Benoît XVI a reçu ce matin le recteur, les prêtres et séminaristes du Collège pontifical éthiopien, à l'occasion du 150e anniversaire de la mort de saint Justin de Jacobis (1800-1860).
Je découvre à cette occasion, 1 - qu’il y a un saint catholique éthiopien, 2 - un Collège pontifical éthiopien, 3 – une Eglise catholique éthiopienne (de rite éthiopien, proche du rite copte mais en langue guèze). La hiérarchie de cette Eglise a été constituée en 1961. Il y a un archevêché d’Addis-Abeba et un évêché suffragant, et aussi trois évêchés en Erythrée. Les catholiques éthiopiens sont un peu plus de 200.000 (moins nombreux que les latins…) et apparemment près de 600.000 en Erythrée. (L’Eglise éthiopienne « miaphysite »* compte 35 millions de fidèles.) Elle a plusieurs centaines d'écoles, et depuis peu une université.
Extrait des propos du pape :
« Saint Justin, digne fils de saint Vincent de Paul, vécut de façon exemplaire le fait d'être tout à tous, spécialement au service du peuple abyssinien. Il fut envoyé à trente-huit ans par le Préfet de Propaganda Fide, le Cardinal Franzoni, comme missionnaire en Ethiopie, et créa un séminaire, le Collège de l'Immaculée. Il apprit la langue locale et favorisa la tradition liturgique pluriséculaire du rite propre à ces communautés, œuvrant aussi pour un travail œcuménique efficace... Au vu de sa passion éducative, en particulier dans la formation des prêtres, il peut, à juste titre, être considéré comme le patron de votre Collège… Sa féconde contribution à la vie religieuse et civile des peuples abyssiniens fut couronnée par le don de sa vie, silencieusement remis à Dieu après de nombreuses souffrances et persécutions. Il fut béatifié par le vénérable Pie XII le 25 juin 1939 et canonisé par Paul VI, le 26 octobre 1975... Pour vous aussi chers prêtres et séminaristes, la voie de la sainteté est tracée… La sainteté se situe donc au cœur même du mystère ecclésial et elle est la vocation à laquelle nous sommes tous appelés. Les saints ne sont pas un ornement que l'Eglise revêt extérieurement, mais ils sont comme les fleurs d'un arbre révélant l'inépuisable vitalité de leur sève. Il est beau de contempler ainsi l'Eglise, de façon ascensionnelle vers la plénitude du Vir Perfectus, dans une maturation continue, fatigante et progressive, dynamiquement impulsée vers le plein accomplissement dans le Christ. »
* On préfère aujourd'hui parler de "miaphysisme" que de "monophysisme" pour échapper aux querelles historiques qui ont durci et caricaturé le débat théologique sur les "deux natures" du Christ (entre monophysites et dyophysites - là il y a un y...).
Le mot "miaphysite" permet de coller exactement à la célèbre expression de saint Cyrille d'Alexandrie "une nature - mia physis - de Dieu le Verbe incarné".
On trouve sur le site de l'Eglise éthiopienne un exposé (par un... arménien) de la doctrine "monophysite" qui est en fait un exposé de la doctrine "miaphysite":
"Nous mettons l'accent sur le fait que les natures divine et humaine étaient indivisiblement unies en Christ; le résultat, cependant, n'en fut pas pour autant qu'elles devinrent une et même chose. Eu égard au nombre, les natures n'étaient pas une mais deux; elles étaient toutefois si unies que, bien que nous les distinguions, elles ne sont pas distinctement différentes mais forment une unité en une seule personne."
Il y a eu un accord christologique entre Rome et les coptes, en 1973, qui montre que le "miaphysisme" peut être acceptable du point de vue catholique (comme le montre la référence de saint Cyrille) s'il n'est pas durci en monophysisme.