Dans une longue dépêche d’Asianews, le P. Piero Gheddo raconte d’abord ce qu’un Italien vient de lui rapporter : dans lîle de Mindanao, aux Philippines, une centaine d’extrémistes ont attaqué un faubourg de Zamboanga, pillant et brûlant des maisons, et prenant des dizaines d’otages, laissant derrière eux des morts et des blessés. La personne qui rapportait le fait disait que ce genre d’attaque contre les chrétiens est fréquent, mais que c’était la première fois qu’il en voyait une de cette ampleur. L’argent afflue du Golfe, envoyé aux oulémas, aux mosquées, aux écoles coraniques, « pour entraîner les jeunes à combattre l’Etat chrétien et à devenir des “martyrs de l’islam” », dans cette île où les salafistes veulent une région autonome qui rejoindrait la partie malaise de Bornéo pour former un Etat islamique.
Le P. Gheddo évoque ensuite l’attaque contre une église du Caire où se célébrait un mariage, la montée de la violence islamiste au Bangladesh, l’anarchie de la République centrafricaine où les bandes islamistes pillent toutes les institutions chrétiennes, violent et tuent en toute impunité (puisque ce sont leurs chefs qui ont pris le pouvoir), le nord du Mali qui est également aux mains des islamistes (malgré l’intervention française), le Nigeria où sévit Boko Haram : 500 chrétiens en ont été victimes pour le seul mois de septembre…
Le P. Gheddo poursuit :
« L’Occident s’illusionne lui-même quand il dit que cela n’est pas le véritable islam. Mais alors, qu’est-ce que le véritable islam ? Depuis que les terroristes et les salafistes disent qu’ils sont musulmans et qu’ils agissent en faveur de l’islam, il n’y a qu’un islam violent qui occupe le devant de la scène. Je sais que la plus grande partie de ceux qui croient en Allah et dans le Coran sont des gens pacifiques qui veulent seulement vivre en paix et librement. J’ai visité tous les pays musulmans (…), j’ai entendu des chrétiens et même des missionnaires, des religieuses, des prêtres et des évêques locaux dire la même chose. Pourtant, nous avons le droit de demander : pourquoi ces masses de modérés ne protestent-elles pas ? Pourquoi aucune association musulmane n’a-t-elle été créée pour condamner la violence salafiste et les terroristes qui se tuent eux-mêmes pour devenir des “martyrs de l’islam” ? En Italie, il y a deux ou trois millions de musulmans, dont le droit à la liberté religieuse est reconnu. Pourquoi est-ce qu’ils ne manifestent jamais contre la violence systématique commise par leurs coreligionnaires ?
« Ces questions n’ont pas pour but d’offenser qui que ce soit. Je veux juste m’assurer que les gens en Italie n’en viendront pas à accepter ce que l’envoyé de La Stampa en Syrie, Domenico Quirico, a dit. Retenu captif pendant des mois par la guérilla islamique, il a écrit : “Nous refusons de réaliser que l’islam modéré n’existe pas, que le Printemps arabe est terminé et qu’il y a une nouvelle phase impliquant un plan islamiste et jihadiste pour construire le grand califat islamique, un plan politique qui commence à être mis à exécution en Syrie avec des armes, des armées, de l’argent.”
« Nous, croyants au Christ et en l’Eglise catholique, nous continuons de prier, d’être engagés dans le dialogue, d’accepter et de montrer de la solidarité envers les musulmans dans le besoin, mais nous sommes fondés aussi à poser certaines questions et à aborder certains problèmes. »
Ce texte est fort intéressant, à cause de la personnalité de celui qui écrit. Car le P. Gheddo est le missionnaire le plus connu en Italie. Il est le fondateur des Editions missionnaires italiennes et de l’agence Asianews, il a une émission de radio et une émission de télévision, il collabore à de nombreux journaux, il a écrit plus de 80 livres. Ce n’est pas du tout un « islamophobe ». Mais on voit qu’il finit, lui aussi, à voir la réalité telle qu’elle est, et à poser les bonnes questions…