Les membres de l’Assemblée d’Irlande du Nord doivent voter aujourd’hui des amendements à une loi sur la justice. L’amendement qui fait le plus débat est celui qui doit donner le droit d’avorter en cas de malformation grave du fœtus limitant l’espérance de vie du bébé.
Les évêques catholiques, unis, ont publié un ferme communiqué commun, dénonçant un amendement qui « permettrait le meurtre direct et intentionnel, jusqu’au moment de la naissance, d’un enfant à naître dont les conditions de vie sont limitées ».
Ils expliquent que cela « change radicalement la nature inhérente du droit à la vie, le faisant dépendre de la volonté d’une autre personne » : « avec le même diagnostic, certains enfants perdront leur droit à la vie et à des soins médicaux quand d’autres continueront à recevoir un traitement et des soins ».
Cet amendement « ne peut en aucun cas se concilier avec un engagement en faveur du principe moral universel du droit à la vie sur lequel l’existence réelle et le bien-être d’une société sont fondés ». Il impliquerait que « les membres de l’Assemblée estiment pouvoir comparer la valeur d’une vie par rapport à une autre ». Les évêques appellent donc les députés à « défendre la dignité, l’humanité, et le droit à la vie des enfants à naître avec des conditions de vie limitées, et à assurer aux mères enceintes rencontrant de telles situations traumatisantes le meilleur accompagnement possible, et tout le soin qu’une société qui soutient la vie peut prodiguer ».
Cet amendement a été en fait imposé par un récent jugement, dans un procès de la Commission des droits de l’homme d’Irlande du Nord contre le ministère de la Justice (dans le cadre de la pression permanente des lobbies internationaux de la culture de mort, et particulièrement d’Amnesty, pour la légalisation de l’avortement en Irlande du Nord). En décembre dernier, un juge a ainsi décidé que la législation de l’Irlande du Nord était en contradiction avec la Convention européenne des droits de l’homme et qu’il était nécessaire que la loi permette l’avortement en cas de viol et de grave malformation du fœtus. Le 25 janvier, le procureur général, John Larkin, a fait appel de ce jugement devant la Haute Cour. Mais le ministre de la Justice a ajouté l’amendement au projet de loi en cours.
Hier, John Larkin a demandé au ministre de la Santé de créer un groupe de travail pour examiner la question.
Et une fuite (manifestement voulue) a permis de connaître la lettre qu’il a envoyée à l’un des membres les plus connus de l’Assemblée, John Allister (président de la « Voix unioniste traditionnelle » et également député européen), disant que l’amendement ne lui paraissait pas compatible avec la convention des Nations Unies sur les droits des handicapés : « Prévoir une exception à la loi pénale pour anomalie fœtale potentiellement mortelle apporte aux enfants à naître diagnostiqués avec un tel handicap beaucoup moins de protection que ceux qui n’ont pas ce handicap ». Il souligne qu’en Espagne et en Autriche, le comité de l’ONU ad hoc a recommandé de supprimer toute distinction liée à l’avortement pour les fœtus handicapés. « Ces enfants qui sont condamnés à mort ou sont considérés comme indignes de vivre à cause de la nature de leur handicap » sont protégés par la convention de l’ONU autant que les autres, dit-il encore.
Aux dernières nouvelles l’amendement, quoique présenté par le ministre de la Justice en personne, ne devrait pas trouver de majorité.
Addendum
L’Assemblée a rejeté le droit à l’avortement des fœtus gravement handicapés par 59 voix contre 40, et la légalisation de l’avortement après viol ou inceste par 64 voix contre 30. Des détails chez Jeanne Smits.