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Le blog d'Yves Daoudal - Page 406

  • Jeudi de la Septuagésime

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    La lecture liturgique de la Genèse en arrive aujourd’hui à la vie de l’homme après la chute, à savoir… le premier meurtre de l’histoire.

    Toute l’Ancien Testament est une annonce de l’Evangile, et l’épisode de Caïn et Abel en est un exemple frappant. Pour quelle raison Dieu reçoit-il le sacrifice d’Abel et pas celui de Caïn ?

    La Vulgate dit de façon laconique : « Le Seigneur regarda (respexit) Abel et ses dons, mais il ne regarda pas Caïn et ses dons. » La Septante a deux verbes pour souligner la différence : le Seigneur regarda (ἐπεῖδεν) le sacrifice d’Abel, il ne fit même pas attention (οὐ προσέσχεν) à celui de Caïn.

    Le verbe « regarder » a ici évidemment le sens de regarder favorablement, d’approuver. Pourquoi la Bible, dès le début horriblement spéciste et anti-vegan, nous dit-elle que Dieu accueillit favorablement un sacrifice d’agneaux, et pas celui des fruits de la terre ?

    On ne peut donner qu’une seule explication : Abel prophétise le sacrifice rédempteur du Christ, le seul sacrifice approuvé par le Père, le sacrifice de l’Agneau. Le Christ lui-même évoque « le sang d’Abel le juste », Abel qui est alors à lui tout seul l’Eglise du Christ ("Ecclesia ab Abel", disent les pères), le premier sacrificateur, et le premier martyr. Le sacrifice d'Abel est l'un des trois commémorés dans le canon de la messe (avec Abraham et Melchisédek). Abel est aussi le premier des cadets bibliques auxquels Dieu donne sa faveur, indiquant qu’un jour ce sont les païens qui hériteront de la grâce d’Israël.

    L’illustration en haut est une plaque d'ivoire qui décorait la cathédrale de Salerne construite par Robert de Hauteville dit Guiscard (XIe siècle). Celles qui suivent sont des mosaïques de la cathédrale de Monreale construite par Roger II, le neveu de Robert Guiscard.

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  • Le pire...

     c'est que ce n'est pas une blague.

  • Routine

    La Cour de Justice de l’UE a (sans surprise) rejeté les recours en annulation de la Hongrie et de la Pologne contre le règlement qui lie le versement des fonds de l’UE au respect de « l’état de droit ».

    La Cour de Justice en est tellement fière que pour la première fois elle a retransmis sa décision sur son site en direct.

    Bien entendu notre ministricule Beaune a salué une « bonne nouvelle », car cet arrêt consacre « un outil supplémentaire dans la boîte à outils de l’Etat de droit ». En français : c’est une arme de grande importance pour faire plier les gouvernements qui osent ne pas promouvoir mon orientation sexuelle.

    On se souvient que le ministricule s’était couvert de ridicule en allant en Pologne pour protester contre les « zones sans LGBT » qui n’existent pas, et il est clair, comme vient de le souligner Judit Varga, que la Hongrie est visée à cause de sa loi interdisant la propagande LGBT aux mineurs, et qu’il s’agit donc d’une atteinte à la souveraineté.

    Bien entendu, les maîtres allemands de l’UE se sont félicités de cette décision qui « renforce notre communauté de valeurs ». Puisqu’ils appellent ça comme ça.

  • On nous dit que…

    Lundi, le président ukrainien déclarait dans une adresse à la nation : « On nous dit que le 16 février sera le jour de l'attaque, nous en ferons une journée de l’unité. »

    Toute la presse internationale a aussitôt titré sur l’attaque russe du 16 février. A commencer par CNN, naturellement, et tout le monde a suivi. Les Ukrainiens ont fait remarquer à CNN que le président, ancien acteur, était sarcastique sous son air grave. Et en disant « on nous dit que… », il faisait référence à des rumeurs sans fondements. Mais cela a continué. Hier soir encore Newsweek, par exemple, annonçait la guerre pour ce jour.

    Le plus fort est assurément le tabloïd anglais The Sun, qui titrait hier de façon dramatique sur l’attaque russe, annonçant que, sur la foi de personnalités de haut niveau des services de renseignements américains, elle aurait lieu à 3 heures du matin heure locale.

    D’heure en heure, le Sun a dû modifier son article sur internet, et désormais il commence ainsi :

    « L’heure de 3h du matin (1h GMT) à laquelle les sources des renseignements américains soupçonnaient une attaque russe s’est passée sans incident alors que Poutine laissait l’occident la supposer. Le ciel froid et clair au-dessus de la capitale Kiev – où les habitants s'étaient préparés à un bombardement aérien – est resté silencieux, à l'exception des vols commerciaux. Mais la tension est restée élevée avant l'aube le jour où les responsables américains avaient annoncé que la force d'invasion de Poutine serait lancée sur l'Ukraine. »

    Même pas honte…

  • Mercredi de la Septuagésime

    Dans le courant de la lecture liturgique de la Genèse, c’est aujourd’hui qu’on en arrive à la chute : Adam et Eve tombent dans des tuniques de peau et sont chassés du paradis pour se retrouver dans un monde qui part en vrille.

    ℟. Ecce Adam quasi unus ex nobis factus est sciens bonum et malum: * Vidéte, ne forte sumat de ligno vitæ, et vivat in ætérnum.
    . Fecit quoque Dóminus Deus Adæ túnicam pellíceam, et índuit eum, et dixit :
    ℟. Vidéte, ne forte sumat de ligno vitæ, et vivat in ætérnum.

    ℟. Voici qu’Adam est devenu comme l’un de nous, sachant le bien et le mal ; * Veillez à ce qu’il ne cueille pas à l’arbre de vie et vive éternellement.
    . Le Seigneur Dieu fit aussi pour Adam une tunique de peau et l’en revêtit et dit :
    ℟. Veillez à ce qu’il ne cueille pas à l’arbre de vie et vive éternellement.

    Les deux tableaux ci-dessous (Giovanni di Paolo, Sienne, 1445 et 1435), où l’on voit Adam et Eve décrits de façon identique, forment un saisissant raccourci de l’histoire du monde, de la Création à l’Incarnation rédemptrice. (J'aime bien saint Joseph qui chauffe ses vieux os devant la cheminée mais se demande ce qui se passe...)

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  • Fanatique

    Oliver Véran s’est surtout fait connaître comme un valet hystérique des laboratoires pharmaceutiques, injecto-maniaque et exécutant aussi servile que déterminé de la tyrannie soi-disant sanitaire. Mais il demeure aussi un partisan frénétique de la culture de mort. On le sait notamment parce qu’il veut absolument que soit adoptée la proposition de loi allongeant le délai pour l’avortement, pourtant rejetée deux fois par le Sénat, et il a montré une fois encore jusqu’où va son fanatisme mortifère le 8 février dernier.

    Il était auditionné par la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes de l’Assemblée nationale dans le cadre d’une mission d’information sur la santé des femmes. Or la santé des femmes c’est d’abord qu’elles puissent avorter autant qu’elles le souhaitent, et même un peu plus souvent.

    « Il est prévu d’inscrire l’IVG comme action prioritaire du développement professionnel continu (DPC) pour la période 2023-2025. » « Nous actualiserons et renforcerons également le site ivg.gouv.fr et son référencement pour améliorer la visibilité de l’offre. »

    « J’ai demandé en urgence l’allongement de cinq à sept semaines de l’avortement médicamenteux et la possibilité de le faire par télémédecine. Nous l’avons fait par arrêté, dans le cadre de l’urgence sanitaire, faute de quoi cela nous aurait peut‑être valu des années de débat au Parlement. » « Je me suis engagé à faire entrer ces mesures dérogatoires dans le droit commun. Le décret d’application, en cours d’examen par le Conseil d’État, sera publié dans les prochaines semaines. »

    Olivier Véran rappelle que l’assassinat chirurgical de l’enfant à naître peut désormais être pratiqué en centre de santé depuis le décret d’avril dernier. De même, « le décret et l’arrêté d’application relatifs à l’expérimentation de la réalisation d’IVG instrumentales par les sages-femmes en établissement de santé ont été publiés le 31 décembre 2021 » « Je n’ignore pas que la proposition de loi visant à renforcer le droit à l’avortement en prévoit la généralisation, mais, comme un bon tiens vaut mieux que deux tu l’auras, j’ai préféré que les textes ouvrant la voie à l’expérimentation soient publiés, tant on ignore de quoi l’avenir sera fait… »

  • Ça continue…

    François a publié un énième motu proprio. Cette fois pour réformer la Congrégation pour la doctrine de la foi.

    De trois sections elle passe à deux, la troisième étant fondue dans la première. A priori rien d’inquiétant, même si l’on sait que cette réforme est effectuée peu avant un changement à la tête de la congrégation.

    Mais Enrico Roccagiachini, de Missa in latino, a remarqué le point 2 du motu proprio :

    La Section doctrinale, par l’intermédiaire du Bureau doctrinal, s’occupe des questions relatives à la promotion et à la protection de la doctrine de la foi et des mœurs. Elle encourage également des études visant à accroître la compréhension et la transmission de la foi au service de l’évangélisation, afin que sa lumière soit un critère pour comprendre le sens de l’existence, notamment face aux questions posées par le progrès des sciences et le développement de la société.

    Enrico Roccagiachini souligne le côté curieusement existentialiste du propos, mais surtout il remarque la spectaculaire concordance avec ce que disait il y a quelques jours le cardinal Hollerich, archevêque de Luxembourg :

    Les positions de l’Eglise sur le caractère peccamineux des relations homosexuelles sont erronées. Je pense que le fondement sociologique et scientifique de cette doctrine n’est plus correct. Il est temps de procéder à une révision fondamentale de l’enseignement de l’Église, et la façon dont le pape François a parlé de l’homosexualité peut conduire à un changement de doctrine.

    Ce n’est plus un mystère que François va nommer Mgr Scicluna, archevêque de Malte, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Or Mgr Scicluna est connu pour ses sympathies LGBTQI+. Les mouvements invertis de Malte : Allied Rainbow Community, Drachma LGBTI, Drachma Parents Group, LGBTI+ Gozo et le Malta LGBTIQ Rights Movement (MGRM) – il y en a tant que ça ? – ont eu tout récemment une conversation « positive » avec l’archevêque. Quant à l’autre évêque de Malte, le désormais cardinal Grech, il est secrétaire général du Synode, sur le site duquel on trouve la propagande LGBTQI+ de New Way Ministry, pourtant condamné par l’épiscopat américain.

    On rappellera que les évêques de Malte ont été les premiers à déclarer que Amoris Laetitia permettait enfin de donner la communion aux divorcés soi-disant remariés.

    François va se rendre à Malte début avril. Si l’on en croit Mgr Scicluna ce sera pour célébrer une fois de plus « l’accueil des migrants ». Car déjà les Maltais avaient accueilli saint Paul « avec une humanité peu ordinaire ». Il oublie seulement de préciser que saint Paul n’était ni un « migrant » ni un « réfugié » mais un prisonnier qu’on conduisait à Rome pour être jugé…

  • Mardi de la Septuagésime

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    Franz Xaver Karl Palko (XVIIIe siècle).

    ℟. Immísit Dóminus sopórem in Adam, et tulit unam de costis ejus: † Et ædificávit costam, quam túlerat Dóminus de Adam, in mulíerem, et addúxit eam ad Adam, ut vidéret quid vocáret eam: * Et vocávit nomen ejus Virágo, quia de viro sumpta est.
    . Cumque obdormísset, tulit unam de costis ejus, et replévit carnem pro ea.
    ℟. Et ædificávit costam, quam túlerat Dóminus de Adam, in mulíerem, et addúxit eam ad Adam, ut vidéret quid vocáret eam.
    . Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.
    ℟. Et vocávit nomen eius Virágo, quia de viro sumpta est.

    ℟. Le Seigneur envoya un profond sommeil à Adam et lui prit une côte : † Et le Seigneur bâtit en femme la côte qu’il avait prise à Adam, et il l’amena à Adam, pour voir quel nom celui-ci lui donnerait ; * Et il l’appela du nom de femme, parce qu’elle a été prise de son mari.
    . Et lorsqu’il se fut endormi, il lui prit une côte et la remplaça par de la chair.
    ℟. Et le Seigneur bâtit en femme la côte qu’il avait prise à Adam, et il l’amena à Adam, pour voir quel nom celui-ci lui donnerait ;
    . Gloire au Père, au Fils, * et au Saint-Esprit
    ℟. Et il l’appela du nom de femme, parce qu’elle a été tirée de son mari.

    Le texte de ce répons vient des versets 21 à 23 du deuxième chapitre de la Genèse selon la Vulgate, mais l’expression « ut vidéret quid vocáret eam » est reprise du verset 19, quand Dieu fait défiler les animaux devant Adam pour voir comment il va les appeler. Pour ce qui est de la femme, le texte hébreu dit que Adam l’appelle Isha (femme) parce qu’elle est issue de Ish (homme). Les vieilles latines avaient mulier et vir. Saint Jérôme a tenté de garder le jeu de mots, en disant qu’il l’appelle Virago parce qu’elle est tirée de Vir. Le mot existait déjà si l’on en croit Gaffiot qui cite Plaute, Ovide, Sénèque… et même un auteur chrétien, Lactance, mais c’est pour parler de la reine des Amazones vaincue par Hercule… Car la « virago » est une femme… virile, guerrière, et la postérité de la trouvaille de saint Jérôme ne militera guère en sa faveur…

    Alors comment traduire ? Les Septante avaient eu une idée : puisqu’on ne pouvait pas transcrire le jeu de mots, ils avaient fait en quelque sorte du propos d’Adam une définition du mariage, en ajoutant un petit adjectif possessif : il l’appela femme (guini), parce qu’elle a été tirée de son mari (andros aftis). Le premier couple est ainsi clairement désigné comme mari et femme qui sont une seule chair… Ce qui est le verset suivant.

  • Lundi de la Septuagésime

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    Franz Xaver Karl Palko (XVIIIe siècle).

    ℟. Formávit Dóminus hóminem de limo terræ, * Et inspirávit in fáciem ejus spiráculum vitæ, et factus est homo in ánimam vivéntem.
    . In princípio fecit Deus cælum et terram, et plasmávit in ea hóminem.
    ℟. Et inspirávit in fáciem eius spiráculum vitæ, et factus est homo in ánimam vivéntem.
    .  Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.
    ℟. Et inspirávit in fáciem eius spiráculum vitæ, et factus est homo in ánimam vivéntem.

    ℟. Le Seigneur forma l’homme du limon de la terre, * Et insuffla dans son visage un souffle de vie, et l’homme devint âme vivante.
    . Au commencement Dieu fit le ciel et la terre, et y façonna l’homme.
    ℟. Et il insuffla dans son visage un souffle de vie, et l’homme devint âme vivante.
    . Gloire au Père, au Fils, * et au Saint-Esprit
    ℟. Et il insuffla dans son visage un souffle de vie, et l’homme devint âme vivante.

    Répons des matines. Le corps du répons suit le texte de la Vulgate (Genèse 2,7). Mais pas le verset, qui est un très bref résumé de la création, et utilise le verbe « plasmare ». Ce verbe est d’origine grecque. On le trouve sans doute d’abord chez Tertullien (mais il utilise aussi finxitfingo, qui a donné figura -, le mot latin traditionnel des vieilles latines), puis dans la traduction de saint Irénée, et dans la traduction des homélies d’Origène par Rufin. Le texte de la Septante dit en effet que Dieu a façonné, modelé l’homme (avec de la terre) : « ἔπλασεν », du verbe plasso, qui a donné en latin plasmare, par le substantif plasma (qui est exactement le mot grec). Ces mots sont ainsi du latin « technique » chrétien, et ils ne seront quasiment utilisés que pour évoquer la création de l’homme.

  • Septuagésime

    Hier soir nous avons enterré l’Alléluia, qui disparaît de toute la liturgie et ressuscitera à Pâques. Voici le temps de la préparation à la grande pénitence du carême. Donc il n’y a plus d’alléluia non plus à la messe entre le graduel et l’évangile. Il est remplacé par un « trait » (tractus). Et celui de ce dimanche de la Septuagésime nous plonge dans le bain sans ménagements : c’est le début du De profundis. Et seulement le début : des profondeurs de l’abîme de ma misère je crie vers toi. Certes, je compte sur ton pardon, mais la pièce s’arrête avant la deuxième partie du psaume qui exprime ouvertement l’espérance et l’assurance de la rédemption.

    De profúndis clamávi ad te. Dómine : Dómine, exáudi vocem meam. Fiant aures tuæ intendéntes in oratiónem servi tui. Si iniquitátes observáveris, Dómine : Dómine, quis sustinébit ? Quia apud te propitiátio est, et propter legem tuam sustínui te, Dómine.

    Du fond des abîmes, j’ai crié vers toi, Seigneur ; Seigneur, exauce ma voix. Que tes oreilles soient attentives à la prière de ton serviteur. Si tu examines nos iniquités, Seigneur, qui subsistera ? Mais auprès de toi est la propitiation et à cause de ta loi je compte sur toi Seigneur.

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