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Somalie

  • Somalie : la routine

    Les insurgés islamistes – les « shebabs » - ont chassé les milices locales du « colonel » Bare Shire et pris le contrôle de Kismayo, la plus grande ville et le principal port du sud de la Somalie, au terme de combats qui ont fait au moins 41 morts et de nombreux blessés.

    Interrogé vendredi soir par l'AFP, le porte-parole des "shebabs", cheikh Muktar Robow, a indiqué que son mouvement « avait repoussé les milices locales qui tentaient de stopper la lumière de la religion islamique ». « Nous prévoyons d'appliquer la charia dans le pays et toute force qui tentera de nous stopper le regrettera », a-t-il ajouté.

    Les forces du « gouvernement de transition » somalien, de son allié éthiopien ou même de la mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom) étaient complètement absentes de la ville.

    Les troupes éthiopiennes étaient intervenues fin 2006 et avaient vaincu les islamistes qui contrôlaient depuis six mois la majeure partie du sud et du centre de la Somalie, dont la capitale Mogadiscio. Elles s'étaient retirées de Kismayo en mars 2007 et avaient remis le port aux « autorités » somaliennes…

    De son côté, l'Ethiopie a annoncé avoir tué 36 insurgés cette semaine lors d'opérations militaires en Somalie, dont « Moalim Abdi, un haut responsable des shebabs », mais sans évoquer la situation à Kismayo…

  • L’anarchie somalienne de mal en pis

    Quelque 170.000 personnes ont fui Mogadiscio au cours des deux dernières semaines, à la suite d’un regain des combats entre insurgés islamistes et forces somaliennes et éthiopiennes, indique le HCR. Les réfugiés se regroupent à Afgoye, où les besoins humanitaires sont « immenses ». « Beaucoup de familles vivent simplement sous les arbres, dans des conditions extrêmement difficiles. »

    La Somalie compte désormais 850.000 déplacés.

    Mais Bernard Kouchner est en manque de sacs de riz. Et de toute façon il boude l’Afrique...

  • Somalie : l’anarchie sans fin

    Mogadiscio est une fois de plus en proie au chaos, et les civils fuient les combats entre les insurgés islamistes et l’armée... éthiopienne. A 250 km de là, à Baidoa, le « président » somalien exhortait dimanche les députés à limoger le Premier ministre. Lequel a démissionné aujourd’hui. Ce qui n’a aucune importance, puisque le « gouvernement » n’a aucune influence sur les événements. La guerre civile dure depuis 1991. Elle a connu différents épisodes médiatiques : Kouchner et son sac de riz, l’opération américaine ratée (faucon noir), plus récemment les bombardements américains aveugles censés combattre Al Qaïda, l’arrivée de l’armée éthiopienne...

    En 2004, les parlementaires somaliens en exil avaient élu un président qui avait nommé un Premier ministre et un gouvernement. En février 2006 ces dirigeants ont réussi à rentrer en Somalie. Je lisais alors avec effarement les commentaires de prétendus spécialistes qui chantaient victoire et affirmaient que c’en était fini de la guerre civile. Or le gouvernement et les parlementaires ne firent que passer à Mogadiscio, avant de s’installer à Baidoa...

    Trois mois plus tard, les islamistes prenaient le pouvoir, avant d’être chassés par les Ethiopiens, qui n’arrivent évidemment pas à imposer un semblant d’ordre, à défaut d’une paix impossible dans un pays ravagé par des seigneurs de guerre et des activistes islamistes...

  • Somalie : les Américains favorisent les islamistes

    L’AFP a interrogé plusieurs spécialistes de la Somalie, à propos des raids aériens américains, qui ratent leurs cibles mais tuent des civils. Réponses :

    « Le système coutumier somalien est très strict. En cas de victimes dans votre clan, soit vous acceptez le prix du sang, soit vous devez aller tuer les agresseurs. Ces raids vont être utilisés pour justifier la mobilisation contre des troupes moins efficaces et moins bien protégées que les avions américains. Des troupes au sol, éthiopiennes ou autres. Les Américains ont mis la région dans une situation très grave : on va vers une situation d’insécurité persistante, dont les cibles seront, hormis les soldats étrangers, le personnel humanitaire international. »

    « Ces raids m’inquiètent beaucoup. Au cours des dix dernières années, les Etats-Unis ont eu très peu de renseignements fiables sur la Somalie. Ils ont peu de gens sur le terrain et s’en remettent à des alliés locaux. Or les Somaliens ont beaucoup de comptes à régler ente eux et ils sont très forts pour pousser les forces internationales à combattre dans le sens de leurs intérêts. »

    « Les solidarités familiales d’une société divisée en de multiples clans et sous-clans font qu’une seule victime civile innocente peut entraîner le basculement dans l’anti-américanisme de centaines, voire de milliers de personnes. »

    « Ces raids aériens n’aboutissent qu’à rendre la cause des tribunaux islamistes plus défendable pour les populations. Les dommages collatéraux suscitent la haine et la colère des populations qui en sont victimes, d’autant plus que pour l’instant les Américains n’ont apporté aucune preuve de victoire : aucun leader terroriste ne semble avoir été neutralisé de la sorte. »

    « Avec une politique comme ça, on va dans le mur. Al Qaïda a maintenant des autoroutes dans la Corne de l’Afrique. »

  • Les Américains en Somalie…

    Les Américains ont mené plusieurs raids aériens hier contre des villages du sud de la Somalie censés abriter des combattants d’Al Qaïda. Les raids ont fait au moins 19 victimes civiles. C’est la première fois depuis le désastre de 1992 que l’armée américaine intervient directement dans ce pays. Le président somalien Youssouf Ahmed a déclaré que « les Américains ont le droit de mener des attaques aériennes contre des membres d’Al Qaïda où qu’ils se trouvent ». Sans doute une manière pour Youssouf Ahmed de souligner qu’il aimerait bien quant à lui avoir le droit de rester dans sa capitale, à défaut de pouvoir circuler dans son pays. Elu en 2004 au… Kenya par un parlement constitué en exil, il est entré à Mogadiscio avant-hier. D’abord la capitale était sous la coupe de seigneurs de guerre, puis elle a été prise par les islamistes, qui viennent d’être chassés (du moins du « pouvoir ») par l’armée éthiopienne, qui est toujours sur place… Youssouf Ahmed n’avait pas vu Mogadiscio depuis 1978, quand il avait fui la ville pour sa participation présumée à une tentative de coup d’Etat contre l’ancien dictateur Siad Barre, dont le renversement en 1991 avait marqué le début de la guerre civile…