La Hongrie célébrait hier le soixantième anniversaire du soulèvement antisoviétique de 1956. « Les peuples qui aiment leur liberté doivent sauver Bruxelles de la soviétisation, de ces gens qui veulent nous expliquer comment nous devons vivre dans nos propres pays », a notamment déclaré Viktor Orban. Mais cette phrase qui circule partout ne doit pas masquer le reste de son discours. Voici une traduction du compte rendu officiel de ce discours sur le site du gouvernement hongrois.
Dans son discours, le Premier ministre a dit que « c’est une vérité millénaire » qu’il doit y avoir « l’unité dans les choses importantes, la liberté dans les autres, et l’amour en toute chose ».
M. Orban a appelé le 23 octobre un « jour de fierté ». « Le lumineux souvenir d’octobre 1956 nous appartient à tous ; c’est un patrimoine commun qui élève et purifie, même après 60 ans. » « Nous avons à remercier les héros de 1956 pour nous avoir donné quelque chose dont nous pouvions être fiers – même pendant les heures les plus sombres de l’histoire hongroise. »
Dans son discours, le Premier ministre a souhaité une particulière bienvenue à l’invité d’honneur de la cérémonie, le président polonais Andrzej Duda, et a décrit l’amitié entre les peuples hongrois et polonais comme une « très ancienne amitié entre deux nations courageuses éprises de liberté ». En reconnaissance de ce fait, il a déclaré : « Dieu sauve la Pologne ! »
« Les Hongrois n’ont jamais renoncé à la liberté », a-t-il dit, soulignant que à Budapest en octobre 1956 « le cours de l’histoire a été inversé » et que, « au lieu de la révolution communiste mondiale qui était prophétisée, une révolution contre le monde communiste a éclaté ». Il a ajouté que « nous avons envoyé un message à l’Occident » : que l’Union soviétique était vulnérable, et que dans ce monde les seules étoiles permanentes sont celles du sommet des clochers.
Les Hongrois, a-t-il continué, ont survécu à l’occupation communiste et soviétique, et ils peuvent aujourd’hui se tenir « la tête haute, comme les fils et les filles, sûrs d’eux-mêmes, d’une Hongrie forte », ajoutant qu’ils ont renversé l’Etat du parti communiste, renvoyé les Russes chez eux, et débarrassé leur pays des « conséquences résiduelles de la dictature ».
Selon M. Orban, en 1956 le communisme – qui était considéré jusque-là comme inamovible – a subi une blessure dont il n’a pas pu se remettre ; mais après 1956 le régime et ses dirigeants ont « conclu un pacte avec le diable ».
Le Premier ministre a déclaré que personne ne connaît l’origine de la force des Hongrois et de leur capacité à attaquer à partir de nulle part, et « d’être capables tous les cent ans de faire un miracle, comme David avec sa fronde ». Il a suggéré que « peut-être nous possédons les mêmes connaissances que les Grecs il y a 2.500 ans, qui croyaient que le secret d’une vie heureuse était la liberté, et que le secret de la liberté est le courage ».
Les Hongrois ont une capacité naturelle pour la liberté, a-t-il dit, mais la liberté n’est pas un état auquel on aspire, c’est un mode de vie, « c’est comme nager : ceux qui arrêtent se noient ».
M. Orban a continué en disant que si une nation renonce à sa liberté, alors elle peut à tout moment devenir seulement une minorité. « Seule notre propre indépendance nationale peut nous sauver des appétits destructeurs et dévoreurs des empires », a-t-il dit, ajoutant que « la raison pour laquelle nous sommes restés en travers de la gorge de l’empire soviétique est que nous affirmions nos idéaux nationaux ».
Le Premier ministre a déclaré que c’est l’une des raisons pour lesquelles il est inacceptable que l’UE devienne un empire moderne, ou que l’alliance des Etats européens libres soient remplacée par des Etats-Unis d’Europe.
La tâche des peuples épris de liberté aujourd’hui est de sauver Bruxelles de la soviétisation, et de son « désir de décider à notre place avec qui nous devons vivre dans notre patrie ».
« Nous, les Hongrois, voulons être une nation européenne, et pas une minorité en Europe », a-t-il dit.
En tant qu’héritiers de 1956, a-t-il poursuivi, nous ne pouvons pas accepter que l’Europe puisse vouloir couper les racines qui ont fait notre grandeur et qui nous ont aidés à survivre à l’oppression communiste », ajoutant que « il ne peut pas y avoir d’Europe libre, forte, respectée, et ayant autorité, sans la force vitale des nations et la sagesse bimillénaire du christianisme ».
Le Premier ministre a également parlé du fait que, tous les trente ans, « l’histoire pousse la Hongrie au cœur des débats cruciaux sur l’avenir du continent. Ce fut le cas en 1956, quand les Hongrois ont voulu repousser le rideau de fer au-delà de leur frontière orientale, et en 1989, quand « nous avons dû ouvrir la frontière pour permettre aux Allemands de trouver un chemin vers d’autres Allemands »… Cependant qu’en 2015-2016 « nous avons été ceux qui ont dû fermer la frontière pour arrêter le flot de l’immigration venant du sud ». « Nous avons continué à faire notre devoir, alors même que nous étions attaqués par derrière, par ceux qu’en fait nous protégions », a déclaré le Premier ministre. Les Hongrois ont le courage de faire face à l’injustice, parce qu’elle ne dispense pas de faire son devoir, et par conséquent « l’Europe peut toujours compter sur nous ».
« Il y aura toujours des situations dramatiques, des adversaires puissants et de grands enjeux, mais ce n’est pas une raison pour succomber à la peur », a-t-il dit. « Nous ne devons pas céder aux terroristes qui déclarent la guerre au monde occidental, ni aux profiteurs qui envoient ici des gens à la recherche d’une meilleure vie en Europe, ni aux âmes naïves qui ne savent pas vers quel péril extrême elles poussent l’Europe, et elles-mêmes », a dit M. Orban.
Le Premier ministre a déclaré que la Hongrie a choisi la voie la plus difficile quand elle a « choisi ses propres enfants au lieu des immigrants, de créer du travail au lieu de la spéculation, d’obtenir l’autosuffisance au lieu de l’esclavage de la dette, et a choisi la protection des frontières au lieu de lever les bras en signe de reddition ».
M. Orban a également dit qu’il « ne peut y avoir de victoire sans élévation des cœurs », et que sans cela ce qui s’est passé en 1956 ne serait pas arrivé. « Indépendamment d’une prédominance politique, d’une majorité parlementaire ou d’une nouvelle Constitution, la victoire ne peut de nouveau être obtenue sans une élévation des cœurs, sans un éveil spirituel de la Hongrie et du peuple hongrois », a-t-il dit, ajoutant que c’est « une vérité millénaire » qu’il doit y avoir « unité dans les choses les plus importantes, liberté dans les autres, et l’amour en toute chose ».
Commentaires
Quel était LE SEUL président d'un autre pays pour commémorer la révolution anti communiste de 1956 à Budapest ??? ... Andrzej Duda le président polonais. Honte aux absents.
Ce soulèvement fut un évènement majeur de la seconde moitié du XX siècle. et une leçon de courage pour nos générations.
A cette occasion, le président polonais a prononcé un discours au cours duquel il a prononcé la phrase suivant : "Nous Polonais et Hongrois , savons combien coûtent la souveraineté et l'indépendance et nous ne nous les laisserons pas reprendre"... Le président Duda a également remarqué que cette expérience commune, du sang versé pour la liberté, particulière à la Pologne et à la Hongrie, n'est pas toujours bien comprise en Europe de l'Ouest... Suivez mon regard !
Visiblement tous les totalitarismes ne sont pas dénoncés avec la même vigueur.
http://www.polskieradio.pl/5/3/Artykul/1683780,Andrzej-Duda-na-Wegrzech-nie-damy-odebrac-sobie-suwerennosci
A propos, la mairie du XV arrondissement de Budapest (Nord) a inauguré le 20 octobre le buste d'Hannah Arendt et du très grand poète francophile polonais Zbigniew Herbert qui a écrit un poème poignant en 1956 sur le soulèvement de Budapest... Même si le buste d'Herbert est particulièrement peu réussit, l'intention est magnifique. Décidément les Hongrois sont incorrigibles.
http://dailynewshungary.com/busts-philosopher-hannah-arendt-poet-zbigniew-herbert-inaugurated-budapest/
Viktor Orban oublie de rappeler que l'occident en 1956 avait lâchement abandonné les Hongrois devant l'invasion des divisions blindées soviétiques et la sanglante répression qui s'en suivit. Seul Pie XII avait réagi avec force (plusieurs radio-messages d'octobre à décembre). L'ONU s'est écrasée devant le veto soviétique. On ne remet pas en cause les accords de Yalta de 1945 qui ont livré la moitié de l'Europe au dictateur Staline...
Staline est mort, le communisme de l'ex URSS, ce régime profondément anti-christique ne lui aura pas survécu longtemps, et pour cause.
Tout comme cette république, l'ont ne se relèvera pas si facilement du nouvel Edit de Nantes (ou d'ailleurs) qui distribuera des pans entiers du Royaume de France, occupé désormais par deux factions illégitimes et incompatibles entre elles : la république et l'islam qui est lui religion satanique.