément ce qui est inacceptable dans cette loi : la « réelle ambiguïté » concernant l’apport de nutriments (qui fait en réalité de cette loi une loi ouvrant la porte à une forme d’euthanasie, ce que nos évêques, dans un premier temps, avaient refusé de voir) : « Il n’y est pas précisé que pour les malades chroniques hors d’état d’exprimer leur volonté l’alimentation et l’hydratation par voie naturelle ou artificielle doivent être maintenues, même lorsque la décision a été prise de limiter les traitements médicaux proprement dits. » « Il convient que les instances compétentes favorisent et garantissent cette interprétation de la loi. »
« L’ambiguïté » n’en est pas une lorsqu’on se réfère à l’exposé des motifs du projet de loi. Il y est dit clairement que l’alimentation et l’hydratation font partie du traitement médical : l’interprétation des auteurs de la loi est donc exactement contraire à celle que la déclaration juive-chrétienne entend voir favorisée et garantie.
La loi Leonetti ne pourra être acceptable que si cette hypothèque est levée. La déclaration arrive bien tard, et il a fallu près de deux ans à une savante commission pour découvrir ce qui était évident à la première lecture. Mais mieux vaut tard que jamais. Le débat est désormais public.