Vere dignum et justum est, nos tibi hic et ubique semper gratias agere, Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus, cui proprium est veniam delictis impendere, quam pœnaliter imminere. Qui fabricam tui operis per eumdem rursus lapidem es dignatus erigere, ne imago, quæ ad similitudinem tui facta fuerat vivens, dissimilis haberetur ex morte. Munus venialis indulgentiæ præstitisti: ut unde mortem peccato contraxerat, inde vitam pietas repararet immensa. Hæc postquam prophetica sæpius vox prædixit; et Gabriel Angelus Mariæ jam præsentia nuntiavit, mox puellæ credentis in utero, fidelis Verbi mansit aspirata conceptio; et illa proles nascendi sub lege latuit, quæ cuncta suo nasci nutu concessit. Tumebatur Virginis sinus; et fœcunditate suorum viscerum corpus mirabatur intactum. Grande mundo spondebatur auxilium, fœminæ partus sine viro mysterium; quando nullius maculæ nebula fuscata tenso nutriebat ventre præcordia, mox futura sui genitrix genitoris.
C’est une chose digne et juste, que nous vous rendions grâces en tout temps et en tous lieux, ô vous, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, dont la nature est plutôt d’accorder le pardon du péché que de sévir par de justes châtiments. C’est vous qui avez daigné employer à relever l’édifice que vos mains avaient bâti, la même pierre qui était entrée dans sa construction ; afin que cette image vivante que vous aviez formée à votre ressemblance ne fût pas rendue dissemblable à son principe par la mort. Vous avez accordé une remise pleine d’indulgence , en sorte que la cause même qui avait produit la mort par le péché servît à réparer la vie, par votre immense miséricorde. La voix des Prophètes fit plus d’une fois retentir l’oracle, et vint l’Ange Gabriel annoncer à Marie que les temps étaient arrivés. La Vierge crut, et dans son sein s’accomplit la conception tant désirée du Verbe fidèle aux promesses : et il fut soumis aux lois de la naissance humaine, celui par la volonté duquel tous tes êtres sont produits. Le sein de la Vierge prenait accroissement, et, malgré la fécondité de ses entrailles, son corps ne perdait rien de sa merveilleuse pureté. Un remède puissant était promis au monde, par ce mystère de l’enfantement d’une femme sans le secours de l’homme ; de cette femme dont le plus léger nuage n’obscurcit jamais la pudeur, et qui pourtant, Mère future de son créateur, sentait croître en elle le fruit que nourrissaient ses entrailles.
Préface de l’ancien missel Gallican, traduction dom Guéranger. Mais les derniers mots devraient être « Mère future de son créateur », car la prière se termine volontairement sur « genitrix genitoris », génitrice de son géniteur. Le texte paraît en partie inspiré de ces vers du second livre du Carmen Paschale de Sedulius :
Haec ventura senes posquam dixere prophetae,
Angelus intactae cecinit properata Mariae:
Et dictum comitata fides, uterumque puellae
Sidereum mox implet onus, rerumque creator
Nascendi sub lege fuit. stupet innuba tensos
Virgo sinus gaudetque suum paritura parentem.