Devant la communauté française de Tunisie, le 29 avril, Nicolas Sarkozy a déclaré : « Et puis je voudrais saluer tout particulièrement une Française récente, Carla Sarkozy. »
Le site internet Le Post a relevé cette phrase, et se demande quand et comment Carla Bruni a pu devenir française. Le Post a contacté l’Elysée pour en savoir plus. Frank Louvrier, le principal conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, a répondu qu’il n’était pas au courant d’une éventuelle acquisition de la nationalité française par Carla Sarkozy. « Il me semble que c’est en cours mais selon moi elle est italienne », a-t-il précisé.
Selon Louvrier, elle est italienne. Selon Sarkozy, elle est française...
Mais revenons un peu en arrière. Le 3 février, au lendemain du mariage, Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, premier conseiller et principale plume du président, déclarait sur Europe 1 : « Quelqu’un qui épouse une personne française devient automatiquement français. »
Or cela est absolument faux. Depuis la loi du 26 juillet 2006, que Sarkozy a fait voter, le délai de communauté de vie pour devenir français est passé de deux à quatre ans. Et il ne s’agissait pas d’une disposition camouflée. Toute la presse en avait largement fait état. Avant la loi de Sarkozy, Carla aurait dût attendre 2010 pour pouvoir devenir française. Depuis la loi de Sarkozy, elle doit attendre 2012.
Le quotidien 20 minutes avait alors contacté l’Elysée pour demander s’il s’agissait d’un malentendu ou d’un lapsus. Réponse : « Si, si, Carla Bruni devient française par le seul fait de son mariage avec Nicolas Sarkozy. »
Cette réponse émanait de... Frank Louvrier. Celui qui dit aujourd’hui que selon lui Carla est italienne...
Cet imbroglio n’a rien d’anecdotique. Il montre qu’à l’Elysée, les principaux conseillers de Nicolas Sarkozy, et Nicolas Sarkozy lui-même, ne connaissent pas les lois. Ni les lois existantes, ni les lois qu’ils font voter. Et si Frank Louvrier paraît (peut-être) avoir enfin découvert la loi du 26 juillet 2006, le président de la République ne craint pas de faire publiquement une déclaration qui est en contradiction flagrante et formelle avec la loi.
Le côté pipole de l’affaire ne doit pas détourner l’attention : il ne s’agit pas d’une anecdote, il s’agit de la nationalité française.
Il est vrai que Nicolas Sarkozy n’est pas du tout au fait de la question, comme il l’a encore montré lors de son dernier show télévisé, lorsqu’il a confondu, longuement, et de façon répétée, la naturalisation et la régularisation (des « travailleurs sans papiers »). Et c’est tout de même très grave que le président de la République française fasse une telle confusion et ne sache pas ce que sont les règles d’acquisition de la nationalité française.
Quant à Carla Bruni, on ne voit pas pourquoi elle voudrait devenir française, elle qui disait avant son mariage avec le président : « Je ne suis pas du tout française.... j’aime être italienne... », et critiquait les Français qui ont « mauvais caractère », sont « toujours négatifs » et « sont cinglés à propos de leur langue ».... Propos qui par ailleurs indiquaient suffisamment qu’elle n’avait pas alors entamé de démarches pour obtenir la nationalité française comme résidente de longue date sur le territoire.