Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie - Page 94

  • Fête Dieu

    Fin de l’homélie de Benoît XVI le 23 juin 2011 à Saint-Jean-de-Latran.

    Lorsqu’Il dit: Ceci est mon corps qui est donné pour vous, ceci est mon sang versé pour vous et pour une multitude, que se passe-t-il? Dans ce geste, Jésus anticipe l’événement du Calvaire. Il accepte par amour toute la passion, avec son tourment et sa violence, jusqu’à la mort en croix; en l’acceptant de cette manière, il la transforme en un acte de donation. Telle est la transformation dont le monde a le plus besoin, car elle le rachète de l’intérieur, elle l’ouvre aux dimensions du Royaume des cieux. Mais ce renouvellement du monde, Dieu veut toujours le réaliser à travers la même voie suivie par le Christ, cette voie qui, d’ailleurs, est Lui-même. Il n’y a rien de magique dans le christianisme. Il n’y a pas de raccourcis, mais tout passe à travers la logique humble et patiente du grain de blé qui meurt pour donner la vie, la logique de la foi qui déplace les montagnes avec la force douce de Dieu. C’est pourquoi Dieu veut continuer à renouveler l’humanité, l’histoire et l’univers à travers cette chaîne de transformations dont l’Eucharistie est le sacrement. A travers le pain et le vin consacrés, dans lesquels sont réellement présents son Corps et son Sang, le Christ nous transforme, en nous assimilant à Lui: il nous fait participer à son opération de rédemption, en nous rendant capables, par la grâce de l’Esprit Saint, de vivre selon sa logique même de donation, comme des grains de blés unis à Lui et en Lui. C’est ainsi qu’on les sème et que mûrissent dans les sillons de l’histoire l’unité et la paix, qui sont l’objectif auquel nous tendons, selon le dessein de Dieu.

    Sans illusions, sans utopies idéologiques, nous marchons sur les routes du monde, en portant en nous le Corps du Seigneur, comme la Vierge Marie dans le mystère de la Visitation. Avec l’humilité de savoir que nous sommes de simples grains de blé, nous conservons la ferme certitude que l’amour de Dieu, incarné dans le Christ, est plus fort que le mal, que la violence et que la mort. Nous savons que Dieu prépare pour tous les hommes des cieux nouveaux et une terre nouvelle, où règnent la paix et la justice — et dans la foi nous entrevoyons le monde nouveau, qui est notre véritable patrie. Ce soir aussi, alors que le soleil se couche sur notre bien-aimée ville de Rome, nous nous mettons en marche: avec nous il y a Jésus Eucharistie, le Ressuscité, qui a dit: «Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde» (Mt 28, 20). Merci, Seigneur Jésus! Merci de ta fidélité, qui soutient notre espérance. Reste avec nous, car le soir vient. « Bon Pasteur, Pain véritable, ô Jésus, aies pitié de nous, défends-nous, conduis-nous vers les biens éternels, dans la terre des vivants! » Amen.

    Bone pastor, panis vere, Iesu, nostri miserére : tu nos pasce, nos tuére : tu nos bona fac vidére in terra vivéntium. (Avant dernière strophe de la séquence Lauda Sion.)

  • Le premier dimanche…

    Depuis 1334 le premier dimanche après la Pentecôte est occulté par la fête de la Sainte Trinité. Sa messe demeure pourtant, mais elle ne peut être célébrée qu’un jour de férie. Cette année, seulement ce mercredi. Du moins dans le calendrier romain, car dans le calendrier monastique on le pouvait dès lundi.

    Deus, in te sperantium fortitúdo, adesto propitius invocatiónibus nostris: et, quia sine te nihil potest mortális infírmitas, praesta auxilium gratiae tuae; ut, in exsequendis mandátis tuis, et voluntáte tibi et actióne placeámus.

    La magnifique collecte de ce dimanche est, sans surprise, un héritage du sacramentaire grégorien. Elle commence par une formule alors unique dans le missel : Deus, in te sperantium fortitudo (reprise depuis seulement pour la fête de saint Grégoire VII) : Dieu, force de ceux qui espèrent en toi. Sur le blog New Liturgical Movement, Michael Foley commente : « Dieu est la force même, mais seulement pour ceux qui espèrent en lui ; il n'est pas la force, par exemple, de ceux qui le méprisent ou le fuient. Et même si la prière est adressée au Père, l'utilisation de fortitudo si peu de temps après la Pentecôte rappelle également la force d'âme comme l'un des sept dons de l'Esprit Saint. Peut-être que Dieu le Père est la force de ceux qui espèrent en Lui en nous envoyant l'Esprit Saint avec ses sept dons. »

    Puis nos prières sont appelées « invocationes », avec un emploi unique de ce mot en ce sens. Car les autres emplois ont le singulier, et il s’agit de l’invocation du nom du Seigneur. Or ici il s’agit de nos invocations, des demandes que nous formulons.

    « Puisque notre infirmité de mortels ne peut rien, accorde-nous l’aide de ta grâce, afin qu'en exécutant tes commandements, nous te soyons agréables par la volonté et par l’action. »

    On trouve ici un écho évident, à travers la phrase du Christ "Sans moi vous ne pouvez rien faire", du combat de saint Augustin contre le pélagianisme, avec l’affirmation que l’homme ne peut absolument rien faire de bien sans la grâce. Avec la précision qu’il ne peut même rien vouloir de bien sans la grâce. Volonté et action qui sont les deux faces de la manifestation de la charité en nous et par nous. Ce qui renvoie à l’épître de ce jour, le passage de la première épître de saint Jean qui commence par : « Dieu est amour. » : « L’amour consiste en ce que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est lui qui nous a aimés le premier, et qui a envoyé son Fils comme une propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si c’est ainsi que Dieu nous a aimés, nous aussi nous devons nous aimer les uns les autres… »

    Enseignement développé par Jésus lui-même dans l’évangile (Luc 6,36-42) : « Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez point, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez pas condamnés ; pardonnez, et on vous pardonnera… Pourquoi vois-tu le fétu dans l’œil de ton frère, sans apercevoir la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Frère, laisse-moi ôter le fétu qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? »

  • Saint Basile le Grand

    014-a.JPG.jpg

    Icône de 1850, au monastère (skite) du Saint Précurseur (Jean-Baptiste) de Veria (Βέροια : Bérée), reconstruit en 1835 après sa destruction totale par les Turcs en 1822.

    Le doxastikon des vêpres (le soir du 31 décembre dans le calendrier byzantin), par les moines du monastère de Docheiariou (Athos), le 31 décembre dernier.

    Σοφίας ἐραστὴς γενόμενος Ὅσιε, καὶ πάντων τῶν ὄντων, τὴν πρὸς Θεὸν προκρίνας συμβίωσιν, μελέτην θανάτου, εἰκότως τῷ βίῳ κατέλιπες· τὰ γὰρ σαρκὸς πάθη, ἐγκρατείας πόνοις, σεαυτῷ περιελόμενος, καὶ θείου μελέτῃ Νόμου, ἀδούλωτον τῆς ψυχῆς τηρήσας τὸ ἀξίωμα, ἀρετῆς περιουσίᾳ, ὅλον τῆς σαρκὸς τὸ φρόνημα, καθυπέταξας τῷ πνεύματι· διὸ σάρκα μισήσας, καὶ κόσμον καὶ κοσμοκράτορα, παριστάμενος τῷ Χριστῷ, αἴτησαι ταῖς ψυχαῖς ἡμῶν τὸ μέγα ἔλεος.

    En ami de la sagesse, Père saint, préférant la vie avec Dieu à tous les êtres, tu fis de ton existence une méditation sur la mort; te dépouillant des passions de la chair à force de tempérance et par l'étude divine de la Loi hors de toute entrave ayant conservé à ton âme sa dignité, dans l'abondance des vertus tu soumis à l'esprit tout souci de la chair; et pour avoir renoncé aux plaisirs d'ici-bas ainsi qu'au prince de ce monde, te voici en présence du Christ: demande-lui pour nos âmes la grâce du salut.

    Et par Thrasyvoulos Stanitsas (né en 1910 à Constantinople, mort en 1987 à Athènes), « arkhon protopsalte de la Grande Eglise de Constantinople » de 1960 à 1964, date à laquelle il fut expulsé de Turquie.

  • Saint Antoine de Padoue

    Extrait d’un sermon sur l’Annonciation.

    Le soleil possède trois propriétés : la splendeur, la blancheur et la chaleur. Ces trois propriétés répondent aux trois paroles de l'Ange : Ave, pleine de grâce ; Ne crains pas ; L'Esprit Saint surviendra sur toi.

    « Ave, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes. »

    Voilà la splendeur du soleil, voilà les vertus dont elle a brillé.

    Elle eut la tempérance, la modestie dans les paroles, l'humilité dans le cœur.

    Elle fut prudente lorsque, troublée, elle se tut, comprit ce qu'on lui avait dit, répondit à ce qui lui fut proposé.

    Elle fut juste lorsqu'elle donna à chacun son dû.

    Elle fut forte dans ses fiançailles, lors de la circoncision de son Fils et de la purification légale.

    Elle fut compatissante envers les affligés, lorsqu'elle dit : « Ils n'ont plus de vin ».

    Elle fut en communion avec les saints lorsqu'elle était assidue dans la prière, au cénacle, avec les apôtres et quelques femmes.

    « Voici que tu concevras et tu enfanteras un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus. »

    Voici la blancheur du soleil.

    Comment aurait-elle pu concevoir la lumière éternelle et le miroir sans tache, si elle n'avait été elle-même toute blanche ?

    De cette blancheur, son Fils dit dans le Cantique : « Ton ventre est d'ivoire, couvert de saphirs ». L'ivoire, blanc et froid, désigne la double pureté de l'esprit et du corps. La pierre du saphir, de couleur céleste, désigne la contemplation.

    Le ventre de la Vierge Marie fut d'ivoire et couvert de saphirs parce qu'elle avait la blancheur de la virginité dans son corps et la beauté de la contemplation dans son âme.

    « Le Saint-Esprit surviendra sur toi. »

    Voici la chaleur.

    La chaleur est l'aliment et la nourriture de tous les vivants ; lorsqu'elle manque, c'est la chute et la mort.

    La chaleur est la grâce du Saint-Esprit. Si elle se retire du cœur de l'homme, la sève de la componction vient à manquer et l'âme malheureuse tombe dans la mort du péché. Mais si la chaleur revient, si le Saint-Esprit survient, Marie conçoit et enfante le fruit béni qui ôte toute malédiction.

  • La Très Sainte Trinité

    Doxastikon des stichères des vêpres de la Pentecôte dans la liturgie byzantine, par le Chœur d’hommes de l’église de Moscou représentation (métochion) de la laure de la Trinité Saint Serge, sous la direction de Vladimir Gorbik. (Mélodie du monastère de l’ermitage de Sozime, harmonisée par l’archimandrite Matthieu Mormyl, qui fut le chef de chœur de la Trinité Saint-Serge). — Dans la liturgie byzantine, la Pentecôte est essentiellement la fête de la Sainte Trinité, puisque c’est le jour où, par la manifestation du Saint-Esprit, la Trinité est pleinement révélée. Le Saint-Esprit est plus spécifiquement fêté le lendemain, conformément à la pratique byzantine de célébrer le lendemain de la fête le principal protagoniste de la fête.

    Приидите людие, триипостасному Божеству поклонимся, Сыну во Отце, со Святым Духом: Отец бо безлетно роди Сына соприсносущна и сопрестольна, и Дух Святый бе во Отце с Сыном прославляемь: едина сила, едино существо, едино Божество. Емуже покланяющеся вси глаголем: Святый Боже, вся содеявый Сыном, содейством Святаго Духа: Святый Крепкий, Имже Отца познахом, и Дух Святый прииде в мир: Святый Безсмертный, утешительный Душе, от Отца исходяй, и в Сыне почиваяй: Троице Святая, слава Тебе.

    Venez, peuples, adorons en trois personnes l'unique Dieu: le Fils dans le Père avec le saint Esprit; car le Père engendre le Fils hors du temps, partageant même trône et même éternité, et l'Esprit saint est dans le Père, glorifié avec le Fils: une seule puissance, un seul être, une seule divinité, devant qui nous tous, les fidèles, nous prosternons en disant: Saint Dieu qui as tout créé par le Fils avec le concours du Saint-Esprit, Saint fort par qui le Père nous fut révélé et par qui le Saint-Esprit en ce monde est venu; Saint immortel, Esprit consolateur qui procèdes du Père et reposes dans le Fils, Trinité sainte, gloire à toi.

    Et par le Chœur de la Laure de la Trinité Saint Serge et de l'académie ecclésiastique de Moscou :

  • Samedi des quatre temps de Pentecôte

    Capture d’écran 2022-06-10 à 18.13.27.png

    Spíritus, ubi vult, spirat : et vocem eius audis, allelúia, allelúia : sed nescis, unde véniat aut quo vadat, allelúia, allelúia, allelúia.

    L’Esprit souffle où il veut ; et on entend sa voix, alléluia, alléluia, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va, alléluia, alléluia, alléluia.

    Le dernier chant du temps pascal, avec 1+3 alléluias, pour la route qui va être longue, mais l’Esprit nous cherche, comme le montrent les sinuosités de « quo vadat ».

    Par les moniales d’Argentan.


    podcast

  • Leur Eglise

    François a reçu hier les évêques et des prêtres siciliens. Voici un extrait de son allocution (où il s’adresse à eux à la troisième personne, ce qui est préférable, finalement, puisque c’est pour les insulter) :

    Mais comment célèbrent-ils ? Je ne vais pas à la messe là-bas, mais j'ai vu des photos. Je parle clairement. Mais, chers amis, toujours la dentelle, les bonete..., mais où sommes-nous ? Soixante ans après le Concile ! Un peu d’aggiornamento aussi dans l'art liturgique, la "mode" liturgique ! Oui, on peut parfois porter un peu de la dentelle de grand-mère, mais parfois. C'est pour rendre hommage à la grand-mère, non ? Vous avez tout compris, n'est-ce pas ? C'est bien de rendre hommage à la grand-mère, mais il est préférable de célébrer la Mère, la Sainte Mère Église, et la façon dont la mère Église veut être célébrée. Et que l'insularité n'empêche pas la véritable réforme liturgique que le Concile a demandé de mettre en œuvre. Et ne restez pas quiétistes.

    Les photos de messes siciliennes sur Google ne montrent pas plus de dentelles ou de barrettes qu’ailleurs (ce que François appelle « bonete », en espagnol). Mais ce pape cherche tous les jours un angle d’attaque nouveau de tout ce qui renvoie à la tradition de l’Eglise. Nouveau aussi, semble-t-il, que les prêtres demeurés qui utilisent les dentelles de leur grand-mère sont « quiétistes ». Jusqu’ici, avoir une pensée un peu traditionnelle était qualifié de « pélagien ».

  • Vendredi des quatre temps de Pentecôte

    Capture d’écran 2022-06-09 à 16.08.11.png

    Non vos relínquam órphanos : véniam ad vos íterum, allelúia : et gaudébit cor vestrum, allelúia.

    Je ne vous laisserai pas orphelins ; je reviendrai à vous, alléluia : et votre cœur sera dans la joie, alléluia.

    Avant les alléluias, la mélodie est marquée par la joie claironnant la dominante du mode sur gaudebit, et qui se poursuit sur cor, avec le seul si bécarre de l’antienne : le climat est tout différent de ce qui précède et de ce qui suit, avec des si bémols empreints de la tendresse divine.

    (Les plus attentifs ont sans doute remarqué que depuis dimanche je donne les antiennes de communion de chaque jour de cette octave de la Pentecôte, mais pas hier. Parce que, il y a très longtemps, il n’y avait pas de messe le jeudi, et que lorsqu’on en a instauré une on a repris celle du dimanche, en changeant seulement l’épître et l’évangile.)

  • Leur Eglise (Etats-Unis)

    Ceci était la messe de la Pentecôte à la paroisse de la Sainte Famille d’Inverness, dans la banlieue de Chicago. L’homme que l’on voit faire des bulles est un laïc qui vient de prononcer une homélie. A Chicago c’était une Pentecôte sans messe traditionnelle, y compris à Saint-Jean de Kenty, puisque le cardinal archevêque bergoglissime Cupich l’a interdite ce jour (ainsi, de toute façon, que le premier dimanche du mois).

  • Jeudi de Pentecôte

    Les préceptes évangéliques nous enseignent comment doit être celui qui annonce le royaume de Dieu : il faut qu’il soit sans bâton, ni sac, ni chaussure, ni pain, ni argent, c’est-à-dire qu’il ne recherche point les secours et les appuis de ce monde, mais que, fort de sa foi, il pense trouver d’autant mieux ces choses qu’il les recherche moins.

    Ces mêmes paroles de l’Évangile, on peut, si l’on veut, les entendre aussi comme nous enseignant à spiritualiser les affections de notre cœur. Le cœur, en effet, semble se dépouiller comme d’un vêtement matériel, lorsque, non content de rejeter l’ambition et de mépriser les richesses, il renonce encore aux séductions de la chair.

    Aux prédicateurs de l’Évangile, il est donné avant tout le précepte général de porter la paix, de maintenir la constance, de garder les lois qu’impose l’hospitalité ; ce précepte affirme qu’il est malséant pour un prédicateur du royaume céleste de courir de maison en maison et de méconnaître les lois de l’inviolable hospitalité.

    Mais comme la gratitude pour le bienfait de l’hospitalité est prescrite, il est aussi commandé aux disciples, s’ils ne sont point reçus, de secouer la poussière, et de sortir de la ville. Ce qui nous apprend que la récompense de l’hospitalité ne sera pas un bien médiocre, c’est que non seulement nous apportons la paix à nos hôtes, mais que même, s’ils ont sur la conscience les taches de fautes commises par fragilité, elles leur seront enlevées par l’entrée et la réception des prédicateurs apostoliques.

    Ce n’est pas sans raison non plus que, dans l’Évangile de saint Matthieu, il est recommandé aux Apôtres de choisir la maison où ils doivent loger, afin qu’ils ne s’exposent point à l’occasion de violer les liens de l’hospitalité en changeant de demeure. La même précaution n’est pas cependant requise de l’hôte, de crainte qu’en choisissant ceux qu’il reçoit, il n’exerce moins véritablement l’hospitalité.

    Mais si ce précepte sur les devoirs de l’hospitalité, dans son sens littéral, est digne de respect, l’enseignement céleste, dans le sens mystique, est plein de charmes. Lorsqu’on choisit une maison, on recherche un hôte digne. Voyons donc si ce n’est pas l’Église et le Christ qui sont désignés à nos préférences ? En effet, y a-t-il une maison plus digne de recevoir la prédication apostolique que la sainte Église ? Et le Christ ne nous semble-t-il pas devoir être préféré à tous, lui qui a coutume de laver les pieds de ceux qu’il reçoit, et qui ne souffre pas que ceux qu’il a reçus dans sa maison restent dans un chemin souillé, mais qui, les trouvant couverts des taches de leur vie antérieure, daigne néanmoins les purifier pour l’avenir ? Jésus-Christ est donc le seul hôte que personne ne doit abandonner, que personne ne doit quitter pour un autre. C’est à lui qu’on dit avec raison : « Seigneur, à qui irons-nous ? Vous avez les paroles de la vie éternelle ; pour nous, nous croyons. »

    Saint Ambroise, commentaire de saint Luc, lecture des matines.