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Liturgie - Page 76

  • Saint Tugdual

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    Saint Tugdual par Serge Louvel à la Vallée des Saints.

    Venu de Galles ou d’Angleterre au début du VIe siècle, Tugdual fonda un monastère près du Conquet où il avait débarqué, puis à Tréguier dont il devint le premier évêque. Il est donc l’un des sept saints fondateurs de Bretagne, et la magnifique cathédrale de Tréguier (où se trouve le tombeau de saint Yves) porte son nom.

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  • Saint André

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    Miniature par le Maître de Fauvel dans une édition de la première moitié du XIVe siècle de la Légende dorée.

    Les répons des matines composés à partir des actes (apocryphes) du martyre de saint André.

    ℟. Doctor bonus et amícus Dei Andréas dúcitur ad crucem, quam a longe aspíciens dixit : Salve, crux, * Súscipe discípulum eius, qui pepéndit in te magíster meus Christus.
    . Salve, crux, quæ in córpore Christi dedicáta es, et ex membris eius tamquam margarítis ornáta.
    ℟.  Súscipe discípulum eius, qui pepéndit in te magíster meus Christus.
    Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.
    ℟. Súscipe discípulum eius, qui pepéndit in te magíster meus Christus.

    André, ce docteur plein de bonté, cet ami de Dieu, fut mené à la croix ; la voyant de loin, il dit : Salut, ô croix ! Reçois le disciple de celui qui fut attaché à toi, le Christ, mon Maître. Salut, ô croix ! toi qui as été consacrée par le corps du Christ, et ornée de ses membres comme de perles précieuses, Reçois le disciple de celui qui fut attaché à toi, le Christ, mon Maître.

    ℟. Homo Dei ducebátur ut crucifígerent eum : pópulus autem clamábat voce magna, dicens : * Innocens ejus sanguis sine causa damnátur.
    . Cumque dúcerent eum ut crucifigerétur, factus est concúrsus populórum clamántium et dicéntium.
    ℟. Innocens eius sanguis sine causa damnátur.

    On emmenait l’homme de Dieu pour le crucifier, mais le peuple criait à haute voix, disant : Il est innocent et il est condamné à mort sans raison. Tandis qu’on l’emmenait pour le crucifier, il se fit un grand concours de peuple, qui criait et disait : Il est innocent et il est condamné à mort sans raison.

    ℟. O bona crux, quæ decórem et pulchritúdinem de membris Dómini suscepísti; áccipe me ab homínibus, et redde me magístro meo : * Ut per te me recípiat, qui per te me redémit.
    . Beátus Andréas expánsis mánibus ad cælum orábat, dicens: Salva me, bona crux.
    ℟. Ut per te me recípiat, qui per te me redémit.

    O bonne croix, qui as reçu par les membres du Seigneur l’éclat et la beauté, retire-moi d’entre les hommes et rends-moi à mon Maître ; Afin que par toi me reçoive, celui qui par toi m’a racheté. Le bienheureux André, les mains étendues vers le ciel, priait en disant : Sauve-moi, ô bonne croix ! Afin que par toi me reçoive, celui qui par toi m’a racheté.

    ℟. Orávit sanctus Andréas, dum respíceret in cælum, et voce magna clamávit et dixit : Tu es Deus meus, quem vidi: ne me patiáris ab ímpio iúdice depóni : * Quia virtútem sanctæ crucis agnóvi.
    . Tu es magíster meus Christus, quem diléxi, quem cognóvi, quem conféssus sum: tantúmmodo in ista voce exáudi me.
    ℟. Quia virtútem sanctæ crucis agnóvi.

    Saint André pria, les yeux levés au ciel, et s’écria à haute voix : Vous qui êtes mon Dieu, vous que j’ai vu, ne souffrez pas que je sois détaché (de la croix) par un juge impie ; Car j’ai éprouvé la vertu de la sainte croix. Vous êtes le Christ, mon Maître, que j’ai aimé, que j’ai connu, que j’ai confessé : exaucez seulement cette demande que je vous fais. Car j’ai éprouvé la vertu de la sainte croix.

    ℟. Videns crucem Andréas exclamávit, dicens: O crux admirábilis, o crux desiderábilis, o crux quæ per totum mundum rútilas : Súscipe discípulum Christi, ac per te me recípiat, qui per te móriens me redémit.
    . O bona crux, quæ decórem et pulchritúdinem de membris Dómini suscepísti.
    ℟. Súscipe discípulum Christi, ac per te me recípiat, qui per te móriens me redémit.
    Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.
    ℟. Súscipe discípulum Christi, ac per te me recípiat, qui per te móriens me redémit.

    André s’écria : O croix admirable ! ô croix désirable ! ô croix dont l’éclat se répand sur tout l’univers ! Reçois le disciple du Christ, et qu’il me reçoive par toi, celui qui, en mourant sur toi, m’a racheté. O bonne croix, qui as reçu des membres du Seigneur l’éclat et la beauté. Reçois le disciple du Christ, et qu’il me reçoive par toi, celui qui, en mourant sur toi, m’a racheté.

  • Mardi de la première semaine de l’Avent

    La séquence ci-dessous se trouve dans divers missels depuis qu’il y a des missels. Ci-dessous dans le Missel de Rouen, du XIIIe siècle (BNF). Traduction de l’Année liturgique.

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    Missus Gabriel de cælis,
    Verbi bajulus fidelis,
    Sacris disserit loquelis
    Cum beata Virgine.
    Verbum bonum et suave
    Pandit intus in conclave
    Et ex Eva format Ave,
    Evæ verso nomine.

    Gabriel, envoyé des cieux, fidèle messager de la parole, converse en un saint langage avec la Vierge bienheureuse. Sa parole bonne et suave se répand en la sainte demeure : et le nom d’Eva, se changeant sur ses lèvres, devient Ave, Salut !

    Consequenter, juxta pactum,
    Adest Verbum caro factum :
    Semper tamen est intactum
    Puellare gremium.
    Patrem pariens ignorat
    Et, quam homo non deflorat,
    Non torquetur, nec laborat,
    Quando parit filium.

    Donc, selon le pacte nouveau, voici que le Verbe se fait chair ; mais toujours demeure intact le sein pudique de la Vierge. Celle qui enfante n’a point vu le père ; et sans que l’homme l’ait ternie, sans souffrance et sans labeur, elle met au jour un fils.

    Signum audis novitatis,
    Crede solum, et est satis :
    Non est nostræ facultatis
    Solvere corrigiam.
    Grande signum et insigne
    Est in rubo et in igne,
    Ne appropiet indigne
    Calceatus quispiam.

    Écoute : c’est un signe nouveau ; crois seulement, et c’est assez ; il n’est pas de notre faiblesse de percer un si profond mystère. C’est un signe grand et sublime ; c’est le prodige du buisson enflammé ; que nul indigne n’en approche sans déposer sa chaussure.

    Virga sicca sine rore
    Novo ritu, novo more,
    Fructum protulit cum flore :
    Sicque virgo peperit.
    Benedictus talis fructus,
    Fructus gaudii, non luctus !
    Non erit Adam seductus
    Si de hoc gustaverit.

    C’est la verge stérile, qui, sans rosée, d’une façon nouvelle et inouïe, a produit le fruit avec la fleur. Ainsi enfanta la Vierge. Béni est un fruit si doux ; fruit de joie et non de deuil ; non, Adam ne sera pas séduit, s’il ose le porter à sa bouche.

    Jesus noster, Jesus bonus,
    Piae matris pium onus,
    Cujus est in cælo thronus,
    Nascitur in stabulo.
    Qui sic est pro nobis natus
    Nostros deleat reatus
    Quia noster incolatus
    Hic est in periculo. Amen.

    Notre Jésus, le bon Jésus, pieux fardeau d’une Mère si tendre, Jésus, qui dans le ciel a son trône, va naître dans une étable. C’est pour nous qu’il prendra naissance ; qu’il daigne effacer nos péchés ; car notre pèlerinage s’écoule parmi les périls. Amen.

  • Lundi de la première semaine de l'Avent

    Salus aeterna indeficiens mundi vita,
    Lux sempiterna et redemptio vera nostra,
    Condolens humana perire saecula
    per tentantis numina,
    Non linquens excelsa,
    adisti ima propria clementia.

    Salut éternel, inépuisable vie du monde,
    Lumière perpétuelle et notre vraie rédemption,
    Emu de pitié devant la perte de la race humaine
    Par les idoles du tentateur,
    sans abandonner les hauteurs
    Tu t'es approché du plus bas par la clémence qui t'es propre.

    Mox tua spontanea gratia assumens humana,
    Quae fuerant perdita omnia salvasti terrea,
    Ferens mundo gaudia.

    Bientôt par l’élan de ta grâce, assumant l'humanité,
    Tu as sauvé tout ce qui était perdu sur la terre,
    En apportant la joie au monde.

    Tu animas et corpora
    Nostra Christe, expia
    Ut possideas lucida
    Nosmet habitacula.

    Toi, ô Christ ! purifie nos âmes et nos corps
    Afin de posséder en nous-mêmes
    De resplendissantes demeures.

    Adventu primo justifica,
    In secundo nosque libera,
    Ut cum, facta luce magna, judicabis omnia,
    Compti stola incorrupta,
    Nosmet tua subsequamur
    Mox vestigia quocumque visa. Amen.

    Au premier Avent, justifie-nous,
    Au second, délivre-nous,
    Afin qu’au jour de la grande lumière, où tu jugeras l’univers,
    Ornés de la robe inaltérable,
    Nous marchions sur tes traces, partout où nous les verrons. Amen.

    Cette séquence de l'Avent, du XIe siècle, se trouve dans de nombreux manuscrits, surtout français, mais aussi anglais (Sarum), espagnols, italiens. La voici dans le missel de Nidaros, imprimé en 1519 pour l’archidiocèse de Nidaros et toute la Norvège. Aujourd’hui Trondheim, c’était la ville royale de Norvège. Les rois de Norvège se font toujours couronner dans la cathédrale de Nidaros, qui a été volée par les protestants 17 ans seulement après l’impression de ce missel.

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    Chantée en Norvège par la Schola Solensis, constituée en 1995 lors de l'inauguration de la chapelle de Sola, datant à l'origine du XIIe siècle mais entièrement reconstruite.

  • Premier dimanche de l’Avent

    Écoutons ces premiers accents, ces premiers accords. Les antiennes des Vêpres nous donnent l’image exacte de tout le temps. Nous ne devons pas réciter ces antiennes d’une manière superficielle, elles donnent la note fondamentale du chant qui doit nous accompagner pendant tout l’Avent. Ces antiennes, le dimanche, sont chantées quatre fois : aux premières et aux secondes Vêpres, à Laudes et aux petites Heures ; bien plus, nous les récitons encore pendant la semaine suivante aux stations du jour (de Prime à None). Il en est de même pour les antiennes des dimanches suivants, dont le contenu est tout à fait semblable. C’est pourquoi il me semble que rien n’est meilleur pour entrer dans la vie, la pensée et le chant de l’Avent, que de répéter sans cesse ou même de chanter ces antiennes. C’est pourquoi nous les reproduisons dès le début de l’Avent.

    In illa die stillabunt montes dulcedinem et colles fluent lac et mel, Alleluia.

    En ce jour les montagnes distilleront la suavité et les collines laisseront couler le lait et le miel, Alléluia. (Joël 3, 18)


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    Jucundare, filia Sion et exsulta satis, filia Jerusalem, Alleluia.

    Réjouis-toi, fille de Sion, et tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem, Alléluia. (Zacharie 9, 9)


    podcast

    Ecce Dominus veniet ; et omnes sancti ejus cum eo : et erit in die illa lux magna, Alleluia.

    Voici que le Seigneur va venir et tous ses saints avec Lui ; et dans ce jour se lèvera une grande lumière, Alléluia. (Zacharie 14, 5)


    podcast

    Omnes sitientes, venite ad aquas : quaerite Dominum dum inveniri potest, Alleluia.

    Vous tous qui avez soif, venez à la source, cherchez le Seigneur tant qu’on peut le trouver, Alléluia. (Isaïe 55, 1)

    Ecce veniet Propheta magnus et ipse renovabit Jerusalem, Alleluia.

    Voici que vient le grand Prophète et il créera une Jérusalem nouvelle, Alléluia.


    podcast

    Les antiennes de l’Avent ont un caractère très accusé, comme on n’en trouve pas d’exemple dans l’année liturgique. Celui qui est familier avec elles et possède leur mélodie dans l’oreille le sentira, avant même de pouvoir en donner les raisons. On perçoit le souffle de l’Esprit de Dieu même dans les mélodies de la sainte liturgie. — Le caractère dominant des antiennes de l’Avent est la joie : 1° tantôt une gaieté enfantine, 2° tantôt la joie profonde de la contemplation, 3° tantôt la joie stupéfaite et admirative, le saisissement devant la grandeur du Roi qui va venir.

    Dom Pius Parsch

    Chant par les moines de Saint Benoît du Lac, avec les psaumes correspondants. (Il n’y a que quatre psaumes aux vêpres monastiques.)

  • Saint Silvestre abbé

    A Fabriano, dans les Marches, le bienheureux abbé Silvestre, fondateur de la Congrégation des moines Silvestrins.

    Sur le fondateur de la branche bénédictine des Silvestrins, voir ici et .

    Le martyrologe poursuit :

    A Alexandrie, l'anniversaire de saint Pierre, évêque de cette ville et martyr. Eminent en toutes sortes de vertus, il eut la tête tranchée par ordre de Galère Maximien.

    Souffrirent également, à Alexandrie, durant la même persécution, les saints martyrs Fauste prêtre, Didius et Ammonius, puis quatre évêques égyptiens, savoir : Philéas, Hésyque, Pacôme et Théodore, et enfin six cent soixante autres martyrs, auxquels le glaive de la persécution ouvrit l'entrée des cieux.

    C’était en 311 et ce fut la fin des persécutions à Alexandrie. On dit que lorsque l’évêque eut la tête tranchée, une femme entendit une voix d’en-haut qui disait : « Pierre fut le premier parmi les apôtres, Pierre est le dernier parmi les martyrs d’Alexandrie. »

    Ce n’est semble-t-il qu’à la fin des années 310 qu’Arius va se faire connaître à Alexandrie. Mais Pierre l’a ordonné diacre. Et selon un texte du Ve siècle il a cette vision :

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    « Je vis un enfant entrer par la porte de cette cellule. Il avait environ 12 ans. Son visage brillait d'un tel éclat que toute la pièce en était éclairée. Il portait une tunique de lin, mais déchirée du cou jusqu'aux pieds ; des deux mains il en serrait les morceaux sur la poitrine, et couvrait ainsi sa nudité. A cette vue, tout effrayé, je dis : "Seigneur, qui t'a déchiré ta tunique ?" Il répondit : "Arius m'a tout déchiré. Attention ! ne l'admets pas à ta communion. On fera des démarches en sa faveur, ne te laisse pas influencer... Toi, tu es appelé au martyre." »

  • Bugnini 1949

    Le blog New Liturgical Movement publie la traduction anglaise d’un grand article d’Annibale Bugnini, intitulé (en italien) « Pour une réforme liturgique générale », paru en 1949 dans Ephemerides liturgicae, revue publiée par le Centro Liturgico Vincenziano (de saint Vincent de Paul) à Rome. L’abbé Bugnini est le rédacteur en chef de la revue depuis 1946. En 1948, Pie XII crée une « Commission pour la réforme liturgique », et le travail qu’accomplit l’abbé Bugnini plaît tellement au pape qu’il nomme Bugnini secrétaire de la commission. C’est donc l’année suivante que Bugnini va publier son premier plan de destruction générale de la liturgie latine. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Pie XII ne bronche pas. Bugnini est bel et bien installé, avec la confiance du pape, aux commandes de la machine intellectuelle qui vingt ans plus tard va réellement dynamiter la liturgie traditionnelle latine.

    La lecture de ce texte est intéressante car elle montre que sur certains points Bugnini devra en rabattre de ses prétentions, mais que sur d’autres il sera largement dépassé.

    Ainsi, son plan radical de nouvelle année liturgique ne sera pas mis en œuvre. Bugnini avait concocté une semaine de l’Epiphanie pétaradante… Premier dimanche de l’année : Epiphanie (c’est-à-dire Baptême du Seigneur). Lundi : venue des Mages. Mardi : Jésus au Temple. Mercredi : les Noces de Cana. Jeudi : la Transfiguration. Vendredi : le Cœur de Jésus. Samedi : l’Assomption. Le dimanche suivant : le Christ Roi.

    En ce qui concerne les collectes, il était beaucoup moins inspiré. Il se contentait de reprendre les critiques sur les collectes récentes, trop longues, ou qui racontent la vie du saint. Il n’avait pas eu l’idée de la révolution, menée par d’autres, mais qu’il supervisera, d’une refonte des collectes par mise bout à bout de fragments d’anciens textes dépouillés de leur signification et donnant des monstres à la signification inverse dans l’air du temps.

    Ce qui frappe surtout est l’insistance sur deux mots : fardeau, monotonie.

    Bugnini reprend à son compte et répète le lieu commun de l’office liturgique qui est un « fardeau » pour le prêtre. D’où la nécessité d’une réforme liturgique : pour alléger ce fardeau. C’est déjà ce qu’avait fait saint Pie X, mais il faut aller beaucoup plus loin. Il faut tailler, élaguer, supprimer, étaler les psaumes, etc. D’autre part, la liturgie est terriblement monotone. Il faut supprimer les répétitions, en finir avec les communs qui reviennent sans cesse, introduire une plus grande variété dans les lectures (y compris d’œuvres en langue vernaculaire…), etc.

    En fait, toute la révolution liturgique est contenue dans ces mots : fardeau, monotone. Car ils dénotent une totale absence de connaissance de la liturgie. Et malheureusement, cela faisait très longtemps que l’office était vu, quasi officiellement dans l’Eglise latine, comme un « pensum » : la révolution liturgique occidentale était donc inéluctable.

    Quand on vit de la liturgie, l’office n’est pas un fardeau mais une lumière, une nécessité de l’âme, une nécessité de toutes les heures, plus prenante que celle de la nourriture du corps. Les moines et les évêques qui ont élaboré l’office auraient été suffoqués qu’on appelle « fardeau » ce qui fait courir vers le ciel, ce qui fait contempler le ciel avant d’y aller. Et il ne peut pas y avoir de monotonie dans ce qui est jaillissement permanent de vie spirituelle. Non seulement les répétitions ne sont pas fastidieuses, mais elles sont comme les tremplins que le sportif retrouve chaque jour en se disant que cette fois il ira plus loin.

    Quand on lit l’article de Bugnini, on se dit que la constitution de Vatican II sur la liturgie est très en retrait, même si certains points y sont. En 1965 les évêques maintenaient encore une vraie notion de la tradition liturgique. Puis Bugnini, avec d’autres pires que lui, a été tout naturellement chargé de faire autre chose. Et maintenant François met la touche finale à la fin complète de la liturgie latine en l’interdisant dans les paroisses.

  • Sainte Catherine

    Добpоде́тельми, я́ко луча́ми со́лнечными, пpосвети́ла еси́ неве́pныя мудpецы́. И, я́коже пpесве́тлая луна́ ходя́щим в нощи́ неве́pия тьму отгна́ла еси́, и цаpи́цу уве́pила еси́, вку́пе же и мучи́теля обличи́ла еси́, Богозва́нная неве́сто блаже́нная Екатеpи́но, жела́нием востекла́ еси́ в Небе́сный чеpто́г к пpекpа́сному Жениху́ Хpисту́, и от Него́ ца́pским венце́м венча́лася еси́: Ему́же, со А́нгелы пpедстоя́щи, за ны моли́ся, твоpя́щия пpечестну́ю па́мять твою́.

    Comme des rayons de soleil, de tes vertus tu éclairas les philosophes incroyants ; comme la pleine lune pour qui s’avance de nuit, tu dissipas les ténèbres de l’absence de Foi. La souveraine crut en Dieu grâce à toi, et tu confondis le tyran. Bienheureuse Catherine, comme épouse élue, avec amour tu rejoignis le Christ. Dans la chambre des Cieux, tu retrouvas ton époux resplendissant de beauté et tu reçus de Sa main la couronne royale. Puisqu’en Sa présence tu te tiens avec les Anges, intercède auprès de Lui pour les fidèles célébrant ta mémoire sacrée.

    Tropaire slavon de sainte Catherine d’Alexandrie, chanté dans l’église « sur le sang », édifiée entre 2000 et 2003 à l’emplacement de la villa Ipatiev de Iekaterinbourg (la ville de Catherine, mais historiquement c’est Catherine Ière) où Nicolas II et sa famille furent massacrés par les bolcheviques. (Il y a une autre « église sur le sang », celle du monastère Sretenski de Moscou honorant les martyrs de la Loubianka.)

  • Saint Jean de la Croix

     La purification qui conduit l’âme à l’union divine peut recevoir la dénomination de nuit pour trois raisons. La première se rapporte au point de départ ; car, en renonçant à toutes les choses créées, l’âme a dû tout d’abord priver ses appétits du goût qu’ils y trouvaient. Or ceci est indubitablement une nuit pour tous les sens et tous les instincts de l’homme.

    La seconde raison est la voie même qu’il faut prendre pour atteindre l’état bienheureux de l’union. Cette voie n’est autre que la foi, nuit vraiment obscure pour l’entendement.

    Enfin la troisième raison est le terme où l’âme tend. Terme qui est Dieu, être incompréhensible et infiniment au-dessus de nos facultés, et qu’on peut appeler par là même une nuit obscure pour l’âme durant son pèlerinage ici-bas.

    Ces trois nuits à traverser par l’âme sont figurées au Livre de Tobie par les trois nuits que, sur l’ordre de l’Ange, le jeune Tobie laissa écouler avant de s’unir à son épouse.

    L’Ange Raphaël lui commanda de brûler pendant la première nuit le foie du poisson, symbole d’un cœur affectionné et attaché aux choses créées. Quiconque désire s’élever à Dieu doit, dès le début, purifier son cœur dans le feu de l’amour divin et y consumer tout ce qui appartient au créé. Cette purification met en fuite le démon, qui auparavant avait puissance sur l’âme pour la faire adhérer aux plaisirs temporels et sensibles.

    L’Ange dit à Tobie que dans la seconde nuit il serait admis en la compagnie des saints Patriarches, qui sont les pères de la foi. De même l’âme, après avoir traversé la première nuit, figurée par la privation de tout ce qui flatte les sens, pénètre sans obstacle dans la seconde. Là, étrangère à tous les objets sensibles, elle demeure dans la solitude et la nudité de la foi, l’ayant choisie pour son unique guide.

    Enfin, pendant la troisième nuit il fut promis à Tobie une abondante bénédiction. Dans le sens qui nous occupe, cette bénédiction est Dieu lui-même qui, à la faveur de la seconde nuit, c’est-à-dire de la foi, se communique à l’âme d’une manière si secrète et si intime, que c’est un autre genre de nuit plus profonde que les précédentes. L’union avec l’Épouse, c’est-à-dire avec la Sagesse de Dieu, se consomme quand la troisième nuit est écoulée, nous voulons dire, lorsque cette communication de Dieu à l’esprit est achevée.

    La Montée du Carmel, cité dans l’Année liturgique.

  • Saint Clément Ier

    Saint Clément, disciple de saint Pierre, régna comme pape de 90 à 101 ; saint Paul le mentionne (Phil., 4, 3) comme son compagnon. Sa lettre aux Corinthiens est une vénérable relique de ce Père Apostolique. Le bréviaire raconte ceci à son sujet : Son zèle pour les âmes le fit bannir par l’empereur Trajan en Chersonèse (presqu’île de Crimée), où il trouva 2000 chrétiens que ce même empereur y avait exilés. En arrivant parmi eux, saint Clément se mit à les consoler : “Tous criaient d’une seule voix : Priez pour nous, saint Clément, afin que nous soyons dignes des promesses du Christ. Il leur dit : Ce n’est pas à cause de mes mérites que le Seigneur m’a envoyé à vous pour me faire partager votre couronne” (5e répons). Comme ils se plaignaient d’être forcés d’aller chercher de l’eau potable à six milles de distance, il leur donna ce conseil : “Prions tous le Seigneur Jésus-Christ d’ouvrir une source pour ses confesseurs” (Ant. de Magn. aux 1res vêpres). “Pendant que saint Clément priait, l’Agneau de Dieu lui apparut, sous les pieds duquel coulait une source d’eau vive” (4e répons). A ce miracle, “tous les païens des environs embrassèrent la foi” (Ant.). Lorsque Trajan en eut connaissance, il donna l’ordre de jeter Clément à la mer avec une ancre au cou : “Quand il commença à se diriger vers la mer, le peuple s’écria d’une voix forte : Seigneur Jésus-Christ, sauvez-le. Mais Clément disait en pleurant : Père, recevez mon esprit” (Ant. de Ben.). Les chrétiens allèrent sur le rivage prier Dieu de leur rendre le corps. Alors, la mer s’étant retirée à trois milles, ils trouvèrent le corps du saint dans un sarcophage de pierre, placé à l’intérieur d’une petite chapelle de marbre, et à côté de lui l’ancre. “Vous avez, Seigneur, préparé dans la mer une demeure à votre martyr Clément, à la manière d’un temple de marbre fabriqué par la main des anges” (6e répons). Le corps de ce saint fut apporté plus tard, sous Nicolas 1er (858-67), à Rome par les deux apôtres des Slaves, les saints Cyrille et Méthode, et déposé dans l’église qui lui est dédiée (Saint Clément). Cette église est l’une des plus vénérables de Rome parce qu’elle montre encore parfaitement l’ancienne ordonnance liturgique de la primitive Église.

    Dom Pius Parsch (les références sont celles de l’office avant 1960, mais les textes se retrouvent dans l’office de 1960.)

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    La découverte des reliques de saint Clément, ménologe de Basile II, autour de l’an Mil.