Le Sacramentaire Léonien contient au moins huit messes pour la fête des martyrs Jean et Paul. Quelques-unes d’entre elles ne représentent que des formules de rechange pour le natale de plusieurs martyrs ; mais il en demeure encore assez pour nous autoriser à reconnaître dans ces prières le formulaire des deux synaxes festives qui se célébraient en ce jour au Vatican et sur le Cœlius.
L’introït est tiré du psaume 33 : « Nombreuses sont les tribulations des justes, mais le Seigneur les en délivre. Dieu garde chacun de leurs os, en sorte qu’aucun d’entre eux n’est brisé ». Ps. « Je bénirai le Seigneur en tout temps ; sa louange sera toujours sur mes lèvres. Gloire, etc ».
Le Seigneur permet que ses serviteurs soient exposés à de fortes épreuves afin de pouvoir les couronner ensuite d’une plus grande abondance de mérites. Quand les saints sont soumis à l’épreuve, ce n’est pas que Dieu les ait abandonnés, fût-ce un moment. Au contraire, il assiste au combat, et il tient pour ainsi dire en main une des extrémités de la chaîne qui lie les adversaires. Ceux-ci ne pourront se mouvoir qu’autant que le Seigneur le leur permettra.
Combien significative devait être cette antienne quand on la chantait près de la double fosse dans laquelle l’hypocrite politique impériale voulut dissimuler l’assassinat criminel des martyrs Jean et Paul ! Au contraire, le Seigneur se servait de l’hypocrisie des persécuteurs pour assurer à Rome chrétienne la possession des reliques sacrées des martyrs dans l’enceinte même de ses murailles auréliennes.
La collecte laisse entrevoir toute la popularité dont cette fête jouissait autrefois : « Faites, Seigneur, que nous soyons remplis de la double joie de cette grande fête, joie qui provient de la gloire des bienheureux Jean et Paul, qu’une foi identique et un même martyre rendirent doublement frères ».