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  • Tria sunt munera

    ℟.  Tria sunt múnera pretiósa, quæ obtulérunt Magi Dómino in die ista, et habent in se divína mystéria:
    * In auro, ut ostendátur Regis poténtia: in thure, Sacerdótem magnum consídera: et in myrrha, Domínicam sepultúram.
    ℣. Salútis nostræ auctórem Magi veneráti sunt in cunábulis, et de thesáuris suis mýsticas ei múnerum spécies obtulérunt.
    ℟.  In auro, ut ostendátur Regis poténtia: in thure, Sacerdótem magnum consídera: et in myrrha, Domínicam sepultúram.

    Ce sont trois précieux présents que les Mages ont offerts au Seigneur en ce jour-là, et ils ont en eux des mystères divins : dans l’or, afin que soit montrée la puissance du Roi, dans l’encens, considère le grand Prêtre, et dans la myrrhe, la sépulture du Seigneur. Les Mages ont vénéré l’auteur de notre salut dans la crèche, et de leurs trésors lui ont offert des formes mystiques de présents.

    Répons des matines. Le voici chanté par la Schola cantorum Coloniensis, mais avec comme verset

    Reges Tharsis et insulae munera offerrent : reges Arabum et Saba dona adducent.

    Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents : les rois d’Arabie et de Saba apporteront des dons.

    et avec la doxologie (Gloria Patri….).


    podcast

    Le voici dans l’antiphonaire de Salzinnes (XVIe siècle), avec le texte du bréviaire actuel, et un chant qui est une variante de celui de l’enregistrement.

    Screenshot-2018-1-7 Cantus Ultimus — Halifax (Canada), St Mary’s University - Patrick Power Library, M2149 L4 1554.png

  • La Sainte Famille

    Alors qu’il avait douze ans, il reste à Jérusalem. Ne le sachant pas, ses parents le cherchent avec inquiétude et ne le trouvent pas. Ils le cherchent parmi les proches parents, ils le cherchent parmi leurs compagnons de route, ils le cherchent parmi leurs connaissances, mais, parmi tous ces gens-là, ils ne le trouvent pas. Jésus est donc cherché par ses parents, son père nourricier qui l’avait accompagné quand il était descendu en Egypte, et pourtant ils ne le trouvent pas immédiatement dès qu’ils le cherchent. C’est qu’on ne trouve pas Jésus parmi ses parents et ses proches selon la chair. On ne le trouve pas chez ceux qui lui sont unis corporellement. Parmi les nombreux compagnons de voyage mon Jésus ne peut pas être trouvé.

    Apprends où ceux qui le cherchaient l’ont trouvé, pour que toi aussi qui le cherches avec Marie et Joseph tu le trouves. Et, le cherchant, dit l’Ecriture, « ils le trouvèrent dans le Temple ». Non pas n’importe où, mais dans le Temple. Et pas simplement dans le Temple, mais « au milieu des docteurs qu’il écoutait et qu’il interrogeait ». Toi aussi, cherche Jésus dans le Temple de Dieu, cherche-le dans l’Eglise, cherche-le auprès des maîtres qui sont dans le Temple et qui n’en sortent pas. Si tu cherches ainsi, tu le trouveras.

    De plus, si quelqu’un prétend être un maître et ne possède pas Jésus, il ne possède que le titre de maître et c’est pour cela qu’on ne peut pas trouver auprès de lui Jésus, Verbe de Dieu et Sagesse. « On le trouva, dit Luc, au milieu des docteurs. » D’après un autre passage de l’Écriture au sujet des prophètes, comprenez ce que veut dire ici : « Au milieu des docteurs. » « Si celui qui est assis, dit l’Apôtre, a une révélation, que le premier se taise. » Ils le trouvent « assis au milieu des docteurs », et non seulement « assis », mais « les interrogeant et les écoutant ». Maintenant encore, Jésus est ici : il nous interroge et nous écoute parler. « Tous étaient dans l’admiration», dit Luc. « Qu’admiraient-ils » ? Non pas ses questions qui pourtant étaient admirables, mais « ses réponses ». Interroger est une chose, répondre en est une autre.

    Jésus questionnait les maîtres, et comme de temps en temps ils ne pouvaient pas répondre, il répondait lui-même à ses propres questions. « Répondre » ne veut pas dire simplement que l’on parle après un autre, mais cela signifie, dans l’Ecriture sainte, un enseignement*, puisse la Loi divine te l’apprendre. « Moïse parlait et Dieu lui répondait par une voix. » Par ce genre de réponse le Seigneur apprenait à Moïse ce qu’il ignorait. Tantôt Jésus interroge, tantôt il répond et, comme nous l’avons dit plus haut, si admirables que soient ses questions, ses réponses sont plus admirables encore. Pour que nous puissions l’entendre nous aussi et qu’il nous pose des questions qu’il résoudra lui-même, supplions-le, employons, à le chercher, un effort intense et douloureux et nous pourrons alors trouver celui que nous cherchons.

    Ce n’est pas sans raison qu’il est dit dans l’Ecriture : « Ton père et moi nous te cherchions dans la douleur (dolentes). » Il faut en effet que celui qui cherche Jésus ne le fasse pas avec négligence et mollesse, d’une manière intermittente, comme le font certains qui le cherchent avec tous ces défauts et, pour ce motif, ne le trouvent pas. Pour nous, disons : « Nous te cherchons dans la douleur. »

    Origène, 18e homélie sur saint Luc

    * Notation qui intéressera ceux qui lisent la Sainte Ecriture en grec ou en latin. On trouve souvent le verbe « répondre », particulièrement dans les Evangiles, et concernant le Seigneur, alors qu’il ne « répond » à personne. Dans les traductions ce verbe est hélas remplacé par « dire » et le lecteur ne peut donc pas se demander pourquoi c’est le verbe « répondre » qui est utilisé. La première fois c'est dans l'évangile de l'Epiphanie: "responso accepto": les mages "ayant reçu en songe la réponse de ne pas retourner vers Hérode". Ils reçoivent une réponse alors qu'ils n'ont rien demandé. Il s'agit d'une communication divine, ce qui est souligné d'autre part par le passif.

    On remarquera que cette notation suit celle qui concerne le fait que Jésus est « assis ». Ce qui est également l’indication qu’un enseignement va être délivré. Origène n’y insiste pas, considérant sans doute que son auditoire le sait déjà.

  • La folie des grandeurs

    Le Figaro a publié une annonce de l’archevêché de Paris annonçant que « la messe solennelle de l’Epiphanie sera célébrée en la cathédrale de Paris ce dimanche 7 janvier 2018 à 18h 30 » et qu’elle sera « présidée par le cardinal Michel Aupetit, archevêque de Paris ».

    Il y en a qui ne perdent pas de temps. Michel Aupetit n’est même pas encore archevêque de Paris. Il ne le sera qu’à l’issue de la messe d’installation qui débutera tout à l’heure à 18h 30. (Ils font toutes les messes à 18h 30, maintenant ?)

    Et surtout il n’est évidemment pas encore cardinal…

    Mais je vois que dès sa nomination, le 7 décembre il était le « cardinal Michel Aupetit » d’après Radio Notre Dame*…

    Mais peut-être François a-t-il donné aux évêques le pouvoir de se faire cardinaux, dans le cadre de la nécessaire décentralisation de l’Eglise…

    Quant à moi j’ai eu une sublime messe de l’Epiphanie ce matin, à l’heure normale de la messe, le jour normal de l’Epiphanie. Sans (faux) cardinal, cependant…

    * L’article de Radio Notre Dame a toutefois été corrigé. Mais on le trouve toujours intact ici.

  • Montmartre sans croix

    Screenshot-2018-1-6 Quand la RATP efface la croix du Sacré-Cœur à Montmartre.png

    La croix surmontant le grand dôme du Sacré-Cœur a été effacée sur les nouveaux écrans des cabines rénovées du funiculaire. Comme un vulgaire pot de yaourt grec de Lidl…

    Mais on a ajouté une colombe…

    Comme si la colombe était le symbole de la guerre contre la croix…

    Screenshot-2018-1-6 Basilique_du_Sacré-Cœur_de_Montmartre_2 jpg (Image JPEG, 1793 × 1652 pixels) - Redimensionnée (58%).png

  • En Turquie

    Screenshot-2018-1-6 L’église orthodoxe bulgare ”Saint Stéphane” à Istanbul dans toute sa splendeur….png

    L’église bulgare Saint-Etienne d’Istanbul, dans le quartier du Phanar, a été entièrement restaurée. Les travaux, financés par la ville d’Istanbul, ont duré six ans et coûté près de 4 millions d’euros. Elle est connue aussi comme « l’église de fer », car elle fut construite en fer, il y a 120 ans, par un architecte autrichien, avec des éléments venus d’Autriche. Elle remplaçait « l’église en bois » construite après le firman du Sultan qui en 1849 permettait aux chrétiens de construire des lieux de culte.

    Elle rouvrira ses portes demain, au cours d’une grande cérémonie à laquelle participera l’actuel sultan, Recep Erdogan, avec des ministres, le Premier ministre bulgare, ainsi que le patriarche œcuménique Barthélémy et le patriarche bulgare Néophyte.

    L’événement est présenté par les médias turcs comme un exemple de la volonté du gouvernement de redonner tout leur lustre aux églises et synagogues historiques…

    On remarque aussi que la Bulgarie assure la présidence tournante du Conseil de l’Europe depuis le 1er janvier.

    A l’époque où l’église fut construite il y avait 50.000 orthodoxes bulgares à Istanbul. Il y en a tout au plus un millier aujourd’hui.

  • Epiphanie

    Voici un sublime enregistrement des pièces de la messe de l’Epiphanie, par les moines de Solesmes sous la direction de dom Gajard en 1969.

    INTROIT

    Ecce, advénit dominátor Dóminus : et regnum in manu ejus et potéstas et impérium.
    Deus, judícium tuum Regi da : et justítiam tuam Fílio Regis.

    Voici que vient le Seigneur Maître ; et le pouvoir est dans sa main, et la puissance et l’empire.
    O Dieu, donnez au roi votre jugement et au fils du roi votre justice.

    GRADUEL

    Omnes de Saba vénient, aurum et thus deferéntes, et laudem Dómino annuntiántes. Surge et illumináre, Jerúsalem : quia glória Dómini super te orta est.

    Tous ceux de Saba viendront, ils apporteront l’or et l’encens, et publieront les louanges du Seigneur. Lève-toi, et resplendis, Jérusalem ! Car la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.

    ALLELUIA

    Allelúia, allelúia. Vídimus stellam eius in Oriénte, et vénimus cum munéribus adoráre Dóminum. Allelúia.

    Allelúia, allelúia. Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus avec des présents adorer le Seigneur. Alléluia.

    OFFERTOIRE

    Reges Tharsis, et ínsulæ múnera ófferent : reges Arabum et Saba dona addúcent : et adorábunt eum omnes reges terræ, omnes gentes sérvient ei.

    Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents, les rois d’Arabie et de Saba apporteront des dons et tous les rois de la terre l’adoreront, toutes les nations le serviront.

    COMMUNION

    Vídimus stellam eius in Oriénte, et vénimus cum munéribus adoráre Dóminum.

    Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus avec des présents adorer le Seigneur.

  • On peut applaudir une femme qui tue un homme

    A partir de dimanche prochain, l’Opéra de Florence présente une nouvelle production de Carmen, de Bizet.

    L’action se passe au début des années 80 dans un camp de Roms méchamment évacué par la police.

    Jusque-là, rien d’étonnant. On peut seulement se demander pourquoi l’action ne se passe pas dans une communauté juive déportée par les nazis. Je suppose que c’est parce que ça a déjà été fait. Mais il est curieux de situer l’action dans les années 80 alors que la plus élémentaire créativité imposerait de la situer chez les migrants en 2017…

    Donc, aucune innovation de ce côté-là. Le dogme selon lequel le metteur en scène montre quelque chose qui n’a rien à voir avec l’opéra est respecté.

    Mais l’actualité est néanmoins illustrée, par la dernière scène. Il s’agit de l’actualité des « agressions sexuelles ». Et en ce temps où l’on dénonce partout les « violences faites aux femmes », il était impossible de représenter un opéra où l’héroïne est tuée par un homme…

    « On ne peut pas applaudir le meurtre d’une femme », dit le metteur en scène. Donc c’est Carmen qui va tuer don José. Parce qu’on peut évidemment applaudir le meurtre d’un homme… Lequel, à vrai dire, est complètement idiot, puisqu’au moment de mourir sous les coups de Carmen qui venge ainsi toutes les femmes « agressées », il dit aux policiers : « Vous pouvez m’arrêter. C’est moi qui l’ai tuée »…

  • Fake news

    L’annonce par Macron de la chasse aux fausses nouvelles, donnant aux juges le pouvoir de bloquer les sites internet, était vraiment incroyable, de la part du président d’un pays de liberté. Mais c’était… une fausse nouvelle.

    Comme par hasard, il s’agit d’une odieuse manipulation de RT-France, autrement dit des sbires de Poutine qui cherchent par tous les moyens à déstabiliser les Etats vraiment démocratiques.

    La preuve de la forgerie du Kremlin a été apportée par un journaliste qui se trouvait aux vœux de Macron. On en trouvera les éléments ici, avec le commentaire qui s’impose.

  • Trump

    Le 1er janvier, Donald Trump avait twitté :

    « Les Etats-Unis ont bêtement donné 33 milliards de dollars d’aide au Pakistan ces quinze dernières années, et ils [le pays] ne nous ont rien donné en retour, si ce n’est des mensonges et de la duplicité, prenant nos dirigeants pour des idiots. Ils abritent les terroristes que nous chassons en Afghanistan, sans grande aide. C’est fini ! »

    Hier, le Département d’Etat a annoncé que les Etats-Unis suspendaient leur assistance sécuritaire aux forces pakistanaises « jusqu'à ce que le gouvernement pakistanais ne prenne une action décisive contre les talibans afghans » dont le Pakistan est la base arrière.

    La porte-parole n’a pas précisé le montant de cette aide. Le 2 janvier, la représentante des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley, avait déjà annoncé que les Etats-Unis suspendaient leurs 225 millions de dollars d’aide militaire au Pakistan en raison du double jeu de ce pays.

    *

    Alors que « l'usage récréatif du cannabis » est légal en Californie depuis le 1er janvier (ce qui en fait le plus gros marché du monde), le ministre de la Justice des Etats-Unis Jeff Sessions a annulé hier cinq directives de l’ère Obama qui allégeaient l’application de la législation fédérale :

    « C'est la mission du ministère de la Justice d'appliquer les lois des Etats-Unis et les directives publiées précédemment affectent la règle de droit et la capacité de nos partenaires des forces de l'ordre au niveau local, des Etats, tribal et fédéral de mener à bien leur mission. »

    De ce fait, la loi californienne est illégale, comme celles des autres Etats où une loi analogue est en vigueur, et Jeff Sessions fait savoir aux procureurs fédéraux qu’ils peuvent agir comme ils l'entendent dans les territoires sous leur compétence.

  • Saint Convoyon

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    Illustration de Bue ar Zent (vie des saints) de l'abbé Perrot, 1912

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    Par Albert le Grand, dominicain de Morlaix (1637)

    Saint Convoyon, premier Abbé du devot Monastere de S. Sauveur de Rhedon, estoit issu de parens Nobles & Illustres : Son Pere s'apelloit Conon, Senateur, homme de grande autorité et credit dans le païs, descendu de la race des parens de S. Melaine, Evesque de Rennes. Il nasquit en la paroisse de Comblessac prés la Ville-de-Guer, Diocese d'Aleth, à present S. Malo, où ayant passé les années de son enfance, il fut envoyé à Vennes, lors une des plus renommées & florissantes Villes de Bretagne, à cause que les Lieutenants de l'Empereur Louys le Debonnaire (qui dés l'an 817 avoit mis les Bretons en son obeïssance, ayant assisté en propre personne aux Estats) y demeuroient avec leur Cour ; là il étudia aux Humanitez, Philosophie & Theologie, menant une vie modeste & exemplaire, s'éloignant des occasions d'offenser Dieu, fuyant les compagnies vicieuses, s'adonnant à l'Oraison, lecture des saints Livres & à aprendre le Chant pour servir à l'Eglise.

    II. Regnier (ou Regnauld), lors Evesque de Vennes, voyant les belles parties dont ce jeune homme estoit doué, le print en affection, & ayant reconnu qu'il estoit porté pour le service de l'Eglise, il luy confera les Ordres Mineurs & de Sousdiacre, lesquelles fonctions il exerça quelque temps, jusques à ce qu'estant parvenu à l'âge requis, il fut fait diacre par le mesme Prelat ; lequel connoissant son zele & erudition, luy enchargea l'Office de la Predication, le faisant Theologal de Vennes. Il commença donc à Prescher en la ville & aux champs, avec une ferveur extréme, reprenant le vice et persuadant la vertu, avec un grand fruit ; Estant Prestre, il contracta une sainte amitié avec cinq vertueux Clercs de l'Eglise Cathedrale de Vennes, trois desquels : sçavoir Condelok, Leomel & Winkalon, pour leur rare pieté, prudence & sçavoir, estoient fort bien venus & cheris de Neomene, Lieutenant de l'Empereur, & des Barons & Seigneurs du Païs. Ces saint personnages, considerans le peril auquel on est dans les villes, & au contraire le repos & tranquillité d'une vie retirée & solitaire, resolurent de quitter la ville & le monde, & de se retirer en quelque desert pour y servir Dieu en estant de plus grande perfection ; à condition que Convoyon (qu'ils nommerent tous unanimément) se voulût charger de leur conduite & direction.

    III.Son humilité luy fit refuser constamment cette superiorité, mais les instantes suplications des cinq Confreres le presserent d'y donner consentement, voyant la volonté de Dieu estre telle ; Ils se deffirent de leurs Prebendes & Benefices, & ayant receu le congé & benediction de leur Evesque, qui regrettoit extrémement la perte qu'il faisoit de ces saint Hommes, la fleur de ses Ecclesiastiques, mais n'osoit les divertir de leur sainte resolution, crainte de resister à la vocation divine, ils sortirent de Vennes, & allerent se rendre sur le bord de la Riviere de Villaines, en une Forest épaisse, lequel lieu trouvant propre à leur dessein (pour estre retiré & éloigné de toute hantise des hommes), ils resolurent de s'y habituer. C'est pourquoy ils allerent trouver le Seigneur de cette Forest, nommé Ratwilus, lequel leur ordonna un canton de la Forest nommé Rhedon, & congé de prendre des materiaux en la Forest tant qu'il leur faudroit pour l'edifice & accomodation de leur Monastere.

    IV. Cette permission obtenuë du Seigneur de la terre, S. Convoyon envoya à Vennes en obtenir le consentement & confirmation de Neomene, qui de bon cœur ratifia le tout au desir du saint, & luy donna autres revenus de son propre bien. Lors ils commencerent à se bastir l'an de grâce 826, ayans fait venir des ouvriers pour abattre du bois dans la Forest ; mais le diable, qui traverse perpetuellement les serviteurs de Dieu en leurs saints et pieux desseins, croignant ce qui arriva depuis, que ce lieu devint un Seminaire de saints Religieux qui lui feroient une guerre continuelle, incita quelques Seigneurs du Païs circonvoisin à s'oposer à l'establissement de ces bons Peres & à la construction de ce nouveau Monastere, pretendans ce lieu où ils bastissoient leur apartenir. S. Convoyon fut contraint d'avoir recours à son bien-faicteur Rathwilus, & au Lieutenant Neomene, vers lequel il dépescha le R. P. Lohemmellus à Vennes.

    V.Ces deux Seigneurs maintinrent les bons Peres en la possession & paisible jouïssance de la terre de Rhedon, & firent tant envers ces Seigneurs mal-contens, qu'ils desisterent de troubler les Religieux, & les laisserent en patience. Ils continuerent donc leur ouvrage, &, à l'aide des Païsans du voisiné, édifierent une petite Chappelle qu'ils dedierent à Dieu, sous l'invocation & patronage de S. Estienne premier Martyr, &, tout auprés, de petites Cellules en carré pour se loger, un petit Cloistre & quelques autres Officines. Le tout mis en estat, les Religieux s'y logerent & commencerent à mener une vie si sainte & admirable, que le bruit en vola en moins de rien, non seulement par la Bretagne, mais aussi jusques en Poictou, d'où un pauvre homme aveugle vint à Rhedon trouver S. Convoyon, disant avoir esté adverty par un Ange de le venir trouver pour recevoir de luy la veuë. S. Convoyon dit la Messe à son intention, puis luy faisant le signe de la Croix sur les yeux, luy rendit la veuë. Ce miracle ayant éclaté, plusieurs bons Prestres moyennez vinrent trouver le S. & luy demanderent humblement l'habit de la Religion, donnans leurs biens & revenus au Monastere, entre lesquels le premier fut un jeune Gentil-homme de grande maison nommé Winkalon, qui donna tout son patrimoine.

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