Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre et président du Conseil épiscopal Famille et Société, a pondu un texte très long et très filandreux intitulé Message aux catholiques après la loi sur le mariage et l'adoption. Tout n’est pas mauvais dans ce texte. Il y a d’abord le fait qu’il existe : l’épiscopat n’a pas tout à fait déserté. Il y a le fait que les manifestants ne sont pas désavoués… Mais on se demande parfois où l’on veut en venir. Comme il n’y a aucune critique des relations homosexuelles, mais un grand couplet à la Frigide Barjot sur le respect des homosexuels, et même la mise sur le même plan de la chasteté homosexuelle et de la chasteté hétérosexuelle, on finit par se demander contre quoi on se bat. D’autant que nous devons être une « communauté du oui au sein d’une société démocratique », et qu’il est question de « prolonger une réflexion citoyenne sur les conditions minimales qui permettent d'assurer la cohésion sociale et de construire un vivre ensemble harmonieux et respectueux de tous »… Même si nous sommes désormais « requis à adopter une nouvelle posture croyante au sein de notre société »… Sic.
Sur Radio Vatican, Mgr Brunin a été plus mauvais… ou simplement plus clair : « La mobilisation doit continuer, non pas sur le terrain politique, puisqu’un chrétien doit accepter dans un espace démocratique que la loi ne soit pas l’exact reflet de ses convictions ; mais la mobilisation doit se poursuivre sur le terrain de l’anthropologie. » Sic. Cette loi, dit l’évêque, ne reflète pas exactement les convictions du chrétien… Alors que tout simplement elle renverse l’ordre naturel de toute société humaine…
Et comme a réagi Maximilien Bernard sur Perepiscopus, bien évidemment la lutte contre cette loi est et demeure politique. Parce que dans un espace démocratique le chrétien a le droit de défendre ses convictions politiques, et qu’une loi est évidemment une affaire politique.
Maximilien Bernard fait bien de rappeler (une fois encore) la note doctrinale de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui affirme de façon éminemment politique :
« Lorsqu’on est confronté à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles, ou au fait d’assimiler juridiquement les unions homosexuelles au mariage, leur donnant accès aux droits qui sont propres à ce dernier, on doit s’y opposer de manière claire et incisive. Il faut s’abstenir de toute forme de coopération formelle à la promulgation ou à l’application de lois si gravement injustes, et autant que possible ne pas coopérer matériellement à leur application. En la matière, chacun peut revendiquer le droit à l’objection de conscience. »
Et « une loi inique est faite pour être abrogée », conclut à juste titre Maximilien Bernard, alors que des voix s’élèvent à l’UMP pour expliquer qu’on ne pourra pas revenir sur la loi. Derrière ces propos on entend le grand soupir de soulagement de ces politiciens qui sont bien contents que les socialistes aient fait ce qu’eux-mêmes n’osaient pas faire. Mais c’est une absurdité. Toute loi simplement votée par le Parlement peut être abolie par une autre loi votée par le Parlement. C’est la démocratie, comme dirait Mgr Brunin… La propagande qui se met en place est celle qui a déjà servi à sanctuariser la loi sur l’avortement. Mais la Pologne, par exemple, a montré qu’on pouvait parfaitement revenir sur une loi avorteuse. Et en ce qui concerne le soi-disant mariage des paires, la Californie a montré qu’on pouvait très bien abroger la loi.