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Liturgie - Page 80

  • Saints Rogatien et Félicissime

    Ce jour on peut faire mémoire du pape saint Evariste « qui, sous l'empereur Adrien, empourpra de son sang l'Eglise de Dieu », comme dit le martyrologe. Lequel dit ensuite :

    En Afrique, les saints martyrs Rogatien prêtre et Félicissime. Pendant la persécution de Valérien et de Gallien, ils reçurent la couronne d'un glorieux martyre. Saint Cyprien fait leur éloge dans sa Lettre aux confesseurs.

    Voici la lettre de saint Cyprien. Rogatien y apparaît comme l’homme de confiance, le vicaire, de l’évêque en exil. (Ne pas confondre avec un autre Rogatien, destinataire d’une autre lettre de saint Cyprien, mais qui était évêque, alors que celui-ci est un prêtre de Carthage.)

    Je vous envoie mon salut, frères très chers, souhaitant d'ailleurs de jouir personnellement de votre présence, si les circonstances me permettaient d'aller vous rejoindre. Que pourrait-il, en effet, m'arriver de plus souhaitable et le plus agréable que d'être parmi vous et entre vos bras, entouré de ces mains pures et innocentes, qui ont gardé leur fidélité au Seigneur, en repoussant avec mépris un culte sacrilège ? Quelle joie plus haute que de baiser ces lèvres qui ont glorieusement confessé le Seigneur, que d'être regardé de ces yeux qui, en se détournant avec mépris du siècle, ont mérité de voir Dieu ? Mais puisque ce bonheur n'est point possible, je vous envoie cette lettre que vous verrez, que vous entendrez à ma place, pour vous féliciter tous ensemble et vous presser d'être vaillants et fermes à persévérer dans votre confession glorieuse et de marcher avec un religieux courage par la voie des divines faveurs où vous avez mis le pied, vers la couronne à recevoir. Le Seigneur sera votre guide et votre protecteur. Il a dit : "Voici que Je suis avec vous jusqu'à la fin du monde." (Mt 28,20). O bienheureuse prison, qu'a illuminée votre présence. O bienheureuse prison, qui envoie au ciel des hommes de Dieu. O ténèbres plus brillantes que le soleil, plus éclatantes que le flambeau du monde, qui renferment des temples de Dieu, des membres sanctifiés par la confession de son nom.

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  • "Illustres assassins de notre sainte liturgie"

    Le blog New Liturgical Movement me fait découvrir un texte que j’ignorais, écrit par Mgr Domenico Celada et publié en novembre 1971 dans le bimensuel Vigilia Romana. Mgr Celada enseignait la musique et l’histoire du plain chant à l’Université pontificale du Latran. Naturellement il fut viré… Voici une traduction du texte original italien.

    Depuis longtemps je souhaitais vous écrire, illustres assassins de notre sainte liturgie. Non pas parce que j'espère que mes paroles auront un quelconque effet sur vous, qui êtes depuis trop longtemps tombés dans les griffes de Satan et êtes devenus ses serviteurs les plus obéissants, mais pour que tous ceux qui souffrent des innombrables crimes que vous avez commis puissent y retrouver leur voix.

    Ne vous faites pas d'illusions, messieurs. Les plaies atroces que vous avez ouvertes dans le corps de l'Église crient vengeance à la face de Dieu, le juste vengeur.

    Votre plan de subversion de l'Eglise par la liturgie est très ancien. Beaucoup de vos prédécesseurs, bien plus intelligents que vous, que le Père des Ténèbres a déjà accueillis dans son royaume, ont tenté de le réaliser. Et je me souviens de votre haine, de votre ricanement, lorsque vous avez souhaité la mort, il y a une quinzaine d'années, de ce grand Pontife, le serviteur de Dieu Eugenio Pacelli, parce qu'il avait compris vos desseins et s'y était opposé avec l'autorité de la Tiare. Après cette fameuse conférence sur la "liturgie pastorale"*, sur laquelle les paroles très claires du pape Pie XII étaient tombées comme une épée, vous aviez quitté Assise la mystique en écumant de colère et de venin.

    Maintenant, vous avez réussi. Pour l'instant, du moins. Vous avez créé votre "chef-d'œuvre" : la nouvelle liturgie.

    Le fait que ce n'est pas l'œuvre de Dieu est démontré avant tout (en laissant de côté les implications dogmatiques) par un fait très simple : c'est épouvantablement laid. C'est le culte de l'ambiguïté et de l'équivoque, souvent le culte de l'indécence. Cela suffit pour comprendre que votre "chef-d'œuvre" ne vient pas de Dieu, source de toute beauté, mais de l'ancien profanateur des œuvres de Dieu.

    Oui, vous avez privé les fidèles catholiques des émotions les plus pures, tirées des choses sublimes dont la liturgie est faite depuis des millénaires : la beauté des mots, des gestes, de la musique. Que nous avez-vous donné en retour ? Un échantillonnage de laideur, de "traductions" grotesques (on le sait, votre père d’en-bas n'a pas d'humour), d'émotions viscérales suscitées par le miaulement des guitares électriques, de gestes et d'attitudes pour le moins équivoques.

    Mais, si cela ne suffisait pas, il existe un autre signe indiquant que votre "chef-d'œuvre" ne vient pas de Dieu. Et ce sont les outils que vous avez utilisés pour y parvenir : la fraude et le mensonge. Vous avez réussi à faire croire qu'un Concile avait décrété la disparition de la langue latine, la mise au rancart du patrimoine de la musique sacrée, l'abolition du tabernacle, le renversement des autels, l'interdiction de fléchir les genoux devant Notre Seigneur présent dans l'Eucharistie, et toutes vos autres étapes progressives, toutes faisant partie (diraient les juristes) d'un "unique dessein criminel".

    Vous saviez très bien que la "lex orandi" est aussi la "lex credendi", et que par conséquent, en changeant l'une, vous changeriez l'autre.

    Vous saviez qu'en pointant vos lances empoisonnées sur le langage vivant de l'Église, vous tueriez pratiquement l'unité de la foi.

    Vous saviez qu'en décrétant la mort du chant grégorien, de la polyphonie sacrée, vous pourriez introduire à volonté toutes les indécences pseudo-musicales qui profanent le culte divin et jettent une ombre équivoque sur les célébrations liturgiques.

    Vous saviez qu'en détruisant les tabernacles, en remplaçant les autels par des "tables pour la réfection eucharistique", en refusant aux fidèles de plier les genoux devant le Fils de Dieu, vous éteindriez en somme la foi en la présence divine réelle.

    Vous avez travaillé les yeux ouverts. Vous vous êtes déchaînés contre un monument, sur lequel le ciel et la terre avaient posé leurs mains, parce que vous saviez que vous détruiriez l'Église avec lui. Vous êtes allés jusqu'à supprimer la Sainte Messe, arrachant même le cœur de la liturgie catholique. (Cette Sainte Messe en vue de laquelle nous avons été ordonnés prêtres, et que personne au monde ne pourra jamais nous interdire, car personne ne peut fouler aux pieds la loi naturelle).

    Je sais, maintenant vous allez peut-être rire de ce que je vais dire. Et riez donc. Vous êtes allés jusqu'à supprimer de la litanie des saints l'invocation "a flagello terremotus, libera nos Domine", et jamais comme avant la terre n'a tremblé sous toutes les latitudes. Vous avez supprimé l'invocation "a spiritu fornicationis, libera nos Domine", et jamais comme auparavant nous n'avons été couverts de la fange de l'immoralité et de la pornographie dans ses formes les plus répugnantes et dégradantes. Vous avez aboli l'invocation "ut inimicos sanctae Ecclesiae humiliare digneris", et jamais comme auparavant les ennemis de l'Église n'ont prospéré dans toutes les institutions ecclésiastiques, à tous les niveaux.

    Riez, riez. Votre rire est grossier et sans joie. Il est certain qu'aucun d'entre vous ne connaît, comme nous, les larmes de joie et de douleur. Vous n'êtes même pas capables de pleurer. Vos yeux bovins, qu'ils soient de verre ou de métal, regardent les choses sans les voir. Vous êtes semblables aux vaches qui regardent le train. A vous, je préfère le voleur qui arrache la chaîne d'or de l'enfant, je préfère l'agresseur, je préfère le voleur armes au poing, je préfère même la brute et le pilleur de tombe. Des gens bien moins salauds que vous, qui avez dépouillé le peuple de Dieu de tous ses trésors.

    En attendant que votre père, qui est en-bas, vous accueille vous aussi dans son royaume, "où sont des pleurs et des grincements de dents", je veux que vous sachiez que nous avons la certitude inébranlable que ces trésors nous seront rendus. Et ce sera une restitutio in integrum. Vous avez oublié que Satan est l'éternel vaincu.

    * Congrès international de liturgie pastorale, Assise, septembre 1956 : discours de Pie XII.

  • Saints Chrysanthe et Darie

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    Miniature française, XIVe siècle.

    Chrysanthe était fils d’un homme illustre d’Alexandrie, le sénateur Polémios, qui alla s’installer avec lui à Rome au temps de l’empereur Numérien (283-284). Ayant achevé ses études élémentaires Chrysanthe commença à étudier la philosophie ; mais, restant insatisfait de ce qu’il y trouvait, il découvrit avec émerveillement l’Évangile, le livre de la Sagesse personnifiée. Guidé par la Providence, il trouva bientôt le guide qu’il cherchait en la personne du prêtre Carpophore qui se cachait dans une caverne, à cause de la persécution. Il fut initié par lui aux mystères de la Foi et reçut la nouvelle naissance par le saint baptême. De retour en ville sept jours après, il commença à prêcher le Christ au grand dam de ses parents. Polémios essaya d’abord de lui faire changer d’avis par les promesses des plaisirs et des richesses ; puis, ayant échoué, il l’enferma dans un sombre cachot, en espérant vaincre sa volonté par la faim.

    Comme il voyait son fils renforcé par le jeûne et la retraite, sur le conseil d’un ami, il l’installa dans une salle magnifiquement ornée et envoya des jeunes filles, pour le vaincre par leurs baisers et leurs cajoleries. Mais, Chrysanthe restait insensible à leurs charmes, en invoquant Dieu à son secours et en se rappelant l’exemple de la chasteté du patriarche Joseph (cf. Gn 39). Et, chaque fois que les impudiques jeunes filles approchaient, elles étaient accablées d’un lourd sommeil. On recommanda alors à Polémios une jeune et belle vierge, originaire d’Athènes et habile dans la philosophie, nommée Daria. On la présenta à Chrysanthe parée de magnifiques atours, et elle tenta de le prendre au filet de ses discours enjôleurs. Chrysanthe lui répondit en lui présentant la perspective de la mort et du Jugement dernier ; puis, comme elle essayait de lui rappeler l’honneur dû aux dieux, le vrai philosophe réfuta sans difficulté ses arguments en lui montrant qu’il n’y a rien de plus contraire à la raison que d’adorer les éléments, la terre, l’eau et le feu, en leur donnant des formes humaines. À l’audition de ces paroles, Daria s’éprit, elle aussi, de la vraie sagesse, et ils décidèrent de simuler un mariage, afin de pouvoir vivre dans la virginité jusqu’à la mort et de se préparer à de chastes noces dans le Ciel. Puis ils se mirent à prêcher avec ferveur à la jeunesse de Rome, entraînant nombre de jeunes gens et de jeunes filles à garder pour Dieu la virginité.

    Les païens s’en alarmèrent et les dénoncèrent au préfet Célerinus qui ordonna leur arrestation et livra Chrysanthe au tribun Claude. Conduit devant le temple de Jupiter, il refusa de sacrifier et fut lié avec des nerfs de bœufs trempés dans l’eau, de sorte qu’en séchant ils pénètrent lentement jusqu’aux os. Mais Dieu le délivra et le fit miraculeusement échapper à d’autres supplices imaginés par ses oppresseurs. On le jeta dans un cachot, et celui-ci resplendit de lumière divine. On le soumit aux verges, et elles devinrent douces comme des plumes qui le caressaient. Claude reconnut alors la puissance de Dieu avec toute sa famille : son épouse Hilaria, et ses fils Jason et Maur, ainsi que les soldats qui étaient sous ses ordres, et il demanda au saint de les instruire. Ils se préparèrent au baptême en rendant grâces à Dieu et se déclarèrent prêts à souffrir toutes sortes de tourments pour son Nom.

    En apprenant cette nouvelle, Numérien furieux ordonna de jeter Claude à la mer avec une pierre au cou, et de décapiter ses fils et ses soldats. Des chrétiens déposèrent les corps des saints martyrs dans un endroit souterrain près de la voie Salaria, où Hilaria s’installa pour entretenir des veilleuses et prier devant leurs tombeaux. Des soldats étant venus pour l’arrêter, elle leur demanda d’aller prier une dernière fois devant les tombes des saints martyrs et elle y rendit son âme au Seigneur. Ses servantes l’ensevelirent en ce lieu et y construisirent par la suite une petite église.

    Craignant que les conversions ne se multiplient, l’empereur fit enfermer Chrysanthe dans la terrible prison Mamertine, infecte et pleine d’immondices, et envoya Daria dans une maison de débauche. Mais le Seigneur visita une fois de plus ses saints, Il entoura Chrysanthe d’une lumière et d’un parfum indicibles, et envoya un lion pour protéger Daria des assauts des hommes dépravés. La sainte empêcha la bête de dévorer le premier d’entre eux et, faisant appel à sa raison avec douceur, elle réussit à le convertir au Christ, pendant que le lion montait la garde à la porte. D’autres hommes furent amenés par le lion, et ils se convertirent eux aussi en entendant les paroles de Daria. Après cela, comme Célerinus avait fait mettre le feu à l’entrée, Daria renvoya l’animal dans la nature et se tint prête pour son ultime combat.

    Chrysanthe et Daria furent soumis à de nouveaux supplices, mais sans aucun résultat. On les jeta finalement dans une fosse qu’on recouvrit de pierres et de terre. C’est ainsi qu’ils accomplirent leur martyre et rejoignirent le Royaume des cieux. L’année suivante, comme des chrétiens se réunissaient sur les lieux pour célébrer la mémoire de leur naissance au ciel, Numérien ordonna de boucher l’entrée de la grotte dans laquelle ils s’étaient réunis pour assister à la Divine Liturgie célébrée par le prêtre Diodore et le diacre Marien. Ils reçurent tous la sainte Communion pendant que les soldats remplissaient d’en haut l’endroit de terre, et ils rejoignirent ainsi dans la joie Chrysanthe, Daria et leurs compagnons.
    (Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

    Darie est la sainte patronne de la fille d’Alexandre Douguine assassinée le 20 août dernier par les autorités ukrainiennes (de l’aveu même des Renseignements américains, furieux de ne pas avoir été prévenus).

  • Gommage

    L’épître de la messe d’hier donne trois exemples de la façon dont la soi-disant « Bible de la liturgie » amoindrit, affaiblit, amollit le texte authentique.

    Saint Paul emploie des expressions fortes et qui doivent être conservées, faute de quoi on trahit sa pensée (et surtout le texte sacré).

    Il dit :

    rediméntes tempus

    Et non :

    Tirez parti du temps présent

    Nous devons nous comporter de façon à « racheter le temps ». Or celui qui « rachète », c’est le Christ, sur la Croix. Nous devons donc nous conduire de façon à être des « coopérateurs de Dieu », des « corédempteurs ». C’est tout autre chose que de « tirer parti » du temps présent, d’autant que « tirer parti » laisse entendre que c’est pour mon petit profit personnel.

    Il dit :

    nolíte inebriári vino, in quo est luxúria

    Et non :

    Ne vous enivrez pas de vin, car il porte à l’inconduite

    Saint Paul est précis. Il parle de luxure, parce qu’il sait que l’ivresse porte particulièrement à la luxure, et non à une vague « inconduite ». Et bien sûr il y a une grande différence entre le péché de luxure et une vague « inconduite ». Mais précisément dans la néo-Eglise ne faut plus parler de péché.

    Il dit :

    Subjecti ínvicem in timóre Christi

    Et non :

    Par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres

    Saint Paul nous demande d’être soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ. Le mot crainte dans la vraie Bible recouvre tous les aspects de la piété, depuis la crainte servile (la peur du châtiment) jusqu’à l’amour parfait « qui chasse la crainte », mais seulement la crainte servile. Car la crainte de Dieu c’est aussi le fait de se conduire en « rachetant le temps », et c’est se prosterner devant Dieu dans la prière, c’est l’adoration, et donc la contemplation. Si l’on s’en tient au « respect », et au respect « pour » le Christ, on se met au niveau du respect que l’on doit avoir pour tout homme, ou à la rigueur pour un patron. Et il n’y a plus rien de religieux dans le propos. Ce n’est évidemment pas ce que dit saint Paul. C’est dans la crainte du Christ que nous devons nous soumettre les uns aux autres. Dans la vertu de religion portée à son sommet. Aucun autre motif ne peut nous y porter.

    La « Bible de la liturgie » n'est pas la Bible de la liturgie latine.

  • Saint Raphaël

    Dixit Ráphael ángelus ad Tobíam : Quando orábas cum lácrimis, et sepeliébas mórtuos, et derelinquébas prándium tuum, et mórtuos abscondébas per diem in domo tua, et nocte sepeliébas eos, ego óbtuli oratiónem tuam Dómino.
    . Benedícite Deum cæli, et coram ómnibus vivéntibus confitémini ei, quia fecit vobíscum misericórdiam suam.
    ℟. Ego óbtuli oratiónem tuam Dómino.

    L’ange Raphaël dit à Tobie : quand tu priais avec larmes, et que tu ensevelissais les morts, que tu quittais ton repas et que tu cachais les morts dans ta maison durant le jour pour les ensevelir pendant la nuit, moi j’ai présenté ta prière au Seigneur.
    Bénissez le Dieu du ciel, et devant tous les vivants confessez-le, parce qu’il a fait avec vous sa miséricorde.
    Moi j’ai présenté ta prière au Seigneur

    Tobie 12, 12 et 6.

    Liturgie ambrosienne, par l'ensemble Dulci Jubilo d'Alberto Turco, soliste Manuela Schenale.

  • 20e dimanche après la Pentecôte

    La lecture du Saint Evangile que vous venez d’entendre, mes frères, n’a pas besoin d’explication. Mais pour que je ne paraisse pas l’avoir laissée passer sans rien dire, je vous en parlerai quand même en quelques mots, plutôt pour vous exhorter que pour vous l’expliquer.

    Je ne vois d’ailleurs qu’un point dont il nous faille chercher l’explication, c’est de savoir pourquoi cet homme venu demander la guérison de son fils s’est entendu dire : «Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez pas.» N’est-il pas évident qu’il croyait, cet homme qui implorait la guérison de son fils? Aurait-il imploré cette guérison de la part du Seigneur, s’il n’avait pas cru qu’il était le Sauveur? Pourquoi donc Jésus dit-il : «Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croyez pas», à celui qui a cru avant de voir un signe?

    Souvenez-vous pourtant de ce que cet homme a demandé, et vous verrez clairement qu’il a douté dans sa foi. Car il a prié Jésus de descendre pour guérir son fils. Il désirait donc la présence corporelle du Seigneur, alors que celui-ci n’est absent d’aucun lieu par son esprit. L’officier royal ne croyait donc pas assez fermement en Jésus, puisqu’il ne le jugeait pas capable de rendre la santé sans être physiquement présent. Si la foi de cet homme avait été parfaite, il aurait été persuadé qu’il n’y a pas de lieu où Dieu ne soit présent. Il a ainsi considérablement manqué de foi, parce qu’il n’a pas rendu honneur à la Majesté mais à sa seule présence corporelle. Il a donc demandé la guérison de son fils, mais sa foi se mêlait de doute, puisque tout en croyant que celui à qui il s’adressait avait le pouvoir de guérir, il a toutefois pensé qu’il était absent d’auprès de son fils mourant. Mais le Seigneur, qu’il supplie de venir, lui montre qu’il est déjà là où il l’invite : d’un simple commandement, il rend la santé, lui dont la volonté a créé toutes choses.

    Il nous faut ici considérer avec grande attention ce que le témoignage d’un autre évangéliste nous apprend du centurion qui vient au Seigneur et lui dit : «Seigneur, mon serviteur est couché dans ma maison, frappé de paralysie, et il souffre cruellement.» Jésus lui répond aussitôt : «J’irai le guérir.» (Mt 8, 6-7). Pourquoi donc notre Rédempteur refuse-t-il d’aller corporellement auprès du fils de l’officier royal, qui lui avait pourtant demandé de venir, alors qu’il promet d’aller corporellement auprès du serviteur du centurion, sans cependant qu’on l’en ait prié? Il ne consent pas à se rendre par lui-même auprès du fils de l’officier royal; il ne refuse pas d’aller auprès du serviteur du centurion. Pourquoi cette manière d’agir, sinon pour réprimer notre orgueil, qui ne nous inspire de l’estime que pour les honneurs et les richesses des hommes, et non pour leur nature faite à l’image de Dieu? Quand nous jaugeons les biens dont les gens s’entourent, il est clair que nous ne nous soucions pas de leur être intérieur; et lorsque nous considérons leur aspect physique, pourtant bien digne de mépris, nous ne nous intéressons pas à ce qu’ils sont. Mais notre Rédempteur ne voulut pas aller auprès du fils de l’officier royal, et se montra prêt à se rendre auprès du serviteur du centurion, pour bien faire voir que les saints doivent mépriser ce qui est élevé pour les hommes, et ne pas mépriser ce que les hommes jugent digne de mépris. Notre orgueil se trouve ainsi blâmé, lui qui ne sait pas estimer les hommes par ce qui les fait hommes, et qui ne regarde, comme nous l’avons dit, que les choses extérieures qui les environnent, sans considérer leur nature, ni reconnaître l’honneur de Dieu en eux. Voici que le Fils de Dieu ne veut pas se rendre auprès du fils de l’officier royal, et qu’il est prêt pourtant à aller guérir le serviteur. Si le serviteur de tel ou tel nous demandait de nous rendre auprès de lui, aussitôt notre orgueil nous répondrait en secret dans notre pensée : «N’y va pas! Ce serait t’abaisser, te déshonorer, et avilir ta charge.» Celui qui vient du Ciel ne refuse pas d’aller sur terre auprès d’un serviteur, et nous qui venons de la terre, nous n’acceptons cependant pas d’être humiliés sur terre. Quoi de plus vil, quoi de plus méprisable devant Dieu que de rechercher la considération des hommes et de ne pas craindre le regard du témoin intérieur!

    Aussi le Seigneur dit-il aux pharisiens dans le Saint Evangile : «Vous êtes de ceux qui se font passer pour justes devant les hommes; mais Dieu connaît vos cœurs, et ce qui est élevé aux yeux des hommes est abominable aux yeux de Dieu.» (Lc 16, 15). Remarquez, mes frères, remarquez bien ces paroles. Car s’il est vrai que ce qui est élevé aux yeux des hommes est abominable aux yeux de Dieu, alors les pensées de notre cœur sont d’autant plus basses aux yeux de Dieu qu’elles sont plus hautes aux yeux des hommes, et l’humilité de notre cœur est d’autant plus haute aux yeux de Dieu qu’elle est plus basse aux yeux des hommes.

    Saint Grégoire le Grand

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Quid dicébas, o Adam ? Múlier quam dedísti mihi, dedit mihi de ligno, et comédi. Verba malítiæ sunt hæc, quibus magis áugeas quam déleas culpam. Verúmtamen Sapiéntia vicit malítiam. Rédditur nempe fémina pro fémina, prudens pro fátua, húmilis pro supérba; quæ pro ligno mortis gustum tibi pórrigat vitæ, et pro venenóso cibo illo amaritúdinis, dulcédinem páriat fructus ætérni. Muta ergo iníquæ excusatiónis verbum in vocem gratiárum actiónis, et dic : Dómine, múlier quam dedísti mihi, dedit mihi de ligno vitæ, et comédi; et dulce factum est super mel ori meo, quia in ipso vivificásti me. Ecce enim ad hoc missus est Angelus ad Vírginem. O admirándam et omni honóre digníssimam Vírginem ! O féminam singuláriter venerándam, super omnes féminas admirábilem, paréntum reparatrícem, posterórum vivificatrícem !

    Adam ! Que disais-tu ? « C’est la femme que tu as mise auprès de moi qui m’a donné de l’arbre, et j’ai mangé ! » Ce sont des paroles perfides. Par elles tu augmentes la faute plus que tu ne l’effaces. Cependant la Sagesse a vaincu la perfidie. Il fut donné femme pour femme ; la sage pour la folle ; l’humble pour l’orgueilleuse. Au lieu du bois de la mort, qu’elle t’offre le goût de la vie, et au lieu de cet aliment empoisonné d’amertume, qu’elle engendre la douceur du fruit éternel. Transforme donc la parole de malhonnête excuse en chant d’action de grâces, et dis : Seigneur, la femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre de vie, et j’ai mangé, et c’est devenu doux à mon palais plus que le miel, car par lui tu m’as rendu la vie. Voilà pourquoi l’ange fut envoyé à la Vierge ! O Vierge admirable, la plus digne de tout honneur ! O femme singulièrement vénérable, merveilleuse au-delà de toutes les femmes ; pour les parents, réparatrice ; pour les enfants, vivificatrice.

    Saint Bernard, A la louange de la Vierge Mère, 2e homélie, lecture des matines.

    *

    O Vsepetaïa Mati

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    Le 13e et dernier kondakion de l’Acathiste est devenu dans les pays de liturgie slavonne une hymne chantée pour elle-même, et… une icône (O Vsepetaïa), de type hodigitria, avec le texte écrit tout au long de l’ourlet du manteau (maphorion) de la Mère de Dieu.

    Généralement, les trois étoiles sont remplacées par des cercles avec des anges. Et le maphorion est orné de nuages, parce que, dit la liturgie, « De ton sein il a fait un trône, il l'a rendu plus vaste que les cieux. »

    (L’icône est également appelée Arapetskaïa, « arabe », sans qu’on sache pourquoi.)

    О, Всепетая Мати, рождшая всех святых Святейшее Слово,
    нынешнее приемши приношение, от всякия избави напасти всех, и будущия изми муки, Тебе вопиющих: Аллилуиа.

    O Mère digne de toute louange, tu as enfanté le Verbe plus saint que tous les saints ! (3 fois) Reçois maintenant notre offrande ; délivre-nous de tout mal, et préserve du châtiment futur ceux qui te crient : Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !

    Ici chanté par les moines de Sviatogorsk, avec une pensée pour eux. Ils sont sur la ligne de front de la guerre en Ukraine depuis presque le début et le monastère a subi des dégâts à plusieurs reprises, et certains sont morts. Alors que leur chaîne Youtube publiait chaque jour une petite vidéo sur le saint du jour, et des vidéos des grandes fêtes, il n’y rien eu depuis deux mois pour les premières, et depuis la semaine de Pâques pour les autres.

  • Saint Hilarion

    Tropaire et kondak du saint moine Hilarion le Grand, par Efim Moltchanov.

    Avec des ruisseaux de tes larmes, tu as cultivé le désert aride, et avec des gémissements des profondeurs le fruit de tes travaux s'est multiplié au centuple, et tu es devenu le luminaire de l'univers, brillant de miracles, Hilarion, notre père, prie le Christ Dieu pour le salut de nos âmes.

    Comme un astre sans couchant du soleil spirituel, après nous être réunis aujourd'hui, nous te glorifierons dans des hymnes de prière, car tu as brillé pour ceux qui sont dans les ténèbres de l'ignorance, élevant tout le monde vers les hauteurs divines, Hilarion. Par conséquent, nous crions : "Réjouis-toi, père, fondement de tous les jeûneurs."

  • Saint Jean de Kenty

    Da, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, sancti Ioánnis Confessóris exémplo in scientia Sanctórum proficiéntes atque áliis misericórdiam exhibéntes ; eius méritis, indulgéntiam apud te consequámur.

    Nous vous en prions, Dieu tout-puissant, faites que, progressant dans la science des Saints et montrant de la compassion envers nos frères, à l’exemple du saint Confesseur Jean, nous puissions, grâce à ses mérites, trouver indulgence auprès de vous.

    J’ai souvent évoqué saint Jean de Kenty (par exemple ici ou ). Canonisé en 1767, il a supplanté le jeune diacre martyr saint Maxime d’Aveia, copatron de la cathédrale d’Aquila.

    Le troisième saint du martyrologe de ce jour a une notice pittoresque :

    A Agen, en Gaule, saint Caprais martyr. Pour éviter la rigueur de la persécution, il se cacha dans une caverne. Mais apprenant de quelle manière la bienheureuse vierge Foi combattait pour le Christ, il éprouva le désir de souffrir les mêmes tourments et pria le Seigneur, s'il le jugeait digne de la gloire du martyre, de le lui montrer en faisant sortir une eau limpide d'une pierre de sa caverne : le Seigneur l'ayant exaucé, il courut alors plein de confiance au lieu du combat, soutint l'attaque avec force, et mérita la palme du martyre, sous l'empereur Maximien.

    Sainte Foi (Foy) est plus connue que lui à cause de la célèbre abbatiale de Conques. Cependant la cathédrale d’Agen porte son nom, du moins depuis la Révolution, puisque, avant, c’était une église (originellement du VIe siècle, peut-être même du Ve) et que la cathédrale était Saint-Etienne, détruite à la Révolution.

    (Agen)_Cathédrale_Saint-Caprais_-_Vue_de_la_Place_du_Maréchal_Foch.jpg

    Wikipedia recense 9 autres églises Saint-Caprais.

    Il existe un autre saint Caprais, cofondateur avec saint Honorat de l’abbaye de Lérins.

  • Saint Pierre d’Alcantara

    De quelques avis nécessaires aux personnes qui s’adonnent à l’oraison.

    Entre ces avis, le premier est relatif à la fin que nous devons nous proposer dans ces exercices.

    Pour bien comprendre quelle est cette fin, il faut se rappeler que cette communication avec Dieu étant une chose pleine de douceur et de délices, comme le dit le Sage, il en résulte que plusieurs personnes attirées par la force de cette merveilleuse suavité, qui surpasse tout ce que l'on en peut dire, s'approchent de Dieu et s'adonnent à tous les exercices spirituels, à la lecture des bons livres, à l'oraison, à l'usage des sacrements, à cause du goût extraordinaire qu'elles y trouvent ; de telle sorte que la principale fin qui les porte à ces exercices est le désir de cette merveilleuse suavité. Or, c'est là une très grande erreur, dans laquelle malheureusement l'on voit tomber un grand nombre de personnes. La fin principale de toutes nos œuvres devant être d'aimer Dieu et de chercher Dieu, ces âmes montrent par leur conduite qu'elles s'aiment et se cherchent elles-mêmes plutôt que Dieu, c'est-à-dire qu'elles cherchent leur propre goût et leur contentement, ce qui est la fin que les philosophes se proposaient dans leur contemplation. Cette conduite, comme dit un docteur, est une espèce d'avarice, d'incontinence, et de gourmandise spirituelle, qui n'est pas moins dangereuse que celle des sens.

    Ce qui est encore plus grave, c'est que de cette erreur il en suit une autre qui n'est pas moindre, et qui fait que l'homme juge de lui-même et des autres par ces goûts et par ces sentiments, croyant que chacun a plus ou moins de perfection, selon qu'il a plus ou moins de goût de Dieu, ce qui est se tromper de la manière la plus grossière. Or, contre ces deux erreurs, un remède efficace sera cet avis et cette règle générale : Que chacun comprenne bien que la fin de tous ces exercices, et de toute la vie spirituelle, est l'obéissance aux commandements de Dieu, et l'accomplissement de la divine volonté ; et que pour cela, il est nécessaire que la volonté propre, qui lui est si contraire, meure, afin que de cette manière la volonté divine vive et règne en nous.

    Mais comme une si grande victoire ne peut se remporter sans de grandes faveurs et de grandes consolations de Dieu, une des fins principales pour lesquelles on doit s'exercer dans l'oraison, est d'obtenir ces faveurs et de sentir ces délices qui nous feront réussir dans cette entreprise. Quand on se conduit de cette manière, et que c'est pour une pareille fin qu'on demande et qu'on recherche les délices de l'oraison, cela est très permis, comme nous l'avons dit plus haut ; et c'est ainsi que David les demandait, quand il disait. « Rendez-moi, Seigneur, la joie de votre salut, et confirmez-moi par votre esprit principal. » C'est donc à la lumière de cette vérité que l'homme comprendra la fin qu'il doit se proposer dans ces exercices ; et c'est encore à la lumière de cette vérité qu'il entendra par où il doit estimer et mesurer son avancement et celui des autres : que ce ne doit point être sur les goûts qu'il aura reçus de Dieu, mais sur ce qu'il aura souffert pour l'amour de lui, tant en faisant la volonté divine qu'en renonçant à la sienne propre.

    Que ce doive être là la fin de toutes nos lectures et de toutes nos oraisons, je n'en veux point d'autre preuve que cette divine oraison contenue dans le psaume Beati immaculati in via. Ce psaume, composé de cent soixante-seize versets, et le plus long du psautier, ne renferme pas un verset qui ne parle de la loi de Dieu, et de l'observation exacte de ses commandements. Le Saint-Esprit a voulu qu'il en fût ainsi, afin que les hommes vissent clairement par-là comment toutes leurs oraisons et leurs méditations devaient se rapporter en tout et en partie à cette fin, c'est-à-dire à la garde et à l'accomplissement de la loi de Dieu. Tout ce qui s'écarte de ce principe est un des plus subtils et des plus spécieux artifices de l'ennemi, à l'aide duquel il fait croire aux hommes qu'ils sont quelque chose, n'étant véritablement rien. C'est pourquoi les saints disent très bien que la véritable preuve de l'avancement spirituel de l'homme n'est pas le goût de l'oraison, mais la patience dans la tribulation, le renoncement à soi-même, et l'accomplissement de la loi divine, bien que pour tout cela, l'oraison, ainsi que les goûts et les consolations qui s'y rencontrent, soient d'un très grand secours.

    Conformément à cette vérité, que celui qui veut connaître combien il a avancé dans ce chemin spirituel, considère combien il avance chaque jour dans l'humilité intérieure et extérieure ; comment il souffre les injures que les autres lui peuvent faire ; comment il sait excuser les faiblesses d'autrui ; avec quelle affection il va au secours des nécessités du prochain ; comment il est ému de compassion, au lieu de s'indigner des défauts des autres ; comment il sait espérer en Dieu dans le temps de la tribulation ; comment il gouverne sa langue, comment il garde son cœur, comment il tient sa chair domptée avec tous ses appétits et ses sentiments ; comment il sait tirer profit des prospérités et des adversités ; de quelle manière, avec quelle gravité et quelle discrétion, il se conduit en toutes choses ; par-dessus tout, qu'il considère s'il est mort à l'amour de l'honneur, du plaisir et du monde ; qu'il considère jusqu'à quel point il a avancé ou reculé en tout cela : et qu'il se juge là-dessus, et non sur ce qu'il sent ou ce qu'il ne sent pas de Dieu. Pour ce sujet, il doit toujours tenir un œil, et le principal, fixé sur la mortification, et l'autre sur l'oraison, parce que cette même mortification ne peut parfaitement s'obtenir sans le secours de l'oraison.

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    La statue de saint Pierre d’Alcantara, patron de l’Estramadure, devant la co-cathédrale de Caceres. On remarque les pieds « dorés » par la dévotion populaire.