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Le blog d'Yves Daoudal - Page 409

  • Saint Isidore de Péluse

    C'est aujourd'hui dans le calendrier romain la fête de saint André Corsini. J’ai déjà consacré neuf notes à saint André Corsini, qui était assurément un saint évêque mais qui ne doit d’avoir une fête qu’à la puissance de sa famille et particulièrement au rejeton qui devint le pape Clément XII, et je ne vois rien à ajouter. (On les trouvera en tapant Corsini dans le cadre en haut à gauche : “Rechercher”.)

    Le dernier nom du martyrologe de ce jour est sainte Jeanne de Valois, qui eut sa fête liturgique dans le propre de France. Au milieu du martyrologe, il y a la mention de saint Isidore de Péluse, « prêtre et moine, renommé pour son mérite et son savoir ». C’est le saint dont fait mémoire aujourd’hui la liturgie byzantine, encore que ce qui prime soit toujours l’après-fête de l’Hypapante.

    Saint Isidore de Péluse eut une grande influence en Orient, comme en témoignent les 2000 lettres qui nous restent de lui, écrites entre 393 et 433, adressées à des correspondants extrêmement variés, du simple laïc à l’empereur en passant par des évêques et le patriarche d’Alexandrie, auquel il était apparenté. (Les Sources chrétiennes ont récemment publié les lettres 1214 à 2000 en trois tomes.)

    Voici un extrait du chapitre sur saint Isidore de Péluse dans Les Vies des Pères des désert d’Orient, d’Eugène Veuillot (le frère de Louis) d’après le R.P. Michel-Ange Martin.

    Il suffit d'avoir quelque connaissance de l'histoire ecclésiastique, pour ne pas ignorer ce que saint Chrysostome eut à souffrir de la part de Théophile d'Alexandrie, le chef de ses persécuteurs, et la difficulté que fit saint Cyrille, neveu et successeur de Théophile, de mettre dans les sacrés dyptiques ce saint docteur, par un préjugé dont enfin saint Isidore le fit revenir. Mais il n'est rien de plus fort que ce que celui-ci a écrit à Symmaque sur le procédé de Théophile. Quoiqu'il fût son allié, il ne le ménage point, parce que la gloire de Dieu y était trop intéressée, et qu'il importait que l'innocence de saint Jean fût reconnue et justement vengée. « Vous voulez, dit-il, que je vous apprenne la tragédie de Jean, cet homme divin : je vous avoue mon impuissance ; non seulement je n'ai point de termes pour cela, mais mon esprit s'y perd. Tout ce que je vous dirai en peu de mots, c'est qu'il semble que l'Égypte ait été dans tous les temps en possession de commettre des méchancetés et de noires injustices, en rejetant Moïse et en suivant les ordres iniques de Pharaon. On y déchirait les faibles à coups de fouets, on les opprimait par le travail, on les forçait à bâtir les villes, et on ne leur donnait point de salaire ; et c'est encore de notre temps qu'on a renouvelé cette horrible vexation ; car on y a vu de nos jours Théophile, homme dévoré de la passion de bâtir, et avide de l'or qu'il regardait comme sa divinité, s'unir avec quatre autres qu'on peut appeler apostats comme lui : on l'a vu, dis-je, attaquer cet homme si pieux et si éclairé dans les choses divines, pour satisfaire encore plus par cette méchanceté la haine qu'il avait conçue contre celui qui porte le même nom que moi. Mais observez en comparant Jean avec Théophile, qu'il en est d'eux comme de la maison de David et de Saül. Celle de ce dernier s'éteint, tandis que comme la maison de David, la réputation de Jean va en croissant, quoiqu'après avoir été agité par les tempêtes de cette vie, il soit enfin heureusement arrivé au séjour de la paix céleste dont il a le bonheur de jouir. »

    Saint Cyrille prévenu contre saint Jean Chrysostome, et trop attaché au sentiment de Théophile, refusait, comme nous avons dit, de mettre après sa mort son nom dans les sacrés dyptiques. Il revint pourtant de son erreur, Dieu ne permettant pas qu'un si saint homme, qui se ressentit dans cette occasion de la faiblesse de ses lumières naturelles et de la fragilité humaine, fût plus longtemps séduit par ses préventions. Saint Isidore lui en écrivit fortement, au rapport de Nicéphore ; et c'est à cette affaire que le cardinal Baronius rapporte ce qu'il lui écrit en ces termes : « Je suis effrayé par les exemples renfermés dans les divines Écritures ; mais je ne suis pas moins obligé, quand il est nécessaire, de dire la vérité. Car, si je suis votre père, puisque vous me donnez ce titre, je ne veux pas être condamné comme Hély, qui négligea de reprendre ses fils lorsqu'ils péchaient ; et si je suis votre fils, comme je le reconnais moi-même, je crains aussi de subir la peine de Jonathas, qui ne détourna pas son père de consulter la Pythonisse : que ce soit donc pour empêcher d'être condamné, ou afin que vous ne le soyez pas vous-mêmes, déposez tout ressentiment; ne vengez pas vos propres injures sur les morts, de peur de nuire à l'Église vivante, en rendant sous prétexte de piété, les disputes éternelles. »

  • Saint Blaise

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    Fresque de l’abside de l’église de l’Annonciation de Sant'Agata de' Goti (Bénévent), fin du XIVe siècle.

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    Il est représenté en évêque (de Sébaste en Arménie). Autour de lui des épisodes de sa vita. Ou du moins ce qu’il en reste.

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    En haut à gauche saint Blaise ermite. Avec des disciples, ce qui est curieux, car il vécut longtemps seul dans une caverne pour fuir la persécution de Dioclétien, et il n’y eut jamais personne avec lui, en dehors des bêtes sauvages qui venaient à lui sans lui faire aucun mal. On aperçoit juste une étrange petite bête blanche (une hermine ?) derrière les hommes en prière.

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    En dessous, on voit la même caverne, et deux soldats qui viennent arrêter saint Blaise. Derrière eux il y avait un cheval, dont on ne voit plus que les deux pattes antérieures.

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    La troisième scène montre saint Blaise comparaissant devant le féroce gouverneur (il n’a pas une auréole mais une couronne de laurier). Il y a une statue sur un pilier, rappelant le dialogue entre les deux hommes : « — Tu es donc bien déterminé à ne pas adorer les dieux ? » « — Apprends, misérable, que je suis le serviteur de Jésus-Christ et que je n'adore pas les démons. »

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    En haut à droite c’est le miracle le plus célèbre : une mère apporte son enfant en train de s’étouffer avec une arrête de poisson. Saint Blaise le guérit. En France on le représente avec deux cierges croisés, mais en Italie on le montre bénissant de la main (et c’est au moment où il fait le signe de croix sur la bouche de l’enfant que l’arrête est expulsée).

  • La purification

    « Purificátio beátæ Maríæ Vírginis, quæ a Græcis Hypapánte Dómini appellátur. » La Purification de la Bienheureuse Vierge Marie, fête appelée par les Grecs Hypapante du Seigneur, dit le Martyrologe. Voici l’isodikon, l’apolytikion et le kondakion de la divine liturgie de l'Hypapante, en l'église Saint-Nicolas de Palazzo Adriano, Eglise grecque-catholique italo-albanaise, en Sicile, le 2 février 2021.

    Σοφία. Ὀρθοί.

    La Sagesse ! Debout !

    Ἐγνώρισε Κύριος τὸ Σωτήριον αὐτοῦ, ἐναντίον πάντων τῶν ἐθνῶν ἀπεκάλυψε τὴν δικαιοσύνην αὐτοῦ.

    Le Seigneur a fait connaître son salut, aux yeux des païens il a révélé sa justice.

    Σῶσον ἡμᾶς Υἱὲ Θεοῦ, ὁ ἐν ἀγκάλαις τοῦ Δικαίου Συμεὼν βασταχθείς, ψάλλοντάς σοι, Ἀλληλούϊα.

    Sauve-nous, Fils de Dieu, qui fus porté dans les bras du juste Siméon, nous te chantons:  Alléluia.

    Χαῖρε κεχαριτωμένη Θεοτόκε Παρθένε· ἐκ σοῦ γὰρ ἀνέτειλεν ὁ Ἥλιος τῆς δικαιοσύνης, Χριστὸς ὁ Θεὸς ἡμῶν, φωτίζων τοὺς ἐν σκότει. Εὐφραίνου καὶ σὺ Πρεσβύτα δίκαιε, δεξάμενος ἐν ἀγκάλαις τὸν ἐλευθερωτὴν τῶν ψυχῶν ἡμῶν, χαριζόμενον ἡμῖν καὶ τὴν Ἀνάστασιν.

    Salut, ô pleine de grâce Vierge Mère de Dieu, car de toi s’est levé le soleil de justice, le Christ notre Dieu, illuminant ceux qui sont dans les ténèbres. Réjouis-toi, toi aussi, juste vieillard, qui as reçu sur tes bras celui qui libère nos âmes et nous donne la Résurrection.

    Ὁ μήτραν παρθενικὴν ἁγιάσας τῷ τόκῳ σου, καὶ χεῖρας τοῦ Συμεὼν εὐλογήσας ὡς ἔπρεπε, προφθάσας καὶ νῦν ἔσωσας ἡμᾶς Χριστὲ ὁ Θεός. Ἀλλ' εἰρήνευσον ἐν πολέμοις τὸ πολίτευμα, καὶ κραταίωσον Βασιλεῖς οὓς ἠγάπησας, ὁ μόνος φιλάνθρωπος.

    Ô toi qui as sanctifié par ta naissance le sein virginal, et qui as béni comme il le fallait les mains de Siméon, tu nous as maintenant sauvés, ô Christ notre Dieu, en venant à notre rencontre. Mais donne la paix à l’Etat quand c’est la guerre, et affermis les rois que tu aimes, ô seul ami des hommes.

  • Un sondage…

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    1400 habitants. En deuxième position Marine Le Pen.

  • La charia en Allemagne

    Lu sur Fdesouche

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    Il s’appelle Omid Nouripour (né à Téhéran).

  • Au Canada

    La gigantesque manifestation des camionneurs canadiens contre la tyrannie soi-disant sanitaire a reçu le soutien de Donald Trump : « Ils font plus pour défendre les libertés américaines que nos propres dirigeants… Nous voulons que ces magnifiques camionneurs canadiens sachent que nous sommes entièrement avec eux. »

    La capitale Ottawa est bloquée depuis samedi, et Trudeau, qui avait parlé d’une infime minorité de trublions, a préféré prendre la fuite (avec son covid de triplement vacciné).

    Une collecte de soutien aux camionneurs a réuni 4,5 millions de dollars…

    Lire l’intéressante analyse de Hilary White chez Jeanne Smits.

  • Deux précisions

    A propos de mon texte d’hier « Non possumus ».

    Il semble que certains l’aient pris pour une attaque contre les communautés anciennement Ecclesia Dei. Je n’ai peut-être pas été assez clair, mais le mot « aussi » dans la première phrase, et les motifs non doctrinaux de garder « aussi » l’ancienne messe indiquent que ce n’est pas du tout le cas. Au contraire, c’est même en pensant aux communautés ED critiquées pour refus de célébrer la nouvelle messe que j’ai écrit cela. Je n’avais donc nullement l’intention de critiquer leurs réactions à Traditionis custodes. Je ne l’ai pas fait et je ne me permettrais pas de le faire. Chacun réagit notamment selon les responsabilités qu’il assume.

    On me demande, dans un commentaire, et aussi par courriel, si la solution est de devenir orthodoxe. La question ne se pose pas aujourd’hui, et, grâce à Dieu, je serai mort si un jour elle se pose. Si François interdit complètement la célébration de la liturgie traditionnelle latine, il restera les liturgies traditionnelles orientales, à savoir essentiellement la liturgie byzantine et les liturgies syriaques des Eglises catholiques orientales. Tant que François ne les a pas supprimées. (Ceci n’est pas un procès d’intention : Sandro Magister avait fait état de rumeurs selon lesquelles François voulait supprimer la petite Eglise italo-albanaise. Or il y a deux ans il a fait d’un de ses deux évêques le secrétaire de la congrégation pour les Eglises orientales, et ne l’a toujours pas remplacé.)

  • Saint Ignace

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    Cathédrale Saint-Athanase de Ioannina (Epire). Fresque de Théodose et Constantin de Kapesovo (1835).

    La messe a été composée spécialement pour saint Ignace et reflète sa vie. La marque caractéristique de sa vie est l’ardent amour de la Croix, c’est pourquoi la plupart des textes de la messe parlent de l’amour pour le Christ. Dès l’Introït, nous nous chargeons joyeusement de la Croix ou plutôt nous prenons place sur la Croix avec le Christ. L’Épître est le sublime passage de la lettre aux Romains, où saint Paul proclame son amour pour le Christ : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Les tribulations, le besoin, la faim, la nudité, le danger, la persécution ou le glaive ? » Quel bel accent a le verset de l’Alléluia : « Avec le Christ, je suis attaché à la Croix, c’est pourquoi ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi ! » Cette belle parole est encadrée par l’Alléluia. Mais ce qu’il y a de plus beau dans la messe, c’est l’image du grain de froment. Cette image se retrouve dans toute la messe, dans l’Évangile comme parabole, à l’Offrande sous l’aspect de l’hostie faite de pur froment, à la Communion dans les paroles même de saint Ignace. A l’Évangile, c’est tout d’abord le Christ qui est le grain de froment. On lit dans le bréviaire d’aujourd’hui : « Le Seigneur Jésus était lui-même le grain de froment qui devait mourir et se multiplier, mourir par l’incrédulité des Juifs, se multiplier par la foi des peuples. Et il nous exhorte tous à marcher sur les traces de sa Passion. Celui qui aime sa vie la perdra » (Saint Augustin). Par la mort de ce grain de froment s’est produit un gros épi (le corps mystique, l’Église). Chaque chrétien à son tour devient un grain de froment qui mûrit et en même temps est moulu dans le martyre. Nous aussi, nous sommes ce grain de froment. A la Communion, la parole de saint Ignace : je suis le froment du Christ, s’applique non seulement au saint martyr, mais à nous aussi. Chacun de nous doit être moulu. Qu’est-ce qui sera pour nous la dent des bêtes ? Seront-ce les persécutions, les souffrances, les hommes ? Il est certain que le grain de froment doit mourir, soit qu’il soit enfoui en terre pour devenir un nouveau germe, soit qu’il soit moulu pour devenir du pain. Telle est notre tâche dans la vie : mourir au monde, à la chair, à l’homme inférieur.

    Dom Pius Parsch

  • En Espagne

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    L’Asociación Católica de Propagandistas (ACdP) - fondée en 1909 - fait placarder dans 33 villes, sur 260 panneaux d’abribus ou de stations de métro, cette affiche :

    Prier devant les cliniques d'avortement, c'est génial.

    En Espagne on pratique chaque année plus de 99.000 avortements. Le crime de ceux qui prient devant les centres d'avortement est de vouloir sauver une de ces vies.

    Puis, encadré en noir :

    Ce message pourrait être annulé par la réforme imminente de la loi sur l’avortement.

    Le QR code permet de prendre connaissance du témoignage du Dr Jesús Poveda, l'un des principaux promoteurs du mouvement pro-vie en Espagne, qui a été arrêté plus de 20 fois pour ses sit-in et ses opérations de sauvetage.

    Cancelado : le mot fait référence à la « Cancel culture », et cette campagne est la première des initiatives que va prendre l’ACdP contre cette idéologie, intitulées Cancelados.

    Une nouvelle loi sur l’avortement est en effet en discussion, qui comporterait notamment ce que nous appelons le délit d’entrave à avortement.

    Plusieurs municipalités ont manifesté l’intention d’enlever ces affiches, cherchant le moyen juridique de le faire. Le maire de Valence est passé à l’acte sans attendre.

    En revanche, le maire de Madrid a ouvertement déclaré qu’il n’en était pas question. Le parti socialiste lui a écrit pour lui demander de retirer ces affiches. Réponse de Luis Martínez-Almeida (également porte-parole du PP) :

    « Madrid est une ville caractérisée par son haut degré de tolérance et de liberté, et cette liberté, comme il ne peut en être autrement, est à double sens. L’exercice de ces droits ne peut être restreint par aucune sorte de censure préalable. Il n’appartient pas à ce conseil municipal de juger si l’opinion défendue par l’annonceur est moralement répréhensible ou souhaitable, mais si les Madrilènes qui défendent une telle position ont le droit de pouvoir l’exprimer en toute liberté, comme la Constitution le leur accorde. »

  • Non possumus

    A la faveur, si l’on peut dire, de Traditionis custodes, on a vu refleurir le discours selon lequel, d’un côté, le pape a dû sévir parce qu’il y a des tradis qui rejettent la nouvelle messe, et de l’autre côté, les protestations de tradis affirmant que bien entendu ils ne rejettent pas la nouvelle messe mais qu’ils demandent seulement qu’on leur permette de garder aussi l’ancienne pour des raisons de… de quoi ? de préférence personnelle ? de sensibilité ? De « nostalgie » ?

    Soyons clair. Non, nous ne « préférons » pas la messe traditionnelle pour des raisons de « sensibilité », par souci esthétique, ou par « nostalgie » (une très large majorité d’entre nous n’était pas adulte au moment de la révolution liturgique). Nous rejetons la nouvelle messe parce qu’elle n’est pas traditionnelle, parce qu’elle n’est plus l’expression pleine et entière de la liturgie catholique.

    1. La néo-liturgie a été fabriquée de façon ouvertement anti-traditionnelle. Il fallait retrouver la pureté de la liturgie des premiers siècles par-delà, comme a osé le dire l’un de ses principaux fabricants, la « corruption grégorienne », à savoir de saint Grégoire le Grand. Cela suffit pour ne reconnaître aucune légitimité à cette « réforme ». Rien dans l’Eglise ne peut se faire contre la tradition, surtout quand on pousse l’impiété jusqu’à parler de la corruption dont se serait rendu responsable le principal codificateur de la liturgie latine, l’un des plus grands papes et docteurs de l’Eglise.

    2. En outre la prétendue volonté de retrouver la pureté des origines est un pur mensonge. Or aucune réforme fondée sur un mensonge ne peut être légitime. Les fabricants de la néo-liturgie, tellement fiers de leur œuvre, ont publié leurs travaux. Ils n’ont pas remis en vigueur ce qui existait avant la « corruption grégorienne » : ils ont fabriqué une liturgie de bout en bout, en utilisant des expressions prises de ci de là et rafistolées comme par le docteur Frankenstein, et en estompant ce qui dans l’ordo missae soulignait le sacrifice et la présence réelle.

    3. La raison de cette sordide cuisine est qu’il fallait prendre des expressions antiques pour faire croire qu’on rétablissait la pureté des origines, mais pour fabriquer une liturgie qui soit conforme aux aspirations de l’homme du « monde moderne », parce qu’on s’imaginait qu’ainsi on le ferait revenir à l’église. De ce fait une grande partie de la liturgie a été mise à la poubelle. Tout ce qui concernait le jeûne, la pénitence, l’ascèse, a été supprimé ou estompé, ainsi que ce qui parlait des difficultés de la vie chrétienne. Il n’est plus question de se détourner des séductions du monde terrestre et de rechercher les réalités d’en-haut. Le chrétien d’aujourd’hui étant adulte fait son salut sans avoir vraiment besoin de la grâce. C’est le grand retour du semi-pélagianisme. Je me permets de redonner la conclusion de l’étude de Lauren Pristas (munie de l’imprimatur) sur les collectes de l’Avent dans l’ancien missel et dans le nouveau, non sans souligner qu’aucun thuriféraire du nouveau n’a encore quitté son piédestal pour passer de la pétition de principe (c’est imposé par Rome donc c’est bien) à la critique des arguments précis :

    Les verbes de mouvement des deux ensembles décrivent des mouvements exactement opposés : dans les collectes de 1962, le Christ vient à notre rencontre ; dans celles de 1970, nous allons à la rencontre du Christ, nous arrivons, nous sommes amenés à, etc.

    Les prières de 1970 ne contiennent aucune référence au péché ni à ses dangers ; aux ténèbres ou à l'impureté de l'esprit; à la faiblesse humaine ou au besoin de miséricorde, de pardon, de protection, de délivrance, de purification. En outre, l’idée que nous devons subir une transformation pour entrer au ciel n’est évoquée que par le mot eruditio, instruction ou formation, dans la collecte du deuxième dimanche. (…)

    Ceux qui prient les collectes de 1970 ne cherchent pas l’assistance divine pour survivre aux périls ou pour commencer à faire du bien. En effet, ils n'expriment aucun besoin de telles aides. Ils demandent plutôt à entrer au paradis à la fin. En revanche, ceux qui prient les collectes de 1962 ne cherchent pas explicitement le ciel, mais exigent - les verbes à l’impératif - une aide quotidienne immédiate et personnelle sur le chemin. (…)

    Par ces trois différences, nous arrivons à un constat très délicat. En termes simples, la foi catholique considère que toute bonne action qui nous fait progresser vers le salut dépend de la grâce divine. Cette doctrine est formellement définie et elle ne peut être modifiée de façon à en inverser la portée. Chaque nuance des collectes de l'Avent de 1962 exprime sans ambiguïté cette doctrine catholique de la grâce, à la manière assez subtile et non didactique propre aux oraisons. Bien que les collectes de l'Avent de 1970 ne contredisent pas explicitement l'enseignement catholique sur la grâce, elles ne l’expriment pas et, plus inquiétant, elles ne semblent pas l'assumer.

    On nous dit que la nouvelle liturgie peut être célébrée de façon catholique. Oui, c’est indubitable. Elle peut l’être quand le prêtre qui la célèbre est vraiment catholique. Mais elle ne l’est pas en elle-même. Elle l’est par ce qu’on lui ajoute de l’extérieur. Je le vois de plus en plus à mesure que je connais mieux la liturgie byzantine. Il y a un véritable fossé entre le contenu de la liturgie byzantine et le contenu de la néo-liturgie qui n’est plus latine, fossé qui n’existe pas du tout avec la liturgie latine traditionnelle. On peut camoufler le caractère foncièrement anti-traditionnel de la néo-liturgie par des formes que l’on reprend de la liturgie traditionnelle, mais c’est un leurre. Le leurre que l’on voit dans les messes anglicanes de la high church : on dirait une messe de saint Pie V, sauf qu’il n’y a pas de prêtre ni de présence réelle…

    Un enrobage catholique de la néo-liturgie peut la faire paraître catholique pour un temps. Mais peu à peu le venin néo-pélagien des nouvelles oraisons, la révérence devant le monde, l’effacement de la nécessité de la pénitence, la suppression des quatre temps, de la Septuagésime, de toute mention du jeûne du carême, l’accent sur la communauté au détriment du regard vers Dieu, l’effacement de mots et de gestes significatifs dans l’ordo missae, le déclassement et en fait la mise au rancart du Canon romain, tout cela ne peut, à terme, qu’aboutir à une religion qui n’est plus catholique.

    Voilà la vraie raison. Arrêtons les faux fuyants. Arrêtons les politesses. C’est une guerre. Nous pouvons la perdre, parce que ce sont eux qui ont le pouvoir. Mais du point de vue surnaturel ce sont eux qui ont déjà perdu.