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Liturgie - Page 83

  • Saint Jérôme

    La lecture du troisième nocturne des matines, avant 1960, était le commentaire de l’évangile du jour (qui est celui du commun des docteurs) par saint Jérôme. C’est un échantillon typique de son travail, consistant en de brèves annotations : il répondait au désir de quelqu’un de pressé et il commenta tout l’évangile en deux semaines…

    Les Apôtres et les docteurs sont appelés sel, parce que leur doctrine est le condiment de tout le genre humain. « Que si le sel perd sa vertu, avec quoi le salera-t-on ? » Si le docteur s’égare, par quel autre docteur sera-t-il redressé ? « Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » La comparaison est tirée de l’agriculture. En effet, si le sel est nécessaire pour assaisonner les aliments et empêcher les viandes de se corrompre, il n’a point d’autre utilité. Du moins, nous lisons dans les écrits qu’il y eut des villes où la vengeance des vainqueurs fit répandre du sel, afin qu’il ne sortît plus du sol aucune végétation. Que les docteurs et les évêques se tiennent donc sur leurs gardes et qu’ils considèrent « que les puissants seront puissamment tourmentés, » que s’ils se perdent, il n’y a pas de remède, et que la chute des grands entraîne aux enfers.

    « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. » C’est la hardiesse de la prédication qu’il enseigne : il veut que ses Apôtres, au lieu de se cacher par crainte, et de ressembler à une lampe sous le boisseau, se produisent avec une entière liberté et prêchent sur les toits ce qu’ils ont ouï dans le secret.

    « Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. » Soit qu’il ait accompli ce que d’autres avaient prophétisé de sa personne, soit que, faisant porter sa prédication sur les points laissés avant lui à l’état d’ébauche et d’imperfection, à cause de la faiblesse même des auditeurs, il les ait perfectionnés. C’est ainsi qu’il réprouve toute colère, qu’il supprime la peine du talion et condamne la concupiscence cachée au fond du cœur.

    « Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent. » Il nous est promis de nouveaux cieux et une terre nouvelle que fera le Seigneur Dieu. Si donc des choses nouvelles sont à créer, c’est que les anciennes doivent passer.

  • Saint Michel

    Superbe interprétation du doxastikon des laudes byzantines, par Michel-Anthime Dissos, protopsalte du monastère du Saint Pèlerinage des grands Archanges à Mantamados, Lesbos.

    Ὅπου ἐπισκιάσῃ ἡ χάρις σου Ἀρχάγγελε, ἐκεῖθεν τοῦ διαβόλου διώκεται ἡ δύναμις· οὐ φέρει γὰρ τῷ φωτί σου προσμένειν, ὁ πεσὼν Ἑωσφόρος· Διὸ αἰτοῦμέν σε τὰ πυρφόρα αὐτοῦ βέλη, τὰ καθ' ἡμῶν κινούμενα ἀπόσβεσον, τῇ μεσιτείᾳ σου λυτρούμενος ἡμᾶς, ἐκ τῶν σκανδάλων αὐτοῦ, ἀξιΰμνητε Μιχαὴλ Ἀρχάγγελε.

    De tout lieu que protège ta grâce, archange Michel, la puissance du Diable est chassée : car Lucifer, après sa chute, ne supporte plus ta clarté ; aussi nous te prions d'éteindre les traits enflammés qu'il lance contre nous, archange Michel très-digne de nos chants, et de nous sauver de ses pièges par ta sainte médiation.

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    Cette étrange « icône » se trouve dans l’église où officie le chantre. Selon la tradition, des pirates sarrasins avaient attaqué le monastère et massacré tous les moines, sauf un novice, qui s’était caché sur le toit. Regardant s’ils étaient partis, il se fit voir, et les barbaresques revinrent. Mais alors saint Michel apparut et les repoussa en brandissant son épée. Le novice enterra les moines, et avec la terre arrosée du sang des martyrs façonna cette « icône » à l'image de l’archange, qui est devenu le saint patron de l’île.

    C’est un lieu de pèlerinage, et dans l’église on voir de nombreux ex-voto militaires : des épées, des boucliers, des uniformes, et les « chaussures de l’archange », d’étranges souliers métalliques. Les pèlerins ont pris l’habitude d’apporter de tels souliers, afin que l’archange les chausse et aille chercher ce qu’ils demandent (les jeunes filles demandent souvent un bon mari).

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    Il y aussi dans l’église une grande icône de saint Michel, peinte sur le mur. En 1974, au moment de l’invasion de Chypre par les Turcs, elle disparut pendant une semaine…

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    On trouvera ici le récit (en anglais) de plusieurs miracles liés à saint Michel de Mantamados (dont un précisément en 1974 à Chypre), extraits d’un livre du père abbé du monastère.

  • Saint Venceslas

    L'hymne célébrissime à Saint Venceslas, par la Schola Gregoriana Pragensis/Anonymous III, le 11 avril 2018 en la basilique Saints Pierre et Paul de Vysherad, le plus ancien quartier de Prague.

    Svatý Václave,
    vévodo české země,
    kníže náš,
    pros za ny Boha,
    svatého Ducha!
    Kyrieleison.

    Saint Venceslas, Duc de Bohême, notre prince, prie pour nous Dieu le Saint-Esprit! Kyrie eleison!

    Nebeské toť dvorstvo krásné
    blaze tomu ktož tam pojde
    život věčny
    oheň jasný
    svatého Ducha
    Kyrieleison.

    La cour céleste est merveilleuse, bienheureux qui y va, vie éternelle, feu clair du Saint-Esprit, Kyrieleison!

    Pomoci tvé žádámy,
    smiluj se nad námi,
    utěš smutné,
    odžeň vše zlé,
    svatý Václave!
    Kyrieleison.

    Nous demandons ton aide, aie pitié de nous, réconforte ceux qui sont tristes, chasse tout mal, saint Venceslas! Kyrieleison!

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    Près de cette église se trouve cette statue de saint Venceslas, certes moins connue et moins spectaculaire que celle qui trône tout en haut de la grande esplanade Saint-Venceslas, mais qui se trouve à l’endroit où résidait peut-être le « prince éternel des Tchèques ».

  • Saints Côme et Damien

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    (Fin XVIe, musée du Petit Palais.)

    « Dieu, notre guérisseur et notre médecin éternel, vous avez fait Côme et Damien inébranlables dans la foi, invincibles en courage, pour porter remède par leurs blessures aux blessures humaines; faites que par eux soit guérie notre infirmité et que, par eux encore, la gué­rison soit sans rechute. » (Liturgie mozarabe, cité dans le missel du Barroux)

  • Saints Cyprien et Justine

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    Cyprien vivait à Antioche sous le règne de l’empereur Dèce (vers 250). Il était riche et de noble naissance, et brillait particulièrement dans la philosophie ainsi que dans les pratiques magiques. À cette époque vivait également à Antioche Justa, une jeune vierge à la beauté éblouissante, fille d’Aidesios, prêtre des idoles. Elle assista un jour à la prédication du diacre Praülios, venu répandre les paroles de la vie éternelle dans le peuple, et en fut si frappée qu’elle crut immédiatement, de tout son cœur, au Christ. La foi et l’amour de Dieu la transformèrent à tel point qu’elle entraîna sa mère, qui convainquit à son tour son époux, si bien qu’ils demandèrent tous les trois le saint baptême à l’évêque Optat. Par la suite, Justa décida de consacrer sa virginité au Seigneur et de demeurer tout le reste de sa vie dans la chasteté, le jeûne et la prière. Un jeune païen, nommé Aglaïdas, était tombé éperdument amoureux de Justa. Désespéré en voyant toutes ses avances repoussées, il s’adressa à Cyprien, afin de provoquer la passion dans le corps de la pure vierge au moyen de ses sortilèges. Après avoir consulté ses livres, Cyprien invoqua les démons dont il s’était assuré les services. Mais rien ne pouvait parvenir à déclencher en la jeune fille les assauts de la concupiscence, tant son amour pour son céleste Époux était ardent. Constatant, à trois reprises, que les démons envoyés à Justa avaient été vaincus par la grâce du Christ et le signe de la Croix, Cyprien reconnut que la foi des chrétiens avait une puissance supérieure à tous les artifices de son art démoniaque. Il crut lui aussi à Dieu, demanda le baptême à l’évêque Anthime, renonça à sa science et brûla publiquement ses livres de magie. Par la suite, il devint lui-même évêque et consacra Justa diaconesse, lui donnant le nom de Justine. Pendant la persécution de Dèce, ils furent arrêtés tous les deux, et emmenés à Damas pour y être torturés. On les conduisit ensuite à Nicomédie, où ils eurent la tête tranchée sur ordre de l’empereur.

    Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras. On peut lire les développements romanesques (venant d'un poème de l'impératrice Eudoxie) dans la Légende dorée de Jacques de Voragine.

  • 16e dimanche après la Pentecôte

    Voici d’abord la guérison d’un hydropique, en qui l’enflure envahissante de la chair gênait les fonctions de l’âme, éteignait la flamme de l’esprit. Puis vient une leçon d’humilité, quand le Seigneur condamne ceux qui, dans le banquet nuptial, choisissent les premières places : il le fait néanmoins avec douceur, voulant qu’une bonté persuasive tempère la sévérité de la réprimande, que la raison serve à la persuasion, et que la correction réprime la convoitise. Cette leçon d’humilité est accompagnée d’une leçon d’humanité, et les paroles du Seigneur nous prouvent qu’elle doit se pratiquer envers les pauvres et les faibles ; car être hospitalier pour être payé de retour, c’est calcul d’avarice.

    Enfin, à l’un des convives, comme à un vétéran qui a fourni ses années de service, est proposé cette prime : le mépris des richesses ; puisque le royaume des cieux ne peut être acquis, ni par celui qui, tout aux choses d’ici-bas, s’est acheté des possessions terrestres, le Seigneur ayant dit : « Vends ce que tu as et suis-moi » ; ni par celui qui s’est acheté des bœufs, puisque Élisée a égorgé et partagé au peuple ceux qu’il avait ; ni enfin par ceux qui, ayant pris femme, pensent aux choses de ce monde, et non à celles de Dieu. Certes, l’état conjugal n’est point blâmé ; seulement la virginité est appelée à un plus grand honneur. « Car la femme non mariée et la veuve pense aux choses du Seigneur, de sorte qu’elle est sainte de corps et d’esprit, car celle qui est mariée pense aux choses du monde, et comment plaire à son époux. »

    Mais, pour rentrer maintenant en grâce avec les gens mariés, comme plus haut nous nous sommes concilié les personnes veuves, disons que nous ne nous refusons point à l’opinion de plusieurs interprètes, estimant que les trois genres d’hommes exclus de la participation au grand festin sont : les païens, les Juifs et les hérétiques. C’est pourquoi l’Apôtre nous dit de fuir l’avarice, de crainte qu’embarrassés, comme les Gentils, dans l’iniquité, la malice, l’impudicité et l’avarice, nous ne puissions arriver au royaume du Christ. « Car aucun impudique, ou avare, ce qui est une idolâtrie, n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu. »

    Saint Ambroise, lecture des matines.

  • Samedi des quatre temps de septembre

    L’évangile de ce jour contient deux péricopes sans rapport direct l’une avec l’autre (ce sont deux propos séparés du Christ) qu’on ne trouve que dans saint Luc : la parabole du figuier qui ne porte pas de fruit, et la guérison de la femme courbée. Le bréviaire fait lire l’explication que saint Grégoire le Grand donne de la parabole (et le lien ingénieux qu'il fait entre les deux morceaux). Voici la suite :

    «Jésus enseignait dans une synagogue un jour de sabbat. Il y avait là une femme possédée depuis dix-huit ans d’un esprit qui la rendait infirme.» Nous avons dit tout à l’heure que la triple venue du maître avait la même signification pour son figuier sans fruit que le nombre des dix-huit ans pour la femme courbée. C’est en effet le sixième jour que l’homme a été créé (cf. Gn 1, 27-31), et en ce sixième jour, toute l’œuvre du Seigneur a été achevée. Or le nombre six multiplié par trois donne dix-huit. Ainsi, puisque l’homme, créé le sixième jour, n’a pas voulu rendre ses œuvres parfaites, mais qu’il est demeuré infirme avant la Loi, sous la Loi et au début du règne de la grâce, c’est pendant dix-huit ans que la femme fut courbée.

    «Elle était courbée, et ne pouvait absolument pas regarder vers le haut.» Le pécheur, préoccupé des choses de la terre et ne recherchant pas celles du Ciel, est incapable de regarder vers le haut : comme il suit des désirs qui le portent vers le bas, son âme, perdant sa rectitude, s’incurve, et il ne voit plus que ce à quoi il pense sans cesse.

    Faites retour sur vos cœurs, frères très chers, et examinez continuellement les pensées que vous ne cessez de rouler en votre esprit. L’un pense aux honneurs, un autre à l’argent, un autre encore à augmenter ses propriétés. Toutes ces choses sont basses, et quand l’esprit s’y investit, il s’infléchit, perdant sa rectitude. Et parce qu’il ne se relève pas pour désirer les biens célestes, il est comme la femme courbée, qui ne peut absolument pas regarder vers le haut.

    Le texte poursuit : «Lorsque Jésus la vit, il l’appela et lui dit : ‹Femme, tu es délivrée de ton infirmité.› Et il lui imposa les mains; aussitôt, elle se redressa.» S’il l’a appelée et redressée, c’est qu’il l’a éclairée et aidée. Il appelle sans pour autant redresser, lorsque sa grâce nous illumine sans toutefois pouvoir nous aider, du fait de nos fautes. Souvent, en effet, nous voyons ce que nous devrions faire, mais nous ne l’accomplissons pas. Nous faisons des efforts, puis nous faiblissons. Le jugement de l’esprit voit bien la voie droite, mais la force manque pour le faire suivre d’œuvres. Cela fait partie de la peine due au péché : le don [de la grâce] nous rend capables de voir le bien, mais en rétribution de nos actes, nous nous trouvons détournés de ce que nous avons vu. Une faute répétée lie si bien l’âme qu’elle ne peut reprendre sa position droite. Elle fait des efforts, puis elle rechute : la faute où elle a persisté longtemps par sa volonté, elle y retombe par contrainte même quand elle ne le veut plus.

    Le psalmiste a fort bien décrit notre courbure quand il a dit de lui-même comme figurant tout le genre humain : «J’ai été courbé et humilié à l’excès.» (Ps 38, 7). Il considérait que l’homme, bien que créé pour contempler la lumière d’en haut, a été jeté hors [du paradis] à cause de ses péchés, et que par suite, les ténèbres règnent en son âme, lui faisant perdre l’appétit des choses d’en haut et porter toute son attention vers celles d’en bas, en sorte qu’il ne désire nullement les biens du Ciel, et ne s’entretient en son esprit que de ceux de la terre. Et le psalmiste, souffrant de voir le genre humain, auquel il appartient, réduit à un tel état, s’est écrié en parlant de lui-même : «J’ai été courbé et humilié à l’excès.» Si l’homme, perdant de vue les choses du Ciel, ne pensait qu’aux nécessités de la chair, il serait sans doute courbé et humilié, mais non pourtant à l’excès. Or, comme non seulement la nécessité fait déchoir ses pensées de la considération des choses d’en haut, mais qu’en outre le plaisir défendu le terrasse, il n’est pas seulement courbé, mais courbé à l’excès.

    (…)

    Ainsi, frères très chers, si nous avons maintenant reconnu les biens de la patrie céleste, prenons en horreur notre courbure. Gardons devant les yeux la femme courbée et l’arbre sans fruit. Rappelons-nous le mal que nous avons commis, et mettons une hotte de fumier à la racine de notre cœur, afin que cela même qui nous répugnait ici-bas dans la pénitence nous fasse porter un jour, par son action fertilisante, le fruit de la récompense. Et si nous ne pouvons pratiquer la perfection des vertus, Dieu lui-même se réjouit de nous voir le déplorer. Nous lui serons agréables par le commencement même de notre justice, nous qui nous punissons des actions injustes que nous avons commises. Et nos pleurs seront de courte durée, puisque des joies éternelles auront bientôt fait d’essuyer nos larmes passagères, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, étant Dieu, vit et règne avec le Père dans l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

  • Vendredi des quatre temps de septembre

    Postcommunion :

    Quǽsumus, omnípotens Deus : ut, de percéptis munéribus grátias exhibéntes, benefícia potióra sumámus.

    Nous vous en supplions, Dieu tout-puissant, faites que, vous rendant grâces des dons que nous avons reçus, nous recevions des bienfaits encore plus grands.

    Commentaire du bienheureux cardinal Schuster :

    La collecte eucharistique de ce jour est commune à beaucoup d’autres fêtes de saints. Nous y rendons grâces à Dieu pour les dons déjà reçus, mais nous le supplions en même temps de nous en accorder de plus grands encore. Ces derniers mots : beneficia potiora semblent quelque peu obscurs, en raison de leur concision même. Quels sont donc ces dons encore plus grands que la divine Eucharistie, et que nous implorons aujourd’hui ? La réponse n’est pas difficile. La possession de Jésus dans la gloire est certainement une plus grande grâce que la sainte Communion, parce qu’ici-bas l’union avec Jésus est illuminée seulement par la foi, tandis qu’au ciel resplendit sur elle la lumière incréée et divine elle-même. Il faut ajouter que, sur la terre, l’union sacramentelle du communiant avec Jésus-Eucharistie est imparfaite parce qu’elle dépend en grande partie des dispositions de celui qui communie, tandis qu’au ciel l’union est parfaite, puisque Dieu lui-même, par les splendeurs de sa gloire, pénètre complètement l’intelligence des bienheureux, comblant tout leur désir. Il y a plus ; en cette vie, la grâce de la Communion eucharistique peut être perdue par un seul péché mortel, tandis qu’au ciel l’union béatifique exclut la possibilité de toute perte ou d’un simple relâchement de cette union du Créateur avec sa créature. En somme la sainte Eucharistie est un don immense, mais elle est en même temps le gage et comme l’anticipation d’une autre faveur plus précieuse encore, à laquelle nous devons aspirer continuellement, surtout quand nous recevons la sainte Communion. Disons-la avec les mots du Docteur Angélique :
    Jesu, quem velatum nunc adspicio,
    Oro, fiat illud quod tam sitio.
    Ut Te revelata cernens facie,
    Visu sim beatus tuae gloriae.

    [« Jésus, que sous un voile, à présent, je regarde / Je t'en prie, que se réalise ce dont j'ai tant soif, / Te contempler, la face dévoilée, /Que je sois bienheureux, à la vue de ta Gloire. » C’est la septième et dernière strophe de la prière qui commence par Adoro Te, latens Deitas.]

  • Saint Maurice et ses compagnons

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    Le Greco, 1580.

    La fête de saint Maurice et de ses compagnons martyrs est devenue une mémoire en 1694, quand fut inscrite au calendrier, en ce même jour, la fête de saint Thomas de Villeneuve. Voici la traduction du texte de la Passion anonyme, qui date vraisemblablement de la fin du Ve siècle, selon l’édition critique d’Eric Chevalley.

    PASSION DES SAINTS QUI FURENT MARTYRISÉS À AGAUNE LE 22 SEPTEMBRE 286 (ou 287)

    Dioclétien autrefois maître de l'Etat romain, après avoir été élevé à la domination du monde entier et se rendant compte que, partout, l'audace de quelques-uns agitait les provinces, associa à son pouvoir ou plutôt à son fardeau son compagnon d'armes de toujours, Hercule Maximien, qu'il nomma César. Il lui confia la mission de se rendre en Gaule combattre Amandus et Aelianus qui, en prenant le nom de Bagaudes, avaient fomenté une révolte servile.

    Il renforça son armée en lui attribuant la Légion Thébaine, composée de soldats d'origine orientale. Cette légion, selon le modèle des anciens Romains, comptait six mille six cents hommes valeureux et instruits au métier des armes. Ces hommes avaient donc reçu la foi chrétienne dans la tradition orientale et, pour eux, leur engagement sacré était plus important que la bravoure et tous les exploits guerriers.

    Maximien César était certes apte à la guerre de par son expérience du métier de soldat, mais sa toute particulière dévotion aux idoles et sa brutalité l'avaient amené à entacher d'une excessive cruauté la rigueur qui incombe au général en chef

    Se rendant en toute hâte en Gaule, il parvint au pied des Alpes Pennines.

    Au sortir d'un parcours escarpé et sauvage, qui franchit la route des Alpes voit subitement s'offrir à ses yeux la riante douceur d'une plaine régulière. A cet endroit, on a bâti une ville qui reçut le nom d'Octodure; tout alentour, s'étendent des prairies arrosées par des ruisseaux ou des champs fertiles et surtout, un peu plus loin, on aperçoit le cours du Rhône.

    Une fois donc les Alpes franchies, Maximien César vint à Octodure et, dans l'intention d'y offrir un sacrifice à ses idoles, ordonna que l'armée s'y rassemblât; il avait notifié à ses hommes l'ordre abominable de prêter serment, sur les autels consacrés aux démons, de s'engager à combattre sans faillir la multitude des Bagaudes. Dès que la Légion Thébaine en eut connaissance, dépassant la ville d'Octodure, elle se rendit précipitamment en un lieu qui s'appelle Agaune, dans l'espoir que les douze milles la séparant d'Octodure lui éviteraient l'obligation de commettre un sacrilège.

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  • Saint Matthieu

    Quelques très belles icône de saint Matthieu, et à partir de 2:31 le tropaire et le kondakion de la fête.

    Усе́рдно от мы́тницы к зва́вшему Влады́це Христу́,/ я́вльшуся на земли́ челове́ком за бла́гость,/ Тому́ после́довав, апо́стол избра́нный яви́лся еси́/ и благове́стник Ева́нгелия вселе́нней велегла́сен./ Сего́ ра́ди чти́м честну́ю па́мять твою́, Матфе́е Богоглаго́ливе,/ моли́ ми́лостиваго Бо́га,// да грехо́в оставле́ние пода́ст душа́м на́шим.

    Toi qui depuis ton péage as répondu avec ardeur au Christ Maître qui apparut sur terre par bonté, venant à Sa suite, tu fus un apôtre choisi et proclamas l’Évangile à l’univers. C’est pourquoi nous vénérons ta précieuse mémoire, Matthieu héraut de Dieu, prie le Dieu miséricordieux d’accorder la rémission des péchés à nos âmes.

    Мыта́рства и́го отве́рг,/ пра́вды и́гу притя́глся еси́,/ и яви́лся еси́ купе́ц всеизря́днейший,/ бога́тство прине́с, ю́же с высоты́ прему́дрость./ Отону́дуже пропове́дал еси́ и́стины сло́во,/ и уны́лых воздви́гл еси́ ду́ши,// написа́в час су́дный.

    Ayant secoué le joug publicain, tu t’es attaché à celui de la justice, et tu t’es avéré un acquéreur excellent en te procurant comme richesse la sagesse d'en-haut ; aussi as-tu prêché la parole de vérité et tu as réveillé les âmes des indolents en décrivant l’heure du jugement.