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  • Egredietur Dominus de Samaria

    ℟. Egredietur Dominus de Samaria ad portam quae respicit ad Orientem: et veniet in Bethlehem, ambulans super aquas redemptionis Iudae: * Tunc salvus erit omnis homo: quia ecce veniet.
    ℣. Et praeparabitur in misericordia solium eius, et sedebit super illud in veritate.
    ℟. Tunc salvus erit omnis homo: quia ecce veniet.

    Le Seigneur sortira de Samarie vers la porte qui regarde vers l’Orient : et il viendra à Bethléem, marchant sur les eaux de la rédemption de Juda : alors tout homme sera sauvé : car voici qu’il va venir. Et son trône sera affermi sur la miséricorde, et il y siégera en vérité.

    Ce répons des matines est l’un des plus mystérieux de la liturgie latine. L’origine du verset est facilement identifiable : c’est littéralement Isaïe 16,5, quatre versets après : « Envoie, Seigneur, l’Agneau dominateur du pays ». Mais le répons proprement dit, s’il fait plus ou moins allusion aux prophètes, n’a qu’une seule expression réellement identifiable : « ad portam quae respicit ad Orientem ». Il s’agit de la célèbre prophétie d’Ezéchiel (44,1) sur la virginité de Marie, temple du Seigneur : « Il me ramena vers le chemin de la porte du sanctuaire extérieur, qui regardait vers l'Orient, et elle était fermée. Et le Seigneur me dit: Cette porte sera fermée; elle ne sera point ouverte, et personne n'y passera; car le Seigneur, le Dieu d'Israël, est entré par cette porte. » En effet le Seigneur « viendra à Bethléem » en passant par cette porte. Les « eaux de la rédemption » sont les eaux par lesquelles il faut passer pour être sauvé, depuis celles de la Mer Rouge à celles du baptême en passant par celles qui courent dans les psaumes et celle qui sort du flanc du Christ crucifié. Rédemption du royaume de Juda, c’est-à-dire du royaume de David, et c’est sans doute cette mention qui entraîne celle de Samarie, c’est-à-dire le royaume du nord, le royaume d’Israël dont la capitale était Samarie. Car « alors tout homme sera sauvé », ce qui renvoie à Isaïe 40,5 cité en Luc 3,6 : « et toute chair verra le salut de Dieu ». Or Jésus, pour aller à Bethléem, sort de Samarie, puisque Nazareth se trouve sur le territoire de l’ancien royaume dont Samarie fut la capitale. On attendrait plutôt « Israël ». Mais Jésus est le Samaritain qui sort de son Royaume (par la porte fermée) pour nous sauver.

  • Respecter les mots

    Le site du Figaro relaie une information d’Europe 1 disant qu’une bijouterie parisienne a été braquée ce matin :

    « C'est un homme armé qui a réussi ce braquage sans aucune violence ni casse. Ce dernier a réussi à prendre la fuite. »

    Mais il ne peut pas y avoir de braquage sans violence. Encore moins « sans aucune violence ». Et il est irresponsable de laisser entendre qu’un vol à main armée sans morts ni blessés serait au fond sans gravité. (Ce sont les mêmes qui nous disent que le vol a « mal tourné » si le voleur a été tué en légitime défense.)

    Définition du mot violence, selon le Trésor de la langue française :

    Force exercée par une personne ou un groupe de personnes pour soumettre, contraindre quelqu'un ou pour obtenir quelque chose.

    La violence selon le droit civil :

    Contrainte illicite exercée sur quelqu'un pour obtenir quelque chose avec son consentement [forcé].

    La violence selon le droit pénal :

    Fait d'agir sans le consentement de la personne intéressée.

    Par métonymie, généralement au pluriel :

    Acte(s) d'agression commis volontairement à l'encontre d'autrui, sur son corps ou sur ses biens.

  • Le Temple et la greffe

    La Commission pour les relations avec le judaïsme a pondu une « réflexion théologique sur les rapports entre catholiques et juifs à l’occasion du 50e anniversaire de Nostra Ætate ».

    Lors de la conférence de presse de présentation, il a été dit que « ce texte n’est pas un document du magistère, ni un enseignement doctrinal de l’Église catholique ». (Addendum: je vois que c'est écrit noir sur blanc dans la préface, que je n'avais pas lue.)

    Ouf.

    Néanmoins on souligne que c’est la « première réflexion théologique » de la Commission sur ce thème.

    La « réflexion » est d’une extrême confusion, pour une raison simple, c’est qu’on veut laisser entendre que les juifs n’ont pas besoin du christianisme pour être sauvés (parce que les dons de Dieu sont sans repentance et il n’y a qu’une Alliance) mais qu’on n’ose pas le dire ouvertement.

    Heureusement que le texte n’est pas un document du magistère, car, non content de rejeter implicitement une bonne partie des épîtres et des Actes des apôtres, il rejette explicitement les chapitres 8 et 9 de l’épître aux Hébreux…

    Tout ce qu’on garde du Nouveau Testament sur le sujet, c’est (comme Nostra Æetate) certaines expressions du chapitre 11 de l’épître aux Romains.

    Dans le raisonnement de la commission (et des dialoguistes de cette espèce depuis Vatican II), il y a deux erreurs, qui sont en amont de toute théologie : une erreur historique, et une erreur arboricole.

    L’erreur historique est d’imaginer que le judaïsme d’aujourd’hui est celui de l’Ancien Testament. C’est complètement faux. Le judaïsme de l’Ancien Testament, de la Torah, des Rois, d’Esdras et de Néhémie, des Maccabées, est centré sur le Temple de Jérusalem et sur les sacrifices du Temple, sur le sacerdoce du Temple. Si le judaïsme d’aujourd’hui est le judaïsme authentique, alors il faut dire que le calvinisme est le christianisme authentique. C’est un fait historique avant d’être théologique qu’il y a eu une rupture du judaïsme, rupture opérée par le christianisme. Car le Temple a été remplacé par Jésus-Christ.

    L’erreur arboricole est d’imaginer que lorsqu’on greffe un arbre on laisse subsister l’arbre franc. Si saint Paul a utilisé cette image de la greffe de l’olivier sauvage (les païens) sur l’olivier franc (le judaïsme), c’est pour souligner qu’il y a un nouvel arbre sur une souche ancienne. La souche est juive, l’arbre est chrétien. Magnifique image qui donne les éléments de continuité et de rupture. Mais l’arbre vivant est chrétien. Et pour que cet arbre existe, les branches de l’ancien arbre « ont été retranchées ». Une expression soigneusement censurée de toutes les citations de ce passage que font les dialoguistes…

    Avant toute réflexion théologique, il est nécessaire d’en finir avec ces deux erreurs.

  • Saint Damase

    On n'a presque pas d'exemples d'éloges funèbres rédigés au temps même de la persécution : cependant, après l'inscription en prose relative à des martyrs de Marseille certainement antérieurs au troisième siècle, on pourrait citer, pour cette dernière époque, le petit poème gravé sur le marbre sépulcral de la chrétienne Zosime, à Porto, œuvre émue d'un contemporain, peut-être d'un témoin de son martyre. Toutes les autres epigrammata un peu détaillées (je parle seulement ici de celles qui ont trait aux martyrs) sont postérieures à la paix de l'Église. Les plus connues ont pour auteur saint Damase, né en 305, avant la fin de la dernière persécution, et qui, devenu pape, consacra ses efforts à honorer la mémoire des martyrs et des confesseurs romains, soit en recherchant leurs tombes, soit en agrandissant les voies souterraines qui y menaient, soit en composant des vers à leur louange.

    Quelquefois ces vers ont pour sujet des personnages des deux premiers siècles, comme l'éloge des saints Nérée et Achillée : dans ce cas, Damase ne saurait être considéré comme l'écho d'une tradition orale et encore vivante ; il a pu cependant recueillir des documents écrits que nous n'avons plus, ou s'inspirer de quelque ancien monument. Mais le plus souvent les martyrs célébrés par Damase appartiennent à une époque moins éloignée de son propre temps. Un grand nombre de ses compositions épigraphiques sont consacrées à des victimes de Dèce ou de Valérien, antérieures d'un demi-siècle seulement à la naissance du poète. On accordera qu'il a dû être ordinairement bien renseigné, si l'on se souvient du soin, quelquefois attesté dans ses vers mêmes, avec lequel il recueillait les traditions chrétiennes de Rome, et si l'on songe que les marbres sur lesquels un ciseau d'une rare élégance grava les poèmes un peu lourds de Damase ont souvent remplacé la décoration plus simple de tombeaux primitifs, au sujet desquels ni l'oubli n'avait eu le temps de se faire ni la légende n'avait eu le temps de naître.

    La valeur historique des poèmes de Damase en l'honneur des martvrs augmente naturellement à mesure que ceux-ci se rapprochent du temps où il a vécu, et appartiennent à des persécutions dont il put dans son enfance connaître les survivants. On verra, à propos de deux martyrs du commencement du quatrième siècle, Damase mettre en vers le récit de leur supplice, tel qu'il le recueillit, enfant, de la bouche du bourreau : percussor retulit mihi Damaso cum puer essem. Une attestation de ce genre a sous sa plume d'autant plus de force, qu'avec une sincérité bien remarquable il emploie, dans un petit nombre de ses poèmes, des formules dubitatives, et nous avertit qu'il ne se porte pas garant personnellement des faits. « Mais le plus souvent, remarque M. de Rossi, il raconte sans hésiter, ou, pour mieux dire, fait allusion à des événements de notoriété publique. Dans ses compositions, rien qui sente la légende ; les Actes des martyrs écrits aux siècles suivants, dans leurs parties suspectes ou manifestement fausses, n'ont rien de commun avec les notices recueillies ou attestées par Damase. Si l'on compare, par exemple , son éloge de Nérée et Achillée avec leurs Actes apocryphes ; l'éloge de Saturnin avec ce que racontent de ce martyr les Actes de saint Cyriaque et du pape Marcel ; l'éloge de ce dernier avec ses Actes ; l'éloge du pape Eusèbe avec les détails légendaires donnés sur lui au Liber Pontificalis : on verra clairement que les poèmes épigraphiques de Damase sont absolument distincts des récits apocryphes qui eurent cours à Rome vers la fin du cinquième siècle et les premières années du sixième. »

    Les épigraphes damasiennes et les autres inscriptions de même famille peuvent être comptées parmi les documents archéologiques ; car si elles nous ont été transmises dans les nombreux sylloges épigraphiques compilés par les pèlerins, les voyageurs et les érudits du septième au quinzième siècle, elles ne sont pas connues, cependant, grâce aux seuls manuscrits : les originaux ou au moins d'importants fragments de beaucoup d'entre elles ont été découverts de nos jours soit dans les cryptes qu'elles ornaient primitivement, soit dans les églises où elles avaient été transportées après l'abandon des cimetières souterrains.

    Paul Allard, La persécution de Dioclétien et le triomphe de l’Eglise, 1890

  • Au Khabour

    Hier, 25 chrétiens assyriens de la vallée du Khabour ont été libérés par l’Etat islamique. Tous des hommes, dont deux enfants.

    Selon l’agence AINA il reste encore 130 otages assyriens du Khabour aux mains de l’Etat islamique. Auxquels s’ajoutent les 185 chrétiens assyriens de Qaryatain.

    AINA publie également une éloquente série de photos (russes) montrant les villages (et leurs églises) en ruine après leur libération par les forces syriennes.

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  • Réquisitoire

    Le site du journal catholique américain The Remnant a publié en anglais, en espagnol et en italien, un « appel pressant à François soit à changer de cap soit à renoncer à l’office prétrinien ». Le texte est désormais aussi en français.

    Il s’agit en fait de deux textes : une lettre au pape, qui l’appelle en fait à démissionner, comme Célestin V qui s’était rendu compte que son gouvernement portait gravement préjudice à l’Eglise – lettre pétition ouverte à la signature ; et un long libelle qui constitue un implacable réquisitoire, remarquablement étayé, sur la malfaisance de ce pontificat.

    N.B. - Les commentaires me conduisent à préciser que je signale ce texte parce qu'il me paraît fort intéressant et éclairant, et non pour inciter à signer la pétition, que je n'ai pas signée moi-même - et je n'ai pas signé la "supplique" précédente non plus, car il ne me semble pas que ce soit approprié. (Ce qui n'est que mon opinion.)

  • Jerusalem, cito veniet salus tua

    ℟. Jerusalem, cito veniet salus tua: quare maerore consumeris? numquid consiliarius non est tibi, quia innovavit te dolor? * Salvabo te, et liberabo te, noli timere.
    ℣. Ego enim sum Dominus Deus tuus, Sanctus Israel, Redemptor tuus.
    ℟. Salvabo te, et liberabo te, noli timere.

    Jérusalem, ton salut va venir vite ; pourquoi te consumer de chagrin ? N’as-tu pas de bon conseiller, que tu sois revenue à ta douleur ? Je vais te sauver et te libérer : n'aie pas peur. Car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Rédempteur.

    Ce répons des matines, qui reprend des expressions d’Isaïe (41,14 ; 48,17) et de Michée (4,8-9), et dont le verset est Isaïe 43,3, est repris partiellement dans le dernier couplet du Rorate Cæli.

    Voici le "H" de… Hierusalem, dans l’antiphonaire bénédictin conservé à la Bibliothèque d’Etat de Bade, et dans un antiphonaire de la basilique Saint-Pierre de Rome, tous deux du XIIe siècle.

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  • Une église détruite à Aden

    Des jihadistes ont fait exploser aujourd’hui l’église de l’Immaculée Conception dans le quartier de Ma’ala, à Aden, au Yémen. Elle a été entièrement détruite. Il n’en reste que des gravats.

    C’était l’une des trois églises catholiques d’Aden. Une autre, Saint-Joseph, avait été incendiée le 15 septembre.

    Les trois prêtres ont été évacués au début de la guerre civile.

    Attention à la désinformation. Une agence de presse dit que ce lieu de culte n’était plus fréquenté « depuis de longues années ». La photo ci-dessous montre que ce n’est pas vrai. Au début de cette année elle était fréquentée, et il y avait un prêtre à demeure, dans le presbytère qu’on voit sur l’autre photo. L’église et le presbytère ont subi de lourds dommages lors d'un bombardement saoudien sur Aden le 12 mai.

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  • Haro sur Duda

    Plusieurs groupes du Parlement européen demandent qu’il y ait la semaine prochaine un débat au Parlement, et des déclarations de la Commission européenne et du Conseil européen, sur la « régression démocratique » en Pologne suite au retour au pouvoir du PiS.

    C’est le PPE, le groupe de « droite », qui est à l’origine de cette demande…

    Pourquoi le PPE s’en prend-il si vite à un gouvernement qui n’a encore qu’un mois d’existence ? Parce que ce gouvernement a décidé qu’il n’y aurait plus de drapeau européen aux conférences de presse officielles. Crime de lèse-majesté européiste…

    Le prétexte est le bras de fer actuel entre le président de la République et le Tribunal constitutionnel. Comme si c’était au Parlement européen de se mêler de cette histoire…

    Le gouvernement précédent avait fait élire in extremis cinq juges à ce Tribunal constitutionnel : trois pour remplacer des juges qui partaient le 6 novembre et deux pour remplacer des juges qui partaient en décembre.

    Le nouveau gouvernement a considéré que ces cinq élections étaient invalides puisqu’elles émanaient d’un Parlement qui ne serait plus en place lors de la prise de fonction de ces juges. Il a donc fait voter une résolution annulant les cinq élections, et a fait élire cinq nouveaux juges. Sans attendre que le Tribunal constitutionnel statue sur la question. Or le Tribunal a jugé que les deux dernières élections de juges étaient invalides, mais pas les trois précédentes. Or le président Duda campe sur sa position.

    Il va de soi que le Parlement européen n’a pas à s’ingérer dans un débat politico-juridique qui ne concerne que les Polonais. Et ceux qui hurlent que Duda viole la démocratie en mettant de force ses partisans au Tribunal Constitutionnel oublient que c’est le gouvernement précédent qui a voulu y faire entrer de façon contestable cinq de ses partisans juste avant les élections qu’il savait perdues d’avance.

    C’est peut-être d’ailleurs pourquoi même les députés européens polonais opposés au PiS disent que l’initiative du PPE est prématurée…

    La décision doit être prise aujourd’hui par le président du Parlement Martin Schulz et les présidents de groupe.

    On rappellera que le Parlement européen a voté cinq résolutions contre la Hongrie de Viktor Orban, qui n’ont pas eu la moindre influence…

    Addendum

    Il a été décidé de repousser le débat. Peut-être à janvier...

  • L’importance des mots

    Aujourd’hui, à chaque catastrophe, à chaque attentat, on « rend hommage » aux morts. Les cérémonies se succèdent, les simples quidams vont dans la rue mettre des fleurs, des bougies et des peluches. Les gens qui n’ont plus de rites religieux s’inventent ainsi des rites de substitution, et puisqu’un rite doit honorer quelqu’un, forcément quelqu’un d’exceptionnel à défaut d’être un dieu, eh bien on « rend hommage ».

    Non, on ne rend pas hommage à une victime qui n’a fait qu’être au mauvais endroit au mauvais moment. On rend hommage à quelqu’un qui mérite nos hommages par son action méritoire, par son exceptionnelle influence, par sa haute vertu ou sainteté. Assister à un concert de rock décadent n’est pas une action qui mérite un hommage.

    Mais à force de rendre hommage on en arrive à cette absurdité sans nom que François Hollande va donner la Légion d’honneur – la distinction de l’Etat qui honore – aux 130 victimes des récents attentats.

    La Légion d’honneur était déjà trop souvent déshonorée par la « qualité » de certains récipiendaires, mais là c’est l’institution elle-même qui va être irrémédiablement dévoyée.