Il y a à Cordoue au moins neuf « triomphes de saint Raphaël », dont ces deux-ci : le plus modeste, sur le pont romain, et le plus haut et le plus décoré, près de la cathédrale, sans compter les statues à l’intérieur des églises. Car saint Raphaël est le « gardien de Cordoue ».
Il y a deux traditions qui se superposent. Selon la première, lors d’une terrible épidémie de peste, en 1278, le prieur du couvent de Notre Dame de la Merci, Simon de Sousa, priant instamment pour une intervention céleste, l’archange Raphaël lui apparut. Il lui dit d’aller voir l’évêque, Pascal, pour lui dire que s’il promettait d’installer une image de l’archange sur la tour de la cathédrale (qui était encore la mosquée une quarantaine d’années plus tôt) et d’instituer une fête annuelle en son honneur la peste se terminerait. Ce qui se produisit.
Il n’y a aucun document historique à l’appui de cette tradition, car la notice que l’on a sur Simon de Sousa ne mentionne ni la peste ni cet évêque.
Mais en 1578, exactement trois siècles plus tard, il y eut une autre peste à Cordoue. Saint Raphaël apparut à un prêtre, le père Roelas, à quatre reprises. Le théologien qu’il consulta lui dit que si l’apparition venait une cinquième fois, c’est qu’il s’agirait bien de saint Raphaël. Or l’archange apparut une cinquième fois, le 7 mai, et lui dit : « Je te jure, par Jésus-Christ crucifié, que je suis Raphaël, l’ange que Dieu a institué gardien de cette ville. » (C’est pourquoi l’église dédiée à saint Raphaël s’appelle « basilica del Juramento de San Rafael ».) Alors l’épidémie se termina. Et le 7 mai devint le jour de la fête de saint Raphaël, l’une des plus importantes fêtes de l’année, tant civile que religieuse.
La dictature de Paul VI a supprimé la fête du 7 mai.
Mais la dictature étant (déjà) miséricordieuse, elle a concédé qu’il y ait exceptionnellement à Cordoue une fête de saint Raphaël le 24 octobre, jour de sa fête dans le calendrier romain... que l'on supprimait en même temps pour tous les autres (on appréciera la cohérence). Les festivités cordouanes ont donc été transférées à ce jour. Et en 2007 Benoît XVI a permis à tout le monde de célébrer saint Raphaël.
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