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  • Orientation

    Conversio. Jésus, notre prêtre, se retourne, les bras ouverts, pour lui ouvrir Son cœur, vers le corps fait d’âmes dont Il convoie vers Son Père l’imploration. Ainsi fait Son représentant à la messe quand il se tourne vers le peuple en disant: Dominus vobiscum.

    Et à ce propos qu’il me soit permis d’exprimer mon peu de goût pour l’usage qui tend à s’établir, ou, paraît-il, à se rétablir, de dire toute la messe, face au peuple. J’y trouve un contresens liturgique. Le prêtre parle à Dieu au nom du peuple, il doit donc tourner le visage vers Dieu, de même que l’Eglise est orientée vers le Soleil levant. De temps en temps seulement il se retourne vers le peuple, comme pour lui dire de faire attention, pour l’associer à l’acte auguste qu’il est en train d’accomplir et pour lui dire : Respice in faciem Christi tui. La raison de la messe, ce n’est pas essentiellement le bien du peuple, c’est la gloire de Dieu. Il fallait trouver un moyen qui est celui de ces conversions répétées pour apporter et apporter encore l’assistance, à l’assistance pour la faire participer aux différentes phases de l’acte sacrificiel. De là l’importance de traduire par un mouvement physique les invitations rituelles.

    J’ai trouvé ce texte dans le livre de Paul Claudel sur le Cantique des cantiques (p. 409). A priori il ne fait que dire ce que nous pensons. Sauf qu’il a été écrit en… 1944. Indice parmi d’autres que non seulement « le Concile » n’a pas demandé de célébrer la messe à l’envers, mais qu’il n’y est même pour rien.

  • Le Cœur immaculé de Marie

    Acte de consécration des prêtres au Cœur immaculé de Marie, par Benoît XVI, le 12 mai 2010 à Fatima.

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    Mère Immaculée,
    en ce lieu de grâce,
    convoqués par l’amour de ton Fils Jésus,
    Grand et Eternel Prêtre,
    nous, fils dans le Fils et ses prêtres,
    nous nous consacrons à ton Cœur maternel,
    pour accomplir fidèlement la Volonté du Père.

    Nous sommes conscients que, sans Jésus,
    nous ne pouvons rien faire de bon (cf. Jn 15, 5)
    et que, seulement par Lui, avec Lui et en Lui,
    nous serons pour le monde
    des instruments de salut.

    Épouse de l’Esprit Saint,
    obtiens-nous l’inestimable don
    d’être transformés dans le Christ.
    Par la puissance même de l’Esprit qui,
    étendant sur Toi son ombre,
    t’a rendue Mère du Sauveur,
    aide-nous afin que le Christ, ton Fils,
    naisse aussi en nous.
    Que l’Église puisse ainsi
    être renouvelée par de saints prêtres,
    transfigurée par la grâce de Celui
    qui fait toutes choses nouvelles.

    Mère de Miséricorde,
    c’est ton Fils Jésus qui nous a appelés
    à devenir comme Lui :
    lumière du monde et sel de la terre
    (cf. Mt 5, 13-14).

    Aide-nous,
    par ta puissante intercession,
    à ne jamais trahir cette sublime vocation,
    à ne pas céder à nos égoïsmes,
    aux séductions du monde
    et aux suggestions du Malin.

    Préserve-nous par ta pureté,
    garde-nous par ton humilité
    et enveloppe-nous de ton amour maternel,
    qui se reflète en de nombreuses âmes
    consacrées à toi,
    devenues pour nous
    d’authentiques mères spirituelles.

    Mère de l’Église,
    nous, prêtres,
    nous voulons être des pasteurs
    qui ne paissent pas pour eux-mêmes,
    mais qui se donnent à Dieu pour leurs frères,
    trouvant en cela leur bonheur.
    Non seulement en paroles, mais par notre vie,
    nous voulons répéter humblement,
    jour après jour,
    notre « me voici ».

    Guidés par toi,
    nous voulons être des Apôtres
    de la Miséricorde Divine,
    heureux de célébrer chaque jour
    le Saint Sacrifice de l’Autel
    et d’offrir à tous ceux qui nous le demandent
    le Sacrement de la Réconciliation.

    Avocate et Médiatrice de la grâce,
    Toi qui es entièrement immergée
    dans l’unique médiation universelle du Christ,
    demande à Dieu, pour nous,
    un cœur complètement renouvelé,
    qui aime Dieu de toutes ses forces
    et serve l’humanité comme toi-même tu l’as fait.

    Redis au Seigneur
    cette parole efficace :
    « ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3),
    afin que le Père et le Fils répandent sur nous,
    comme dans une nouvelle effusion
    l’Esprit Saint.

    Plein d’émerveillement et de gratitude
    pour ta présence continuelle au milieu de nous,
    au nom de tous les prêtres,
    moi aussi je veux m’exclamer :
    « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 43)

    Notre Mère depuis toujours,
    ne te lasse pas de « nous visiter »,
    de nous consoler, de nous soutenir.
    Viens à notre secours
    et libère-nous des dangers
    qui nous menacent.
    Par cet acte d’abandon et de consécration,
    nous voulons t’accueillir de façon
    plus profonde et radicale,
    pour toujours et pleinement,
    dans notre existence humaine et sacerdotale.

    Que ta présence fasse refleurir le désert
    de nos solitudes et briller le soleil
    sur nos obscurités,
    qu’elle fasse revenir le calme après la tempête,
    afin que chaque homme voie le salut
    du Seigneur,
    qui a le nom et le visage de Jésus,
    réfléchi dans nos cœurs,
    pour toujours unis au tien !

    Ainsi soit-il !

  • 14e dimanche après la Pentecôte

    Ce dimanche est selon la façon traditionnelle de compter (hélas abandonnée en 1960) le 4e dimanche d’août. Dans le bréviaire monastique, comme avant 1960 dans le bréviaire romain, il y a au deuxième nocturne des matines une lecture qui est le début de l’exposition du « sens moral » du livre de Job par saint Grégoire le Grand. Voici ce texte dans la traduction du « sieur de Laval », pseudonyme de Louis-Charles d’Albert, duc de Luynes (1666).

    Il y avait dans la terre d’Hus un homme qui s’appelait Job. Puisque le nom de Job signifie : plein de douleur, et celui de Hus : plein de conseil, c’est avec raison qu’ils figurent l’un et l’autre chacun des élus ; d’autant que celui qui, ressentant de la douleur des choses présentes, aspire continuellement aux éternelles, habite sans doute dans une âme qui prend un salutaire conseil. Car il y a des personnes qui négligent de telle sorte le règlement de leur vie, que, ne recherchant que les seuls biens passagers et ne pensant pas seulement aux éternels ou les méprisant lorsqu’ils y pensent, ils n’en ressentent pas la moindre douleur et sont incapables de prendre quelque bon conseil et de former aucun dessein qui soit salutaire. Ils ne font nulle attention sur les biens célestes qu’ils ont perdus, et, misérables qu’ils sont en un état si funeste, ils s’estiment bienheureux dans la possession des biens de la terre. Ils n’élèvent jamais les yeux de leur âme vers la lumière de la vérité, pour laquelle la Bonté de Dieu les avait formés. Ils n’aspirent point par les élans de leurs désirs vers les joies ineffables de la céleste patrie, mais s’oubliant malheureusement eux-mêmes dans la jouissance de ces choses basses auxquelles ils se sont abandonnés, ils aiment ce lieu d’exil où ils ont été relégués comme si c’était leur véritable patrie, et se réjouissent dans les ténèbres de leur aveuglement déplorable, comme s’ils étaient éclairés de la plus brillante lumière.

    Les élus, au contraire, voyant que tout ce qui est passager n’est rien, n’aspirent qu’au bonheur pour lequel ils ont été mis au monde. Et comme hors de Dieu, rien n’est capable de les satisfaire, après s’être inutilement lassés dans la vaine recherche des biens périssables, toutes leurs pensées vont se reposer dans l’espérance et la contemplation de leur Créateur. Ils brûlent du désir d’être associés à la bienheureuse compagnie des célestes citoyens. Quoiqu’ils soient encore en ce monde, ils sortent néanmoins en esprit comme hors du monde. Ils déplorent continuellement le malheureux exil auquel ils sont relégués, et ils s’élèvent sans cesse par les élans de leur amour vers la sublime patrie.

    De sorte que, considérant avec douleur que ce qu’ils ont perdu est éternel, ils forment le conseil si salutaire de mépriser tout ce qui, étant sujet au temps, ne fait que passer ; et plus la lumière de ce divin conseil éclaire leur âme, pour lui faire abandonner les biens périssables, plus la douleur, dont ils sont touchés, s’accroît de ce que cette lumière et cette sagesse ne sont pas encore arrivées au comble de leur dernière perfection. Et c’est ce qui fait dire à Salomon : Celui qui augmente sa science augmente sa douleur (Eccl. 1,18) puisqu’il ressent d’autant plus de douleur d’être retenu dans les choses basses et terrestres qu’il connaît plus clairement les biens sublimes qu’il ne possède pas encore. C’est donc avec beaucoup de raison qu’il est dit ici que Job habitait dans la terre d’Hus ; puisque, ainsi que nous venons de le faire voir, l’esprit affligé de chaque élu est rempli d’un sage conseil et d’une science salutaire.

    Il faut aussi remarquer qu’il n’y a nulle peine et nulle douleur d’esprit dans les actions inconsidérées et imprudentes. Car ceux qui agissent sans conseil et sans prévoyance, et qui s’abandonnent aveuglément à la fortune et au hasard des événements, ne sont nullement tourmentés par l’inquiétude et par toutes ces différentes pensées qui fatiguent un esprit qui délibère. Mais celui qui fixe solidement son esprit par la maturité du conseil et de la raison s’observe avec circonspection et avec prudence dans toutes ses actions ; et de peur qu’il ne soit surpris par quelque événement inopiné et quelque obstacle imprévu, il examine d’abord la chose, en la sondant doucement par sa prévoyance, et comme avec le pied de sa pensée, afin que, lorsqu’il lui faudra agir, la crainte ne le retienne pas ; que lorsqu’il lui faudra différer, l’inconsidération ne le précipite point ; que dans le mal, la concupiscence ne le surmonte point à guerre ouverte et que la vaine gloire ne le fasse tomber dans des pièges secrets et cachés. Il est donc vrai de dire que Job habite dans la terre d’Hus lorsque l’esprit d’un élu est d’autant plus fatigué par le travail de marcher dans la voie étroite qu’il fait plus d’efforts pour se conduire en toutes ses actions avec conseil, avec prudence.

  • Le berger à la bergère

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    Robert Ménard, le maire de Béziers – et ancien secrétaire général de Reporters sans frontières – a fait placarder dans sa ville une affiche rappelant que Midi Libre, le seul quotidien régional, qui mène une campagne permanente contre sa municipalité, appartient au ministre Baylet, qui tient « tous les jours l’info en laisse ». L’affiche n’a pas plu à Baylet, comme on s’en doute, et il a fait signer par les journalistes de son quotidien un communiqué intitulé « Ménard calomnie la rédaction de Midi Libre ». Communiqué soulignant donc à quel point, si l’info est en laisse, ce sont les journalistes qui ont la marque du collier.

    La municipalité de Béziers a réagi, en soulignant que si cela se passait plus au sud, « un baron politique local propriétaire de l’unique quotidien tout en étant ministre à la capitale – on parlerait de république bananière ».

    La municipalité rappelle qu’au lendemain de l’attentat de Nice, Midi Libre, rendant compte de la manifestation devant l’Hôtel de Ville, n’a pas dit un mot du discours du maire, ni même mentionné sa présence, alors qu’on donnait la parole aux opposants. Qu’en juin, la ville avait perdu un procès contre une association d’aide aux clandestins et que cela avait fait la une de Midi Libre, mais qu’en juillet, quand la ville a gagné le second procès, il n’y a pas eu un seul mot dans le journal. Pas un mot non plus sur la messe de la feria, qui a rassemblé quelque 4.000 personnes.

    La municipalité signale aussi que sa campagne d’affiches a coûté 190 €, tandis que le groupe de presse de Baylet reçoit chaque année près de 2 millions de subventions de l’Etat, subventions votées par… Baylet quand il est député ou sénateur.

  • Mike Pence

    Mike Pence, choisi par Donald Trump comme candidat à la vice-présidence, actuellement gouverneur de l’Indiana, a un score de 100% dans le classement du Comité national du droit à la vie, et un score de 0% dans le classement du Planning familial. Interrogé par Fox News sur une loi de l’Indiana qu’il a signée cette année, interdisant l’avortement pour cause d’anomalie génétique, de race ou de sexe, il a déclaré : « Eh bien je suis pro-vie, et je ne vais pas m’en excuser. » Et d’ajouter : « J’aimerais voir l’arrêt Roe contre Wade annulé et jeté à la poubelle de l’histoire, qui est sa place. »

    Tel est son discours habituel, qu’il poursuit invariablement au cours de la campagne : « Je crois au caractère sacré de la vie, et je tiens à ce principe, et je suis honoré de me tenir au côté de Donald Trump dans son fort engagement pour le droit à la vie. »

    Mike Pence est naturellement accusé d’être un dangereux misogyne qui veut « faire retourner le pays à l’âge de pierre »…

  • Rien à voir avec l’islam

    Adel Kermiche, l'un des deux assassins du père Hamel, a été enterré hier soir dans le carré musulman du cimetière de Puiseux-Pontoise.

    Puisque, comme chacun sait, cet assassinat n’a rien à voir avec l’islam, voici donc désormais – ça manquait au palmarès – le carré musulman qui n’a rien à voir avec l’islam.

    Adel Kermiche ne sera donc pas enterré au Danemark. En effet, le « Fonds islamique danois pour les enterrements » avait proposé que le jihadiste soit enterré dans le cimetière musulman de Brondby. Car il est inadmissible que des musulmans refusent les rites funéraires à un musulman, disait le président du Fonds islamique danois.

    Etant bien entendu que le Fonds islamique danois n’a rien à voir avec l’islam, et pas davantage le cimetière musulman de Brondby que le carré musulman de Pontoise.

  • En Chine

    Les autorités communistes de la province chinoise de Zhejiang, qui s’étaient déjà distinguées dans la campagne de destruction des croix des églises, viennent d’interdire « toute forme d’activité religieuse » dans les hôpitaux. A savoir toute prière vocale et toute visite d’un ministre du culte.

    C’est dans cette province que se trouve Wenzhou, la capitale chrétienne de la Chine (jadis appelée la Jérusalem chinoise).

  • Sur l’agenda du pape

    15 août : comme l’an dernier il n’a pas célébré de grand messe.

    15-18 septembre. Le pape n’ira pas au congrès eucharistique italien.

    19 septembre. Il ira à Assise pour le 30e anniversaire de la réunion interreligieuse de Jean-Paul II. C’est l’imam de Pérouse (et Assise) qui l’annonce.

    31 août : participation au congrès mondial de cardiologie.

    1er septembre : François préside en la basilique Saint-Pierre les vêpres solennelles de la Journée mondiale de prière pour le soin de la création. Sic.

    30 octobre : voyage en Suède pour célébrer le 500e anniversaire de la Réforme luthérienne.

    En bref : on met la Sainte Vierge et l’Eucharistie au placard, au profit du dialogue avec l’islam, du protestantisme, du culte de la Terre et de la santé. Voir l'article d'Antonio Socci.

  • Saint Bernard

    Saint Bernard a bien mérité d’être appelé « le dernier des Pères de l’Eglise ». Car ses écrits sont de la même eau, ou plutôt du même vin, du même Esprit. Et il brille comme l’héritier à la fois d’Origène et de saint Augustin, seul de son espèce.

    En outre, le style de saint Bernard est une constante source d’émerveillement. Il peut écrire des paragraphes entièrement tissés de citations de l’Ecriture, et qui sont pourtant caractéristiques de sa spiritualité. Et il est un tel virtuose des parallèles, des oppositions, multipliant les assonances et les allitérations, que cela frôlerait parfois la préciosité si ce n’était au service d’une pensée aussi profonde, d’une exégèse aussi inspirée. Exemple célèbre, avec chiasme et double paronomase, comme disent les grammairiens : « Iesus mel in ore, in aure melos, in corde iubilus » (Jésus miel dans la bouche, dans l’oreille mélodie, dans le cœur jubilation : sermon 15 sur le Cantique).

    C’est pourquoi, si l’on connaît un peu de latin, il faut absolument lire saint Bernard dans le texte. Aucune traduction ne peut rendre compte de son génie de la langue latine, de son caractère éminemment poétique au service du Mystère.

    Quelques spécialistes ont étudié son style. Christine Mohrmann a montré que certains passages étaient de véritables poèmes, avec une métrique et des rimes. Ainsi la fin célèbre de la deuxième homélie « à la louange de la Vierge Mère » est-elle un hymne à l’Etoile de la Mer que l’on peut très facilement découper en vers :

    O quisquis te intelligis
    in huius saeculi profluvio
    magis inter procellas et tempestates fluctuare,
    quam per terram ambulare
    ne avertas oculos a fulgore huius sideris,
    si non vis obrui procellis !

    Ô qui que tu sois, qui te vois,
    dans les fluctuations de ce monde,
    ballotté au milieu des bourrasques et des tempêtes
    plutôt que marchant sur la terre ferme,
    ne détourne pas les yeux de l'éclat de cet astre
    si tu ne veux pas être submergé par les flots.

    Si insurgant venti tentationum,
    si incurras scopulos tribulationum,
    respice stellam,
    voca Mariam.

    Si se lèvent les vents de la tentation,
    si tu cours aux écueils des épreuves,
    regarde l'étoile,
    appelle Marie.

    Si iactaris superbiae undis
    si ambitionis,
    si detractionis,
    si aemulationis
    respice stellam,
    voca Mariam.

    Si tu es secoué par les vagues de l'orgueil,
    ou de l'ambition,
    ou de la médisance,
    ou de la jalousie,
    regarde l'étoile,
    appelle Marie.

    Si iracundia,
    aut avaritia
    aut carnis illecebra
    naviculam concusserit mentis,
    respice ad Mariam.

    Si la colère,
    ou l'avarice,
    ou les attraits de la chair
    ébranlent la nacelle de ton âme,
    regarde vers Marie.

    Si criminum immanitate turbatus,
    conscientiae foeditate confusus,
    iudicii horrore perterritus,
    barathro incipias absorberi tristitiae
    desperationis abysso
    cogita Mariam.

    Si troublé par l'énormité de tes fautes,
    accablé par la souillure de ta conscience,
    épouvanté par l'horreur du jugement,
    tu commences à sombrer dans le gouffre de la tristesse,
    dans l'abîme du désespoir,
    pense à Marie.

    In periculis,
    in angustiis,
    in rebus dubiis
    Mariam cogita,
    Mariam invoca.

    Dans les dangers,
    les angoisses,
    les doutes,
    pense à Marie,
    invoque Marie.

    Non recedat ab ore,
    non recedat a corde,
    et ut impetres ejus orationis suffragium,
    non deseras conversationis exemplum.

    Qu'elle ne quitte pas ta bouche,
    qu'elle ne quitte pas ton cœur.
    Et pour obtenir le secours de ses prières,
    ne t'écarte pas de l'exemple de sa vie.

    Ipsam sequens non devias,
    Ipsam rogans non desperas,
    Ipsam cogitans, non erras.

    En la suivant, impossible de s'égarer ;
    en la priant, de te décourager ;
    en pensant à elle, d'errer.

    Ipsa tenente non corruis,
    Ipsa protegente non metuis,
    Ipsa duce non fatigaris,
    Ipsa propitia pervenis.

    Ta main dans la sienne, pas de chute ;
    sous sa protection, pas de crainte ;
    sous sa conduite, pas de fatigue ;
    avec son appui, tu touches au but.

    Et sic in temetipso experiris
    quam merito dictum sit :
    Et nomen Virginis Maria.

    Et ainsi, en toi-même, tu expérimenteras
    comme est juste cette parole:
    Et le nom de la Vierge était Marie.

    (Traduction Sources chrétiennes)

  • Saint Jean Eudes

    L’intérêt, pour moi, de ces notes liturgiques quotidiennes, est que je découvre des saints que, sans cela, je n’aurais jamais cherché à connaître. Année après année, je les connais mieux. Il en est que j’apprécie de plus en plus, d’autres que j’aime de moins en moins. Au nombre de ces derniers est saint Jean Eudes. J’ai toujours eu en horreur son expression « Sacrés-Cœurs de Jésus et Marie », qui dénote une abyssale incompréhension du symbolisme de l’unique Sacré Cœur, et je suis chaque année plus atterré de voir cette expression reprise dans l’oraison de la messe.

    Si l’on peut comprendre cette expression, c’est seulement dans le cadre du sentimentalisme dégoulinant de la piété de saint Jean Eudes. Sentimentalisme qui va de pair avec son mépris de la liturgie (qui ne lui est pas propre mais est pire encore que celui dont témoignait avant lui sainte Thérèse d’Avila). Ainsi dans ses séminaires disait-on les vêpres et les complies à 14h et les matines à 17h45. Et dans l’emploi du temps détaillé on ne voit pas d’heure pour la messe…

    Cette année je tombe sur une lettre « à la Sœur Marie de Taillepied ». Elle commence ainsi :

    Au nom et de la part de Jésus qui est votre tout et le mien, ma très chère Sœur, en sa personne, en son esprit et en son amour, je vous donne pour ce mois et pour votre éternité la grande solennité de Jésus, que nous célébrons le vingt de ce mois.

    C'est une des trois grandes solennités qui se font continuellement dans le ciel. Si Notre-Seigneur vous y appelle bientôt, vous l'y ferez avec joie et grande réjouissance, pendant que nous la ferons ici-bas en douleur et en angoisse. Nous solenniserons, vous et moi, une même fête, mais hélas ! ce sera d'une manière bien différente.

    Je ne puis penser à ceci sans larmes et sans soupirs. Hélas ! qui ne soupirerait et ne pleurerait amèrement ? Je ne pleure point sur vous, mais sur moi. Ah ! ma chère et bien-aimée Sœur, si vous avez quelque petit grain de charité pour votre pauvre Père, suppliez Notre-Seigneur, lorsque vous serez auprès de lui, de me tirer bientôt hors de ce lieu de péché et d'imperfections, pour me mettre en un lieu et dans un état où on l'aime purement, parfaitement et continuellement.

    La fête dont il parle fut inventée moins de 20 ans avant cette lettre, par Bérulle, qui la fit célébrer à l’Oratoire le 28 janvier. On voit que saint Jean Eudes, quittant l'Oratoire, l’avait transférée motu proprio au 20 janvier… Et il ose parler de cette invention, qui ne correspond à rien dans l’année liturgique, et qui n’entrera jamais dans le calendrier romain, comme « une des trois grandes solennités qui se font continuellement dans le ciel »…

    P.S. Je découvre qu'il parlait aussi du "Divin Cœur de Jésus et de Marie". Quand on pense qu'il fallait parfois des théologiens coupeurs de cheveux en 16 pour découvrir pourquoi le Saint-Office avait condamné tel livre (sans en donner la raison), et qu'il n'y a jamais eu de mise en garde contre une telle expression dont on a canonisé l'auteur...