A peine venait-on d’apprendre que la seule audience du pape à Washington était pour un « couple » homosexuel de ses amis, qu’un membre de la curie faisait son « coming out ». Par l’intermédiaire d’un groupuscule polonais de militants LGBT, qui publiaient une vidéo et un manifeste en dix points.
Dans le même temps, par un tir groupé, un journal italien et une revue polonaise publiaient des interviews de ce prêtre polonais de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui affirme vivre heureux avec un homme. Et ce midi il donnait une conférence de presse à Rome, dédiant son coming out « à la fantastique communauté gay, lesbienne et transsexuelle qui demande le respect mutuel des droits ».
Ce n’est évidemment pas par hasard que cela (comme la comédie pontificale américaine) se passe à la veille du synode : « Mon coming out doit être un appel au synode pour que l’Eglise arrête ses actions paranoïaques à l’égard des minorités sexuelles. »
Voici la traduction de ce qu’il dit sur la vidéo :
Mon nom est Krzysztof Charamsa. monseigneur Krzysztof Charamsa. Je suis membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi… secrétaire adjoint de la Commission théologique internationale. Je suis théologien, philosophe, je donne des cours de bioéthique à l’Université pontificale grégorienne… Je suis gay… J’aime notre pays, notre patrie, je suis un patriote… lorsque, au Parlement, dans ma patrie, quelqu’un peut débiner une personne homosexuelle en toute impunité, en toute impunité, et on ne lui coupe pas le micro… Si quelqu’un peut faire le tour de mon pays, comme le P. Oko, avec son théâtre de l’absurde, sa démagogie, ses idéologies, et le faire en toute impunité… [Le P. Dariusz Oko, professeur à l’Université pontificale de Cracovie, est connu pour son combat contre l’idéologie du genre.]
Lorsque quelqu’un devenant Président de ce pays peut impunément faire des insinuations sur les tenues inappropriées de mon groupe social (sic), et que le lendemain il ne s’excuse pas pour ses paroles… en toute impunité !
Quand l’ancien président, pendant cinq ans, n’a jamais rencontré de familles homosexuelles, pas même une demi-heure, pour les regarder dans les yeux. Et de les ignorer, impunément !
L’Eglise est silencieuse, affreusement silencieuse, et quand Dominique, de Biezun, se suicide parce qu’il ne peut plus supporter l’homophobie, la haine… L’Eglise garde le silence, et, de façon légaliste, laisse le tout devant un procureur. Quand l’Eglise devrait être une autorité morale, elle garde le silence. Cela signifie que nous avons atteint une crise croissante : hypocrisie, mensonge, insensibilité. Où est notre Evangile ?
Son manifeste en dix points est sans surprise. On y trouve toutes les revendications homosexuelles (et de l’idéologie du genre). Le point 4 énumère les documents « cruels et incompétents » que l’Eglise doit réviser : la déclaration Persona humana (1975), la Lettre sur la pastorale à l’égard des personnes homosexuelles (1986), les Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles (2003), le Catéchisme de l’Eglise catholique (n.2357-2359). On notera le point 9 : « Nous demandons que l’Eglise arrête sa persécution et ses crimes contre les homosexuels et cesse de commettre de tels actes à partir de maintenant. »
On peut se demander si Mgr Charamsa est sain d’esprit, quand on lit aussi dans l’édition polonaise de Newsweek qu’il dit : « Le clergé est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu’à la paranoïa car paralysé par le manque d’acceptation pour sa propre orientation sexuelle. » On croirait lire Charlie Hebdo.
Le Père Lombardi, qui ne chôme pas, a dû y aller de son couplet (en quatre langues) pour tenter de désamorcer la nouvelle bombe :
Mis à part le respect dû aux personnes, à leur vie privée et au débat socio-moral, une démarche aussi retentissante à la veille de l'ouverture du Synode est offensive et irresponsable. De fait, elle tend à opérer une pression médiatique sur l'assemblée synodale. Il est clair que Mgr Charamsa ne peut plus assumer son service auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi comme auprès des Universités pontificales. Quant aux mesures disciplinaires le regardant, elles relèvent de son évêque diocésain.
Mais le pape, lui, peut recevoir en unique audience (filmée) à Washington un ami homosexuel et son compagnon, et « une démarche aussi retentissante à la veille de l'ouverture du Synode » n’est pas « offensive et irresponsable »… Pauvre Père Lombardi...
N.B. - Selon le P. Lombardi, c'est donc la "démarche" de Mgr Charamsa qui est inacceptable, non le fait qu'il soit un prêtre homosexuel pratiquant. En outre elle est inacceptable parce qu'elle est "retentissante" et qu'elle a lieu juste avant le synode. On en conclut logiquement que si Mgr Charamsa n'avait pas fait cette démarche, ou si simplement elle n'avait pas été retentissante ou avait été faite à un autre moment, il aurait pu rester à la Congrégation pour la doctrine de la foi et dans les universités romaines... Interprétation qui découle du texte, et qui est conforme au fait que Mgr Ricca, le "prélat du lobby gay", est non seulement toujours le directeur de Sainte-Marthe mais a été promu "prélat" de la banque du Vatican.