Dans son allocution au congrès des pharmaciens catholiques, qui est un exemple de concision et de clarté, de fermeté doctrinale et de profonde charité (il faut vraiment lire ce texte en entier), hier, le pape Benoît XVI a notamment déclaré :
« Il n’est pas possible d’anesthésier les consciences, par exemple sur les effets de molécules ayant pour but d’éviter la nidation d’un embryon ou d’abréger la vie d’une personne. Le pharmacien doit inviter chacun à un sursaut d’humanité, pour que tout être soit protégé depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, et que les médicaments remplissent véritablement leur rôle thérapeutique. (...) Dans le domaine moral, votre Fédération est invitée à affronter la question de l’objection de conscience, qui est un droit qui doit être reconnu à votre profession, vous permettant de ne pas collaborer, directement ou indirectement, à la fourniture de produits ayant pour but des choix clairement immoraux, comme par exemple l’avortement et l’euthanasie. »
Le pape a rappelé la nécessité de l’objection de conscience pour les pharmaciens alors que l’on apprenait par l’agence vaticane Fides que le ministre de la santé du Chili a imposé une amende de 33 millions de pesos à trois chaînes de pharmacies qui n’ont pas la pilule abortive parmi leurs produits, a menacé ces chaînes d’une amende deux fois supérieure, puis de fermer leurs locaux. Mgr Fernando Chomali, évêque auxiliaire de Santiago et membre de l’Académie pontificale pour la vie, a dénoncé un « abus de pouvoir, produit d’un concept erroné de démocratie, mais également un acte d’intolérance au nom de la tolérance », montrant que l’obligation de vendre des pilules abortives viole le droit à la vie du nouveau-né et le droit des pharmaciens de ne pas vendre de produits nuisibles. L'organisation « Muévete Chile » (Chili, réagis) a lancé une campagne pour soutenir les pharmacies qui ont refusé de vendre la pilule et a demandé aux Chiliens de manifester leur soutien à ces chaînes.
C’est précisément au moment où se répandait la pilule abortive, en 1982, que Jean-Paul II avait commencé à évoquer le droit à l’objection de conscience des pharmaciens.
Le jour même où Benoît XVI tenait ces propos, l’Assemblée nationale française a adopté, dans le cadre du projet de budget de la sécurité sociale, la disposition qui permet aux centres de planification ou d’éducation familiale (sic) à pratiquer des avortements par voie médicamenteuse. Cette disposition « contribuera à réduire les difficultés rencontrées par les femmes souhaitant interrompre leur grossesse », car « les centres de planification constituent des structures particulièrement accessibles et connues des femmes les plus vulnérables » (sic).
Rappelons qu’en France les pharmaciens n’ont pas le droit à l’objection de conscience (des précisions ici). Raison de plus pour diffuser le texte du pape.