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Liturgie - Page 95

  • Mercredi des quatre temps de Pentecôte

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    L’antienne de communion de la messe de ce jour est plutôt étrange, puisqu’elle affirme une mélodie (en mode de sol ?) avec un si bécarre et passe brusquement, et jusqu’à la fin, à une mélodie (en mode de fa) avec si bémol, ce qui est plus déstabilisant qu’apaisant… Mais la paix que donne le Christ est-elle apaisante ?

    Par le Chœur grégorien du Mans en 1996, avec les deux premiers versets du psaume 121:


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    Pacem relínquo vobis, allelúia : pacem meam do vobis, allelúia, alleluia.

    Je vous laisse la paix, alléluia ; je vous donne ma paix, alléluia, alléluia.

    Lætatus sum in his quæ dicta sunt mihi : In domum Domini ibimus.
    Stantes erant pedes nostri in atriis tuis, Jerusalem.

    J’ai été dans la joie quand on m’a dit : Nous irons à la maison du Seigneur. Nos pieds se tenaient dans tes parvis, Jérusalem.

    Ce peut être l’occasion de découvrir le répons que chante la liturgie mozarabe à l’occasion du baiser de paix, qui a lieu avant le canon eucharistique.

    Par les moines de Silos :


    podcast

    Pacem meam do vobis, pacem meam comméndo vobis, non sicut mundus dat pacem, do vobis.

    ℣. Novum mandatum do vobis ut diligátis vos ínvicem.

    ℣. Glória et honor Patri et Fílio et Spíritui Sancto, in sæcula sæculórum. Amen.

    Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix, non comme le monde donne la paix, je vous la donne, moi.

    ℣. Je vous donne un commandement nouveau : de vous aimer les uns les autres.

    ℣. Gloire & honneur au Père & au Fils & au Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.

  • Mardi de Pentecôte

    Spíritus qui a Patre procédit, allelúia : ille me clarificábit, allelúia, allelúia.

    L’Esprit qui procède du Père, alléluia, me glorifiera, alléluia, alléluia.

    L’antienne de communion, toute simple et toute joyeuse, reprend une parole de Jésus annonçant sa glorification. Mais puisque je suis un membre du Christ, cette parole annonce ma propre glorification par l’Esprit dans cette communion.

    Par les moines de Solesmes en 1930 :

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    podcast

  • Lundi de Pentecôte

    Spíritus Sanctus docébit vos, allelúia : quæcúmque díxero vobis, allelúia, allelúia.

    L’Esprit-Saint vous enseignera, alléluia, tout ce que je vous ai dit, alléluia, alléluia.

    Les accents de la mélodie sont sur « vos » et « vobis », parce que c’est l’antienne de communion et que c’est vous qui communiez qui êtes concernés par l’action de l’Esprit en ce moment même.

    Par les moines de Solesmes en 1930.

  • Pentecôte

    Factus est repénte de cælo sonus, tamquam adveniéntis spíritus veheméntis, ubi erant sedéntes, allelúia : et repléti sunt omnes Spíritu Sancto, loquéntes magnália Dei, allelúia, allelúia.

    Tout à coup il se produisit, venant du ciel, un bruit comme celui d’un vent impétueux là où ils étaient assis, alléluia. Ils furent tous remplis du Saint-Esprit, annonçant les merveilles de Dieu, alléluia, alléluia.

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    La mélodie de l’antienne de communion décrit bien la soudaineté de l’arrivée du Saint-Esprit, et rayonne de la joie de cette grande fête.

    Par les moines de l’abbaye Saint-Joseph de Flavigny.

    "Factus est repente" est un des "Strathclyde Motets" de James MacMillan. Comme il suit de près la mélodie grégorienne, il est intéressant de voir comment il souligne la grandiose soudaineté de la venue de l’Esprit, et comment il magnifie les « magnalia Dei » (en reprenant son illustration de « repente »). L’alléluia qui suit est lui aussi magnifié, alors que le dernier, comme celui qui concluait la première phrase, est contemplatif.

  • Vigile de la Pentecôte

    L’oraison est un hymne à la lumière divine : « Que l’éclat de ta clarté brille au-dessus de nous, afin que la lumière de ta lumière remplisse les cœurs de l’illumination du Saint-Esprit » (Remarquons tous les termes qui signifient la lumière). Rappelons-nous que cette messe est une cérémonie nocturne de vigile.

    La leçon rapporte un épisode qui se passa à Éphèse. Saint Paul baptise quelques disciples de saint Jean-Baptiste : « Après l’imposition des mains, le Saint-Esprit vint sur eux et ils parlèrent en différentes langues et ils furent illuminés par Dieu ». Ce qui se passa alors se réalise dans les nouveaux baptisés (et en nous) d’une manière mystique. Les manifestations visibles, en effet, ne sont pas le principal.

    L’Évangile nous donne, cette fois encore, un extrait du discours d’adieu du Seigneur concernant le Saint-Esprit. Que dit le Seigneur au sujet du Saint-Esprit ? « Le Père vous enverra un autre Paraclet (consolateur, avocat ; le premier consolateur était le Christ), l’Esprit de vérité, afin qu’il demeure avec vous éternellement... Vous le reconnaîtrez car il demeurera avec vous et habitera en vous ». Le joyeux message que contient ce passage est donc celui-ci : Le Saint-Esprit demeurera personnellement et d’une manière durable en nous. Nous vivons en lui, il est notre vie. Ce que l’Église nous promet et nous fait entrevoir dans l’avant-messe, nous le recevons comme fruit du Saint-Sacrifice.

    C’est pourquoi, à l’Offertoire, nous implorons avec instance la descente du Saint-Esprit dans l’Eucharistie. La Communion fait couler en nous la source vive de l’Esprit. La Postcommunion est la même que le jour de la fête : le Saint-Esprit est la rosée, la pluie fécondante de l’âme.

    Dom Pius Parsch

  • Sainte Clotilde

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    (Propre de la Congrégation de France de l'Ordre de saint Benoît, 1928)

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    (Confrérie Sainte-Clotilde)

  • L’Eglise de l’anarchie

    Pour la première fois depuis la fondation du séminaire de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre à Wigratzbad, l’évêque du lieu, qui est aujourd’hui Mgr Bertam Meier, a conféré l’ordination diaconale à dix séminaristes. Selon le pontifical de 1962 : celui que le pape a explicitement interdit d’utiliser dans son dernier motu proprio sur la question. Mgr Meier a déclaré : « Le fait que l’évêque local d’Augsbourg confère aujourd’hui l’ordination diaconale est aussi un signe de notre communion intérieure, qui nous unit affectivement et effectivement : entre nous et avec le successeur de Pierre, le pape François. »

    Comprenne qui pourra. (Mais tant mieux pour la FSSP, et merci à cet évêque pour ce témoignage de communion avec la tradition.)

  • Saint Pothin et ses compagnons

    Grâce à Eusèbe de Césarée qui dans son Histoire ecclésiastique en a reproduit de larges extraits, comme on dit aujourd’hui, nous avons ce document exceptionnel qu’est la lettre des Eglises de Vienne et de Lyon aux Eglises d’Asie et de Phrygie sur les martyrs de 177. C’est l’un des rares documents indiscutablement authentiques sur les martyres de cette époque. Voici ce qui concerne sainte Blandine, « sexu infírmior, córpore imbecíllior, conditióne dejéctior », comme dit le martyrologe, petite et frêle esclave qui se montra plus forte que les hommes.

    Dès lors, les saints martyrs supportèrent des traitements qu’il est impossible de décrire. Satan mettait son point d’honneur à leur faire dire quelque blasphème. Chez les gens du peuple, chez le légat et les soldats, la colère atteignit son plus haut point contre Sanctus, le diacre de Vienne, contre Maturus, un nouveau baptisé mais un courageux athlète, contre Attale de Pergame, qui avait toujours été pour ceux d’ici une colonne et un appui, et enfin, contre Blandine. En la personne de Blandine, le Christ montra que ce qui paraît aux yeux des hommes sans beauté, simple, méprisable, est digne, aux yeux de Dieu, d’une grande gloire à cause de l’amour qu’on a pour lui, cet amour qui se montre dans ce qu’on est capable de faire et ne se vante pas d’une apparence extérieure. Nous tous, en effet, nous avions craint, et avec nous sa maîtresse - laquelle était aussi engagée dans le combat et au nombre des martyrs - que Blandine, dans cette lutte, ne soit pas capable, à cause de sa faiblesse physique, de faire avec assurance sa confession de foi. Mais Blandine fut remplie d’une telle force qu’elle épuisa et fit capituler tous ceux qui successivement la torturèrent de toutes les façons, du matin au soir. Eux-mêmes se reconnaissaient vaincus, ne sachant plus quoi lui faire, et ils s’étonnaient qu’elle respirât encore, quand tout son corps était brisé et ouvert. Ils avouaient qu’une seule espèce de ces tortures était suffisante pour arracher la vie à quelqu’un ; à plus forte raison, des tortures si cruelles et si nombreuses !

    Cependant la bienheureuse, comme une courageuse athlète, trouvait une nouvelle jeunesse dans la confession de sa foi. C’était pour elle une reprise, un repos, un apaisement dans tout ce qui lui arrivait, que de dire : « Je suis chrétienne et chez nous il n’y a rien de mauvais ».

    (…)

    Blandine, elle, suspendue à un poteau, était exposée pour être la pâture des bêtes qu’on lâchait sur elle. En la regardant suspendue à cette espèce de croix, en l’entendant prier à haute voix, les combattants sentaient croître leur courage : au milieu de leur combat, ils voyaient, de leurs yeux de chair, à travers leur sœur, Celui qui a été crucifié pour eux afin de montrer à ses fidèles que tous ceux qui souffrent pour glorifier le Christ gardent toujours l’union avec le Dieu vivant. Comme aucune bête ne l’avait alors touchée, on la détacha du poteau et on la remit en prison, en réserve pour un autre combat.

    Ainsi, victorieuse dans plusieurs épreuves, elle rendit définitive la condamnation du perfide Serpent et encouragea ses frères, elle, petite, faible et méprisable, mais comme revêtue du Christ, le grand et invincible athlète. Elle terrassa l’Adversaire en beaucoup d’épreuves et mérita par son combat la couronne de l’incorruptibilité.

    (…)

    Après tout cela, le dernier jour des combats singuliers, on introduisit à nouveau dans l’amphithéâtre Blandine en même temps que Pontique, un jeune garçon de quinze ans. Chacun des jours précédents, on les avait amenés pour voir les tortures des autres. On s’efforçait de les contraindre à jurer par les idoles, mais ils restèrent fermes et ne prêtèrent aucune attention à ces insistances. La foule alors fut prise d’une fureur sauvage contre eux, sans aucune pitié pour l’âge du jeune garçon, sans aucun égard pour la femme. On les soumit à toutes les épreuves et on les fit passer par toute la série des tortures, en les prenant à part, tour à tour, pour essayer de les faire blasphémer. On ne put y réussir. Pontique était soutenu par sa sœur, et les païens eux-mêmes voyaient que c’était elle qui l’encourageait et l’affermissait. Quand il eut généreusement supporté toutes sortes de tortures, il rendit l’âme.

    La bienheureuse Blandine, la dernière de tous, comme une noble mère qui, après avoir encouragé ses enfants, les a envoyés en avant victorieux vers le Roi, subissait à son tour la rigueur de tous les combats soutenus par ses enfants. Maintenant elle se hâtait de les rejoindre, heureuse et rayonnante de joie à cause de ce départ, comme si elle était conviée à un repas de noces et non pas livrée aux bêtes. Après les fouets, après les bêtes, après le gril, on finit par la jeter dans un filet et l’exposer ainsi à un taureau. Bien des fois projetée en l’air par cet animal, elle ne s’apercevait même plus de ce qui lui arrivait, absorbée qu’elle était dans l’espérance et l’attente de sa foi, et dans son entretien avec le Christ. On l’égorgea, elle aussi, et les païens eux-mêmes reconnaissaient que jamais chez eux une femme n’avait supporté autant de pareils tourments.

  • Sainte Angèle Merici

    Extrait de « La vie et le message de Sainte Angèle Merici », sur le site des ursulines.

    Angèle, qui avait alors dépassé la cinquantaine, eut l’occasion de se rendre en Terre Sainte. La décision ne manquait pas de courage : inconfort et longueur du voyage, danger des Turcs, mauvais temps inhabituel. A cela s’ajoutait une ophtalmie contractée en Crète, rendant Angèle presque aveugle. Elle continua le voyage, intrépide, et pendant plusieurs semaines, s’adonna à la contemplation intérieure des mystères du Christ. Une grâce spéciale l’attendait au Mont Calvaire. Là, selon Bellintani, un de ses premiers biographes, eut lieu la fondation spirituelle de la Compagnie de Ste Ursule. il en parle en ces termes :

    C’est là qu’elle conçut l’esprit de virginité qu’elle communiqua si largement à tant d’autres épouses du Christ. C’est là que se fit entre elle et le Christ cette union très étroite qui la rendit mère, et Lui, époux d’un grand nombre de jeunes filles... C’est là qu’elle fut toute transformée en une nouvelle créature. Comme St François obtint à Rome des Saints Apôtres Pierre et Paul le don de la pauvreté évangélique, qui fut le don caractéristique de ses fils, Sœur Angèle obtint au Calvaire le don et l’esprit de virginité.

    L’année suivante, en 1525, Angèle se rendit en pèlerinage à Rome pour l’Année Sainte. Reçue en audience par le Pape Clément VII, elle déclina l’invitation de rester à Rome, sachant que le Seigneur l’attendait à Brescia.

    Au retour de Rome s’ouvre une nouvelle étape de la vie d’Angèle. Elle déploie des dons apostoliques exceptionnels : elle lit dans les âmes, connaît le latin sans jamais l’avoir appris, est à même d’expliquer la Sainte Ecriture, fait des exposés d’environ une heure sans préparation et sans une note, réalise des conversions retentissantes.

    Angèle est de plus en plus sollicitée. En 1528 eut lieu son entrevue avec Francesco Sforza, Duc de Milan, qui devint un ami. Quelques mois après, elle se rendit en pèlerinage à Varallo, afin d’y voir la reproduction des Lieux Saints que sa malvoyance l’avait empêchée de percevoir lors de son voyage en Terre Sainte.

    Angèle approche de la soixantaine. L’heure est venue d’accomplir sa mission. Elle est estimée pour sa sainteté toute simple. Des jeunes qu’elle a formées à la vie chrétienne, gravitent autour d’elle désirant partager son genre de vie.

    En 1532, au mois d’août, elle se rend une nouvelle fois à Varallo, probablement avec quelques futurs membres de son Institut, pour les ancrer dans la connaissance et l’amour du Christ, grâce aux chapelles où figuraient en grandeur naturelle les scènes les plus importantes de la vie du Sauveur. C’était une catéchèse visuelle avant la lettre.

    Puis, elle s’installe près de Sainte-Afre, où étaient vénérés les premiers martyrs de Brescia, fondateurs de cette Eglise au temps des persécutions romaines.

    Pour réunir toutes celles qu’elle veut former à la vie de la « Compagnie de Sainte Ursule », sa chambre est bien trop petite. Une amie, Elisabeth Prato, lui offre une grande salle au centre de la ville, où Angèle commença, en 1532, l’aménagement d’un oratoire, orné de fresques rappelant les mystères de la vie du Christ, de la Vierge et des saints et saintes de la primitive Eglise (encore une catéchèse visuelle). Elle commence à rédiger la Règle, consulte, la fait pratiquer et évaluer, avant de la codifier.

    Le 25 novembre 1535 eut lieu la fondation. Le cérémonial en fut très simple. Après avoir assisté à la Messe, les 28 nouveaux membres de la Compagnie de Sainte Ursule signent un registre indiquant leur appartenance à cette Compagnie.

    En 1537, Angèle convoque le premier Chapitre Général. Elle est élue Supérieure à vie de la Compagnie. Vers la fin de 1539, sa santé décline ; elle se met à rédiger son Testament spirituel et ses Avis pour les Supérieures de la Compagnie. Le 27 janvier 1540 elle meurt, enfin unie pour toujours à Celui qu’elle a tellement aimé et servi pendant sa vie.

    Le lendemain matin, vers 10 heures, « elle fut portée à Sainte-Afre... avec autant de solennité et de monde que pour un grand seigneur. Le motif en est que cette Mère-Sœur Angèle enseignait à tous la foi au Dieu Très-Haut de telle manière que tous s’attachaient à elle », raconte Nassino, chroniqueur de Brescia :

    « Tous s’attachaient à elle ». Cette remarque d’un auteur plus prompt à tremper sa plume dans du vinaigre qu’à manier l’encensoir, en dit long sur l’estime des contemporains d’Angèle.

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    Le corps de sainte Angela Merici dans l'église de Brescia qui lui est dédiée.

  • Marie Reine

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    Ridolfo Ghirlandaio, 1483

    Déjà on avait cru nécessaire d’inventer une fête du Christ Roi alors que l’Epiphanie l’était très clairement depuis toujours, mais on a cru nécessaire d’inventer aussi une fête de Marie Reine, alors que la royauté de Marie éclate en son Assomption. Deux fêtes qui célèbrent des concepts, quand la liturgie a toujours célébré des événements.

    Deux fêtes qui en outre célèbrent ce que les chrétiens célèbrent tous les jours. Pour ce qui est de Marie il suffit de penser au Regina Caeli ou au Salve Regina…

    La liturgie de ce jour (qui n'entra pas dans le bréviaire monastique) est donc une fabrication datant de quand j’avais trois ans. Le double alléluia de la messe est pour le moins curieux :

    Allelúia, allelúia. Beáta es, Virgo María, quæ sub Cruce Dómini sustinuísti. Allelúia. Nunc cum eo regnas in ætérnum. Allelúia.

    Pour le second je trouve une source : le psautier de la Sainte Vierge de saint Bonaventure : le psaume 23 : Domini est terra et plenitudo ejus, tu autem sanctissima mater, cum eo regnas in æternum. Au Seigneur est la terre et toute sa plénitude (vrai début du psaume 23), or toi, très sainte Mère, tu règnes avec lui pour l’éternité.

    Mais le premier est fort étrange. Littéralement il ne veut rien dire. On est censé comprendre : Heureuse es-tu, Vierge Marie, qui te tenais debout sous la Croix du Seigneur. Mais sustineo ne veut pas dire se tenir debout. Sus-tineo, c’est tenir par en dessous, soutenir, supporter. C’est un verbe transitif. Soutenir quelque chose ou quelqu’un. Supporter quelque chose. Le seul exemple de « sub Cruce sustinuisti » que je trouve est dans un livre publié en 1700 d’un certain Pius, capucin de Salzbourg, sur les fêtes mariales. Dans le cinquième chapitre sur la fête des sept douleurs, il écrit : O Maria, quis ergo hunc tam immensum dolorem, quem sub cruce sustinuisti, satis penetrabit, et explicabit ? Ô Marie, qui donc pénétrera assez et expliquera cette immense douleur que tu as supportée sous la croix ?

    Sustinuisti dolorem : tu as supporté une douleur. Non pas : tu te tenais debout, ce qui s’est toujours dit : « Stabat Mater » (qu’on retrouve d’ailleurs dans un verset des matines de notre fête).

    Toutefois cette fête remet à l’honneur une antienne mariale qui fut celle du Magnificat aux vêpres de la Purification et de l’Assomption, et qui n’est restée que dans l’office de la Sainte Vierge le samedi :

    Beáta Mater et intácta Virgo, gloriósa Regína mundi, intercéde pro nobis ad Dóminum.

    Bienheureuse Mère et Vierge intacte, glorieuse Reine du monde, intercède pour nous auprès du Seigneur.