Mgr Müller, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, rappelle dans un long (trop long) texte publié par l’Osservatore Romano, la doctrine catholique de l’indissolubilité du mariage. Sandro Magister met plusieurs aspects de ce texte en perspective avec des propos de François qui sont objectivement contraires à la doctrine, ou plutôt font l’impasse sur la doctrine (sous prétexte que « la doctrine est connue », le pape ne la dit pas, mais dit ce qui fait plaisir aux médias). Chaque fois, Sandro Magister souligne que l’on a mal interprété les propos du pape, et que la bonne interprétation est celle de Mgr Müller, qui donne les bons « éclaircissements », et dont le document est bien entendu publié avec l’aval du pape. Et il n’hésite pas à titrer son article : « Müller écrit, François dicte ».
Mais l’article donne vraiment l’impression que Magister souligne le fossé, la contradiction, entre le préfet et le pape. Et j’ai comme l’impression que c’est volontaire…
Commentaires
De quoi nous plaignons-nous ? Voilà un texte limpide sur l'inamovibilité doctrinale de l'Eglise, aujourd'hui comme hier, réaffirmant l'indissolubilité du mariage et l'impossibilité de la communion aux divorcés remariés. Que voulons-nous de plus ?
Comme quoi François Ier, dès qu'il s'agit d'émettre une parole magistérielle (un document officiel, d'une Congrégation de la Curie, nécessairement sous l'Anneau du Pêcheur), se comporte aussitôt aussi dogmatiquement que tous ses prédécesseurs : il verrouille tout (et c'est son Devoir).
Maintenant, comme notre époque (avec ses milles médias et moyens de communications) lui permet d'avoir aussi des prises de parole, "non magistérielles" celles-là, il en use et semble __ j'ai bien dit SEMBLE __ parfois frôler des tangentes...
En fait, je crois que François en use comme des leurres, face à un monde déchristianisé, souvent sansreligion. S'il assénait sans cesse aux gens d'un tel mond la Vérité doctrinale de l'Eglise, en sa forme "verticale", pure et dure __ étant donné qu'ils sont devenus comme des vieux "poissons" qui connaissent bien, par instinct, la canne à pêche du pêcheur et qui fuient devant elle, victimes de leur aveuglement __ si donc il leur disait toujours raidement la Doctrine pure, il ne pourra jamais espérer leur "retour", leur entrée au Bercail.
Comme mû par l'Esprit Saint (on ne sait d'où Il souffle, on ne sait où Il va), François enveloppe son discours d'un revêtement "séduisant", qui peut être attrayant pour ces rétifs et ces endurcis, ces "irrécupérables" (Dieu lui demandera compte de ce qu'il aura tenté pour leur salut), . Ils écoutent alors mieux ce qu'il dit et peuvent y réfléchir (le reste du "travail" appartient seulement alors à la grâce de Dieu). Car, ne l'oublions pas : la mission impérative de Pierre, et de son Successeur, est de rapporter au Christ beaucoup de poissons dans ses filets... Malheur à lui (dirait S. Paul), s'il ne faisait pas tout son possible pour cela. Et pour cela, il doit tenir compte des données de son temps.
Donc François, mesurant tout cela, "adapte" son langage à eux, mais de manière seulement circonstancielle, pragmatique, tout en ne lâchant rien de la Doctrine (la preuve : un acte magistériel aussi tranchant que celui dont on parle plus haut). On comprend mieux, sous cet éclairage, pourquoi François dit souvent : "la doctrine est connue, la doctrine est connue". Son but impératif, vital, c'est la Mission, la "Pêche aux Poissons". Que l'on se souvienne ici de l'épisode de la Pêche miraculeuse" : "Pierre, cesse de jeter tes filets au même endroit... Va au large... Jette tes filets où je te dirai..." Et Pierre le fit, et soudain, dit l'Evangile, les filets furent remplis à craquer, et ils (les apôtres) avaient du mal pour les tirer au rivage.
Pour bien comprendre cela, j'userais d'une sorte de "parabole".
Voici cette "parabole".
Durant des siècles, le grand vivier de la Maison de Pierre a été rempli de bons Poissons vivants. Pierre pouvait alors rester au milieu de la Maison, sans sortir, siégeant dans un apparat qui lui appartient DE DROIT, et PAR NATURE (car le Prince des Apôtres et les Apôtres sont seigneurs).
Mais voilà : Pierre est et reste LE Pêcheur. Une Voix l'avertit que le Vivier se vide... Qu'il faut qu'il quitte temporairement la Maison et qu'il retourne à la Grande Pêche. Que fait Pierre ? Naturellement, il quitte son apparat, il quitte ses vêtements nobles (qui lui appartiennent de droit, et il le sait), car ils ne conviennent pas pour le temps de la grande Pêche, en haute mer.
Il "s'allège" donc, retrousse ses manches, se met pieds nus, revêt temporairement une simple tunique, grimpe courageusement dans sa barque et avance vers la haute mer. Il sait que les Poissons y sont méfiants. Que fait-il ?... Il possède les plus forts filets. Mais pour que les Poissons y soient attirés, il les revêt, dans une bonne et juste ruse (François a dit : "Sono un poco furbo..."), il les camoufle de couleurs attrayantes, miroitantes. Et miracle (cela n'appartient qu'à la grâce de Dieu): de manière insensible, beaucoup de Poissons finissent par s'approcher des filets de Pierre et par y entrer.
Le reste, c'est la Parole qui le dit :
"IL dit à Simon : 'Avance en pleine eau. Jetez vos filets pour pêcher. Simon lui répondit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais, sur ta parole, je jetterai le filet. L'ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait. Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l'autre barque de venir les aider. Ils vinrent et ils remplirent les deux barques, au point qu'elles enfonçaient. Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus, et dit : Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur. Car l'épouvante l'avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu'ils avaient faite. Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Alors Jésus dit à Simon: Ne crains point; désormais tu seras pêcheur d'hommes." (Luc 5,1-11)
Il faut essayer de voir François sous cette lumière-là. Et toujours faire confiance au MAÎTRE.
Je trouve ça très inquiétant ! Cela fait un peu: "moi je ne connais pas la doctrine (ou je m'en fiche, c'est pas mon problème d'en parler), je laisse ça à mon factotum..."
Sans doute. Mais c'est déjà bien qu'un homme aussi autorisé que le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi prenne cette position sans équivoque, alors qu'on annonce un synode sur la famille. Le synode ne pourra revenir sur la doctrine traditionnelle de l'Eglise en général, ni sur le Catéchisme de l'Eglise catholique en particulier. Je viens de relire le chapitre consacré au sacrement de mariage. Il est sans équivoque.
J'ai déjà dit ailleurs que je croyais reconnaître dans cet exposé le style de Benoît XVI.
Une phrase de François aujourd'hui. Au conseil pontifical pour la famille.
"L’amour sponsal et familial manifeste clairement la vocation de la personne à aimer de manière unique et pour toujours et révèle aussi que les épreuves, les sacrifices et les crises du couple, comme de la famille, représentent des passages pour grandir dans le bien, la vérité et la beauté."