Quelqu’un m’a prêté le numéro 61 (été 2007) de la revue Le sel de la terre, parce que j’y étais « mis en cause ».
Cela ne mériterait certainement pas le moindre commentaire, ni à plus forte raison la moindre réplique, si cette attaque ne révélait qui sont ces gens-là (cela dit pour ceux qui auraient encore besoin d’une telle révélation).
Je cite :
« Dès 2002, une offensive concertée avait été menée en ce sens par l’abbé Xavier Garban, de la Fraternité Saint-Pierre (dans le numéro 81 du bulletin Tu es Petrus), Hervé Kerbouc’h, plus connu sous le nom d’Yves Daoudal (dans le premier numéro de la revue Képhas) et Robert Chermignac (dans le numéro 124 du magazine La Nef. Tous les trois s’employaient à justifier la réunion interreligieuse d’Assise, en développant des arguments curieusement semblables. »
Hervé Kerbouc’h, plus connu sous le nom d’Yves Daoudal. Damned, me voilà démasqué. Les fins limiers du Sel de la terre ont trouvé mon vrai nom. C’est un exploit : il suffit de taper Yves Daoudal sur Google… et il se trouvait dans tous les numéros de La Pensée Catholique quand j’en étais le rédacteur en chef. J’ai déjà vu une telle « dénonciation » de mon « vrai nom » dans des écrits d’extrême gauche. Je ne sais toujours pas à quoi ça sert. J’aimerais seulement qu’on fasse au moins l’effort d’écrire correctement mon nom. C’est Kerbourc’h. (Quant à Daoudal, c’était le nom de jeune fille de ma grand-mère paternelle, qui était très fière que j’honore ainsi son père, et si j’avais pris un pseudonyme c’était pour ne pas gêner mon oncle qui était journaliste à la radio : voilà ce qui se cache sous ce très suspect usage d’un pseudonyme…)
Une offensive concertée. Mais je ne connais pas du tout l’abbé Xavier Garban, ni de Robert Chermignac (il ne m’étonnerait pas que ce dernier nom soit aussi un pseudonyme, resté impénétrable aux limiers du Sel de la terre…).
Dès 2002… justifier la réunion d’Assise. J’ai justifié la réunion d’Assise dès… la réunion d’Assise, en 1986.
L’occasion de l’attaque est ce que j’ai écrit à propos de la visite de Benoît XVI à la mosquée bleue. Je fais partie de ceux pour qui, « même s’ils ne le disent pas explicitement, le pape n’est pas seulement infaillible en certaines circonstances : il l’est toujours et partout. Il n’est d’ailleurs pas seulement infaillible, il est impeccable. Le critiquer c’est pécher. Le justifier – quoi qu’il ait pu faire - c’est être un bon catholique ». Il se trouve que j’ai écrit explicitement le contraire.
Tout est du même acabit. Ceux qui défendent Assise ou la visite à la mosquée accusent ceux qui contestent ces événements d’être de « mauvaise foi.
Eh bien je n’ai jamais fait cela, parce que ce n'est pas à ce niveau-là que se situe le débat.
Chez ceux-là, « le sentiment prend le dessus sur la réalité »… « Installés dans le sentimentalisme, les “ralliés“ en arrivent à tout juger de ce point de vue ».
Ah oui. Juste avant de mourir, l’abbé Luc Lefèvre avait écrit un article capital intitulé La théologie d’Assise. Il avait déjà écrit un article théologique sur la réunion d’Assise, et il projetait d’en écrire un troisième. Il s’agissait de théologie, il ne s’agissait pas de sentiments. Et si l’abbé Garban, Chermignac et moi-même sommes arrivés, sans nous connaître, aux mêmes conclusions, ce n'est pas par un commun sentimentalisme, c'est au terme d’une réflexion qui aboutissait à des conclusions voisines.
Il est évidemment inutile d’en discuter plus avant, quand on lit dans cet article du Sel de la terre (c’est l’argument unique qui est donné contre la réunion d’Assise et la visite à la mosquée) que « depuis maintenant 40 ans le Vatican, par son enseignement et sa pratique, incite à croire que toutes les religions seraient « plus ou moins bonnes et valables » et « plus ou moins agréables » à Dieu ». On appréciera les guillemets : ce sont des citations. De quels textes ? On serait bien en peine de les trouver. On ne voit pas très bien l’illustration de cela dans l’Angelus du pape, ce midi, par exemple…
Certes, ce n’est pas là du sentimentalisme. C’est un mensonge. Gravissime. Sans parler du niveau « théologique » d’un tel discours... Mais puisqu’on avait commencé par un jugement téméraire, un procès d’intention et une ridicule « dénonciation », on serait bien naïf de s’en étonner.