Jacta cogitátum tuum in Dómino : et ipse te enútriet. ℣. Dum clamárem ad Dóminum, exaudívit vocem meam ab his, qui appropínquant mihi.
Jette ta pensée dans le Seigneur, et lui-même te nourrira. ℣. Tandis que je criais vers le Seigneur, il a exaucé ma voix pour me délivrer de ceux qui s’approchent (pour m’attaquer).
Le « corps » du graduel de cette messe fait directement écho à l’épître, quand saint Pierre dit : « omnem sollicitúdinem vestram proiciéntes in eum, quóniam ipsi cura est de vobis » (vous déchargeant sur lui de tous vos soucis, car c’est lui qui prend soin de vous). Le propos de l’apôtre est manifestement inspiré par le psaume (mais la deuxième partie fait aussi allusion à Sagesse 6,8).
Le corps du graduel ne garde que la première partie du verset 23 du psaume 54, dans la version du psautier romain, qui a « cogitatum » : a priori seulement « la pensée ». Mais dans le contexte il s’agit des soucis, des préoccupations, des inquiétudes : mérimnan, dit le grec, et dans le psautier gallican (celui de la Vulgate) le mot a été traduit par « curam » : souci, inquiétude.
Le « verset » quant à lui ne se trouve pas tel quel dans le psaume 54, quelle que soit la version. Il reprend des expressions des versets 17 à 19 de ce psaume, mais dans une version plus proche du psautier gallican que du psautier romain, et avec « dum clamarem » et « exaudivit » empruntés au psaume 4…
C’est une pièce joyeuse, parce que j’ai déjà jeté mes préoccupations dans le Seigneur et qu’il m’a exaucé (au passé, comme dans le psaume 4, alors que c’est au futur dans le psaume 54).
Par les moines de Silos :