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Le blog d'Yves Daoudal - Page 408

  • L’Eglise de François…

    Si François a effectué le grand reset de l’Académie pontificale pour la vie, c’était pour qu’elle devienne l’Académie pontificale pour la mort.

    L’Académie pontificale pour la vie s’est montrée récemment favorable à ce que l’Église italienne ne s’oppose plus à la législation sur le suicide assisté. Un tournant dans la stratégie adoptée par Rome sur les questions de bioéthique : l’Église espère ainsi continuer à pouvoir faire entendre sa voix, quitte à participer à des « lois imparfaites ».

    (…)

    Ce tournant stratégique, qui acte en quelque sorte le fait que l’Église catholique n’est plus en capacité, dans certains pays, de s’imposer par un rapport de force ou de se faire entendre par ses arguments classiques, est validé au plus haut niveau par le pape François. Depuis le début de son pontificat, le successeur de Benoît XVI ne cesse en effet de rappeler que l’enseignement moral de l’Église ne doit pas primer sur l’annonce de l’Évangile.

    « L’annonce de l’amour salvifique de Dieu est première par rapport à l’obligation morale et religieuse. Aujourd’hui, il semble parfois que prévaut l’ordre inverse », soulignait-il ainsi dès 2013. Et aujourd’hui, le changement promu par l’Académie pontificale pour la vie semble donc tirer les enseignements de ce principe.

    Le principe d’inversion…

  • Sissi de plus en plus fort…

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    Après avoir fait voter une loi qui permet de régulariser les églises construites sans permis quand c’était mission impossible (à ce jour 1.958 églises et dépendances ont été régularisés), et avoir imposé à Al Azhar un profil bas quasi œcuménique, le maréchal président Abdel Fattah al Sissi a décidé que dans le cadre de l'intense programme de développement urbain qui vient d’être lancé, chaque nouveau quartier construit aura sa propre église.

    C'est ce qu'a confirmé le patriarche copte orthodoxe Tawadros II, qui a consacré samedi la nouvelle église de la Vierge et de sainte Marie l’Egyptienne construite à El Salam City, un nouveau quartier de la vaste zone du Caire (photo).

    Espérons que Sissi soit sûr de ses gardes du corps…

  • Saint Jean de Matha

    Extrait de la longue notice sur saint Jean de Matha dans Les Petits Bollandistes (édition 1881).

    Les détails attendrissants que les deux disciples de saint Jean de Matha lui donnèrent sur leur mission à Maroc [Marrakech], si heureusement accomplie, le portèrent à suspendre toutes ses fondations et ses œuvres de zèle en Italie et en France, et à partir lui-même, après avoir recommandé à saint Félix de Valois, supérieur de la maison de Cerfroy, de veiller à la délivrance des chrétiens esclaves dans les contrées occidentales du Maroc, et de réaliser au plus tôt les espérances que les deux premiers envoyés avaient laissées dans les cachots qu'ils avaient déjà visités. Il voulait, quant à lui, briser les fers des Italiens qui gémissaient en grand nombre à Tunis et à Tripoli. Ainsi, sur tout le littoral d'Afrique, on vit briller en même temps l'étendard de la rédemption; car, peu de jours après, Jean et quelques-uns des siens parurent sur ces plages inhospitalières et si justement redoutées.

    La ville de Tunis, quoique plus antique que Maroc, n'en avait pas la magnificence. Celle-ci comptait à peine un siècle d'existence, que déjà elle était la capitale d'un des plus puissants empires du monde. Tunis, au contraire, était pauvre, et ses féroces habitants avaient encore moins d'égards pour les droits de l'humanité que ceux de la capitale des Etats barbaresques; éloignés des regards du souverain, ils pouvaient se livrer, sans contrôle, à leur fanatisme cruel sur leurs esclaves chrétiens.

    L'homme de Dieu n'ignorait point cela : inaccessible néanmoins à tout autre sentiment qu'à celui de la charité, il demanda audience au gouverneur qui ne put résister à son éloquente parole. Toutefois, la rançon des captifs fut taxée à un prix énorme, ce qui fit que notre Saint, malgré d'abondantes aumônes, ne put obtenir que cent dix esclaves. Il fournit à d'autres des vêtements et quelques objets de première nécessité, en même temps qu'il ranimait leur foi et leur laissait l'espoir de voir arriver bientôt de nouveaux libérateurs.

    Les mahométans, irrités du zèle avec lequel le saint missionnaire exhortait les captifs à mourir plutôt que d'abandonner leur religion, épiaient le moment d'assouvir leur rage. Quelques-uns de ces furieux l'ayant trouvé seul, se précipitèrent donc sur lui, le dépouillèrent de ses habits, lui firent subir mille outrages, l'accablèrent de coups, et le croyant mort, ils le laissèrent, nageant dans son sang. Mais Dieu le conserva par miracle, et ses forces à peine revenues, il recommença, plein d'ardeur, son œuvre de miséricorde.

    Nul ne peut peindre la scène qui s'offrit au moment où notre Saint, muni du sauf-conduit du gouverneur, descendit dans les antres hideux de l'esclavage. Les infortunés qui y gisaient, couchés sur leurs chaînes, s'étonnèrent d'abord de voir des figures qui n'étaient point celles de leurs impitoyables geôliers; puis, revenus de leur surprise et instruits de la mission de ces charitables étrangers, ils se jettent spontanément à leurs pieds, implorent leur tendre commisération, baisent leurs mains libératrices et les arrosent de larmes amères; ils montrent leurs fers, disent leurs souffrances, exposent leurs malheurs. Ah ! il n'en fallait pas tant pour toucher le cœur aimant de Matha. Le tableau de tant de misères lui déchirait l'âme, et l'impuissance de les soulager toutes grandissait sa douleur. Il fallut choisir. Ce choix difficile désigna, pour la liberté, les malheureux esclaves dont l'état excitait le plus la pitié; puis les portes de fer se refermèrent sur leurs compagnons d'infortune.

    A la suite de Jean de Matha, les captifs rachetés quittèrent l'affreux séjour si longtemps témoin de leurs maux. Puis ils montèrent dans le navire qui devait leur rendre une patrie, une famille et le repos, après les longues fatigues de l'esclavage; le vaisseau ne voguait pas assez vite à leur gré. Enfin, on découvrit le rivage, on salua avec transport les côtes de l'Italie, et on jeta l'ancre dans le port d'Ostie; alors on put les voir dans le délire de la joie, baiser, avec reconnaissance, cette terre hospitalière, d'où était parti leur libérateur.

    Jean de Matha, dont le contentement avait quelque chose de céleste, dirigea vers Rome ses chers esclaves. Une multitude empressée accourut. Rome païenne avait insulté des guerriers et des rois vaincus, Rome chrétienne, au contraire, vint s'associer au bonheur de ces pauvres affranchis. Jadis les vainqueurs traînaient au Capitole leurs malheureux captifs; en ce jour, Jean de Matha, plus grand que les Scipion et les César, conduisait au temple saint ceux dont il avait brisé les fers et les renvoyait libres dans leurs familles reconnaissantes.

  • Quand Poutine reçoit Macron...

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    Dans le respect des gestes barrière, sans doute...

    Quelques détournements pour sourire quand même un peu...

  • En Inde

    Un groupe de militants radicaux hindous a détruit le Centre de la Sainte Croix de Saint Antoine, un lieu catholique de prière et d'accueil, construit il y a 40 ans à Urandady Gudde-Panjimogaru, près de la ville de Magalore, dans l'état de Karnataka, au sud de l'Inde. Le 5 février, des membres du groupe " Shri Sathya Kordabbu Seva Samiti " ont rasé la structure. Les militants sont arrivés avec un bulldozer, démolissant le bâtiment qui offrait des services sociaux.

    Le centre Sainte-Croix de Saint-Antoine fonctionnait comme un centre d'asile et d'hébergement pour les familles défavorisées. Une trentaine de familles locales ont exprimé leur grande détresse et leur inquiétude face à cet incident et se sont retrouvées sans abri.

    La démolition a eu lieu sans aucune justification légale, alors que la structure avait fait l'objet d'une plainte de groupes hindous qui la considéraient comme "illégale" et demandaient sa démolition. Dans un ordre précis, les autorités civiles ont émis ces derniers jours une circulaire stipulant que personne n'avait le droit de pénétrer dans les locaux du Centre jusqu'à une décision de justice, attendue lors d'une audience prévue le 14 février.

    Fides

  • Les fanatiques ont encore frappé

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    « La statue de la Vierge : un beau cadeau de Noël pour les Flottais ». C’était le titre de Ré à la Hune, « le journal d’information gratuit de l’Île de Ré » : « Le 22 décembre dernier, la statue de la Vierge située à l’entrée du village de La Flotte a repris sa place comme un vrai repère qu’elle constitue depuis des années pour la commune et ses habitants. » La statue avait été cassée en plusieurs morceaux par un chauffard le soir du 17 mai 2021. Le maire Jean-Paul Héraudeau avait aussitôt annoncé qu’elle serait restaurée, mais cela s’avéra impossible. Il fut donc décidé de la refaire à l’identique, mais cette fois en pierre alors que l’originale était en ciment, « afin d’apporter une touche de douceur dans les formes comme le drapé du voile, le visage ou encore les mains ».

    Peu avant Noël la nouvelle statue a donc été installée. Ce qui a réveillé les fanatiques laïcards locaux appelés par antiphrase « Libre Pensée ». Tout-à-coup ils se sont avisés que cette statue était un « signe religieux » érigé sur un « emplacement public », donc en violation de la loi de 1905. Ils ont saisi le tribunal administratif, qui leur donnera raison le 3 mars prochain, comme l’indiquent les conclusions du rapporteur public. Car la statue a été érigée après la loi de 1905. « S’il n’y avait pas eu cet accident, il n’y aurait pas eu de débat ni même de procédure », remarque le maire.

    Ré à la Hune précise :

    « Cette statue occupe une place importante dans le cœur des Flottais. Il s’avère qu’au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, une famille qui avait la foi, l’avait achetée et installée dans son jardin pour remercier du retour sain et sauf d’un père et de son fils. Ensuite, ces paroissiens en ont fait don à la mairie qui l’a positionnée rue de Sainte-Marie pour la déménager en 1983 et l’installer définitivement à l’endroit actuel. D’où l’inscription sur la pierre “Vœux de guerre”. »

    Ce qui souligne à quel point les fanatiques laïcards n’ont aucun respect, non seulement de la religion, mais de leurs concitoyens et de leur histoire.

  • "Pourriture"

    De façon récurrente et obsessionnelle, François dénonce et condamne les "rigidités", celles des tradis, bien sûr, pas les siennes. Cette fois il a franchi un nouveau pas dans l’insulte :

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    C’est dans La Croix.

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  • Saint Romuald

    Quelques images de la cellule de saint Romuald. La pauvreté, le dépouillement, l’austérité, la simplicité, n’empêchent pas de vivre dans le beau, et aussi dans un certain confort.

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    1. Corridor - 2. Buanderie - 3. Salle de bain - 4. Intérieur de la cellule - 5. Lit - 6. Bureau - 7. Bûcher - 8. Chapelle.

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    Dictionnaire de spiritualité, Beauchesne 1971

  • 5e dimanche après l’Epiphanie

    Celui qui sème la bonne semence est le Fils de l'homme, dit-il en parlant de lui-même. Le champ, c'est le monde ; la bonne semence, ce sont les enfants du royaume ; l'ivraie n'est pas autre chose que les enfants du malin esprit. L'ennemi qui répand cette dernière, c'est le démon ; la moisson, c'est la fin du siècle ; les moissonneurs sont les anges. Quand donc le Fils de l'homme viendra, il enverra ses anges, et ceux-ci enlèveront de son royaume tous les scandales, et ils en enverront les auteurs dans la fournaise du feu ardent où il y a pleur et grincement de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père.

    Je vous cite ici des paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Voyez maintenant ce que nous devons désirer d'être dans son champ. Voyez en quel état il faut que nous soyons trouvés au jour de la moisson. Car si le champ est le monde, il est aussi, et par là même, l'Eglise qui est répandue par tout le monde. Que celui qui est froment persévère jusqu'à la moisson. Que ceux qui sont ivraie se transforment en froment. Voilà précisément la différence qui existe entre les hommes, d'une part, et d'autre part les épis et l'ivraie proprement dits, qui croissent dans la terre. Ce qui est épi demeure épi ; ce qui est ivraie demeure ivraie. Dans le champ du Seigneur, au contraire, c'est-à-dire dans l'Eglise, ce qui était d'abord froment se change parfois en ivraie, et parfois aussi ce qui était ivraie devient froment, et nul ne sait ce qui adviendra demain soit de l'un, soit de l'autre. C'est pourquoi, lorsque les ouvriers indignés veulent arracher l'ivraie, le père de famille ne leur permet point de le faire. Ils voudraient faire disparaître l'ivraie, mais on ne leur permet point de la séparer du bon grain. Leur activité doit avoir pour limite la limite même de leurs aptitudes : aux anges maintenant d'accomplir l'œuvre de la séparation de l'ivraie. A la vérité, les ouvriers n'auraient point voulu réserver aux anges le soin d'accomplir cette séparation ; mais le père de famille, qui connaissait les uns et les autres, et qui savait que cette séparation devait être remise à un temps plus éloigné, ordonna à ses ouvriers de laisser subsister l'ivraie, et de ne point la séparer. Non, leur répondit-il, quand ils lui firent cette demande : Voulez-vous que nous allions et que nous arrachions l'ivraie ? Non, de peur qu'en voulant arracher l'ivraie, vous n'arrachiez peut-être le bon grain en même temps. Donc, Seigneur, l'ivraie même sera avec nous dans votre grenier ? « Quand le temps de la moisson sera venu, je dirai aux moissonneurs: Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler. » Laissez subsister dans le champ ce que vous n'aurez point avec vous dans mon grenier.

    Ecoutez, ô très chers grains du Christ, écoutez, ô très chers épis, écoutez, ô très cher froment du Christ. Recueillez toute votre attention et portez-la sur vous-mêmes et sur votre conscience. Interrogez votre foi, interrogez votre charité, excitez votre conscience. Et si vous reconnaissez en vous le vrai froment, souvenez-vous de cette parole : « Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, c'est celui-là qui sera sauvé. ». Quiconque, au contraire, après cet examen de sa conscience, reconnaît être de l'ivraie, qu'il ne craigne point d'être transformé : l'ordre de le couper n'a point encore été donné, le jour de la moisson n'est point encore venu. Cessez aujourd'hui d'être ce que vous étiez hier, ou du moins ne soyez plus demain ce que vous êtes aujourd'hui. A quoi vous sert-il de dire parfois que vous changerez ? Dieu vous a promis d'être indulgent au jour de votre conversion, mais il ne vous a point promis le jour de demain. Tel vous sortirez de votre corps, tel vous serez moissonné. Un homme vient de mourir, ne me demandez pas son nom, je ne le connais point ; cet homme était de l'ivraie au moment de sa mort, pensez-vous qu'il lui soit encore possible de devenir du froment ? C'est dans ce champ seulement que l'ivraie se transforme en froment et le froment en ivraie. Cette transformation est possible ici-bas ; ailleurs, c'est-à-dire après la vie présente, c'est le temps de recueillir le fruit des œuvres accomplies, non point d'accomplir celles que l'on a omises. Quiconque aura voulu être ici-bas de l'ivraie et se séparer soi-même du champ du Seigneur Jésus-Christ, ne sera point alors du froment. Peu importe, du reste, que l'ivraie demeure mêlée avec le bon grain, celui-ci n'a rien à craindre de ce mélange. Laissez croître l'un et l'autre jusqu'à la moisson, dit le père de famille ; oui, qu'ils croissent ensemble. Les moissonneurs ne se tromperont point, ils sauront ce qu'ils devront lier en gerbes destinées à être jetées au feu. Le froment ne pourra point être ni lié en gerbes, ni jeté au feu. Les gerbes rendront toute erreur et toute confusion impossibles.

    (…) Votre charité n'ignore pas que l'ivraie se rencontre jusque dans les moissons les plus élevées et les plus sublimes, même parmi les personnes qui ont embrassé la vie religieuse ; et vous dites : Il y a des hommes pervers dans cet endroit, et encore dans cet autre. Oui, sans doute, il se rencontre partout des hommes pervers, mais les méchants ne régneront pas toujours avec les bons. Pourquoi vous étonner de rencontrer des hommes pervers dans le lieu saint ? Ne savez-vous pas que le premier péché fut un acte de désobéissance accompli dans le Paradis ? L'ange tomba par un acte de ce genre, est-ce qu'il souilla le ciel pour cela ? Adam tomba de la même manière : est-ce qu'il souilla le Paradis ? Un des enfants de Noé tomba à son tour, est-ce que la maison du Juste fut souillée pour cela ? Quand enfin Judas est tombé, est-ce que sa chute a souillé le chœur des Apôtres ? Parfois aussi les hommes considèrent comme froment ce qui est en réalité de l'ivraie, et d'autres fois ils considèrent comme ivraie ce qui est du froment véritable. C'est à cause de ces mystères cachés que l'Apôtre dit : « Ne jugez de quoi que ce soit avant le temps, jusqu'à ce que le Seigneur vienne et expose à la lumière ce qui est caché dans les ténèbres ; au jour où il manifestera les pensées les plus secrètes du cœur, et alors chacun recevra de Dieu sa louange. )» La louange sortant de la bouche des hommes passe ; parfois aussi les hommes accusent les saints sans les connaître. Que le Seigneur pardonne aux ignorants et vienne au secours de ceux qui souffrent.

    Saint Augustin, sermon 73/A

    • Dans le calendrier byzantin c'est aujourd'hui le dimanche du pharisien et du publicain, premier dimanche de préparation au carême.

  • Sainte Agathe

    Le doxastikon byzantin des vêpres de sainte Agathe chante ceci :

    Παράδοξον θαῦμα γέγονεν, ἐν τῇ ἀθλήσει τῆς πανενδόξου Ἀγάθης, καὶ Μάρτυρος Χριστοῦ τοῦ Θεοῦ, ἐφάμιλλον τῷ Μωϋσεῖ· ἐκεῖνος γάρ, τὸν λαὸν νομοθετῶν ἐν τῷ ὄρει, τὰς ἐγγραφείσας ἐν πλαξὶ θεοχαράκτους Γραφὰς ἐδέξατο, ἐνταῦθα δὲ ὁ Ἄγγελος, οὐρανόθεν τῷ τάφῳ πλάκα ἐπεκόμισεν ἐγγεγραμμένην· Νοῦς ὅσιος, αὐτοπροαίρετος, τιμὴ ἐκ Θεοῦ, καὶ πατρίδος λύτρωσις.

    Un miracle étonnant s'est produit lors de la passion de l'illustre Agathe, la martyre du Christ Dieu ; ce prodige la rend égale à Moïse, car ce dernier pour donner au peuple la Loi reçut les tables sur la montagne où furent gravées les inscriptions divines ; dans notre cas, c'est un Ange qui du ciel apporta sur le tombeau une plaque où il était écrit : Nous osios aftoproairetos timi ek Théou kai patridos lytrosis.

    Cette épitaphe promise à une grande postérité dit à peu près : « Âme sainte, qui agit librement, honneur (venu) de Dieu et rédemption de la patrie. »

    On en trouve l’écho latin à la fin de la préface du missel ambrosien : « Hanc Christo nuptam susceperunt angelorum agmina, quae mentis ejus sanctitatem indicarunt, et patriae liberationem » (l’armée des anges la reçut, mariée au Christ, et proclama la sainteté de son âme et la délivrance de sa patrie).

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    Codex 390 de Saint-Gall.

    Au moyen âge, dès le Xe siècle au moins, ce fut une antienne de Magnificat des premières vêpres de sa fête, très répandue, sous cette forme :

    Mentem sanctam, spontaneam, honorem Deo, et patriae liberationem

    Âme sainte, s’offrant volontairement, honneur pour Dieu et délivrance de la patrie. La traduction spontaneam souligne le sens du mot grec : Agathe s’est offerte volontairement en sacrifice, en référence aux sacrifices de la Loi qui étaient soit ceux qui étaient prescrits soit ceux qui étaient offerts volontairement, spontanément.

    On retrouve cette épitaphe dans la Légende dorée, où le récit est (bien sûr) embelli et amplifié :

    « Au moment où les fidèles ensevelissaient son corps avec des aromates et le mettaient dans le sarcophage, apparut un jeune homme vêtu de soieries, accompagné de plus de cent autres hommes fort beaux ; ornés de riches vêtements blancs, qu'on n'avait jamais vus dans le pays ; il s'approcha du corps de la sainte, à la tête de laquelle il plaça une tablette de marbre ; après quoi il disparut aussitôt. Or, cette table portait cette inscription : « Mentem sanctam, spontaneam, honorem Deo, et patriae liberationem. » En voici le sens : Elle eut une âme sainte ; elle s'offrit généreusement, elle rendit honneur à Dieu, et elle délivra sa patrie. (Mentem sanctam habuit, spontaneam se obtulit, honorem Deo dedit et patriae liberationem fecit). »

    Ainsi Jacques de Voragine rendait-il compréhensibles ces accusatifs qui n’étaient les compléments d’aucun verbe.

    Durand de Mende, à la même époque, reste plus sobre, mais n’explique pas les accusatifs (supposant sans doute que son lecteur instruit peut suppléer lui-même un verbe) :

    « La bienheureuse Agathe, après de nombreux supplices, mourut en prison. A la tête de cette sainte, dans son tombeau, un ange posa visiblement une tablette avec cette inscription : Mentem sanctam, spontaneam, honorem Deo et patriæ liberationem. C’est pourquoi la coutume s’est établie de faire la procession avec cette tablette, qui contient la description de ses vertus. »

    Juste un an après la mort de sainte Agathe une éruption de l’Etna menaça directement Catane. Les habitants prirent le voile de la sainte et le mirent face à la coulée de lave qui s’arrêta aussitôt. Depuis lors elle devint la sainte qui protège des incendies, des tremblements de terre et de tous les assauts de la nature, et par extension de tout mal et du malin. C’est pourquoi c’est l’une des inscriptions que l’on trouve le plus souvent sur les cloches entre le XIIIe et le XVIIIe siècle, en relation avec leur bénédiction qui demande à Dieu que leur son « procul recedat virtus insidiantium, umbra fantasmatum, incursio turbinum, percussio fulminum, lesio tonitruorum, calamitas tempestatum, omnisque spiritus procellarum » : repousse loin la puissance de ceux qui veulent nous tendre des pièges, les ombres des fantômes, l’attaque des ouragans, la frappe des éclairs, les dégâts des orages, la calamité des tempêtes, et tout souffle de bourrasques.

    Au point que sainte Agathe est devenue la patronne des fondeurs de cloches.

    Et, des cloches, l’inscription protectrice s’est transportée sur les images pieuses :

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