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Liturgie - Page 98

  • Saints Nérée et Achille

    Fin de l’homélie prononcée par saint Grégoire le Grand le 12 mai 592 en la basilique des saints Nérée et Achille. (Propos honteusement contraires à l’orientation de la néo-liturgie qui magnifie « les choses de ce monde » : on comprend pourquoi tant d’oraisons de la liturgie grégorienne ont dû être défigurées.)

    Tenons donc pour rien ce que nous faisons de bien. Ne nous laissons pas exalter par nos travaux, ni élever par l’abondance ou la gloire. Si la profusion de toutes sortes de biens nous gonfle d’orgueil, nous sommes dignes du mépris de Dieu. Au contraire, le psalmiste déclare à propos des humbles : « Le Seigneur garde les petits enfants. » (Ps 116, 6). Et parce que ceux qu’il appelle de petits enfants sont les humbles, sitôt après avoir exprimé cette sentence, il ajoute une réflexion comme pour répondre à notre désir de savoir ce que Dieu fera pour ces humbles : « Je me suis humilié, et il m’a délivré. »

    Voilà ce à quoi il vous faut bien réfléchir, mes frères, voilà ce que vous devez méditer avec toute l’attention possible. N’estimez pas dans vos proches les biens de ce monde. N’ayant que Dieu en vue dans les hommes, ne rendez honneur qu’à leur nature faite à l’image de Dieu — je ne parle pourtant ici que des hommes qui ne sont pas vos supérieurs. Vous observerez cela vis-à-vis de vos proches si vous commencez vous-mêmes par ne pas laisser vos cœurs se gonfler d’orgueil. Car celui que les choses éphémères exaltent encore ne sait pas respecter dans son prochain ce qui dure. Ne considérez donc pas en vous-mêmes ce que vous avez, mais ce que vous êtes.

    Voyez comme il s’enfuit, ce monde qu’on aime ! Ces saints auprès de la tombe desquels nous sommes assemblés ont foulé aux pieds avec mépris un monde florissant. On y jouissait d’une longue vie, d’une santé continuelle, de l’abondance matérielle, de la fécondité dans les familles, de la tranquillité dans une paix bien établie. Et ce monde qui était encore si florissant en lui-même était pourtant déjà flétri dans leur cœur. Alors que tout flétri qu’il soit maintenant en lui-même, il demeure toutefois florissant dans nos cœurs. Partout la mort, partout le deuil, partout la désolation ; de tous côtés nous sommes frappés, de tous côtés nous sommes abreuvés d’amertumes ; et cependant, dans l’aveuglement de notre esprit, nous aimons jusqu’aux amertumes goûtées dans la concupiscence de la chair, nous poursuivons ce qui s’enfuit, nous nous attachons à ce qui tombe. Et comme nous ne pouvons retenir ce qui tombe, nous tombons avec ce que nous tenons embrassé dans son écroulement.

    Si le monde nous a autrefois captivés par l’attrait de ses plaisirs, c’est désormais lui qui nous renvoie à Dieu, maintenant qu’il est rempli de si grands fléaux. Songez bien que ce qui court dans le temps ne compte pas. Car la fin des biens transitoires nous montre assez que ce qui peut passer n’est rien. L’écroulement des choses passagères nous fait voir qu’elles n’étaient presque rien, même quand elles nous semblaient tenir ferme. Avec quelle attention, frères très chers, nous faut-il donc considérer tout cela ! Fixez votre cœur dans l’amour de l’éternité ; et sans plus chercher à atteindre les grandeurs de la terre, efforcez-vous de parvenir à cette gloire dont votre foi vous donne l’assurance, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père dans l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

  • Saints Philippe et Jacques

    Les antiennes de l’office reprennent le dialogue entre Philippe et Jésus qui se trouve au cœur de la péricope évangélique : Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. – Philippe Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui que me voit, voit aussi le Père. Comment peux-tu dire : Montrez-nous le Père ? Ne croyez-vous pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ?

    (La quatrième antienne ajoute la phrase précédente : Si vous m’aviez connu, vous auriez aussi connu mon Père ; et bientôt vous le connaîtrez, et vous l’avez vu.)

    Le dernier répons des matines expose également ce dialogue, comme étant la clef de la liturgie de ce jour.

    Dans la messe, on trouve ce propos au second alléluia, et dans la très belle antienne de communion, qui l’applique au fidèle qui reçoit le Corps du Christ : nous qui le voyons et le goûtons, nous voyons et nous goûtons le Père. Jésus est dans le Père et le Père est en Jésus, et si Jésus est en nous, nous sommes en Jésus et donc dans le Père.

    Tanto témpore vobíscum sum, et non cognovístis me ? Philíppe, qui videt me, videt et Patrem meum, allelúia : non credis, quia ego in Patre, et Pater in me est ? Allelúia, allelúia.

    Il y a si longtemps que je suis avec vous, et vous ne me connaissez pas ? Philippe, celui que me voit, voit aussi mon Père, alléluia : ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Alléluia, alléluia.

    Par les moniales de l’abbaye d’Ozon (qui n’existe plus mais est devenu un « éco-village » avec « église désacralisée »…) en 1960 :


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  • Saint Antonin de Florence

    Frère prêcheur, saint Antonin fut prieur de divers couvents dominicains, particulièrement celui de Saint-Marc à Florence, qu’il reconstruisit sous l’impulsion de Cosme et Laurent de Médicis, et fit décorer par son ami Fra Angelico. Puis il devint archevêque de Florence, continuant de mener une vie d’austérité et de parfaite rectitude en ce temps où Florence était à l’apogée de son opulence et où la renaissance païenne enterrait la chrétienté médiévale. Il composa divers ouvrages, dont une Summa theologica qui est surtout une somme morale, économique et sociale, et une Summa historialis qui retrace l’histoire du monde depuis la création jusqu’à son temps. Il s’agit d’une vaste compilation, dont la dernière partie est toutefois une chronique en petite partie personnelle. On y trouve d’intéressantes notations, dont celle qui permet de voir quel écho avait à Florence l’histoire de la pucelle d’Orléans (XVI, 7)…

    Tunc autem obtulit se regi Francie quedam puella, filia rustici, assueta gregem pascere, dicens se missam ad adiuvandum exercitum eius, etatis XVIII annorum vel circa, que in multis eos instrueret in bellando et civitates capiendo. Hec equitabat apte, ut miles ; in exercitu ibat eum eis, insidias inimicorum detegebat et multa alia admiratione digna agebat: quo autem spiritu ducta, vix sciebatur. Credebatur magis spiritu Dei et hoc ex operibus suis patuit. Nichil enim inhonestum in ea videbatur, nichil superstitiosum ; in nullo a veritate fidei discrepabat ; sacramenta confessionis et communionis frequentabat et orationes. Et post multas victorias regis Francie, in uno conflictu cum Burgundionibus copiarum regis Francie capta, ab eis occisa est.

    Alors se présenta au roi de France une Pucelle, fille de paysans, bergère de son état, qui se disait envoyée pour aider son armée, âgée de dix-huit ans ou environ. Elle fut d'un grand secours tant dans les batailles que dans la prise des villes. Elle maniait le cheval comme un bon chevalier, et se trouvait dans les rangs de l'armée avec ceux qui la composaient. Elle découvrait les embûches des ennemis, enseignait la manière de forcer les cités, et faisait bien d'autres choses dignes d’admiration. On avait peine à savoir l'esprit qui la dirigeait. On croyait cependant plus généralement que c'était l'esprit de Dieu. Ses œuvres en furent la preuve manifeste. On ne remarquait en elle rien qui ne fût honnête, pas l'ombre de superstition, elle ne s'écartait en rien de la vérité de la foi ; elle recourait fréquemment aux sacrements de confession et d'eucharistie, et à la prière. Et après de nombreuses victoires du roi de France, dans un combat des soldats du roi de France avec les Bourguignons, elle fut prise par ces derniers, et par eux fut mise à mort.

  • Leur Eglise

    Je voudrais souligner le danger, la tentation du formalisme liturgique : rechercher les formes, les formalités plutôt que la réalité, comme nous le voyons aujourd'hui dans ces mouvements qui essaient de revenir en arrière et de nier le Concile Vatican II. Alors la célébration est récitation, c'est quelque chose sans vie, sans joie.

    (…)

    J'insiste encore une fois sur le fait que la vie liturgique, et son étude, doivent conduire à une plus grande unité ecclésiale, et non à la division. Quand la vie liturgique est un peu une bannière de division, il y a l'odeur du diable là-dedans, le trompeur. Il n'est pas possible d'adorer Dieu et en même temps de faire de la liturgie un champ de bataille pour des questions qui ne sont pas essentielles, voire pour des questions dépassées et de prendre parti, à partir de la liturgie, pour des idéologies qui divisent l'Église. L'Évangile et la Tradition de l'Église nous appellent à être fermement unis sur l'essentiel, et à partager les différences légitimes dans l'harmonie de l'Esprit.

    (…)

    Il est vrai que toute réforme crée des résistances. Je me souviens, j'étais un petit garçon, quand Pie XII a commencé avec la première réforme liturgique, la première : on peut boire de l'eau avant la communion, en jeûnant pendant une heure.... "Mais c'est contre la sainteté de l'Eucharistie !", ils déchiraient leurs vêtements. Ensuite, la messe des vêpres : "Mais, voyons, la messe c’est le matin !". Puis, la réforme du Triduum pascal : "Mais comment, le samedi le Seigneur doit ressusciter, maintenant ils le reportent au dimanche, au samedi soir, le dimanche ils ne sonnent pas les cloches.... Et que deviennent les douze prophéties ?" Toutes ces choses scandalisaient les personnes à l’esprit fermé. Cela se produit encore aujourd'hui. En effet, ces esprits fermés utilisent les schémas liturgiques pour défendre leur propre point de vue. Utiliser la liturgie : c'est le drame que nous vivons dans des groupes ecclésiaux qui s'éloignent de l'Église, remettent en cause le Concile, l'autorité des évêques, afin de préserver la tradition. Et la liturgie est utilisée pour cela.

    François, 7 mai 2022

  • Saint Grégoire de Nazianze

    Stichères des laudes, par Giorgos Proïkios et Dimitrios Nerantzis en l’église de la Sainte Trinité du Pirée le 24 janvier 2014.

    Διατεμὼν τὸν τοῦ γράμματος σὺ γνόφον, εἰσέδυς τῷ πνεύματι πρὸς φῶς ὑπέρτερον· καὶ τὴν ἐκεῖθεν δεξάμενος, φωτοχυσίαν, θεολογίας πάντας ἐπλούτισας, Γρηγόριε πάνσοφε, τῆς Ἐκκλησίας φωστήρ· ταῖς ἀστραπαῖς δὲ τῶν λόγων σου, σκοτώδη νέφη, τὰ τῶν αἱρέσεων ἀπεμείωσας· ὅθεν αὐλίζῃ ἔνθα ἦχος, ἑορταζόντων Ἀγγέλοις συνόμιλος, ἱκετεύων ἀπαύστως τοῦ σωθῆναι τὰς ψυχὰς ἡμῶν.

    Ayant traversé l'obscurité de la lettre, * tu parvins à la suprême clarté par l'esprit; * et recevant le flot de lumière de l'au-delà, * Grégoire, flambeau de l'Eglise, tu donnas * les richesses de la théologie à tous les croyants; * et sous les éclairs de tes paroles tu réduisis * les sombres nuages des hérésies; * aussi tu demeures là où résonnent les chants joyeux, * intercédant sans cesse avec les Anges * pour le salut de nos âmes.

    Ὁ Θεολόγος ὁ δεύτερος καὶ μύστης, τῆς θείας ἐλλάμψεως, ὁ τῆς Τριάδος φαιδρός, ὑπογραφεὺς ὁ τὴν ἄρρητον, καὶ θείαν φύσιν, ὑπερφυῶς διδάσκων Γρηγόριε· καὶ νῦν τηλαυγέστερον, ἐπαπολαύων Θεοῦ, τῶν σὲ τιμώντων μνημόνευε, καὶ ὑπερμάχει, τῆς Ἐκκλησίας, ἣν συνεκρότησας· σοῦ γὰρ ὁ φθόγγος ἐπὶ πάντα, τῆς οἰκουμένης διῆλθε τὰ πέρατα, ἐκδιδάσκων δοξάζειν, τὴν Τριάδα ὁμοούσιον.

    Grégoire, second Théologien, * initié de la divine clarté, * écrivain lumineux de la sainte Trinité, * enseignant l'ineffable et divine nature de merveilleuse façon * et désormais jouissant de Dieu en toute clarté, * souviens-toi de ceux qui te vénèrent, * défends l'Eglise, que tu formas; * car ton message s'est répandu * jusqu'aux limites de l'univers, * lui apprenant à glorifier la Trinité consubstantielle.

    Γεωπονήσας τῇ γλώσσῃ Θεηγόρε, καρδίας ταῖς αὔλαξι σπόρον τὸν ἔνθεον, θεολογίας ἐπλούτισας, τῆς ἀνωτάτω, τῆς Ἐκκλησίας ἄπαν τὸ πλήρωμα· ἐντεῦθεν ζιζάνια πυρὶ τοῦ Πνεύματος, τὰ τῶν αἱρέσεων ἔφλεξας, φιλοσοφίας, τῆς θεϊκῆς τρεφόμενος ἔρωτι, Πάτερ Πατέρων, καὶ Ποιμὴν Ποιμένων καὶ δόξα Πιστῶν, Ἱερέων φωστήρ, οἰκουμένης τὸ κλέος, παμμακάριστε Γρηγόριε.

    De ta langue ayant cultivé * dans les sillons du cœur le bon grain semé par Dieu, * tu enrichis l'Eglise entière de la plus haute théologie, * puis au feu de l'Esprit * tu brûlas l'ivraie, c'est-à-dire les hérésies, * pour te nourrir avec amour de la divine philosophie, * Père des Pères, Pasteur des Pasteurs, * flambeau du sacerdoce et fierté de tous les croyants, * Grégoire, bienheureux Théologien * que glorifie tout l'univers.

    Τῷ τῆς σοφίας κρατῆρι προσπελάσας, τὸ τίμιον στόμα σου, Πάτερ Γρηγόριε, θεολογίας ἐξήντλησας, τὸ θεῖον νᾶμα, καὶ τοῖς πιστοῖς ἀφθόνως μετέδωκας· αἱρέσεων ἔφραξας, ῥοῦν τὸν ψυχόλεθρον, τὸν βλασφημίας ἀνάμεστον, ὡς κυβερνήτην· εὗρε καὶ γὰρ σε Πνεῦμα τὸ Ἅγιον, ἀποσοβοῦντα καὶ ἐλαύνοντα, ὡς ἀνέμων πνοάς, δυσσεβῶν τὰς ὁρμάς, ἐν Μονάδι οὐσίας, τὴν Τριάδα καταγγέλλοντα.

    Ayant approché tes saintes lèvres * de la coupe de sagesse, tu puisas, * Grégoire, la théologie, ce flot divin * auquel tu fis communier * en abondance tous les croyants; * et tu barras le cours des hérésies * funeste aux âmes et plein de blasphèmes contre Dieu; * car l'Esprit saint put trouver en toi * le timonier capable de chasser, * de repousser comme souffle de vent les assauts des impies * en prêchant la Trinité consubstantielle.

     

    09:18 Doxastikon

    Δόξα…
    Τὴν λύραν τοῦ Πνεύματος, τὸ τῶν αἱρέσεων θέριστρον, καὶ ὀρθοδόξων ἥδυσμα, τὸν δεύτερον Ἐπιστήθιον, τὸν τοῦ Λόγου αὐτόπτην, τοῖς δόγμασι γενόμενον, τὸν σοφόν Ἀρχιποίμενα, τῆς Ἐκκλησίας τὰ θρέμματα, θεολογικοῖς ὕμνοις προσείπωμεν. Σὺ εἶ ὁ Ποιμὴν ὁ καλός, ὁ δοὺς σεαυτὸν Γρηγόριε, ὡς ὁ Διδάσκαλος Χριστός, ὑπὲρ ἡμῶν, καὶ σὺν Παύλῳ χορεύεις, καὶ πρεσβεύεις ὑπὲρ τῶν ψυχῶν ἡμῶν.

    Gloire au Père…
    La lyre de l'Esprit, * l'émondeur des hérésies, * la suave douceur de la vraie foi, * le second Théologien se penchant sur la poitrine du Christ, * celui qui vit le Verbe de ses yeux de docteur, * le sage guide des Pasteurs, * nous, les brebis de l'Eglise, * invoquons-le par des hymnes saintes et disons-lui: * Grégoire, c'est toi * le bon pasteur donnant sa vie * comme le Christ, ton Maître, pour nous; * et tu exultes en compagnie de saint Paul, * intercédant pour nos âmes.

  • 3e dimanche après Pâques

    Il y avait quelque sorte d'ambiguïté dans ce discours du Sauveur : « Encore un peu, et vous ne me verrez plus », etc. On pouvait entendre : Dans peu vous cesserez de me voir, car je vais mourir : et dans peu vous me reverrez, car je ressusciterai ; les ombres de la mort ne me peuvent pas retenir, et il faut que je retourne à mon Père. Durant le temps que je serai dans le tombeau, le monde triomphera, et il croira être venu à bout de ses desseins, et vous serez dans la désolation et dans l'oppression, comme un troupeau dispersé. Mais à ma résurrection qui suivra de près, la joie vous sera rendue, et la confusion à vos ennemis. C'est ainsi qu'on pouvait entendre ces prompts passages de la privation à la vue et de la vue à la privation. Mais la suite nous fait voir que Jésus-Christ regarde plus loin : nous cesserons de le voir, non précisément à cause qu'il ira à la mort, mais à cause qu'il montera aux cieux, à la droite de son Père : et nous le reverrons pour ne le plus perdre, lorsqu'il viendra des cieux une seconde fois pour nous y ramener avec lui. Ainsi ce qu'il appelle un peu de temps, c'est tout le temps de la durée de ce siècle, tant à cause que ce temps finit bientôt pour chacun de nous, qu'à cause qu'en le comparant à l'éternité qui doit suivre, c'est moins qu'un moment.

    Apprenons donc que selon le langage du Sauveur, qui est celui de la vérité, tout ce qui est temps n'est qu'un point, et moins que rien, et que ce qui dure, ce qui est véritablement, c'est l'éternité qui ne passe jamais. Comptons pour rien tout ce qui passe. Il y a près de dix-sept cents ans depuis l'ascension de Notre-Seigneur ; et tout cela devant Jésus-Christ, « qui est le Père du siècle futur », n'est peut-être qu'une très petite partie de tout le temps qui se trouvera du jour de l'Ascension à la fin du monde, que Jésus-Christ a compté pour rien. Les siècles sont donc moins que rien : mille ans valent moins qu'un jour selon cette mesure. Que serait-ce donc que les souffrances de cette vie, si nous avions de la foi ? Nos sens nous trompent : tout le temps n'est rien : tout ce qui passe n'est rien : accoutumons-nous à juger du temps par la foi. Selon cette règle, qu'est-ce que dix ans, qu'est-ce qu'une année, et un mois, et un jour de peine ? Et cependant cette heure nous paraît si longue. Gens de peu de foi, quand serons-nous chrétiens ? Quand jugerons-nous du temps par rapport à l'éternité ?

    Bossuet, méditations sur l’Evangile, II Cène, 26.

  • Saint Stanislas

    Lu sur le site touristique Kraków Travel :

    Saint Stanislas, le principal patron de la Pologne, était évêque de Cracovie. Son conflit avec le roi Boleslas le Hardi tourna à la tragédie : sur l'ordre du roi, il perdit la vie comme martyr en 1079 dans l'église romane Na Skałce (« sur la butte »). En 1253, le pape Innocent IV le déclara saint de l'Église catholique. Le premier pèlerinage depuis la cathédrale du Wawel, où se trouve le tombeau du saint, jusqu'à l'église Na Skałce, lieu de sa mort, eut lieu le 8 mai 1254. Depuis, il est repris chaque dimanche suivant le 8 mai.

    De nos jours, le dimanche suivant le 8 mai (jour de la fête du saint), une procession réunit presque tout l'épiscopat et les fidèles ; sur des autels portatifs sont transportées les reliques des saints et bienheureux de l'archidiocèse de Cracovie, saint Stanislas, le saint frère Adalbert, la sainte sœur Faustine, saint Florian. Participent à la procession les représentants des écoles supérieures, de la municipalité, des confréries, les délégations en costumes traditionnels des régions de la Petite Pologne, les fidèles de Cracovie et des environs. Ajoutons que le départ de la procession du Wawel est marqué par le son de la cloche de Sigismond, qui n'est utilisée que dans les moments les plus significatifs de la vie de la Pologne et de Cracovie.

    Des pèlerinages à l'église Skałka étaient également faits traditionnellement par les rois polonais la veille de leur couronnement comme acte pénitentiel pour la mort de saint Stanislas sur l'ordre du roi, ou selon certaines sources - des propres mains de Boleslas le Hardi.

    La procession en 2019 :

     

  • Ad cœnam Agni providi

    Hymne des vêpres au temps pascal, par les moines de l'abbaye de Clervaux (traduction de Bossuet.)

    Ad cenam Agni próvidi,
    Et stolis albis cándidi,
    Post tránsitum maris Rubri
    Christo canámus Príncipi.

    Après avoir passé la mer Rouge, allons, revêtus d'habits blancs, au festin de l'Agneau, et chantons les louanges de Jésus-Christ notre Roi.

    Cujus corpus sanctíssimum
    In ara crucis tórridum,
    Cruóre ejus róseo
    Gustándo vívimus Deo.

    Son saint corps a été dans les souffrances; comme dans un feu, sur l'autel de la croix : en goûtant le sang qui en est sorti, nous vivons pour Dieu.

    Protécti paschæ véspere
    A devastánte Angelo,
    Erépti de duríssimo
    Pharaónis império.

    Par ce sang nous avons été délivrés de l'ange exterminateur au soir de la Pâque, et nous avons été affranchis de la rigoureuse tyrannie de Pharaon.

    Jam pascha nostrum Christus est,
    Qui immolátus agnus est :
    Sinceritátis ázyma
    Caro ejus obláta est.

    Ainsi Jésus-Christ est notre Pâque, c'est l'Agneau qui a été immolé pour notre salut; sa chair offerte pour nous est le vrai pain sans levain, et l'azyme de sincérité dont nous devons nous nourrir.

    O vere digna hóstia,
    Per quam fracta sunt tártara,
    Redémpta plebs captiváta,
    Réddita vitæ prǽmia.

    O victime d'un prix infini, par vous les portes de l'enfer ont été brisées, les captifs ont été rachetés, et la vie a été rendue aux morts.

    Consúrgit Christus túmulo,
    Victor redit de bárathro,
    Tyránnum trudens vínculo
    Et Paradísum réserans.

    Jésus-Christ ressuscite du tombeau, il revient victorieux de l'enfer : il a enchaîné le tyran, et il a ouvert le paradis.

    Quǽsumus, Auctor ómnium,
    In hoc pascháli gáudio,
    Ab omni mortis ímpetu
    Tuum defénde pópulum.

    O Dieu Créateur de toutes choses, nous vous prions, dans cette joie sainte que nous donne la solennité de Pâques, de défendre votre peuple contre toutes les attaques de la mort.

    Glória tibi Dómine,
    Qui surrexísti a mórtuis,
    cum Patre et almo Spíritu,
    in sempitérna sǽcula. Amen.

    Gloire vous soit rendue, ô Seigneur, qui êtes ressuscité d'entre les morts : et soyez honoré avec le Père et le Saint-Esprit dans toute l'éternité. Ainsi soit-il.

  • Saint Pie V

    Voici l'hymne des vêpres dans le bréviaire dominicain, avec la traduction de dom Guéranger. En réalité on trouve en général les trois premières strophes, mais après c’est très variable selon les livres. Il semble que celles sur l’imitation de Phinéès et sur les erreurs impies aient disparu depuis longtemps… On remarque qu’en revanche dom Guéranger est quant à lui très inspiré par les « barbaros acinaces », qui sont littéralement les barbares acinaces (poignards perses) censés désigner, de fait, les Ottomans…

    Pio beato jubilos
    Canora pangant organa,
    Nimbosque pellant nubilos
    Sacrae diei gaudia.

    Que l’orgue fasse entendre ses joyeux concerts à l’honneur de Pie ; que tous les nuages se dissipent devant l’allégresse de ce jour sacré.

    Hic Michaël certamine
    Fregit draconis impetum:
    Piique sumpto nomine,
    Hostem repressit impium.

    Sous le nom de Michel, on le vit terrasser le dragon dans la lutte ; sous le nom de Pie, il sut réprimer l’adversaire impie.

    Ecclesiae pericula
    Umbone firmo depulit:
    Sectariorum spicula
    Mucrone forti messuit.

    Il fut le bouclier de l’Église dans les périls qui l’assaillaient ; sa forte épée moissonna les sectateurs de l’hérésie.

    Zelosus iste Phinees
    Sacris stetit pro moenibus,
    Ut barbaros acinaces
    Arceret a fidelibus.

    Imitateur du zèle de Phinéès, il veilla pour la défense des murs de la cité sainte ; il repoussa les barbares qui allaient envahir le sol chrétien, et détourna le cimeterre que la rage du Turc avait tiré contre les fidèles.

    Hic disciplinam moribus
    Cura revexit sedula :
    Et impiis erroribus
    Objecit hic repagula.

    Il rétablit avec sollicitude la règle des mœurs, et opposa une barrière invincible au progrès de la secte impie.

    Pii talenta largitas
    Non vinxit in sudario :
    Necessitates publicas
    Toto juvans aerario.

    Il ne tint pas renfermées dans ses coffres les richesses de l’État ; mais il sut épuiser le trésor dans les nécessités publiques.

    Pater benignus pauperum,
    Manus habens tornatiles,
    Pavit greges famelicos
    Effusione munerum.

    Père rempli de bonté envers les pauvres, sa main les secourut avec profusion ; par ses largesses il nourrit un peuple que la disette avait réduit à l’extrémité.

    Quaesumus auctor omnium,
    In hoc paschali gaudio,
    Ab omni mortis impetus
    Tuum defende populum. Amen.

    Créateur des hommes, daignez, en ces jours remplis des allégresses de la Pâque, préserver votre peuple des assauts de la mort. Amen.

  • Sainte Monique

    La messe (Cognovi) reflète la vie de cette noble femme. Elle avait servi Dieu dans la sainte crainte et dans une conduite sans tache (Introït). L’oraison rappelle les larmes de cette pieuse mère, larmes qui opérèrent la conversion de son fils. C’est pourquoi aussi l’Évangile raconte la résurrection du fils de la veuve de Naïm. C’est l’image de la conversion de saint Augustin par les larmes de sa mère ; c’est aussi l’image de la conversion des pécheurs de tous les temps par les larmes de leur mère l’Église. L’Épître parle des fonctions des veuves dans la primitive Église ; elle veut caractériser par là la sainte veuve Monique. Les chants entonnent le cantique nuptial de l’Église (psaume 44) ; ils expriment l’amour de cette sainte femme.

    Dom Pius Parsch

    Voici l’introït du commun des saintes femmes ni vierges ni martyres. Par la Schola Gregoriana Aboensis, autrement dit de Turku en Finlande (qui se dit Aboen en français parce que Åbo en suédois…). Malheureusement ces braves gens ne sont pas tout à fait à la hauteur de leurs ambitions, et l’alléluia est tellement un naufrage qu’ils ne le reprennent pas… Mais c’est bien sympathique d’entendre ces luthériens de bonne volonté grégorienne… (Et surtout je n’ai pas trouvé d’autre interprétation sur internet.)

    Cognóvi, Dómine, quia æquitas judícia tua, et in veritáte tua humiliásti me : confíge timóre tuo carnes meas, a mandátis tuis tímui. Allelúia, allelúia.

    Je sais, Seigneur, que tes jugements sont l’équité, et que tu m’as humilié dans ta vérité. Transperce ma chair par ta crainte ; par tes commandements j’ai cette crainte. Alléluia, alléluia.

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    • Saint Monique dans les Confessions de saint Augustin, livre 9, chapitres 10 et 11, chapitre 13.