La Passion de sainte Agathe, par Dom Pius Parsch, d’après les antiennes et répons de la fête, eux-mêmes repris des Actes de son martyre (aujourd’hui considérés comme apocryphes, naturellement).
Agathe était une jeune fille distinguée de Sicile. Le gouverneur Quintianus s’éprit pour elle d’un violent amour, mais il fut repoussé. Il la fit alors arrêter comme chrétienne et conduire devant son tribunal. Aux questions sur son origine elle répondit : « Je suis noble et issue d’une famille distinguée comme toute ma parenté en témoigne »
(1ère Ant. 1er Noct.) A la question du juge qui lui demandait pourquoi elle menait la vie d’esclave des chrétiens, elle répondit : « Je suis une servante du Christ et c’est pourquoi j’ai l’extérieur d’une esclave, mais la plus grande noblesse est d’être esclave du Christ (2. et 3. Ant. 1er Noct.) Le gouverneur la menaça des plus terribles supplices si elle refusait d’abandonner le Christ. La sainte lui répondit : « Si tu me menaces des bêtes féroces, sache qu’au nom du Christ elles s’apaiseront, si tu veux employer le feu, alors les anges feront tomber pour moi, du ciel, une rosée bien (I. et 2. Ant. 2e Noct). Après avoir été torturée « Agathe s’en alla rayonnante de joie et la tête haute, dans sa prison, comme si elle avait été invitée à un festin, et elle recommanda son agonie au Seigneur dans la prière » (3. Ant. 2e Noct).
Le jour suivant, elle fut de nouveau amenée devant le juge et lui dit : « Si tu n’ordonnes pas que mon corps soit déchiré par les bourreaux, mon âme ne pourra pas entrer au Paradis avec les martyrs » (I. Ant. 3e Noct.). Elle fut étendue sur le chevalet, on la brûla avec un fer rouge et on lui arracha les seins. Dans cette torture, elle priait ainsi : « Par amour pour la chasteté, j’ai été suspendue sur le chevalet, assiste-moi, Seigneur mon Dieu, dans la torture de mes seins » (2. Ant. 3e Noct, ). Agathe reprocha au gouverneur sa cruauté : « Impie, cruel et infâme tyran, tu n’as pas honte d’enlever à une femme ce avec quoi ta mère t’allaita ! » (I. Rép.).
De retour dans sa prison, elle pria ainsi : « Tu as vu, Seigneur, mon combat, comme j’ai combattu sur le champ de bataille, mais parce que je n’ai pas voulu obéir aux ordres des princes, j’ai été torturée dans mes seins » (3. Ant. 3e Noct.). Dans la nuit, lui apparut un vénérable vieillard, l’Apôtre Pierre, avec des remèdes. Agathe, dans sa délicate pudeur, ne voulut pas lui montrer les plaies de son corPs. « Je suis l’Apôtre du Christ, n’aie pas de doute à mon sujet, ma fille » (I. Ant. Laud.). « Je n’ai jamais employé pour mon corps de médecine terrestre, mais je m’en rapporte à Notre Seigneur Jésus-Christ qui, par sa parole, renouvelle toutes choses » (2. Ant. Laud.). Elle fut complètement guérie par saint Pierre : « Je te loue, Père de mon Seigneur Jésus-Christ, de ce que par ton Apôtre tu m’as restitué mes seins » (4. Ant. Laud.). Une lumière éclaira le cachot toute la nuit, si bien que les gardiens, effrayés, s’enfuirent. Ses compagnons de captivité l’exhortaient à fuir, mais elle refusa : « Je veux, maintenant qu’un secours m’a été accordé par le Seigneur, persister dans la confession de Celui qui m’a guérie et m’a apporté de la consolation » (4. Rép.). Quatre jours après, elle fut de nouveau amenée devant le juge. Celui-ci fut étonné de sa guérison. A la sommation d’adorer les idoles, elle répondit par une nouvelle profession de foi au Christ. Alors, le gouverneur la fit rouler sur des tessons et des charbons ardents. A ce moment, toute la ville fut ébranlée par un tremblement de terre. Deux murailles s’écroulèrent et ensevelirent sous leurs débris deux amis du gouverneur. Celui-ci, craignant un soulèvement populaire, fit ramener Agathe à demi-morte dans sa prison. Là, elle récita sa prière de mort : « La bienheureuse Agathe, debout dans sa prison, les bras étendus, priait le Seigneur : Seigneur Jésus-Christ, bon Maître, je te remercie de ce que tu m’as accordé la victoire sur les tortures du bourreau. Fais, Seigneur, que je parvienne heureusement à ta gloire immortelle. » Puis elle mourut.